Le chevalier d'Halloween

Par K-Lee Klein

Homme de joie, Misha a le sentiment qu'il ne deviendra jamais rien d'autre, même s'il parvient à oublier l'humiliation de devoir se mettre constamment à genoux en se réfugiant dans ses rêves de chevaliers en armure rutilante, de châteaux majestueux et de paysages luxuriants. La galanterie, la séduction, l'amour : autant de choses qu'il vit dans ses fantasmes sans jamais pouvoir les connaître dans le monde réel.

L'approche d'Halloween lui apporte son lot de bizarreries, cette année, pas seulement de la part de gens étranges qui l'accostent pour lui lancer des avertissements cryptiques, mais également dans le comportement de son meilleur ami. Même ses songes se font plus frappants et déroutants. Misha sait que l'espoir ne lui est pas permis, toutefois, se pourrait-il que ces singularités l'amènent plus près que jamais de ses rêves… ou le conduiront-elles au contraire à sa perte ?

• Langue: Français
• Éditeur: Mnemosyne Lit.
• Date de sortie: 26 oct. 2023
• ISBN: 9798215867662

Aperçu du livre

K-Lee Klein

Le chevalier d'Halloween

Traduit de l’anglais (Canada)

par Caroline Minić

Mnemosyne Lit.

Titre original : Halloween Knight

Première édition

© 2020, K-Lee Klein, pour le texte

© 2020, Ron Perry Graphic Design, pour l’illustration de couverture

(rperrydesign.com)

© 2023, Mnemosyne Lit., pour la présente édition

Relecture : Terry Milien

Correction : Sylvie Groulet

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Ceci est une œuvre de fiction. Les personnages, lieux et évènements décrits dans ce récit proviennent de l’imagination de l’auteur ou sont utilisés fictivement. Toute ressemblance avec des personnes, des lieux ou des évènements existants ou ayant existé est entièrement fortuite. L’auteure reconnaît toutefois que les marques déposées éventuellement mentionnées dans la présente œuvre de fiction appartiennent à leurs propriétaires respectifs.

Avertissement sur le contenu : cette œuvre dépeint des scènes d’intimité entre deux ou plusieurs personnes de même sexe et un langage adulte. Elle vise donc un public averti et ne convient pas aux mineurs. L’éditeur décline toute responsabilité pour le cas où vos fichiers seraient lus par un public trop jeune.

Misha Orlov détestait sa vie. Il détestait son job de jour, tout autant que son job de nuit. Il détestait également toutes les choses qu’il avait été contraint de faire tout au long de son existence pour survivre.

Néanmoins, Misha avait pour nature de ne jamais baisser les bras. Il faisait ce qu’il avait à faire pour assurer sa liberté, ce qui se traduisait en cette veille d’Halloween à se retrouver à genoux pour sucer la queue d’un clown. Étrangement, ce n’était même pas son premier clown de la nuit. Halloween était, apparemment, la période propice pour les vieux pervers en costume ridicule de s’offrir une petite gâterie dans le fin fond d’une allée sombre.

Au fil du temps, Misha était devenu expert en la manière de laisser son esprit vagabonder vers d’autres horizons pendant qu’il travaillait. Ce qui était une qualité remarquable, tout particulièrement pour ses activités professionnelles nocturnes ; penser à une herbe plus verte ailleurs et une vie meilleure. Ce soir-là, son imagination aurait bien pu le projeter, toujours à genoux, mais aux pieds d’un preux chevalier à l’armure rutilante, la lourde épée à la ceinture. Cette image était collée sous ses paupières closes et l’aidait à passer le temps lorsqu’il se retrouvait dans une position inconfortable. Probablement qu’elle l’aidait aussi à améliorer ses performances.

Malheureusement, les grouinements inintelligibles du gus et le pilonnement erratique de son bassin contre le visage de Misha l’empêchaient de laisser libre cours à ses fantaisies. Bozo était ivre mort ; il lui avait fallu un temps spectaculaire pour dresser le chapiteau. Misha aurait préféré être n’importe où ailleurs, cependant ses tentatives de cajoleries pour l’emmener dans les toilettes du club avaient été peine perdue. Ce crétin avait insisté sur le fait qu’il avait besoin de fumer quand on lui taillait une pipe et n’avait pas voulu contrevenir à la loi en allumant sa clope dans un lieu public.

Des priorités à la con.

— T’aime ça, mon mignon ? baragouina le clown. J’parie que t’en vois pas souvent des si grosses, hein ? La plus grosse que t’as jamais vue, hein ? Essaie de pas t’étouffer avec ou j’te paierai pas.

Misha se concentra pour ne pas vomir, non pas en raison de la taille extraordinairement insignifiante du pauvre type, mais plutôt du contexte. La puanteur des bennes à ordures, de l’huile de moteur, des défécations animales, sans parler de la flaque de vomi dans laquelle il avait failli marcher. Tout ça, ça lui donnait la gerbe. Et pourtant, ce n’était pas le pire endroit où Misha avait satisfait ses clients, ses « friandises » comme il les appelait, même si ça aurait pu figurer dans le top cinq. À chaque fois, Misha se jurait de ne plus jamais recommencer, toutefois, il parvenait à peine à se nourrir grâce à son job de plongeur, alors, tant qu’il n’aurait pas de situation plus stable, il n’aurait pas le choix. Ce n’était pas une première ; ce ne serait pas une dernière.

En vérité, ce qui empêchait Misha de se jeter du haut d’un pont ou sous les roues d’une voiture étaient ses rêves. Et heureusement pour lui, que ce soit ses jobs ou sa vie pathétique, rien ne pouvait lui retirer ses rêves. De plus, il ne pouvait imaginer quitter Peter, le seul ami qu’il ait jamais eu.

Enfant, en Russie, le seul refuge de Misha avait été son monde secret merveilleux, peuplé de châteaux, de chevaux et de valeureux chevaliers. Sa famille avait été cruelle, l’avait fait se sentir comme un minable, car il n’avait ni le physique ni l’agressivité de ses frères. De fait, Misha avait vite appris à ne pas aborder toutes ces frivolités avec eux. Sa scolarité avait été remplie de moqueries, car il n’était pas assez viril, parce que le sport ne l’intéressait pas, ou encore que tirer sur tout ce qui bougeait ne l’émoustillait pas. La seule chose qui avait alors passionné les garçons de son âge était de grandir au plus vite pour rejoindre les rangs de l’armée et posséder de grosses armes pour faire tout sauter.

Misha revint au moment présent lorsqu’il sentit son portable vibrer contre son sexe et envoyer des vibrations désagréables dans ses bourses. Il plaça la paume