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Le ROYAUME DE LENACIE TOME 8: Eaux troubles
Le ROYAUME DE LENACIE TOME 8: Eaux troubles
Le ROYAUME DE LENACIE TOME 8: Eaux troubles
Livre électronique264 pages3 heures

Le ROYAUME DE LENACIE TOME 8: Eaux troubles

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À propos de ce livre électronique

Marguerite et ses filles sont désormais établies dans l’océan! Par contre, tout semble les éloigner de Lénacie.
Océane et son ami Noam se rendent à Sumi, une cité située près du pôle Nord. Les jeunes chantevoix sont déterminés à libérer les dragons des mers qui y sont prisonniers. Mais quel est ce mystérieux secret qui fait en sorte qu’on les garde en cage?
Pour sa part, Delphine et son coéquipier Jeff mettent les bouchées doubles pour planifier le déménagement de plusieurs familles à Norika. Leurs adversaires ont cependant plus d’un tour dans leur sac. Et c’est bien malgré elle que Delphine deviendra un appât…
Préoccupée par ses jumelles et la demande en mariage de Mobile, Marguerite adopte un comportement de plus en plus bizarre qui la mènera à l’hôpital. Son séjour prendra toutefois un mauvais tournant…
LangueFrançais
ÉditeurDe Mortagne
Date de sortie30 mars 2022
ISBN9782897923372
Le ROYAUME DE LENACIE TOME 8: Eaux troubles
Auteur

Priska Poirier

Originaire de Granby, en Montérégie, Priska Poirier vit depuis plusieurs années à Candiac. Elle était enseignante au primaire lorsque l’idée du Royaume de Lénacie a germé dans son esprit. Cette série de cinq tomes vendue à plus de 70 000 exemplaires lui aura donné l’envie de vivre de sa plume et de devenir auteure à temps plein. Aujourd’hui, grâce au programme La culture à l’école, Priska sillonne le Québec et le Canada pour donner le goût de la lecture aux jeunes. En 2014, elle lance une deuxième série, Seconde Terre, et plonge tête première dans un univers de science-fiction, cette fois. En 2017, elle se lance dans une troisième série, Les Éternels, dans un univers d'anges et de magie.

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    Aperçu du livre

    Le ROYAUME DE LENACIE TOME 8 - Priska Poirier

    CHAPITRE 1 : OCÉANE

    Une cité de glace

    Seule sur le pont d’un voilier de pêche terre-neuvien, Océane observait le soleil qui se levait. Elle admirait les couleurs allant du jaune au rouge, divisant lentement le bleu du ciel et celui de l’océan. Le vent était absent, mais le froid lui mordait les joues. Le bateau naviguait près de la côte sud du Groenland. La jeune fille était partie de Lénacie1 depuis trois mois avec sa dragonne des mers, Mia, et son ami chantevoix, Noam.

    Après avoir récupéré le cristal noir de Langula et les écailles qui avaient été arrachées à Mia par des malfaiteurs, les trois amis avaient dû affronter Meez, un traqueur chantevoix qui convoitait le cristal. Ils avaient réussi à lui ravir son dragon, Jyps, et à lui fausser compagnie, mais pas avant qu’Océane découvre l’existence de plusieurs autres de ces animaux légendaires prisonniers dans une cité nordique. Noam et elle avaient immédiatement décidé de s’y rendre pour les libérer.

    L’aventure était difficile. La solitude dans l’immensité de l’Atlantique, le peu de variété alimentaire, l’eau qui refroidissait au fur et à mesure qu’ils avançaient ainsi que le doute pesaient lourd sur les épaules des deux adolescents. Avaient-ils fait les bons choix ? C’était particulièrement vrai pour Noam, qui avait passé toute sa vie sous le dôme protecteur des chantevoix et qui explorait le monde pour la première fois.

    Océane se déplaça vers la proue du voilier et aperçut au loin la tête de sa dragonne des mers. L’adolescente sourit. Elle savait qu’elle pourrait toujours compter sur elle. Elle jeta un coup d’œil sur le paquet qu’elle était venue chercher. Il contenait tout ce dont Noam et elle auraient besoin pour entrer dans Sumi, la seule cité à l’intérieur du cercle polaire.

