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L'Oliveraie Des Fouquet
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Livre électronique178 pages1 heure

L'Oliveraie Des Fouquet

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À propos de ce livre électronique

Découvrez l'histoire de Simon, passionné par son oliveraie. Il va vivre un drame, mais sa reconstruction physique et morale ira bien au-delà de tout ce qu'il pouvait imaginer.

Depuis des générations, les oliviers de Simon enracinent son histoire.
Il les chérit, les soigne avec passion, comme on veille sur une mémoire précieuse. Mais un accident vient faucher son élan et le plonge dans une parenthèse de silence et de douleur de plus de deux ans.
Revenu sur ses terres, brisé mais déterminé, il n’a qu’un objectif : redonner vie à son oliveraie. Ce chemin de reconstruction va pourtant prendre un tournant imprévu. Une rencontre inattendue viendra éclairer ses pas, réveiller ses émotions, et ouvrir des portes qu’il n’aurait jamais osé pousser.
Un roman vibrant d’émotion et d’espoir, où la guérison de soi passe par l’ouverture aux souffrances des autres.

LangueFrançais
ÉditeurTektime
Date de sortie7 mai 2025
ISBN9788835476597
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    Aperçu du livre

    L'Oliveraie Des Fouquet - Joëlle Richir

    Le réveil

    Simon ouvrit les yeux. Ses paupières semblaient peser une tonne. Il essayait de toutes ses forces de garder les paupières soulevées, mais cela lui demandait un effort surhumain. Tout était flou autour de lui. Il y avait de la lumière, mais elle était bien trop forte. Chaque faisceau de cette clarté intense était ressentie comme une douleur qui s’introduisait dans son esprit. Il fermait les yeux à nouveau et tentait de reprendre des forces. Il voulait émerger de cet état dont il ne contrôlait rien, mais c’était un combat pénible. Il avait l’impression de lutter avec la mort pour pouvoir revenir à la vie.

    Des ombres allaient et venaient et cela créait une sorte de voile qui dansait devant lui. C’était comme s’il flottait, suspendu, entre le sommeil et la réalité.

    Soudain, il entendit des sons. Ils étaient distants, à peine perceptibles, comme s’ils provenaient d’un autre monde. Lentement, les bruits devenaient de plus en plus nets. Il reconnut qu’on lui parlait.

    — Monsieur…, monsieur Simon, réveillez-vous, monsieur.

    Il avait du mal à comprendre où il était. Était-il assis ? debout ? couché ? Son corps était immergé dans quelque chose de visqueux, dont il n’arrivait pas à se dégager. Il était incapable de bouger librement. Ses membres étaient lourds et douloureux et des fourmillements parcouraient ses bras et ses jambes, comme si ses muscles et ses nerfs avaient oublié de fonctionner normalement.

    Il voulut répondre à cette voix qui l’appelait, mais il ne savait plus comment faire pour parler. Il se sentait déconnecté de quelque chose de fondamental, dans un monde qu’il ne reconnaissait plus. Il avait peur, de plus en plus peur.

    La voix continuait de l’appeler.

    — Monsieur Simon, il est temps de vous réveiller. Ouvrez les yeux, monsieur Simon.

    Petit à petit, sans qu’il sache combien de temps s’était écoulé, il arriva à garder les yeux ouverts. Les images devinrent plus nettes et il sentit que quelqu’un venait de poser sa main sur son bras et le secouait doucement. Il sentait la vie revenir tout doucement en lui. Ses pensées devenaient de plus en plus claires. Il était couché, c’est ça, couché sur un lit d’hôpital. Mais pourquoi ? Qu’est-ce qui était arrivé ?

    Une peur panique s’empara de lui et cette montée d’adrénaline l’aida à faire surface. Il arriva à tourner la tête vers la voix qui lui parlait et découvrit une femme habillée en infirmière. Elle lui souriait maintenant et lui parlait plus doucement. Un homme se tenait au pied de son lit. Il avait un stéthoscope autour du cou et tenait une tablette dans les mains.

    Simon voulut bouger, se lever, parler, mais son corps était décalé de ses désirs et ne répondait pas à ses ordres. Finalement, après de multiples essais et beaucoup d’efforts, il parvint à dire : « Pourquoi ? »

    L’énergie qu’il avait dépensée à prononcer ce seul mot l’avait exténué. Il abandonna le combat et sombra à nouveau dans un profond sommeil.

    — C’est très positif, dit le docteur Ferlont. Je n’y croyais plus, mais là, je crois qu’on est en bonne voie. Surveillez bien ses signes vitaux car il risque de se réveiller à nouveau d’ici une heure ou deux, juste le temps de récupérer.

    — Bien docteur, dit l’infirmière. Je vais repasser régulièrement dans sa chambre.

    Cela faisait douze mois que Simon Verneil était plongé dans un coma ECM (État de Conscience Minimale), après l’accident de voiture dont il avait été victime et qui avait été fatal pour son épouse Agathe. À plusieurs reprises, le docteur Ferlont avait tenté de le réveiller, mais aucun des traitements appliqués n’avait apporté une amélioration et l’état du patient était resté stable, mais sans aucun signe d’évolution positive.

