Une vie après la longue route
Dans sa première vie, Françoise Terras – son nom de naissance – n’a pas eu vraiment le temps de penser aux chemins de traverse. Mariée à 18 ans, rapidement mère de trois enfants et tout aussi vite divorcée, elle a appris à se débrouiller seule pour faire vivre sa toute jeune famille, travaillant dur à Marseille comme technicienne en imagerie médicale.
L’aventure débarque par surprise un matin du printemps (que Bernard, avec son tact légendaire, voulait au départ baptiser , du nom d’une ancienne amoureuse…), le beau voyage autour de l’Atlantique et du Pacifique entre octobre 1963 et mars 1966, avec le retour par cette fameuse « route logique » – celle du cap Horn – chère à Bernard. L’étape suivante, celle du Golden Globe, sera une sorte de consécration pour Bernard et une période beaucoup moins drôle pour Françoise. En renonçant à rentrer en Europe, Bernard tourne aussi le dos à sa famille… Françoise tente bien de le rejoindre à deux reprises à Tahiti, où il rédige son nouveau livre « La longue route », mais comprend vite qu’elle ne fait plus partie de sa vie. Fin des aventures maritimes? Non, car le périple à bord de a été une révélation pour elle. Avec ou sans Bernard, elle ne pense plus qu’à une chose: naviguer à nouveau et partir pour de bon cette fois vers ces rivages asiatiques qui l’attirent depuis toujours. Après avoir courageusement assuré – seule – le montage et la diffusion du film racontant l’aventure de , s’improvisant conférencière au fil de longues tournées dans toute l’Europe, Françoise se met en tête d’avoir son propre bateau. Elle loue un terrain en Gironde, s’entend avec trois jeunes qui en échange de leur aide auront une place à bord et lance la construction en ferrociment de , nommé ainsi en référence au livre de Jack London. Au printemps 1977, elle appareille de La Rochelle… seule car ses partenaires ont changé d’avis. Elle rejoint Tanger, se régale de cette liberté toute neuve en flânant longuement le long des côtes africaines, se résout à embarquer un équipier pour aborder la mer Rouge dont on l’a prévenue des dangers. Elle se réjouit de voir enfin tous ces lieux si souvent imaginés au fil de ses lectures, s’attarde au Soudan, fait un détour par l’Arabie saoudite, passe trois mois à Djibouti. Arrivée à Sumatra au début de l’été 1978, elle passe encore trois ans à naviguer entre mer de Chine et mer de Florès, passant d’un émerveillement à l’autre. Françoise laisse ensuite à Singapour et reprend son travail à l’hôpital de Marseille. Pas pour longtemps: tombée sous le charme d’un vieux cotre norvégien – – et de son propriétaire, Georges-Edouard de Cazalet, elle choisit au début des années 80 de larguer à nouveau les amarres pour refaire le parcours qu’elle vient de boucler et partager avec son nouveau compagnon l’enchantement des archipels indonésiens…
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