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Les Cendres du Nord, t2
Les Cendres du Nord, t2
Les Cendres du Nord, t2
Livre électronique178 pages2 heures

Les Cendres du Nord, t2

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À propos de ce livre électronique

Le temps presse désormais pour Mathéas. La terreur des flammes noires hante toujours son esprit,
mais lui seul peut maintenant prévenir les gens d’Oromon de la calamité qui s’abattra sur le continent.
Même unies, les armées de Tharmund et la garnison d’Eber ont peu de chance de vaincre cette menace.
Mathéas devra prendre des décisions déchirantes s’il veut sauver ceux qu’ils aiment.
LangueFrançais
Date de sortie3 mai 2024
ISBN9782898620171
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    Aperçu du livre

    Les Cendres du Nord, t2 - Alexandre Gareau

    cover.jpg

    Chapitre 1

    La décision du roi

    Un soleil brillant illuminait les vertes prairies bordant la route de la capitale, tandis que seuls quelques nuages brisaient la monotonie du ciel bleu. Pourtant, cette vision idyllique contrastait terriblement avec la lourdeur de l’air ainsi que l’étrange sentiment de peur qui se propageait maintenant sur les terres du royaume des nains. Même les animaux semblaient avoir disparu pour ne laisser qu’un silence oppressant, ce dernier n’étant brisé que par le bruit rapide et constant de sabots martelant les dalles de pierres.

    Solitaire sur la route, la jument galopait avec une telle célérité qu’elle paraissait fendre l’air. Son cavalier, quant à lui, avait l’air presque léthargique, s’agrippant de peine et de misère à la bride, ses yeux fixant droit devant sans vraiment voir. Quiconque aurait croisé son regard aurait immédiatement compris qu’il venait de traverser une épreuve des plus terrifiantes. Cependant, il n’y avait désormais personne d’autre sur la route, tous ayant fui l’aura implacable qui se dégageait de Vadrik Erast, sans même savoir le danger mortel qui s’apprêtait à se déchaîner sur le continent. Le cavalier l’avait vu, lui, et lui seul était pour l’instant conscient de la calamité à venir.

    C’est ainsi que Mathéas rejoignit la barricade que les nains avaient bâtie à la hâte sur la route. Grâce à la rapidité sans égal de Baranné, peu de temps s’était écoulé entre sa rencontre horrifique avec le démon et son arrivée, mais le jeune homme avait tout de même l’impression qu’une éternité s’était écoulée depuis qu’il avait quitté les sombres salles de Vadrik Erast. L’atroce spectacle dont il avait été témoin au sein de la capitale était brûlé dans son esprit et il était incapable d’en chasser les horreurs. Son sentiment de désespoir ne fut que renforcé lorsqu’il constata que de nombreux autres nains avaient rejoint Balport durant la journée. Ils avaient renforcé considérablement leur position et le jeune homme aurait été impressionné, n’eût été l’accablement qu’il apportait avec lui. À peine les nains l’avaient-ils laissé passer qu’il se mit à leur crier de fuir au plus vite.

    — Fuyez, pendant qu’il est encore temps ! Le feu noir s’en vient et rien ni personne ne pourra l’arrêter ! implora à la hâte Mathéas.

    — Holà, mon garçon ! s’écria Balport, accourant auprès du jeune homme. Qu’avez-vous vu ? Que vous est-il arrivé ?

    — Vadrik Erast est tombée, Balport : ses habitants sont tous morts et leurs meurtriers vont venir pour nous.

    — Comment ? Mathéas, explique-moi !

    Bien que réticent, Mathéas fit un rapide compte rendu de son expédition au sein de la capitale. Son histoire paraissait si improbable que le vieux Balport aurait eu de la difficulté à le croire, n’eût été la peur qui était perceptible sur le visage du jeune homme ainsi que dans sa voix tremblante.

    — Il y avait au moins dix mille soldats dans la cité. Comment un être aurait-il pu tous les tuer ? murmura Balport, une fois le récit de Mathéas terminé.

