Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Le royaume de Lénacie - Tome 6: Retour aux sources
Le royaume de Lénacie - Tome 6: Retour aux sources
Le royaume de Lénacie - Tome 6: Retour aux sources
Livre électronique256 pages3 heures

Le royaume de Lénacie - Tome 6: Retour aux sources

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Après quatorze ans sur terre à élever ses filles, Océane et Delphine, Marguerite peut enfin leur faire découvrir le superbe royaume de Lénacie. Rien n’a cependant préparé les adolescentes à ce monde extraordinaire ni à la nouvelle famille qu’elles y trouvent!
Toutefois, la ville n’est plus aussi sûre qu’avant et les sirènes devront déménager dans une partie de l’océan plus difficile à détecter. En tant qu’ex-souveraine, Marguerite a l’obligation de partir en mission avec son frère Hosh dans la cité en construction, où quelque chose de louche semble se tramer.
Les jumelles se retrouvent donc seules pour affronter des créatures et des défis qu’elles n’auraient jamais pu imaginer. Comment se feront-elles de vrais amis quand les jeunes Lénaciens vivent si différemment des humains ? Iront-elles jusqu’à subir de graves blessures sous peine d’avoir l’air lâches? Laisseront-elles les secrets s’accumuler, et même les séparer?
LangueFrançais
ÉditeurDe Mortagne
Date de sortie10 mars 2021
ISBN9782897921774
Le royaume de Lénacie - Tome 6: Retour aux sources
Auteur

Priska Poirier

Originaire de Granby, en Montérégie, Priska Poirier vit depuis plusieurs années à Candiac. Elle était enseignante au primaire lorsque l’idée du Royaume de Lénacie a germé dans son esprit. Cette série de cinq tomes vendue à plus de 70 000 exemplaires lui aura donné l’envie de vivre de sa plume et de devenir auteure à temps plein. Aujourd’hui, grâce au programme La culture à l’école, Priska sillonne le Québec et le Canada pour donner le goût de la lecture aux jeunes. En 2014, elle lance une deuxième série, Seconde Terre, et plonge tête première dans un univers de science-fiction, cette fois. En 2017, elle se lance dans une troisième série, Les Éternels, dans un univers d'anges et de magie.

En savoir plus sur Priska Poirier

Auteurs associés

Lié à Le royaume de Lénacie - Tome 6

Titres dans cette série (9)

Voir plus

Livres électroniques liés

Pour les enfants pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Le royaume de Lénacie - Tome 6

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Le royaume de Lénacie - Tome 6 - Priska Poirier

    d’aquarinaire.

    PROLOGUE : MARGUERITE

    Et les années passent…

    Deux ans après le retour de Marguerite sur terre

    Postée devant la fenêtre de sa cuisine, l’ex-souveraine de Lénacie observait attentivement la rue. Les jumelles étaient à la garderie pour encore deux heures.

    « Pourvu que Gabriel n’arrive pas en retard, espéra-t-elle. J’ai besoin d’un peu de temps avec lui et le bébé avant le retour des filles. »

    Marguerite se souciait surtout du petit sirmain qui accompagnerait son ancien gardien et qu’elle s’apprêtait à accueillir. Ce n’était pas toujours facile pour un bambin de quitter l’océan. La jeune femme se souvenait très bien des premiers mois de ses filles sur la terre ferme. Océane avait vécu beaucoup d’anxiété. Elle avait pleuré et fait des crises pendant des semaines en présence d’un bruit trop fort ou de lumière trop vive. Delphine, elle, avait pratiquement arrêté de bouger, comme si son corps était soudain devenu trop lourd pour elle. Très inquiets, Marguerite et Damien avaient consulté deux spécialistes sirmains. Ceux-ci avaient suggéré des exercices pour faciliter l’adaptation des filles à la vie hors de l’eau. Heureusement, au fil des mois, tout était rentré dans l’ordre.

