Voile Magazine

Une vie au grand large

st-ce le fait d’avoir vécu ses vingt ans avec pour seuls horizons les paysages sombres de la Belgique occupée? Annie Van de Wiele (prononcer « Van de vile »), née Lannoo, à Gand en 1922, a toujours rêvé des îles tropicales et de leurs lumières fabuleuses. Attirée par l’eau dès son plus jeune âge, elle se contente d’abord de canoter et de faire de la « (comme le roman d’Herman Melville), un ketch en acier de 13,80 m, imaginé ensemble et dessiné par Louis. En 1949, ils quittent Ostende à destination de la Méditerranée avant d’entamer un tour du monde. Pour cette découverte de la haute mer, le mal de mer est au rendez-vous mais il en faudrait plus pour décourager Annie: « De cette première traversée, je garde surtout le souvenir des quarts de nuit, sur une mer de soie, des heures passées la main sur le gouvernail dans une espèce d’engourdissement écoeuré, rêvassant des pensées fantastiques, chantonnant, regardant les étoiles se déplacer dans le ciel. Parfois, je me demandais si au fond c’était bien là ma vocation, si je n’aurais pas été mieux dans une petite villa à la campagne, une villa qui ne roule ni ne tangue. La réponse a toujours été non, même quand le cap Finisterre nous fit cadeau de nos premiers coups de tabac. » A Nice, le programme prend un tour nouveau: un bateau voisin, , appareille pour la Polynésie et embarquerait bien les Van de Wiele pour compléter l’équipage… Va pour une répétition presque générale du parcours à bord de ce thonier de 20 m, attendra! Deux ans plus tard, retour sur la Côte d’Azur et départ pour de bon. Ils sont trois à bord, Annie, Louis et Fred, un ami, plus Tallow, le chien. A partir de juillet 1951, ils vont vivre une parenthèse enchantée – mais trop rapide – bouclant à Zeebrugge en août 1953 un tour du monde par Panama, le détroit de Torrès et le cap de Bonne-Espérance. Il ne leur faut pas plus d’un an pour avoir envie de repartir. Cette fois ce sera les côtes africaines de la Méditerranée, puis la mer Rouge, les côtes somaliennes… L’Afrique les aimante au point qu’ils vendent et s’installent pendant cinq ans dans une petite ferme au milieu du Kenya. Revenus en Belgique, le besoin de mer les tenaille à nouveau: Louis dessine , sloop en acier de 9 m (que Loïc Fougeron achètera ensuite pour faire le Golden Globe) et les voilà repartis pour deux ans aux Antilles et autour de l’Atlantique. Suivront encore d’autres navigations un peu partout sur d’autres bateaux. Et puis à l’approche des années 1980, les défis changent de registre: le couple passe des années à retaper un château-fort en ruine du Lot-et-Garonne puis, sans transition, s’entiche d’un autre coin perdu dans le Gers où l’un et l’autre finiront leurs jours. Comme si la quiétude des terres oubliées de l’intérieur, loin de l’agitation littorale, était seule capable de leur rappeler l’immensité de l’océan.

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