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Les boucles de mon ange: Livre II
Les boucles de mon ange: Livre II
Les boucles de mon ange: Livre II
Livre électronique457 pages5 heures

Les boucles de mon ange: Livre II

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À propos de ce livre électronique

Elle s'appelle Clara, elle a 17 ans et aime son professeur de SVT.
Il s'appelle Quentin, il a 26 ans et aime l'une de ses élèves.
L'amour les unit, alors qu'un monde les sépare.
Mais l'amour est-il possible quand un statut nous l'interdit ?
LangueFrançais
Date de sortie7 févr. 2023
ISBN9782322562985
Les boucles de mon ange: Livre II
Auteur

Hélène Mas

Hélène Mas, romancière, se plaît à écrire les histoires qui lui passent par la tête, aussi bien des récits s'ancrant dans le genre du fantasy et du manga que plus contemporain telle sa série "les boucles de mon ange" qui s'inscrit dans l'univers du lycée alliant romance interdite et harcèlement scolaire.

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    Aperçu du livre

    Les boucles de mon ange - Hélène Mas

    Première partie

    .1.

    …Clara…

    Ce matin-là, je me réveillai stressée et pas qu’un peu.

    — Tu ne manges pas ? s’enquit Antoine comme je demeurai immobile devant mon bol.

    — Si, si, me hâtai-je à tenter d’engloutir quelques cuillérées de céréales.

    Mais malgré mes efforts, je ne parvins qu’à ingurgiter un maigre quart de mon petit déjeuner. Discrètement pour ne pas inquiéter mon frère, je jetai le reste à la poubelle. Gâcher de la nourriture me répugnait en temps normal, mais là, il m’était impossible d’avaler quoi que ce soit.

    Mon stress ?

    Revoir Quentin pour la première fois depuis la soirée du Nouvel An !

    Aujourd’hui sonnait l’heure de la reprise et lundi rimait donc avec cours de spé SVT. Je n’avais pas arrêté de penser à lui un seul instant et je me demandais s’il en était de même de son côté. Je craignais qu’entre temps il n’ait songé que cela était ridicule pour lui de s’amouracher de moi.

    La confiance en moi n’était pas ma plus fidèle alliée !

    En avance pour mon bus, ce qui s’avérait plutôt rare, je piétinai sur place afin de me réchauffer. Pour une fois, la météo du mois de janvier correspondait bien à la saison.

    Au lycée, j’eus du mal à me concentrer, et ce d’autant plus que je n’avais pas d’amis pour me changer les idées et m’aider à me déstresser de ce moment fatidique où je le reverrais enfin.

    Enfin presque.

    Car bien évidemment, mes « fidèles camarades » les « Pops », eux, ne semblaient pas avoir pris la bonne résolution de me laisser tranquille. Au contraire même. Il faut croire que je leur avais manqué ! Et que Morgane me déleste de mon repas à la cantine m’ennuya à peine tant j’étais toujours trop préoccupée pour réussir à manger quoi que ce soit là aussi.

    Lorsque la cloche sonna, je me rendis doucement vers le bâtiment où se déroulerait notre prochain cours, celui de SVT.

    Dans la cage d’escalier, je grimpai les marches plus lentement encore. Le second étage me parut des plus lointain.

    — Mouton est à la traine, envoyez les chiens ! me bouscula Ronan en passant près de moi.

    Honnêtement, je n’eus aucune réaction tant je me focalisais sur la porte de la salle que je pouvais à présent distinguer nettement.

    J’entrai dans la salle en même temps que d’autres de mes camarades afin de me donner un peu de courage. Sans ce maigre courage, j’aurais pu sans peine opérer un demi-tour dans l’instant et sécher le cours tant je craignais de découvrir un professeur Andrea tout ce qu’il y avait de plus « professeur ».

    — Bonjour, lançai-je timidement en passant à hauteur de son bureau.

    Inutile de me faufiler incognito jusqu’à ma place, car il réorganisait ses dossiers, face à nous, et n’aurait donc pas pu me manquer.

    — Bonjour…, mademoiselle Millet, me salua-t-il en retour d’un rapide hochement de tête.

    Cette simple salutation, habituelle au demeurant et banale pour tous, ne le fut pas pour nous. Nos regards se croisant, je crus un instant le temps suspendu. Était-il possible qu’être amoureux rende ces moments pourtant si brefs et si furtifs, en moments si doux ?