    Les jumelles avaient appris à marcher plus tard que la norme, mais elles n’avaient jamais rechigné sur la nourriture, quelle qu’elle soit, contrairement à bien d’autres enfants humains. Delphine avait parlé au moins six mois avant sa sœur. Océane mélangeait les sons et, souvent, Marguerite avait l’impression qu’elle expulsait seulement de l’air, comme si ses cordes vocales étaient déconnectées. Maintenant qu’elles avaient atteint l’âge de trois ans, tout cela appartenait au passé. Les jumelles grandissaient avec force, joie et insouciance.

    La porte arrière de la maison se referma subitement. Marguerite sourit. Damien lui avait dit de venir le chercher dans son atelier de menuiserie quand le petit arriverait, mais elle connaissait bien son mari. Il avait aussi hâte qu’elle de le voir. Elle écouta son époux se laver les mains et marcher lentement jusqu’à elle, comme si tout était normal. Doucement, il glissa un bras autour de sa taille.

    – Alors, ma belle awata, prête à devenir mère une troisième fois ?

    – Oui… je crois. On a eu très peu de temps pour s’y préparer, mais, comme je ne prendrais jamais le risque d’avoir un autre enfant, c’est une solution qui me plaît beaucoup.

    Marguerite et Damien avaient été chanceux d’avoir deux filles sirmaines. S’il avait fallu que l’ex-souveraine donne naissance à un enfant sirène et à un autre sirmain, elle aurait eu à prendre une décision déchirante : rester dans l’océan avec l’un ou remonter sur terre avec l’autre. Elle se remémora ses longues nuits d’insomnie pendant sa grossesse et toutes les larmes versées à cette idée affreuse de devoir choisir entre ses filles. Elle s’était alors promis que jamais elle ne repasserait par là.

    – Est-ce que ta sœur Justine t’a rappelée ? lui demanda Damien.

    – Non. Elle me trouve folle d’adopter un garçon alors que les jumelles sont si jeunes, mais, je la connais, elle va être la première arrivée, samedi. Et j’ai obtenu la promesse de tous que personne ne se présentera ici avant la fête.

    – J’espère qu’ils respecteront bien la consigne. On ignore comment le bébé va réagir loin de ses parents biologiques et de l’océan. On aura besoin de ces quelques jours en famille.

    – Je suis si triste pour Occare !

    – Je sais, chérie. Nous avons été privilégiés.

    Les Lénaciens avaient fréquemment des jumeaux. Lorsque cela arrivait, les deux enfants étaient toujours de sexe différent. De plus, l’un était sirène et l’autre, sirmain. Ne pouvant grandir sans soleil, celui-ci devait partir pour la surface dès qu’il se mettait à perdre du poids ainsi que les écailles de sa queue. Souvent, cela arrivait après quelques mois seulement dans l’océan. Si l’un des parents était sirmain, il avait le choix de quitter la mer pour l’élever à la surface. Sinon, l’enfant devait être placé dans une famille d’adoption. Dans tous les cas, il restait sur terre au moins jusqu’à ses quatorze  ans.

    En accouchant de jumelles, toutes deux sirmaines de surcroît, Marguerite avait fait figure d’exception. Un tel phénomène ne s’était jamais vu. Pour éviter de se séparer de ses enfants, elle avait eu une longue discussion avec son frère, et tous deux avaient offert la couronne de Lénacie à Occare et à Dave, qui l’avaient acceptée. Aujourd’hui, c’était son amie qui avait besoin d’elle. Ni son mari ni elle n’étaient sirmains. Ils avaient donc dû prendre la douloureuse décision de confier leur fils à la famille de Marguerite et de Damien, et de ne garder avec eux que la jumelle de celui-ci.