    — Ils n’avaient aucune chance, personne n’aurait pu faire quoi que ce soit face à un tel monstre. Pour les avoir combattues, ses légions de démons à elles seules représentent une puissance capable de nous vaincre, et nos soldats ne sont rien face à elle.

    — Tu dois avertir le roi, Mathéas, pars sur-le-champ ! Ne perds pas de temps ! s’empressa de déclarer le vieux nain.

    — Je le ferai mais, sauf votre respect, c’est sans espoir.

    — J’ignore l’ampleur des horreurs dont tu as été témoin, mon petit, mais nous ne pouvons ainsi abandonner ! Tu as dit cinq jours ? Je vais dépêcher des messagers dans le but de faire évacuer les terres plus à l’ouest.

    — Évacuer ? Mais pour aller où ?

    — Pour l’instant, autant rejoindre Sa Majesté au Grand Mur ! Malgré la détresse que vous apportez, cela reste notre meilleur espoir de défense ! Nous possédons également d’autres puissantes forteresses, mais ce sera au roi de décider.

    — Qu’en est-il de vous ? Vous ne pouvez rester ici, Balport, c’est du suicide. Ordonnez à vos gens de fuir.

    — J’ai pris ma décision il y a déjà longtemps de cela, jeune homme, répondit le nain avec un sourire. Nous allons renforcer davantage la barricade et, même si nous ne retenons l’ennemi que quelques minutes, le temps est dorénavant précieux ! Allez, partez sur-le-champ !

    Considérant Balport un instant, Mathéas détourna ensuite le regard en serrant les poings. Le vieux nain et sa bande de soldats semblaient bien déterminés à rester et, en d’autres temps, le jeune homme aurait admiré leur courage, mais il ne pouvait maintenant qu’être atterré par ce qui était selon lui un geste inutilement téméraire. Il aurait préféré être en mesure de les convaincre, mais il n’en avait ni l’énergie ni la volonté. C’est donc à contrecœur qu’il s’adressa une dernière fois au vieux nain.

    — J’aimerais pouvoir vous souhaiter bonne chance, mais je crains que ce ne soit en vain… Adieu ! Le roi sera informé de votre sacrifice.

    Laissant les nains à leur barricade, Mathéas reprit tout de suite la route, car tel que Balport l’avait dit, le temps pressait désormais. Jamais auparavant le jeune homme n’avait imaginé qu’il serait capable d’abandonner des alliés à une mort certaine aussi aisément, mais telle était la terreur qui dominait maintenant son esprit. Il devait atteindre le Grand Mur le plus rapidement possible pour ensuite retourner jusqu’à Eber, où l’attendait Isa dans l’ignorance de la fatalité qui approchait. Peu de temps après son départ, la nuit s’installa sur le royaume, mais Mathéas continua malgré tout sa chevauchée, faisant confiance à Baranné pour suivre la route dans l’obscurité. La jument galopait aussi vite qu’elle le pouvait, consciente de la hâte qui pressait son maître. Ce dernier était désormais trop las pour se soucier de la fatigue de sa monture, ressentant lui-même un grand épuisement, comme si sa rencontre avec le démon l’avait vidé de ses forces.

    La matinée apporta peu de réconfort à Mathéas, le soleil parvenant simplement à réchauffer légèrement son cœur, sans pour autant y chasser le désespoir. Tandis qu’il chevauchait, le jeune homme croisa de nouveau des caravanes de réfugiés qui fuyaient vers le mur, mais comme précédemment, il n’y porta aucune attention puisqu’il ne pouvait supporter de voir la détresse que ces gens vivaient, tout en ignorant que le pire était encore à venir. Le reste du trajet parut se dérouler tel que dans un rêve pour Mathéas. Le vide que ressentait le soldat lui avait retiré toute émotion, le plongeant dans une sorte de transe. Les vertes prairies paisibles défilaient de chaque côté de la route tandis que le soleil et la lune alternaient dans le ciel ; le jeune homme, lui, semblait figé sur sa monture, inaffecté par le temps. Même lorsque le Grand Mur apparut devant lui, Mathéas n’eut aucune réaction, continuant sa route sans réagir.

