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Le Temps Que Ça Durera
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Livre électronique217 pages2 heures

Le Temps Que Ça Durera

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À propos de ce livre électronique

Un accident... une rencontre… et la vie est bouleversée. Alison doit affronter la réalité du diagnostic médical qu’elle vient de recevoir. Hugo doit surmonter un passé dramatique qui l’isole et le détruit.
Au lieu de sombrer dans la dépression, ils font le choix ensemble de vivre pleinement chaque journée et d’accumuler des souvenirs inoubliables, pour pouvoir faire face à l’avenir.
Une histoire qui met en avant les vraies valeurs de la vie et le respect qu’on se doit tous les uns aux autres.

LangueFrançais
ÉditeurTektime
Date de sortie14 mai 2025
ISBN9788835476733
Le Temps Que Ça Durera

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    Aperçu du livre

    Le Temps Que Ça Durera - Joëlle Richir

    L’accident

    Alison sortit de l’ascenseur et se dirigea vers la sortie de l’hôpital. Elle avançait lentement, l’esprit enfermé dans un brouillard épais qui l’empêchait de réaliser ce qui se passait autour d’elle. Les gens entraient et sortaient. Des malades en fauteuil roulant étaient poussés par un proche ou un infirmier, mais tout cela n’existait pas pour Alison. Elle était seule, au centre de l’immense vide qui s’était creusé en elle, depuis que le docteur Smith lui avait annoncé le diagnostic.

    Les portes vitrées s’ouvrirent doucement et elle sentit à peine l’effet du soleil sur son visage. Elle progressait comme un zombie vers sa voiture, qu’elle avait garée quelques rues plus loin pour éviter de payer le prix exorbitant du parking de l’hôpital. Elle était révoltée de savoir qu’un hôpital faisait payer les patients et leur famille pour se rendre dans un endroit où l’on ne va que par obligation et non par plaisir. Comme si l’épreuve de la maladie n’était pas suffisante ! Il fallait en plus payer pour entrer dans l’endroit qu’on voulait éviter à tout prix.

    Elle arriva au coin de la rue. Sa voiture se trouvait juste de l’autre côté et elle commença à traverser.

    Hugo roulait vite. Il était déjà fameusement en retard et savait qu’il lui faudrait trouver une bonne excuse cette fois pour faire passer la pilule à son patron. C’était la deuxième fois cette semaine qu’il arrivait en retard à son travail, pour autant qu’on puisse appeler cela un travail. Il commençait à 11 heures et terminait à 21 heures, trois fois par semaine.

    Pour un salaire de misère, il avait accepté ce travail car il se rendait compte qu’il lui fallait absolument sortir de chez lui. Cela faisait plusieurs années qu’il végétait, seul dans son appartement, à essayer de remettre sa vie sur les rails. Il sortait peu et n’avait quasi aucun ami. Il craignait de rencontrer des personnes qui deviendraient trop curieuses et poseraient trop de questions sur sa vie. Il avait vécu un drame en 2020 et ne voulait en parler à personne. Autrefois, c’était quelqu’un de très sociable. Il aimait le sport et avait de nombreux amis avec lesquels il passait des soirées autour d’un repas, au cinéma ou à regarder un match ensemble.

    Après le drame, chacun de ses amis avait voulu, à sa façon, tenter de l’aider à surmonter l’épreuve, mais la seule chose que Hugo souhaitait était qu’on le laisse seul. Sa femme le haïssait. Personne ne le comprenait et tous voulaient lui changer les idées, alors que lui, il cherchait à regarder la réalité en face pour pouvoir la braver et la dominer. Il ne voulait pas s’enfuir car cela ne faisait que reculer l’échéance où il devrait affronter ses souvenirs. Comme personne, dans sa famille ou parmi ses amis, n'arrivait à comprendre ses besoins et ses réactions, il avait décidé de partir, de changer d’endroit et d’aller là où il pourrait recommencer une nouvelle vie. Il avait jeté son dévolu sur Namur parce qu’il aimait cette ville. Elle était traversée par la Meuse et la Sambre et avait une magnifique et impressionnante citadelle d’où l’on pouvait admirer toute cette charmante ville et les collines environnantes.