    La voiture rouge de Gabriel entrait justement dans la cour. En sortant de son véhicule, l’ancien gardien de Marguerite lui envoya la main. La jeune femme sentit son cœur s’attendrir à la vue de cet homme qui avait veillé sur son enfance sans qu’elle le sache. De loin, il s’était assuré que ses parents adoptifs prenaient bien soin d’elle et qu’elle n’entrait jamais en contact avec l’eau de mer afin que ses jambes ne se transforment pas en queue de sirène. Lorsqu’elle en avait eu l’âge, Gabriel lui avait révélé ses véritables origines et l’avait accompagnée dans son premier voyage vers l’extraordinaire cité de Lénacie, afin qu’elle y rencontre son frère jumeau, Hosh, ainsi que sa mère, la reine Una.

    Marguerite se dirigea vers le vestibule et ouvrit la porte au moment où Gabriel allait appuyer sur la sonnette. L’attention de la jeune femme fut immédiatement attirée par l’enfant blond qu’il tenait contre sa poitrine. Il avait onze mois et était magnifique. Il fixa Marguerite de ses grands yeux pers bordés de longs cils pâles et lui sourit.

    – Regarde-moi donc ce beau petit bonhomme, lança Damien de sa voix enjouée.

    L’enfant tourna la tête vers l’homme qui allait devenir son père adoptif et l’observa longuement.

    – Est-ce qu’Occare lui a donné un nom humain finalement ? s’informa Damien.

    – Elle a choisi Olivier.

    – Olivier, répéta Marguerite. J’aime beaucoup. Tu viens me voir, Olivier ?

    Elle tendit les bras, et le petit répondit à son invitation. Marguerite fut conquise. Elle aimait déjà cet enfant. Elle précéda Gabriel dans la salle à manger. Son mari et elle avaient beaucoup de documents à remplir et d’informations à recevoir.

    Petites étoiles qui indiquent une ellipse, un saut dans le temps.

    Quatre ans après le retour de Marguerite sur terre

    Damien finit de remplir son sac étanche en y glissant l’album de photos plastifié d’Olivier ainsi que celui des jumelles.

    – Dis à mon frère que je pense à lui, rappela Marguerite à son mari en lui remettant une magnifique figurine de loup en granit. J’aurais tellement voulu t’accompagner.

    – Tu as encore le temps de changer d’idée, mon awata. Tes parents ou les miens adoreraient s’occuper des enfants.

    – Le voyage est trop long. Laisser les petits un mois… je ne peux pas. Comme Océane a un rhume, tu sais que Delphine va l’attraper bientôt. En plus, Olivier va changer de groupe à la garderie, mercredi. Je tiens à l’aider à vivre cette transition.

    – Mère poule, voilà ce que tu es ! Mais je t’aime comme ça. C’est rassurant. Je vais aller donner un coup de main au roi pour son projet de construction et revenir très vite.

    – Je continue à penser qu’Occare te fait venir surtout pour avoir des nouvelles d’Olivier.

    – Ha ! Ha ! Ha ! C’est bien possible. Il existe effectivement d’autres excellents menuisiers à Lénacie.

    – Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire, se défendit la jeune femme, catastrophée par la déduction de son mari. Tu es le meilleur ! C’est un fait établi depuis longtemps !

    – Bien rattrapé ! la taquina Damien. En vérité, tu as sans doute raison pour Occare, mais peut-on lui en vouloir ? On est tous tombés sous le charme de notre petit trésor. Je vais la réconforter et lui parler en long et en large de son fils, comme j’aurais souhaité que quelqu’un le fasse si les rôles avaient été inversés.

    Marguerite se sentit à nouveau touchée par la bonté de son mari. Un voyage dans l’océan ne s’effectuait jamais sans risque, mais il avait accepté sans hésitation. Les quatre prochaines semaines ne seraient pas de tout repos pour elle non plus, qui resterait seule avec les trois enfants, en plus d’enseigner au primaire.

    Petites étoiles qui indiquent une ellipse, un saut dans le temps.