    Un sourire timide s’invita sur ses traits, qu’il tenta par tous les moyens de dissimuler, sans grands succès, me donnant cette impression d’être devenue quelqu’un d’unique. Je me mordis les joues pour ne pas en faire autant et je me hâtai de détourner le regard pour marcher d’un pas soudainement plus précipité jusqu’au fond de la classe. Plongeant la tête au fin fond de mon sac, je m’accordai néanmoins le droit de zieuter une fois encore en direction de Quentin et je ne pus m’empêcher d’esquisser un petit sourire attendri. Il se démenait pour reprendre un visage impassible en remettant en ordre des feuilles devant lui. Mais sans y parvenir apparemment puisque finalement il se leva un peu brusquement pour se tourner vers le tableau qu’il entreprit de nettoyer avec force alors qu’il se montrait déjà exempt de toutes marques.

    Mais étant donné que le reste de la classe piaillait à tout va, personne ne releva cet étrange comportement.

    En cet instant, je me demandai si jusqu’à ce que nous nous revoyions enfin, il avait ressenti le même stress que moi depuis ce matin. Je ne saurais le dire.

    .2.

    …Quentin…

    Je me sentais fébrile.

    Est-ce en raison de nos différences ?

    Est-ce la peur qu’elle décide que je ne lui conviens pas pour tout un tas de raisons que je pouvais comprendre ?

    J’imagine que je m’inquiétais trop, car quand elle apparut, je m’apaisai immédiatement, rassuré de la découvrir à nouveau là, face à moi.

    L’inconvénient majeur que je constatai en notant sa présence dans ma salle, c’est qu’un seul regard de sa part me chamboula tout à fait cette fois-ci.

    Le simple fait de me rappeler que depuis le jour de l’an il ne s’agissait plus d’un hypothétique flirt où nous ignorions quoi penser réellement de la situation troublait mon rythme cardiaque. Mon cœur ne savait plus comment battre. Maintenant que les choses s’avéraient claires entre nous, c’en était presque plus déstabilisant encore pour moi.

    Au cours de ce créneau commun, je ne pus poser les yeux une seule fois sur mon ange. Non pas que je n’en avais pas envie, au contraire cela me démangeait à m’en damner, mais je craignais tout bonnement de me trahir devant mes élèves.

    J’espérais qu’elle ne me tienne pas rigueur de cette apparente mise à l’écart, car pour le moment je me montrais tout simplement incapable de croiser son regard sans risquer de m’y noyer. Mieux valait ne pas oublier où je me trouvais et devant qui je me trouvais. Peut-être avec le temps parviendrais-je à la contempler sans me trahir aussitôt. De penser à tous ces futurs moments avec elle, je recommençai à sentir ce sourire bête et heureux s’inviter sur mes traits.

    Bon sang, Quentin, ressaisis-toi, tes élèves t’observent !

    .3.

    …Quentin…

    — Mademoiselle Millet, puisque vous êtes encore là, pourriez-vous passer déposer un document pour moi à l’administration, s’il vous plaît ? l’interpellai-je alors qu’une grande partie de sa classe avait déjà déserté mon cours.

    Hochant simplement la tête sans me regarder, elle termina de ranger son sac et remonta d’un pas tendu l’allée menant jusqu’à mon bureau.

    Mon ange se montrait nerveux, je le voyais comme le nez au milieu de la figure. Ne t’inquiète pas, songeai-je, je le suis tout autant que toi !

    — Tenez, il s’agit de ce document-là, lui remis-je un formulaire.

    Constatant que le dernier de ses camarades quittait ma salle, je me relâchai légèrement. Mais juste légèrement.

    — Tu peux y jeter un coup d’œil, l’invitai-je à le consulter en reprenant un ton plus familier qui, je le remarquai, lui provoqua un frisson.

    Ne frissonne pas ainsi à ma voix, mon ange, ou je risque de me perdre en chemin, pensai-je en zieutant rapidement vers ses lèvres avant de me secouer. Heureusement pour moi, elle n’avait pas relevé mon étrange manège visuel.

    Obéissant à ma demande, elle parcourait le document. Je vis l’étonnement apparaitre sur son visage, bien vite remplacé par un timide sourire. À présent, elle hochait vivement la tête.

    — Alors, c’est d’accord ? préférai-je tout de même avoir confirmation.

    Elle hocha de nouveau la tête sans pour autant quitter la feuille des yeux.

    — Mon ange aurait-il perdu la parole ? me moquai-je gentiment.

    Un rose certain s’invita sur ses joues et je dus me forcer à garder mes mains dans mes poches.

    — J’adore quand tu rougis, murmurai-je pour qu’elle seule entende si jamais une oreille indiscrète devait se trouver dans le couloir.

