Un cri au fond des yeux

Novembre 2020. La sonnerie du réveil programmé sur le portable de Mona la tira de son cauchemar. Elle ouvrit les yeux, tâtonna pour trouver son téléphone et appuya rageusement sur l’écran. A quoi bon se lever ? Rien ne l’attendait dehors.

Elle se retourna, remonta la couette sous son menton et ferma les paupières. Retourner au sommeil et tout effacer.

Impossible de se rendormir. Résignée, elle se leva et se traîna vers la cuisine pour se faire un café. Un coup d’œil vers la fenêtre. Temps plombé. La pluie n’était pas loin.

Mona haussa les épaules. Après tout, qu’il pleuve ou que le soleil brille ne changerait pas grand-chose à sa journée. Depuis le premier confinement dû à ce virus qui s’était abattu sur le monde, Mona avait l’âme à la grisaille.

Avant, tout allait bien pour elle. Après avoir travaillé avec succès plusieurs années dans une société spécialisée dans l’événementiel, à 28 ans, Mona avait créé son entreprise de « wedding planner », qui prenait en charge de A à Z l’organisation des mariages. Elle y avait mis toute son énergie, et les fruits de son travail promettaient une belle récolte. Puis le premier confinement était tombé sur le pays. Elle avait immédiatement songé aux trois grands mariages dont elle avait décroché l’organisation. Le premier était programmé pour le début du mois de mai 2020 dans un château de l’Oise. Tout était bouclé. Cyril et Armony, les futurs mariés, étaient enchantés. Tout en respectant leur budget, elle les avait guidés pour le choix du lieu, leur faire-part, le thème, la décoration de la salle. Grâce à son carnet d’adresses, elle avait déniché le traiteur, les musiciens, le photographe adéquat.

Deux cent cinquante invités avaient répondu par l’affirmative à l’invitation du Mona avait même aidé la future mariée dans le choix de sa robe, et patatras, en quelques phrases, le président de la République, en guerre contre le coronavirus, avait envoyé ce premier mariage aux calendes grecques.