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Philippe et Sébio: Une lutte à finir
Philippe et Sébio: Une lutte à finir
Philippe et Sébio: Une lutte à finir
Livre électronique132 pages1 heure

Philippe et Sébio: Une lutte à finir

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À propos de ce livre électronique

C’est pas croyable : en plus de me faire ridiculiser lors des récréations, il faut que je joue les guides pour cet étranger étrange venu d’Afrique.

Selon lui, je mène une vie de rêve avec tout ce que mes parents séparés me donnent. De mon point de vue, j’ai plutôt l’impression de vivre un cauchemar avec ce Ben Bédard qui ne me lâche pas d’une semelle!

Qu’est-ce que ça va lui prendre pour qu’il me fiche la paix !
LangueFrançais
ÉditeurDistribulivre
Date de sortie30 mars 2025
ISBN9782898650789
Philippe et Sébio: Une lutte à finir

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    Aperçu du livre

    Philippe et Sébio - Karyne Fournier

    Chapitre 1

    Vengeance

    — TUE-LE !

    — ACHÈVE-LE !

    — À GO, ON LE PLANTE

    Je n’en peux plus ! Ça fait cinq minutes que je suis le dernier à ne pas avoir été éliminé au ballon chasseur et les autres élèves veulent tous ma peau. Je trouve qu’ils y vont fort dans leurs commentaires. On m’attaque de tous les côtés avec les ballons et tous les joueurs de mon équipe me regardent en espérant que je vais les délivrer. Mais moi… je veux juste que la cloche de la récré sonne pour sauver mon titre et mon honneur ! Depuis le début de l’année, c’est toujours moi le dernier qui se fait toucher : je veux que ça demeure ainsi, c’est trop important pour moi !

    Enfin, le ballon roule à mes pieds ! Vite, je me penche pour le lancer de toutes mes forces, mais j’aperçois un autre ballon venu d’ailleurs qui se dirige vers moi…

    BANG !

    J’entends des cris de joie, des cris de guerriers qui festoient déjà et qui applaudissent en me voyant tituber, la main sur la tempe. Avec ce lancer de plomb que je viens de recevoir, je vois soudain des étoiles. En fait, je n’y vois plus clair et je réalise qu’on m’a eu, moi, Philippe-le-grandchampion-du-ballon-chasseur.

    Mais je n’ai pas dit mon dernier mot. Les baveux, ça m’enrage. Tel un taureau, je fonce dans tout ce qui bouge et je frappe avec mon poing. L’une de mes victimes, un grand imbécile de cinquième année, perd pied et tombe sur le dos. Satisfait, je me penche vers lui en criant :

    — Qu’est-ce que tu dis de ça, grand con ?

    Les yeux écarquillés, les spectateurs me regardent tous affolés en reculant. Du haut de mes cinq pieds et de mes soixante-dix-huit livres, je n’ai peut-être pas le physique d’un lutteur, mais je sais me faire respecter quand il le faut. Habituellement, les filles me trouvent mignon avec mes cheveux blonds en bataille et mon petit nez retroussé. Mais là, elles me dévisagent avec dédain et l’une d’elles accourt vers la surveillante. Une fois arrivée sur les lieux de l’attaque, la surveillante, du genre matante-à-talons-hauts, me regarde durement en me pointant la porte sans demander d’explications. Je quitte les lieux en silence, frustré et incompris, comme d’habitude ! C’est toujours moi qui me fais punir, car ils me mettent à bout ! C’est une bande de jaloux. Il faut croire que c’est le prix à payer pour garder son titre de champion…

    Je m’imagine déjà la scène qui m’attend : j’aurai encore droit au discours de la directrice et à ses menaces de suspension. Bref, du déjà vu, du déjà entendu. Au moins, mon père sera fier de moi, car il me dit toujours de me défendre. Quant à ma mère, elle va m’obliger à me coucher chaque soir à 19 h en répétant qu’elle a mis au monde un monstre et qu’elle ne sait plus quoi faire de moi. Depuis qu’elle s’est remariée et qu’elle vient d’accoucher du bébé-le-plus-sage-du-monde, je suis un moins que rien à ses yeux, une épine dans un pied, une mouche dans un parebrise, un pissenlit dans une platebande.