    Neuf ans après le retour de Marguerite sur terre

    Le bruit des enfants qui jouaient dans le salon avec leurs cadeaux de Noël réveilla Marguerite. Elle regarda son réveil. Il était beaucoup trop tôt. À quel âge les enfants étaient-ils censés commencer à dormir tard le matin ? Un éclat de rire d’Olivier lui arracha tout de même un sourire. Ils avaient eu une si belle fête en famille.

    Delphine avait été ravie de sa pile de romans, de ses nouveaux chaussons de ballet et de son maillot de danse. Le sourire de Marguerite s’élargit alors qu’elle se rappelait la mine désabusée d’Océane devant les cadeaux de sa sœur. Elles étaient si différentes. L’aînée – de cinq minutes – avait été beaucoup plus contente en découvrant les siens. Ses patins neufs, ses vingt-quatre feutres de couleur et son ensemble de gouges pour travailler avec Damien dans l’atelier avaient trouvé grâce à ses yeux. Olivier, qui avait maintenant huit ans, avait sauté dans les bras de ses parents après avoir déballé son ensemble de magie, son ballon de soccer et son épée grandeur nature.

    Marguerite était heureuse que ses enfants le soient. L’océan, sa famille et ses amis lui manquaient énormément. Elle avait sans cesse l’impression qu’une partie d’elle lui échappait, mais sa vie sur terre s’avérait aussi douce que possible. À ses côtés, Damien bougea. Il sortit du lit, ouvrit le premier tiroir de sa commode et revint près d’elle.

    – Joyeux Noël, mon awata, lui dit-il en lui tendant un pot de verre.

    À l’intérieur, trois rouleaux d’algues baignaient dans de l’eau de mer et attendaient d’être lus. Les yeux de Marguerite se remplirent de larmes. Des nouvelles du royaume ; rien ne pouvait lui faire plus plaisir ! Damien déposa une petite pilule rouge dans sa main gauche. C’était de l’eskamotrène, une substance qui empêcherait les jambes de sa femme de se transformer en queue de sirène si elles entraient en contact avec l’eau saline.

    – La baignoire est déjà pleine pour que tu y déroules tes messages, l’informa-t-il. Il y en a un de ton frère, un de ta mère, et un de Céleste.

    – J’ignore comment tu as réussi ça ! J’ai vraiment le meilleur mari du monde.

    – Content que tu t’en rendes compte ! Pendant que tu lis ces lettres, je vais aller préparer un déjeuner de papa.

    – C’est-à-dire?…

    – Du tousky… « tout ce qui » reste dans le frigo.

    – Oh ! Tu vas faire des heureux ce matin. Je pense qu’il y a encore de la bûche, de la dinde, de la tourtière, des sandwichs et de la salade de pommes de terre.

    Une fois bien installée dans le bain, Marguerite plongea le pot dans l’eau, l’ouvrit et déroula le premier rouleau.

    Salut, ma jumelle, Ta visite cette année m’a rendu tellement content! J’aurais toutefois préféré que tu restes plus longtemps. Pascale aussi. Elle prétend que j’étais plus calme et présent à la maison durant ton passage chez nous. J’avoue que je travaille beaucoup, mais ça va changer! Parce que… j’ai une nouvelle fantastique à t’annoncer... Pascale et moi serons parents dans quelques mois.

    Marguerite mit une main mouillée sur son cœur. Son frère et sa belle-sœur attendaient ça depuis des lustres !

    Marguerite, les yeux remplis de larmes, éclata de rire. Son frère éprouvait une véritable fascination pour la faune terrestre. Depuis plusieurs années, elle lui envoyait régulièrement des figurines représentant différents mammifères et oiseaux. La prochaine patientait déjà dans le tiroir de son bureau : un magnifique hibou taillé dans du quartz.

    Elle s’empara de la deuxième missive.

    Ma très chère Sierrad,

    La jeune femme adorait quand sa mère utilisait son nom de naissance, qui signifiait « trésor ». Elle était la seule à le faire depuis la mort de sa grand-mère.