    Il n’avait pas voulu tomber dans le piège de s’inscrire dans un club de sport et recommencer à se faire des amis. Les voisins l’avaient invité à plusieurs reprises, lorsqu’ils organisaient une fête d’anniversaire ou un barbecue l’été, mais il avait gentiment décliné chaque invitation. Les gens sont bien trop curieux de nature, se disait-il. Comme il répugnait à mentir, il ne voulait répondre à aucune question concernant son passé. Dès qu’il devenait trop proche de quelqu’un, les questions telles que « tu fais quoi dans la vie ? », « tu es marié ? », « tu as des enfants ? » devenaient inévitables, comme si c’était ça qui définit notre identité. Pour ne blesser personne, il avait décidé de s’isoler, mais cet isolement l’avait enfermé petit à petit dans un cocon de solitude.

    De temps en temps, il allait rendre visite à ses parents, mais ne restait jamais plus d’une heure ou deux, ce qui désolait sa mère. Elle faisait beaucoup d’effort pour ne lui poser aucune question, car il le lui avait demandé à maintes reprises, mais généralement, après une heure, elle n’en pouvait plus et il fallait qu’elle sache ce qu’il devenait, ce qu’il faisait de ses journées et s’il avait de nouveaux amis. Bien sûr, elle ne posait pas les questions de manière directe, sachant qu’il ne répondrait pas, mais il la voyait arriver de manière détournée et cela lui suffisait pour trouver la première excuse qui lui passait par la tête et il s’en retournait chez lui, à Namur, où personne ne venait le déranger.

    Après quelques temps, il s’était rendu compte que, bien que la solitude ne le fasse pas vraiment souffrir, son caractère changeait. Il devenait associable et, parfois même, très renfermé. Il avait alors commencé à chercher un travail qui lui permettrait de rencontrer des gens, tout en gardant ses distances.

    Lorsqu’il avait vu l’annonce postée par un dentiste, il s’était dit que ce serait la solution idéale. Il pourrait voir des gens défiler, leur adresser quelques phrases, tout en évitant les questions personnelles. Son rôle était d’accueillir les patients, de répondre au téléphone et d’organiser l’agenda du dentiste Servin de Namur. Le dentiste et son assistante, qui était aussi son épouse, ne travaillaient que trois jours par semaine. Ils en avaient décidé ainsi pour pouvoir profiter de la vie avec l’argent qu’ils avaient accumulé au cours des années. Être dentiste, ça paie bien !

    Au début, le travail plaisait à Hugo, mais très vite il avait commencé à sérieusement s’ennuyer. Les patients restaient souvent près d’une heure avec le dentiste et la salle d’attente était alors vide plus de 45 minutes entre chaque patient. Pendant tout ce temps, à part répondre au téléphone, il n’avait absolument rien à faire. Comme les chaises où attendaient les patients étaient installées à proximité du bureau d’accueil où il travaillait, il n’avait même pas le loisir de lire un livre ou de regarder un film sur son ordinateur, cela n’aurait pas paru professionnel. Les journées s’éternisaient et Hugo savait bien qu’il ne garderait pas cet emploi très longtemps. Cela lui laissait beaucoup trop de temps pour réfléchir, ce qu’il évitait à tout prix, pour ne pas être la cible de ses mauvais souvenirs.

    Arriver à 11 heures était difficile pour Hugo. Non pas qu’il aimait faire la grasse matinée, mais il avait plutôt du mal à s’arrêter de faire ce qu’il faisait. Il lui aurait été plus facile de commencer son travail à 8 heures 30, comme tout le monde, car depuis son lever, il n’aurait eu qu’à se préparer et partir. Au lieu de cela, il avait beaucoup trop de temps libre le matin, donc il se lançait dans des occupations qui le distrayaient au point qu’il oubliait de regarder l’heure. Généralement, il vérifiait ses courriels, puis lisait les nouvelles sur plusieurs sites internationaux auxquels il faisait confiance. Ensuite, il se préparait un bon petit déjeuner bien copieux, qui lui permettait de sauter le repas de midi. En mangeant, il allumait souvent la télévision et c’est là que le temps n’avait plus d’emprise sur lui. Il zappait d’un programme à l’autre et, si par malheur il tombait sur une émission intéressante, c’était le retard assuré. Il sursautait en regardant sa montre, attrapait ses affaires, dévalait les escaliers à toute vitesse et sautait sur son vélo pour rejoindre le cabinet dentaire.