    Son rose vira au rouge.

    — Aurais-je droit à un regard ?

    Elle releva lentement la tête et me sourit intimidée quand ses prunelles rencontrèrent les miennes.

    — OK, je n’aurais pas dû te demander ça ! grimaçai-je.

    — Pourquoi donc ? s’étonna-t-elle.

    Sa curiosité demeurait bien toujours plus forte que sa timidité.

    — Parce que j’ai encore plus envie de t’embrasser à présent, soupirai-je à voix basse dans une expression contrite tout en ne pouvant m’empêcher à nouveau de scruter avec désir ses lèvres que je savais maintenant aussi douces que dans mes souvenirs.

    Elle eut un léger mouvement de recul en même temps qu’elle jetait un œil à la porte grande ouverte. Je me repris, en songeant qu’à me voir agir ainsi elle allait s’effrayer de ma présence. Inutile de risquer de lui rappeler cet écart involontaire de ma part dans sa salle de bain qui l’avait apeurée là également.

    — Ne t’inquiète pas, je ne me montrerai pas inconscient, secouai-je la tête. En plus, je dois t’avouer que le contexte « lycée » ne me plaît pas trop. Je nous préfère dehors, d’égal à égal.

    Elle sembla rassurée.

    — Moi aussi, je préfère, osa-t-elle finalement me répondre en plongeant de nouveau son regard envoutant dans le mien.

    Aucune pensée, Quentin !

    — D’où cette invitation, la renseignai-je en détournant les yeux pour feindre de remettre de l’ordre dans un tas de feuilles sur mon bureau. Nous pourrons nous y retrouver plus sereinement samedi. Et ce petit café apparait paisible et discret, nous n’y serons pas ennuyés par qui que ce soit, souhaitai-je la tranquilliser là encore. Je crois qu’il serait bien que nous discutions un peu au calme.

    Et surtout dans un endroit où elle se sentirait à l’aise. Ici, cela s’avérait tout à fait impossible et chez moi cela aurait été pire. Je ne voulais aucunement précipiter les choses entre nous, il nous fallait donc un terrain neutre.

    Elle hocha de nouveau la tête. Elle avait vraiment perdu sa langue dans sa soudaine timidité face à moi et je trouvais ça des plus mignon.

    Un silence s’installa, un peu gêné, mais vite rompu par le bruit des pas d’élèves qui remontaient le couloir.

    Clara se hâta de reposer le document sur mon bureau et me saluant rapidement, d’un ton très formel, mais pourvu d’un regard embarrassé, elle quitta les lieux au plus vite.

    En raison de ce départ quelque peu précipité, je me rendis compte que contrairement à ce que j’avais planifié initialement départ, je n’avais pas eu le temps de lui dire de conserver la feuille. Sur celle-ci, au milieu de diverses annotations, où mon invitation se trouvait indiquée, j’y avais également inscrit mon numéro de téléphone.

    .4.

    …Quentin…

    Je prévoyais déjà de retenter ma chance pour lui donner mon numéro à la fin de ce nouveau créneau de cours avec la terminale 05.

    La classe de Clara planchait sur un devoir à demi surprise qui retraçait surtout ce que nous avions vu au cours précédent. Mes élèves m’en voulaient un peu de ces petits devoirs réguliers que je leur imposais, mais je savais que de cette manière, ils retiendraient plus facilement les différents chapitres que nous devions étudier. Et puis de toute façon, c’était moi le prof, donc je décidais à ma guise, point à la ligne.

    Durant ces trente minutes que je leur accordais pour répondre, je ne cessai pas une seule fois de songer à mon ange. J’avais hâte que samedi arrive pour pouvoir enfin la revoir en tête à tête, sans personne autour de nous qui risquerait de nous interrompre ou pire de nous surprendre au plus mauvais moment. J’avais besoin d’échanger avec elle sur notre situation qui malheureusement ne se montrait pas forcément des plus simples.

    Nous n’avions repris la leçon que depuis dix minutes et pourtant, Mélia et ses copines bavardaient depuis sans relâche entre elles, sans gêne, bien qu’à voix basse.

    — Bon, le premier rang, me tournai-je exaspéré, soit vous vous calmez et vous redevenez attentives soit vous allez aller finir votre conversation chez la CPE, entendu ?

    — Mais m’sieur, on parle de vous donc c’est en partie en rapport avec votre cours ! se défendit Royer innocemment.

    — Eh bien, en ce cas, faites-nous donc profiter de ces messes basses, soupirai-je quelque peu excédé par leur attitude.