    Les gardes du mur, toutefois, ne manquèrent pas de réagir à la vue du cavalier. Un véritable branle-bas de combat se répandit au-delà de la muraille et de nombreux cors retentirent. Les puissantes portes furent ouvertes afin de laisser passer le jeune homme, qui fut accueilli par une grande foule avide d’entendre son récit. Le principal intéressé remarqua que les rangs des troupes du roi avaient considérablement grossi, de sorte que le campement s’étendait dorénavant de part et d’autre des portes. On avait érigé plusieurs obstacles et palissades à l’extérieur de la muraille en vue de ralentir davantage l’assaut à venir, tandis qu’un grand nombre de soldats patrouillaient sans cesse sur le chemin de ronde du mur. Encore une fois, l’ingéniosité des nains impressionna grandement Mathéas, mais ce sentiment disparut lorsqu’il porta attention aux gens qui l’entouraient. Le jeune homme pouvait lire l’incertitude dans leurs yeux et l’image de la pyramide de corps, celle qu’il avait vue au sein de Vadrik Erast, revint hanter son esprit.

    — Je dois voir le seigneur Tharmund immédiatement, implora faiblement le cavalier.

    — Mathéas ! s’exclama Ecbert en se frayant un chemin parmi les siens. Tu ne peux savoir combien je suis heureux de te voir en vie !

    — Ecbert, je dois faire mon rapport à Sa Majesté.

    — Tharmund s’en vient, mon garçon. Crois-tu que nous sommes restés les bras croisés lorsque tu es apparu à l’horizon ?

    Le nain s’approcha du jeune homme et fut troublé de voir la peur qui se reflétait sur son visage tandis qu’il l’aidait à descendre de sa monture. Une fois sur ses pieds, Mathéas vacilla et Ecbert dut le retenir pour l’empêcher de s’écrouler. Le soldat avait l’impression que toute la fatigue des derniers jours venait de s’abattre subitement sur lui, amplifiée par la terreur qui occupait son esprit.

    — Bon sang, Mathéas, qu’est-il arrivé ? murmura le nain au jeune homme.

    — Ecbert… Le feu noir, il arrive… répondit Mathéas, à moitié conscient.

    — Garde tes forces, Tharmund arrivera d’un instant à l’autre.

    Heureusement pour Mathéas, Ecbert disait vrai et, avant longtemps, Tharmund arriva sur les lieux en courant, ses gardes se pressant à sa suite.

    — Mathéas ! Espèce d’idiot insouciant ! Que s’est-il passé ? s’écria le souverain, paniqué de voir son ami dans un pareil état.

    — Tharmund… La cité… les démons…

    — Calme-toi, mon garçon. Viens, nous allons t’installer pour que tu puisses te reposer.

    Mathéas ne parvenait pas à tenir debout sans l’aide d’Ecbert mais, malgré cela, il ne pouvait attendre avant d’annoncer la nouvelle au roi. Rassemblant toute son énergie, le jeune homme redressa la tête pour regarder le souverain directement dans les yeux.

    — Votre Majesté, Vadrik Erast est tombée.

    La déclaration de Mathéas fut suivie d’un long silence : tous ceux qui étaient présents semblaient pétrifiés par l’annonce du jeune homme.

    — Ses habitants ont été tués par les démons, continua faiblement Mathéas. Ils sont menés par une créature monstrueuse recouverte de flammes noires. C’est elle qui répand cette horrible présence sur vos terres.

    — De flammes noires ? Mais d’où vient ce monstre ? s’exclama Tharmund à mi-voix.

    — Je l’ignore, mais il s’apprête à relâcher ses légions sur le continent entier. Elles arrivent et apportent la mort… Les cinq jours sont déjà presque écoulés…

    À peine le jeune homme avait-il terminé sa phrase qu’il perdit connaissance dans les bras d’Ecbert.