    Un mois auparavant, les deux Lénaciens avaient aidé des militants sirmains, près des côtes de Terre-Neuve, qui tentaient de libérer un banc de thons prisonnier de filets de pêche illégaux. Bien que curieux, les Terre-Neuviens s’étaient satisfaits des maigres informations qu’Océane avait voulu leur donner. Elle leur avait raconté que Noam et elle se dirigeaient vers la cité du Nord pour vivre une nouvelle expérience et trouver du travail. En échange d’une partie des perles que les deux amis avaient pris soin de pêcher avant de quitter les eaux chaudes des Bermudes, le capitaine du voilier leur avait procuré des vêtements isolants – pour les protéger du froid de la mer arctique –, ainsi qu’un baluchon de vivres et quelques objets du quotidien. Son équipage et lui leur avaient également fourni de précieux détails sur la vie à Sumi.

    Océane regarda de nouveau au loin. Qu’est-ce qui l’attendait dans ces eaux glaciales, peuplées d’animaux et de poissons qui lui étaient inconnus ? Parviendrait-elle à libérer les dragons des mers qu’elle savait prisonniers ? Les sirmains du voilier lui avaient dit que la cité accusait d’énormes disparités sociales. Quelques citoyens riches, dont la famille royale, vivaient privilégiés, alors qu’une la grande majorité des habitants avaient de la difficulté à joindre les deux bouts.

    Depuis des semaines maintenant, l’adolescente n’avait donné aucune nouvelle à sa mère, Marguerite, ni à sa sœur jumelle, Delphine. Elle craignait que ses messages télépathiques ne soient interceptés par des malfaiteurs à la recherche de la précieuse pierre que portait Mia. La seule entorse qu’elle s’était permise était il y avait un mois, lorsqu’elle avait écrit une lettre papier à Pascal, le capitaine du Vainqueur des mers et ami de Marguerite. Un des militants du voilier l’avait postée en retournant à terre.

    – Alors, c’est aujourd’hui que tu nous quittes ? la questionna le capitaine en la rejoignant sur le pont.

    – J’ai hâte de découvrir Sumi, se justifia Océane, et j’aimerais être installée lorsque mon ami arrivera.

    Noam et elle avaient décidé qu’il était plus prudent de faire croire aux sirmains que l’adolescent chantevoix parviendrait beaucoup plus tard à Sumi. En effet, étant sirène, Noam ne pouvait pas monter sur le bateau. De plus, il lui était impossible de le suivre en nageant. Il était hors de question qu’ils révèlent l’existence de leurs dragons des mers, mais ils avaient vraiment besoin du matériel que les sirmains pouvaient leur procurer. Ils avaient donc convenu qu’Océane ferait un bout de chemin sur le voilier, pendant que Noam disparaîtrait de leur vue en faisant semblant de progresser lentement vers la cité marine.

    – Tu vas nous manquer, déclara l’homme, et tes idées pour protéger les océans aussi. N’hésite pas à nous rejoindre quand tu veux.

    Océane réfléchit quelques instants et ajouta :

    – Merci… et, de votre côté, inutile de dire à quiconque que vous m’avez vue…

    – On avait deviné que tu nous demanderais ça, murmura-t-il en regardant le large. Personne ne se rend dans cette cité pour le plaisir. La vie y est trop rude. C’est bien, ce que tu fais pour ton ami. Tout le monde devrait être libre de choisir sa voie.

    Il lui tendit un petit flacon noir, et Océane comprit enfin le sens de ses paroles. Le sirmain croyait qu’elle accompagnait Noam pour le libérer de son avenir de chantevoix. Il est vrai que, lorsqu’un bébé naissait avec les cheveux rouges et les yeux mauves, ses parents savaient immédiatement qu’il en était un. Étant donné que les extraordinaires capacités mentales de ces sirènes protégeaient leur monde des humains, le bambin était offert au peuple. Il était ensuite élevé par d’autres chantevoix dans un endroit protégé, où on lui enseignait à maîtriser ses dons.