    — En fait, avec les filles on a prévu de se refaire une couleur demain et il se trouve que j’ai flashé sur le balayage de votre copine et j’aurais aimé que vous lui demandiez la référence exacte de sa couleur ? minauda-t-elle.

    J’eus un temps d’arrêt en même temps qu’une sueur froide me traversa.

    — Pa… pardon ? Ma… copine ?

    — Oui, votre copine, assura-t-elle. Celle que vous bécotiez hier soir près de votre voiture sur le parking après les cours.

    Une nouvelle sueur froide me parcourut.

    — Ouais, m’sieur, sérieux, s’invita dans la conversation Sollier, c’est une bombasse votre copine, en plus. Elle a de ces obus ! en mima-t-il les formes dans l’air devant lui.

    — Mais, je…

    — En tout cas, vu le patin que vous vous êtes roulé, ça devait être quelque chose ! surenchérit-il.

    — En même temps, avec quelques années de plus, j’aurais tenté ma chance moi aussi, parce que vous êtes plutôt bien foutu pour un prof ! pouffa bêtement Royer. Donc du coup, vous la lui demanderez ? revint-elle à la charge.

    J’allais pour répondre quand on me devança.

    — C’est bien beau votre conversation, mais honnêtement on n’en a rien à foutre, nous, et on voudrait reprendre le cours ! gronda une voix en provenance du fond de la classe. Dites-le-nous surtout si on vous dérange !

    Alerté par son timbre des plus glacial, je portai le regard sur Clara qui venait de s’exprimer. Elle nous toisait d’un œil noir et je savais qu’il m’était destiné à moi en particulier. Son ton contrastait avec la pâleur qu’elle affichait et dont je me doutai l’origine. Bon sang, comment allais-je pouvoir m’expliquer avec elle ?

    — Bah, ouais, exactement, tu nous déranges ! Mais c’est marrant, ça ne m’étonne pas que ce soit toi qui veuilles changer de sujet, gloussa méchamment Royer. Ça doit te rappeler sans doute que justement tu n’en as pas… de formes…, traça-t-elle deux traits verticaux dans l’air.

    Des ricanements fusèrent de la part de ses condisciples tandis que Clara serrait la mâchoire, à deux doigts d’exploser.

    La situation qui était déjà en train de m’échapper allait devenir plus compliquée encore si je n’intervenais pas.

    — Stop, on arrête immédiatement ces conversations qui n’ont rien à faire dans une salle de cours et on reprend là où l’on en était ! intimai-je.

    Bon Dieu, Clara, n’écoute pas ces idiotes ! la suppliai-je intérieurement même si je n’ignorai pas que ma prière demeurerait vaine.

    — Mais vous lui demanderez ? s’entêta cette cruche de Royer une nouvelle fois.

    Je me pinçai le nez.

    — Non, pour la simple et bonne raison que ce n’était pas ma copine !

    — Oui, si vous voulez, bah, vous demanderez à votre coup d’un soir alors, haussa-t-elle les épaules. Parce que vu comment vous l’avez embarquée dans votre voiture pour filer en quatrième vitesse avec elle accrochée à votre cou, ce n’était sûrement pas pour aller au supermarché !

    Je la regardai les yeux ronds. Elle était sérieuse là ?

    — Hé, m’sieur, on est en terminale, pas la peine d’être choqué, s’amusa Sollier. Les choses de la vie on les connait déjà depuis longtemps ! Vous aussi vous avez le droit…

    — La vie, c’est aussi se la fermer pour ne pas emmerder les autres qui veulent suivre un putain de cours ! s’exclama furieuse Clara dont la tirade me laissa sans voix de même que ses camarades.

    Me rappeler de ne jamais l’énerver, car elle avait du répondant apparemment. Ah, oui, dommage, c’est déjà trop tard puisque c’est ce que je venais pourtant de faire involontairement !!!

    — Oui, reprenons ! fis-je volte-face d’une voix blanche mon marqueur toujours à la main.

    — Ahah, la toquée ! entendis-je Mélia persifler dans mon dos alors que je redémarrais très tendu la réalisation d’un schéma au tableau.

    Je suspendis mon geste en me retournant pour lui demander de la mettre en veilleuse puisque je me doutais du destinataire de sa remarque quand Clara me devança d’une tout autre manière.

    — Mais qu’elle me foute la paix cette conne ! s’exclama-t-elle soudainement furieuse en se redressant d’un coup les poings serrés et le regard noir.

    — Pardon ? ouvris-je de grands yeux.

