Ne jamais jeter ses rêves

Sébastien était entré dans le supermarché, avait saisi un panier dans une pile à côté des caisses et il arpentait les allées en maugréant. Depuis qu’Agathe l’avait quitté, il se chargeait des corvées. Franchement, il avait d’autres choses à faire que perdre son temps dans ces bêtises ! Une bouffée de colère monta en lui. Où était ce foutu rayon des surgelés ? Devant lui, une femme d’une trentaine d’années poussait un caddie rempli à ras bords de produits surgelés. Il pressa le pas pour la rejoindre. – Pardon madame, les surgelés, vous savez où ils se trouvent ? demanda-t-il exaspéré.

La femme fronça les sourcils, le toisa un instant et répondit sèchement: – Un « bonjour » ne vous écorchera pas la langue !

Sébastien haussa les épaules et fila en marmonnant. Encore une susceptible qui prenait la mouche, pour un simple renseignement ! Sébastien se dirigea vers sa voiture. Cette femme l’avait vraiment agacé. Il jeta son sac sur le siège passager et démarra en trombe, impatient de rentrer chez lui pour reprendre son travail.

Sébastien est artiste peintre spécialisé dans les marines. Ses toiles se vendent bien et lui assurent des revenus confortables qui lui permettent de traverser la vie sans soucis.

C’est un bel homme de 40 ans, soigné et sans doute un peu trop conscient de ses atouts et de l’effet qu’il fait généralement aux femmes. Ce qui n’avait pas empêché Agathe de partir ! Et depuis qu’elle était sortie de sa vie, rien n’allait plus, comme si en le quittant, c’était l’essence même de sa vie qu’elle avait emportée avec elle.

Il sortit un plat surgelé de son emballage et l’enfourna dans le micro-ondes. En regardant tourner la barquette, il se sentit fourbu. Depuis quelque temps, il était fatigué. Il se couchait fatigué et se levait fatigué. Tout devenait contrainte, les choses à faire lui pesaient, il ne supportait plus sa carcasse… Même son métier l’ennuyait ! Et surtout : l’inspiration l’avait déserté. Il restait des heures à tourner autour de sa toile, sans