    Lorsqu’ils avaient aidé les militants à libérer les thons, Océane et Noam en avaient profité pour demander au capitaine de raser la tête de ce dernier. Les deux amis voulaient voir si cette stratégie lui permettrait de ne pas se faire remarquer, une fois à Sumi. Ils avaient vite constaté que la repousse était trop rapide. Aussi, lorsqu’Océane avait, à nouveau, rencontré l’équipage, elle s’était renseignée pour savoir s’il pouvait lui procurer une teinture qui s’utiliserait sous l’eau, un peu comme la pâte de deuil dont les sirènes enduisaient leur queue à la mort d’un proche.

    – Pour ses yeux mauves, poursuivit le sirmain, s’il prend l’habitude de ne pas regarder les gens directement, ça devrait passer facilement inaperçu.

    Il est vrai que, comme il faisait toujours sombre dans les cités, les pupilles des sirènes et des sirmains se dilataient davantage. L’iris rétrécissait, et il était alors plus difficile d’en distinguer la couleur. Océane remercia le capitaine.

    – Une semaine de nage ? confirma-t-elle.

    – Exactement ! En avançant constamment vers le nord. Appelle tes alliés naturels à toi pour te protéger dès que tu te seras assez éloignée du voilier.

    Océane approuva. Le sirmain croyait que l’épaulard était son allié. Lors de leur première rencontre, elle avait dû justifier le fait qu’elle se promenait seule avec Noam dans l’océan sans même un trident pour se défendre.

    La jeune fille empoigna son sac et sauta à l’eau. Elle nagea vers le fond marin et ne fut pas longue à sentir que Mia arrivait. Sa dragonne se glissa rapidement sous elle et l’entraîna loin du voilier.

    – Enfin ! s’écria Noam en la voyant. J’avais hâte que tu reviennes. As-tu tout ce dont nous avons besoin ?

    – Oui. Et, avec la vitesse de nos amis, nous pouvons être à Sumi dès demain soir.

    Petites étoiles qui indiquent une ellipse, un saut dans le temps.

    Océane ouvrait grands les yeux. Noam et elle avaient suivi à la lettre les indications de l’équipage et avaient trouvé le passage vers Sumi. La cité avait été construite sous des kilomètres et des kilomètres de glace, en creusant dans celle-ci. Le dôme blanc au-dessus de leurs têtes faisait office de ciel et les maisons étaient taillées à même ce qui ressemblait à des stalactites de glace et d’immenses colonnes.

    La jeune fille, émerveillée par ce qu’elle découvrait, se tourna vers son compagnon de route. Elle fut à nouveau surprise de le voir avec ses cheveux noirs. Les écailles de sa queue d’un gris argenté à la teinte légèrement bleutée épousaient parfaitement les couleurs de l’endroit.

    – Je suis si beau que ça ? lui lança Noam en croisant son regard.

    – Ai-je besoin de te rappeler que, même si tu es très doué pour ressentir les émotions des gens, tu as encore de la difficulté à les interpréter adéquatement ? répliqua Océane d’une voix taquine.

    Noam rit. Après tout ce temps en mer, leur complicité s’était développée davantage. Ils savaient maintenant qu’ils étaient complémentaires. Seul, Noam avait très peu de pouvoirs pour un chantevoix. Quant à elle, Océane en avait trop et devenait facilement dangereuse. À ses côtés, Noam canalisait l’énergie de son amie, et elle parvenait à rayonner. Si, en plus, Mia était de la partie, les possibilités étaient infinies.

    – Où va-t-on ? demanda l’adolescent en ajustant la ceinture de son manteau.

    – Je propose qu’on trouve un endroit où rester, une auberge où les voyageurs peuvent louer une chambre.

    La cité était divisée en trois sections nommées Sable, Nacre et Perle. Sable, la plus grande, était aussi la plus pauvre. Là, il n’y avait que quelques chars tirés par des bélugas, et beaucoup de sirènes se promenaient avec une pioche ou un harpon à la main.

    – Je me demande ce qu’ils peuvent faire comme métier, murmura Noam.

    Nacre, le quartier suivant, était très différent. Les maisons, posées au sol comme des igloos, étaient de tailles variables. Plusieurs narvals déambulaient au-dessus et les vêtements des habitants semblaient plus épais. Océane repéra des sirènes avec des tridents.