    J’espère que tu vas bien et que mes petites-filles continuent à grandir en santé et en beauté. Je n’en peux plus d’attendre qu’elles aient quatorze ans. J’ai tellement hâte de les rencontrer. Brooke te fait dire de choisir une bonne école secondaire pour elles et de ne pas te préoccuper du coût, incluant celui de leur kilta.

    Marguerite sourit. Sa mère voulait sans doute parler d’uniforme scolaire. C’était très gentil de la part de son beau-père de vouloir prendre à sa charge les frais d’études des petites.

    Excuse-moi pour mon absence lors de ton dernier passage à Lénacie. J’en suis la première déçue. Après des années à promettre de visiter Youbba, il a fallu que je me décide au moment où tu venais nous voir. Quelle tristesse! La bonne nouvelle, c’est que tes cousins vont bien. Anpaan est maintenant papa deux fois, de petites sirènes superbes. Jexaed a choisi d’arrêter de voyager. Son excellente réputation de maître tritonnien le précède, et les gens se déplaceront sans problème pour avoir accès à ses créations. Seuls les souverains le recevront directement. Je dois bientôt me rendre à Lacatarina. Le roi se remarie enfin. Ses sujets doivent trépigner de joie. Je lui souhaite un mariage plus heureux que le précédent. Ta mère qui t’aime

    Ainsi, Mobile aurait une nouvelle épouse. Après toutes ces années, il s’agissait d’une bonne chose. Marguerite pouvait sans peine imaginer la pression qu’il avait subie de la part de ses conseillers. Contrairement à Lénacie, Lacatarina était un royaume monarchique. Mobile devait avoir une descendance pour que la couronne reste dans sa famille, et Jessie, en tentant de l’empoisonner et de revenir à Lénacie, ne la lui avait certainement pas donnée.

    Il y avait longtemps que Marguerite n’avait pas songé à sa cousine. Après la guerre qu’elle avait déclenchée contre Lénacie pour se venger, et vu la quantité d’exilés et de morts dont elle était responsable, on l’avait condamnée à mort, en vertu des lois du peuple lacatarinien. Aucun membre de la famille de l’oncle Usi ne vivait plus dans l’océan, et la paix régnait entre les deux royaumes depuis ce temps.

    La jeune femme laissa ses pensées vagabonder encore quelques minutes à travers les drôles de chemins et de détours qui formaient la vie. Puis, elle passa au troisième rouleau.

    Quelle bonne nouvelle ! Ce serait l’occasion pour Marguerite d’en apprendre plus sur l’avancement des travaux dont Dave et Occare lui avaient parlé lors de son dernier voyage. La jeune femme devait avouer qu’elle avait sous-estimé l’ampleur de la tâche que ses amis s’étaient donnée en décidant de déplacer la cité. Cependant, ils n’avaient plus tellement le choix. Les humains s’en approchaient trop souvent, et ce, malgré la légende du triangle des Bermudes, censée la protéger. Il fallait que le peuple aille plus loin dans l’océan pour assurer sa sécurité et pour que les siréneaux grandissent en paix.

    Petites étoiles qui indiquent une ellipse, un saut dans le temps.

    Treize ans après le retour de Marguerite sur terre

    Olivier entra dans la chambre de sa mère pour la sixième fois en quinze minutes. Il l’observait sans parler.

    – Qu’y a-t-il, mon trésor ?

    – Je sais qu’il faut apporter le moins de bagages possible pour notre fin de semaine chez mamie et papi… et que tu m’as demandé que tout entre dans mon sac de voyage… et Delphine m’a aussi dit que c’était vraiment bébé, d’emmener Lapinot…

    – Sauf que tu souhaites le prendre quand même, c’est ça ?

    – Mais c’est bébé ?

    – Qu’est-ce que tu en penses ?

    – Oui. Non. Peut-être.