    Lorsqu’il ouvrit les yeux de nouveau, il fallut à Mathéas quelques instants avant de comprendre où il se trouvait. Ce n’est qu’en apercevant le siège doré de Tharmund qu’il comprit que les nains lui avaient monté un lit de fortune dans la tente du roi. Ce dernier était absent, tout comme ses gardes. Le soldat ignorait quelle heure il était et combien de temps il était ainsi resté couché. Le vacarme qu’il entendait à l’extérieur lui indiqua que ses paroles n’avaient heureusement pas découragé les nains. À vrai dire, à mesure qu’il pensait à son retour, il éprouva une grande honte puisqu’il avait laissé la peur le dominer totalement. Embarrassé, il essaya de se ressaisir, mais le simple souvenir de l’horrible flamme obscure suffit à lui glacer de nouveau le sang et fit disparaître le peu de bravoure qu’il avait réussi à rassembler.

    Ils ne l’ont pas vu de leurs yeux, ils ne savent pas contre quoi ils se dressent, pensa Mathéas, tentant de trouver une explication à sa couardise.

    — Content de voir que tu es réveillé, mon garçon.

    Le jeune homme sursauta, car, perdu dans ses pensées, il n’avait pas réalisé que Tharmund était maintenant assis à la petite table. Le souverain semblait calme, bien que Mathéas pût voir une lueur de doute dans ses yeux.

    — Je… Je suis désolé, Tharmund. Je ne voulais pas créer un tel tumulte.

    — Ne t’en fais pas ! De toute manière, nous, les nains, sommes toujours bruyants ! pouffa le roi avant de reprendre un ton plus sérieux. Mathéas, raconte-moi, s’il te plaît, ce qui t’est arrivé. Je dois en connaître les détails, si ce n’est pas trop douloureux pour toi.

    Avec autant de réticence qu’avec Balport, Mathéas entreprit un récit détaillé de son aventure, décrivant la barricade, sa mésaventure avec l’arbre ainsi que la terreur de Vadrik Erast. L’homme put voir combien son histoire attrista terriblement le roi nain, la mention de la mort de ses sujets l’affectant particulièrement.

    — De nombreux nains vivaient à Vadrik Erast… fit Tharmund. Près de la moitié du royaume tout entier, en fait. Qu’ils aient été tués au sein de leur propre demeure, sans que leur roi ne puisse faire quoi que ce soit, cela constitue pour moi la pire des tortures. Me voilà à pleurer mon peuple, tout en étant amputé de la majeure partie de mes soldats, m’empêchant ainsi de les venger.

    — Sauf votre respect, Votre Majesté, je crois qu’aucune armée n’aurait pu vaincre ce démon, répondit le jeune homme. J’ignore même s’il peut être tué.

    — Tout adversaire possède une faiblesse, Mathéas, peu importe son origine. Or, tu as peut-être raison : s’il a réussi à battre mes guerriers au sein de leur propre capitale, nous aurions sûrement été tout aussi impuissants sur le champ de bataille.

    — Cela veut dire… que c’est la fin, c’est ça ?

    — La fin ? Je l’ignore, mon garçon. Tant qu’il me reste des forces, je ferai tout en mon pouvoir pour arrêter cette aberration, expliqua le roi. Si ce monstre veut vraiment nous tuer, il devra le faire en nous affrontant. Nous avons renforcé autant que possible le mur et, crois-moi, bien que nous soyons désespérés, nous vendrons chèrement notre peau.

    — Les soldats y trouveront du moins une mort honorable, quoique vaine, ajouta Mathéas. Cependant, que faire des femmes et des enfants, sans oublier ceux qui ont déjà vécu trop de printemps pour combattre ? Sont-ils condamnés à se faire massacrer, une fois le mur tombé ? Ils n’auront aucune chance. Même s’ils se réfugiaient à Eber, la cité ne résisterait pas plus que le mur !

    Tharmund sonda longuement le soldat avant de se mettre à faire les cent pas. Mathéas comprit que le souverain hésitait à lui révéler quelque chose, mais il préférait laisser le roi décider

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