    « Ce sont peut-être des gardes », estima-t-elle, sans se souvenir d’en avoir croisé dans le quartier précédent.

    – On ne peut pas entrer dans la dernière section, énonça Noam. Regarde. Les gens présentent quelque chose pour passer dans ce tunnel.

    Il avait raison. En longeant la paroi de glace, les deux amis comptèrent cinq ouvertures menant au quartier Perle, et chacune était surveillée de près.

    – Les dragons sont dans cette partie-là de la cité, déclara Océane. Je le sais tout comme je sais que l’eau de l’océan est salée. Il va falloir trouver une façon d’y entrer.

    – Retournons dans Sable, proposa Noam. C’est sans doute là que nous dénicherons le logement le moins cher. Mais restons près de Nacre, qui me semble plus sécuritaire. Lorsque nous serons installés, nous ferons des plans.

    Aussitôt dit, aussitôt fait. Après s’être renseignés à quelques reprises, les deux adolescents repérèrent une pension, où on leur loua une chambre de glace pour une semaine.

    – Si ma mère apprenait que nous dormons dans la même pièce, ouf ! lança Océane.

    – Ben là ! répliqua Noam. Ça fait deux mois qu’on voyage ensemble et qu’on campe dans des grottes. Et puis, je suis chantevoix. Ce n’est pas comme si c’était dangereux de partager une eau avec moi.

    – Que veux-tu dire ?

    – As-tu déjà vu des chantevoix en couple au manoir, toi ?

    Océane réfléchit et dut avouer que non.

    – Un chantevoix n’unit pas sa vie avec celle d’un autre, spécifia clairement Noam.

    – Pourquoi ?

    – Je l’ignore. C’est comme ça. Peut-être à cause de nos capacités mentales et du fait qu’on surveille toujours les sirmains et le chant de repérage.

    – Tu n’es pas attiré par les filles ?

    – Non.

    – Et par les garçons ?

    – Non plus.

    L’adolescente prit un air catastrophé qui fit rire Noam.

    – Ce n’est pas si terrible, quand même, affirma-t-il. Ça ne fait juste pas partie de moi. Me trouves-tu bizarre ?

    – Pas plus que d’habitude, lui lança Océane.

    C’était la première fois qu’ils abordaient cette question. Les pensées de la jeune fille tournaient à toute vitesse.

    – Crois-tu que je suis pareille ? finit-elle par demander. Je veux dire, je suis chantevoix moi aussi et je n’ai jamais eu de copain.

    – Je suppose que tu le saurais, répondit Noam. Tu es chantevoix, mais tu es une sirmaine. Tu n’as pas les yeux mauves ni les cheveux rouges, et tu détiens probablement plus de pouvoirs que la plupart d’entre nous. Tu n’en es pas à ta première bizarrerie. Alors, si tu es attirée par un autre sirmain ou un sirène un jour, personne n’en sera surpris.

    Océane rit.

    – Peut-être que ce sera un humain, ajouta-t-elle.

    – Ah non ! Ça, c’est une limite à ne pas franchir ! lança Noam, très sérieux. N’oublie pas qu’on est une équipe. Je peux vivre avec le fait que tu sois loin de moi quelque part dans l’océan, mais pas sur la terre.

    Puis, comme s’il voulait changer de sujet, il sortit la bourse en cuir de baleine qu’il gardait sous son manteau. Il ne leur restait que cinq petites perles et trois grosses. C’était sans doute suffisant pour un mois de logement et la nourriture dont ils avaient besoin. Ils devraient toutefois faire attention et aller chasser quelques fois avec Mia et Jyps, qui restaient à l’extérieur de la cité et se cachaient des sirènes de Sumi. Océane prit une des petites perles et alla acheter quelques provisions. À son retour, Noam et elle discutèrent longtemps de la meilleure stratégie pour entrer dans la section aisée de la ville, sans toutefois parvenir à imaginer la solution parfaite.

    Petites étoiles qui indiquent une ellipse, un saut dans le temps.

    Le lendemain matin, ils s’éveillèrent tôt et projetèrent de mieux connaître la cité. Il fallait qu’ils arrivent à avoir accès aux dragons.