    – Écoute, mon petit ange. Je vais te confier quelque chose, mais ça reste entre nous, d’accord ? À douze ans, ta sœur stressait chaque fois que je mettais sa doudou au lavage. Elle la récupérait dès qu’elle sortait de la sécheuse. Elle la cachait aussi dans ses bagages lorsqu’elle allait dormir chez une amie ou chez une de tes grands-mères.

    – Ah oui ?

    – Oui. Bizarrement, elle ne s’en souvient plus aujourd’hui… Ça peut être rassurant d’avoir un toutou ou une doudou qu’on traîne partout. Surtout pour un beau jeune homme, comme toi, qui a dû quitter ses parents pour atterrir dans mes bras.

    Olivier s’élança pour faire un câlin à Marguerite.

    – C’est le plus bel atterrissage de l’Univers, lança-t-il. Tu es la meilleure maman du monde !

    – Et tu es le fils le plus extraordinaire dont une mère puisse rêver. Je serai toujours là si tu en as besoin ! Ne grandis pas trop vite, mon cœur.

    Deux ans. Il ne lui restait que deux ans à garder Olivier pour elle. Ensuite, elle devrait le partager avec Occare. Le petit retourna dans sa chambre, alors que Damien entrait dans la leur en lui montrant son cellulaire.

    – On a réussi, mon amour ! On vient de recevoir le courriel ! La loi est passée ! Désormais, aucune baleine ni aucun dauphin ne pourront être gardés en captivité dans l’ensemble du Canada.

    – Sans exception ?

    – Pour deux aquariums seulement. Une question de droit acquis.

    « Enfin ! »

    Marguerite se sentait si contente que tout leur travail des dernières années porte finalement des fruits ! Elle tripotait toutefois son collier de perles lénaciennes, et Damien ne manqua pas de le remarquer.

    – Toi, tu es nerveuse, devina-t-il.

    L’ex-souveraine soupira et avoua :

    – J’ai peur que les filles nous en veuillent de ne jamais leur avoir rien dit. Je crains qu’elles n’aiment pas Lénacie. Si elles pensaient que…

    Damien déposa un doigt sur ses lèvres et la prit dans ses bras.

    – J’ai confiance qu’elles comprendront que nous n’avions pas le pouvoir de transgresser les lois lénaciennes. Elles seront fascinées par ce monde extraordinaire, complètement impossible et légendaire, comme nous l’avons été, nous aussi, à quatorze ans. Et tu auras la chance de vivre ça avec elles ! Contrairement à nous, elles n’arriveront pas là-bas seules, elles ne se découvriront pas de nouveaux parents. Si elles n’aiment pas ça, elles auront la possibilité de rester sur terre.

    – Et, heureusement, les souverains sont trop jeunes pour qu’il y ait une nouvelle course à la couronne.

    – Tu vois, lui dit son mari. Tu t’en fais pour rien ! Vous allez tellement me manquer cet été… Au moins, j’aurai Oli. Découvrir l’Europe avec lui pendant six semaines, ce sera extraordinaire !

    Marguerite lui sourit, mais ne se détendit pas pour autant. Elle était bien placée pour savoir qu’à Lénacie les choses ne se passaient jamais comme elle le planifiait.

    CHAPITRE 1 : OCÉANE

    Une annonce surprenante

    Bien assise dans la voiture familiale, Océane textait sa meilleure amie, Annabelle. Ce jour-là, il n’y aurait pas de cours de maths, de français ou d’éducation physique. Yé ! Toute leur classe visiterait l’aquarium du Québec avant d’aller marcher un peu sur les plaines d’Abraham. Océane jeta un coup d’œil à sa mère, au volant. C’était une belle femme aux cheveux noirs et aux yeux verts. Ses amies éprouvaient une véritable fascination pour ceux-ci. Malheureusement, si Océane avait hérité de la chevelure maternelle, elle arborait des yeux bruns, comme sa sœur jumelle.

    – Rappelle-toi que tu peux décider de revenir avec moi plutôt qu’en autobus ce soir, lui dit Marguerite alors qu’elles arrivaient à

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1