    Les lundis matins, ça finit souvent comme ça, puisque j’ai de la difficulté à m’endurer moi-même. Une fin de semaine sur deux, je couche chez mon père. Il fait ce qu’il peut avec moi depuis son divorce avec ma mère, mais j’avoue qu’on se couche toujours très tard quand on s’endort devant la télé. Je sais qu’il m’aime, car il me gâte tellement ! Parfois, j’ai envie de lui dire que j’en ai assez et que ses cadeaux ne font pas toujours mon affaire. J’aimerais mieux qu’il passe du temps avec moi au lieu de faire des heures supplémentaires à l’usine. Si mon père se sent coupable d’avoir laissé ma mère pour une femme plus jeune, ce n’est pas mon problème. De son côté, ma mère dit que je suis un préado-gâté-pourri-par-la-pourriture qui ne se contente pas de ce qu’il a. Elle ne comprend rien à ma vie ! J’aimerais bien la voir changer de maison chaque deux semaines, toujours dans les valises comme je fais !

    Perdu dans mes pensées, je sursaute soudain en voyant la porte du bureau de la directrice qui s’ouvre brusquement devant moi : Paule Cochaut. Elle ne me donne pas une minute pour souffler et m’ordonne d’entrer dans son bureau. Je me mords les joues, car j’ai juste envie de faire des jeux de mots avec son nom de famille peu commun. J’ai plus de respect pour le cochon de mon oncle agriculteur que pour cette femme arrogante. Avec ses longs ongles de sorcière et sa robe trop grande, je sens que je vais encore me bidonner. Je ne le ferai pas devant elle, bien sûr, mais j’ai déjà hâte d’en parler à mon père. Habituellement, quand je reviens avec un billet d’infraction de l’école, il me regarde de son air faussement sérieux en me sortant sa menace habituelle :

    — Ti-gars, calme tes nerfs ! T’auras pas ta poutine dans deux vendredis si tu continues de me rapporter des billets comme ça !

    Après cela, il m’enlève ma casquette et me décoiffe le toupet. Il est rarement fâché bien longtemps, puisqu’on ne se voit pas souvent. Ma mère lui reproche de passer l’éponge trop vite et de n’être pas assez sévère. Ces deux-là, ils ne s’entendent jamais !

    Pour revenir à mon tête-à-tête avec madame-quise-donne-un-air-supérieur, je dois avouer que ça ne se passe pas comme d’habitude. Cette fois-ci, elle me regarde drôlement, comme si elle avait envie de rire de moi, comme si je venais d’être piégé. Je détourne le regard, car je ne veux pas lui montrer mon malaise. Je porte mon attention sur une peinture au mur. On y voit des enfants sages qui lèvent la main à leur pupitre. C’est justement le genre d’élèves qui me tape sur les nerfs. Les gens qui ne se révoltent pas et qui suivent le troupeau, ça me fait pitié ! Moi, je ne suis pas un mouton, je suis le berger, un leader !

    C’est pour cela que j’aime tant jouer au basketball, car j’aime avoir le contrôle du ballon et de l’adversaire. En étant capitaine de mon équipe, on compte sur moi et on me respecte. Ce sport-là, c’est toute ma vie ! J’oublie tous mes problèmes sur le terrain et ça me défoule. Quand j’ai su que je pouvais en faire au secondaire tous les jours l’année prochaine dans le programme Sport-études, je me suis dit que je me rapprochais de plus en plus de la NBA.

    Tous les gars de ma classe se voient jouer pour le Canadien de Montréal, mais moi, je vais gagner des millions en jouant pour une ligue de basketball professionnelle ! Par contre, pour l’instant, dans le bureau de la directrice, j’ai l’impression de partir perdant avant le match…

    Elle prend le temps de replacer ses quatorze bracelets métalliques et ses deux colliers de billes en soupirant de désolation :

    — Mon cher Philippe, je t’annonce que, pour toi, c’est fini pour un temps les récréations ! Ton attitude est innnnnaaaaaccceptable.

    Quand elle étire ses syllabes de cette façon, j’ai envie de la mordre !

    — Paule, tu ne peux pas me les enlever ! Le psychoéducateur a écrit dans mon plan d’intervention que j’en avais besoin pour me défouler.

    — Pas de cette manière, c’est certain ! réplique-telle.

    — C’est la seule que je

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