    – L’important, c’est que tu n’utilises jamais tes pouvoirs, l’avertit Noam. Peu importe ce qui se passe. On ignore toujours la raison pour laquelle Zaël et Ashaïsha t’ont ordonné de fuir l’île.

    Océane se rappelait très bien les messages télépathiques que les deux chantevoix lui avaient hurlés. Noam venait tout juste de libérer Mia de l’emprise de Meez, et elle-même tentait de faire la même chose avec Jyps. Le ton d’urgence des deux chantevoix l’avait ébranlée.

    – Je sais, approuva-t-elle. Je vais être hyper prudente.

    Ils n’avaient pas nagé cinq cents mètres à l’extérieur de l’auberge qu’un banc d’ombles chevaliers les sépara. Bien que les poissons ne fussent pas si gros, il y en avait tellement qu’Océane se sentit bousculée de tous les côtés. Depuis qu’elle était dans l’océan, la plupart des espèces se tenaient loin d’elle, probablement en raison de son lien particulier avec les dragons des mers. C’était la première fois qu’elle se faisait malmener de la sorte. Elle ne pouvait ni monter ni descendre. Lorsque toutes les truites furent passées, elle chercha Noam des yeux. Elle finit alors par le découvrir, qui coulait, inconscient.

    – Noam !!!

    CHAPITRE 2 : DELPHINE

    C’est reparti !

    Voilà un mois que Delphine était de retour à Lénacie avec sa mère. Leur escapade sur terre lui avait permis de dire au revoir à sa famille terrestre, de quitter son école et de ranger tous ses meubles et les objets auxquels elle tenait dans un grand hangar sécurisé. L’adolescente avait raconté à son entourage qu’elle partait avec Océane étudier sur un bateau-école où sa mère allait enseigner.

    La vente de la maison avait été rapide, mais émotivement difficile. Delphine avait eu l’impression de perdre à nouveau son père et son frère, mais cette fois encore plus définitivement… comme si une telle chose était possible !

    La fille de Marguerite avait appris que les événements n’avaient pas été beaucoup plus faciles pour Jeff, son coéquipier. Lui aussi avait dû aller sur terre, pour annoncer à sa mère qu’il avait choisi de vivre un an complet à Lénacie, et peut-être beaucoup plus s’il remportait les épreuves. Comme elle était sirmaine, elle avait en partie compris sa décision. Ce fut une tout autre histoire pour ses deux petits frères, à qui Jeff ne pouvait rien expliquer, car ils n’avaient pas l’âge de découvrir l’existence du peuple des sirènes.

    Dès le retour de Delphine et de Jeff, Una s’était proposée pour leur enseigner les bases de la diplomatie et de la gestion d’un royaume. Après tout, dans moins d’un an, ils seraient peut-être roi et reine de Lénacie ou de Norika, la nouvelle cité marine. Pour l’instant, les adolescents détenaient très peu de détails sur l’épreuve qui déterminerait qui allait remporter la couronne : Yanna et Tyrone, les enfants des souverains actuels, ou eux ? Ils savaient seulement qu’ils auraient à établir un programme de déménagement vers Norika pour quelques familles. Delphine avait souvent l’impression d’évoluer dans un film tant tout ce qu’elle vivait était irréel !

    Ce jour-là, Jeff arriva comme d’habitude au deuxième chant du matin. Delphine s’était toujours bien entendue avec lui, mais, ces derniers temps, leur complicité s’était encore renforcée.

    – Salut, lança-t-il en agitant un rouleau d’algues devant lui. On a enfin reçu les consignes des évaluateurs.

    – Ouvre vite ! lui dit Delphine en constatant que le ruban n’avait pas été dénoué.

    Jeff avait donc nagé jusqu’à elle plutôt que de satisfaire seul sa curiosité.

    « C’est une belle attention ! » songea la jeune fille.

    Jeff défit l’attache d’algues tressées. Il déposa ensuite la missive sur la table suspendue au plafond par quatre gros câbles et disposa sur chaque coin une roche polie pour la maintenir en place. Delphine s’approcha et lut à voix haute :

    Delphine regarda Jeff, surprise. Elle se sentait quelque peu dépassée par ce qu’elle lisait. Leur mandat était gigantesque ! En même temps, elle

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