    C’était exactement ce qui était arrivé ce matin-là. Heureusement, la route était dégagée et le vent soufflait dans la bonne direction pour ne pas le retarder encore plus. Il lui restait exactement 9 minutes pour arriver au cabinet, ranger son vélo et s’asseoir à son bureau. Impossible ! Il pédala encore plus vite, comme pour rattraper le temps désespérément perdu.

    Il arriva au croisement de la rue de l’hôpital et la collision fut inévitable. Du coin de l’œil, il avait aperçu une jeune femme qui s’approchait du carrefour, mais elle avait continué à avancer tout droit, en regardant juste devant elle, ni à droite, ni à gauche et vlan.

    Ils s’étaient retrouvés tous les deux allongés sur le sol dans un enchevêtrement de bras, de jambes, de sacs, de pneus et d’un châssis de vélo complètement tordu.

    Alison reprit rapidement ses esprits. Le choc l’avait réveillée, comme si un brouillard venait de se lever, mais c’était surtout la douleur intense qui l’avait sortie de sa torpeur. Elle regarda sa main et vit que son pouce était complètement déformé. Elle sentit la tête lui tourner et la reposa doucement sur le sol. En face de son visage se trouvait celui d’un jeune homme qu’elle ne connaissait pas. Elle aurait pu le trouver beau s’il n’avait pas eu un filet de sang qui coulait depuis son arcade sourcilière jusqu’au menton.

    — Ça va ? dit doucement Hugo.

    Elle n’eut pas le temps de répondre car déjà quelques personnes arrivaient en courant pour leur porter secours.

    — Au moins on ne devra pas aller loin pour se faire soigner, dit Hugo, en souriant légèrement.

    La douleur empêcha Alison de lui rendre son sourire. La situation avait quelque chose de cocasse. Leurs deux visages étaient à seulement quelques centimètres l’un de l’autre, alors que le reste de leur corps était entremêlé.

    Les badauds parvinrent à récupérer ce qui restait du vélo et aidèrent Hugo et Alison à se relever et à s’asseoir sur le bord du trottoir. Une dame commençait à rassembler tout ce qui était sorti du sac d’Alison. Elle le referma, le tendit à la jeune femme et lui caressa doucement les cheveux.

    — Ça va aller, dit-elle. Je suis sûre qu’on va bien s’occuper de vous.

    Déjà un infirmier apportait un fauteuil roulant et y installait Alison avant de se diriger vers la section des urgences. Il avait aussi pris soin d’appliquer de la gaze sur la plaie que Hugo avait au visage. Un homme aida ce dernier à se relever et l’accompagna jusqu’à l’entrée des urgences, pour s’assurer qu’il serait pris en charge rapidement.

    Deux heures plus tard, Hugo patientait dans la salle d’attente. Il avait été vu par un médecin et la plaie qu’il avait au front avait été refermée au moyen de sutures adhésives. Rien de grave en fait. La radio n’avait révélé aucune commotion et il n’avait que quelques hématomes sur les bras et les jambes. Tout cela servirait à justifier son absence auprès du dentiste qu’il avait d’ailleurs pris soin de prévenir par texto.

    J’ai eu un accident. Suis aux urgences à namur.

    Il n’avait pas cru bon de rajouter des détails. De toute façon, il savait qu’il ne travaillerait plus très longtemps à cet endroit. Les projets qu’il était occupé à mettre sur pied étaient bien plus excitants que de passer ses journées à attendre que le téléphone sonne, en entendant la fraise du dentiste lui

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