L’île de la cité oubliée
me passe le bol en noix de coco. Comme lui, je ferme les yeux et porte à mes lèvres ce liquide grisâtre. La gorgée est terreuse, âpre et visqueuse. Je réprime comme je peux la grimace qui me vient malgré moi et tends le bol au suivant. Je viens de boire mon premier sakau, cette racine issue du poivrier sauvage que l’on concasse avec de l’eau depuis des siècles sur une grande pierre plate. Ainsi, je participe à la tradition ancestrale avec les insulaires qui la consomment quotidiennement le soir. Elle est très prisée dans le Pacifique Sud, plus connue sous le nom de kava. Par ses vertus apaisantes, la boisson unit les personnes qui la partagent. Les effets m’apparaissent dès les premières gorgées, estompant la barrière de la langue. C’est par cette tradition d’accueil que je renoue avec les premiers marins débarqués sur l’île de Pohnpei, en Micronésie. L’Irlandais James O’Connel raconte, dès 1830, son passage sur ces îles. Après son naufrage lors d’une campagne de chasse à la baleine, il est recueilli par des tribus cannibales et échappe à une mort quasi certaine grâce à ses talents de danseur. De retour aux Etats-Unis, il rapporte ses années passées en terre indigène et révèle surtout sa découverte: Nan Madol, une cité lacustre mystérieuse et désertée, tout droit sortie d’un lagon, aux murs si hauts et si épais qu’ils résistent à la furie
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