    Durant les premiers mois, il avait reçu pas mal de visites. Son frère et ses enfants s’étaient relayés à son chevet pendant des semaines. Leurs visites s’étaient ensuite espacées. Le manque de communications avec le patient et le désespoir de le voir se réveiller un jour, avaient créé une lassitude. Son frère Max n’était plus venu du tout depuis plusieurs mois. Sa fille, Mélanie, était venue une dernière fois en août. Elle allait partir au Canada pour étudier et venait lui faire ses adieux, n’étant pas certaine qu’il serait encore vivant à son retour.

    Son fils, Michel, quant à lui, avait été assidu pour visiter son père chaque jour. Il était nerveux et espérait un réveil pour pouvoir lui exprimer toute sa colère. Pour lui, son père était responsable de l’accident qui l’avait privé de sa mère. Petit à petit, il avait sombré dans l’alcoolisme et la drogue. Les infirmières avaient, à plusieurs reprises, dû le faire sortir de la chambre et faire appel à la sécurité pour qu’il quitte l’hôpital, car il s’était présenté dans la chambre en vociférant des insultes et en renversant tout ce qui lui tombait sous la main.

    Douze mois après l’accident, Simon se réveillait enfin. Plus personne ne venait lui rendre visite et plus personne ne prenait de ses nouvelles. C’était désolant de voir à quel point la famille, les amis, les voisins peuvent vous abandonner dès qu’il est question de patience et de persévérance, s’était dit le docteur Ferlont.

    Dans les jours qui suivirent, Simon reprit lentement le dessus. Il émergeait de plus en plus souvent de son profond sommeil et commençait à pouvoir dire quelques mots. Il était clair qu’il ne se souvenait de rien. À aucun moment, il n’avait demandé des nouvelles de sa femme ou de ses enfants. Le médecin lui avait expliqué qu’il avait été victime d’un accident de voiture, mais Simon n’avait posé aucune question sur l’accident, ni sur les éventuelles autres victimes. L’information était restée très floue et n’avait pas encore atteint les profondeurs de sa conscience. Il n’avait pas encore pu faire le lien entre le passé et le présent car, à ce stade, il n’avait pas conscience du passé.

    La réadaptation de Simon dura de nombreux mois. Les thérapeutes physiques se relayaient pour lui faire faire des exercices quotidiens, en vue de restaurer ses capacités motrices, car il avait de la difficulté à marcher et à saisir des objets.

    Simon avait beaucoup de mal à se concentrer et un programme de rééducation cognitive avait été mis sur pied pour l’aider à réacquérir des compétences de base comme la lecture et l’écriture.

    Petit à petit, Simon s’était souvenu de sa famille, de sa maison et de son métier. Lorsqu’un policier s’était présenté trois mois après son réveil, il l’avait informé du décès de son épouse. Le choc avait été très dur pour Simon. Un torrent de souvenirs avait refait surface, en même temps que la prise de conscience de la perte de celle qu’il avait aimée plus que tout et avec laquelle il avait vraiment été heureux. Pendant quelques semaines, il avait broyé du noir et regrettait de ne pas être mort avec Agathe le jour de l’accident.

    Plus rien ne le rattachait à la vie et il avait sombré petit à petit dans la dépression, jusqu’au moment où un autre souvenir avait surgi dans son esprit. C’était plutôt comme une image… Sur le plateau repas qu’on venait de lui apporter, il y avait une petite coupelle contenant des olives et, en les regardant, il eut cette vision d’une longue allée de gravier qui menait à une magnifique maison provençale. Tout autour de la maison étaient plantés des oliviers. Il y en avait des centaines. Ils étaient en fleur, comme un immense jardin couvert d’un duvet blanc. C’était sa maison, son jardin, ses oliviers !

    Cette image lui donna un nouvel élan. Il voulut s’en sortir. Il le fallait, pas pour lui, mais pour elles, pour ses olives. C’était sa terre, sa vie, ses oliviers, ses olives. Il fallait qu’il guérisse, il fallait qu’il les retrouve. Personne n’aurait pu en prendre soin comme il l’avait fait, lui, durant toute sa vie.

    Cette prise de conscience le poussa à vouloir communiquer avec ses enfants. Il demanda s’il pouvait les appeler. L’infirmière lui apporta le téléphone cellulaire qu’ils avaient retrouvé dans la voiture accidentée. Elle avait pris soin de le charger.

    — Allo… Michel… c’est papa!

    — Papa ?

    — Oui, c’est moi. J’aimerais bien te voir, mon garçon.

    — Tu es réveillé, papa ? C’est génial. J’arrive.

    Il raccrocha avant que Simon eût le temps de lui en dire plus. Se tournant vers l’infirmière, il demanda :

    — Est-ce que mes enfants ont été prévenus de mon réveil ?

    — Monsieur Simon, répondit-elle, vous devez savoir que votre fille a quitté la France il y a déjà plusieurs mois pour aller étudier au Canada. Nous n’avons plus

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