    — Je veux qu’elle et ses greluches de copines me foutent la paix ! me répéta-t-elle en me fixant droit dans les yeux avant de tourner la tête vers Mélia.

    — Bon, je vous prie de rester calme jusqu’à la fin de l’heure, mesdemoiselles, nous règlerons cette histoire entre vous après le cours et…

    — Non, il n’y aura pas d’après pour aujourd’hui, je me barre ! déclara Clara en rassemblant ses affaires dans des gestes énervés sous les yeux toujours stupéfaits de ses camarades qui ne l’avaient apparemment jamais vue ainsi.

    Je devinai aisément qu’elle se contenait pour ne pas exploser complètement. En même temps, je me doutais que ce jour serait arrivé où elle ne pourrait pas prendre sur elle à une énième moquerie de la part des « Pops ». La goutte d’eau qui fait déborder le vase vient de tomber, et ce en plein milieu de mon cours et entièrement par ma faute !

    — Clara, gardez votre sang-froid, je vous prie, et restez là ! tentai-je de la raisonner alors qu’elle marchait à grands pas vers la porte de la salle.

    Si elle partait maintenant, je n’aurais plus aucun moyen pour la retenir à la fin de l’heure pour m’expliquer en tête à tête avec elle sur ce qui s’était réellement passé la veille sur ce parking justement !

    — Ahah, la toquée a pété un câble ! ricana Mélia.

    — ROYER ! lui jetai-je moi-même un regard assassin auquel elle ne prêta aucune attention puisque Clara venait de s’arrêter net sur le seuil de la classe et se retournait lentement pour toiser sa camarade de haut.

    Elle esquissa un petit sourire en coin.

    — Oui, c’est exact, pauvre cloche !

    — Eh, oh, à qui tu crois t’adresser comme ça, pas d’toi’ ? fronça-t-elle les sourcils en faisant mine de se lever alors qu’elle ne bougea pas d’un pouce.

    Clara s’avançait à présent vers elle d’un pas déterminé et je me demandais si je ne devais pas m’interposer entre ces deux-là avant que la situation ne dégénère plus. Mais je n’en eus pas le loisir.

    — Tu sais quoi, pauvre tache ? lui lança Clara en se penchant dangereusement vers elle tout en s’appuyant sur sa table ce qui fit reculer Mélia sur sa chaise. Tu me saoules, donc maintenant on arrête de jouer ! Tes putains de photos d’Arlier et moi ne valent pas un clou et ne méritent plus que je me laisse martyriser par tes sbires de mes deux ! C’était juste pour que tu lui foutes la paix que je me suis abaissée à te laisser me traiter n’importe comment depuis que je suis arrivée dans ce bahut ! Diffuse-les et essaye donc de nous faire passer pour un couple Arlier et moi, ça ne marchera jamais !

    Des murmures se répandirent dans la salle.

    — Quoi ? Genre, j’ai bien compris ce que je viens d’entendre ?

    — Elle et Arlier ?

    — Non, sérieux ?

    — Je ne vous ai pas sonné vous autres ! gronda Clara en balayant la classe du regard avant de se reconcentrer sur Mélia qui tentait de se la jouer sereine alors qu’en réalité, je voyais bien qu’elle n’en menait pas large.

    Théoriquement, j’aurais pu intervenir, mais en pratique, je restai un peu choqué en comprenant enfin pourquoi elle s’était laissée faire depuis tout ce temps : elle était enchainée par un chantage.

    — Pour ta gouverne, pauvre tache, Arlier, c’est mon frère ! Je n’avais juste pas envie qu’il soit ennuyé par ta faute et que nous devions nous justifier ensuite à devoir expliquer ma vie privée de merde devant le dirlo !

    Sur ces mots, et sans aucun signe annonciateur, Clara lui colla soudainement une droite qui fit basculer sa camarade de sa chaise avant de quitter la salle sans me jeter le moindre regard, preuve qu’elle me déconsidérait totalement à présent.

    Stupéfié en me rendant compte de tout ce qui venait de se passer en à peine une dizaine de minutes, je n’eus même pas le réflexe d’aller voir si la lycéenne allait bien. Pour tout avouer, je m’en fichais complètement en fait, j’avais surtout envie de rattraper Clara, mais cela aurait paru bizarre que j’abandonne le reste de ma classe comme ça après cet incident.

    — Mais, mais…, réagissez, m’sieur ! s’exclama l’une des amies de Mélia qui l’aidait à se rasseoir.

    Cette dernière ne semblait pas comprendre ce qui venait de se passer. Effectivement, je me devais de me ressaisir.

    — Réagir ? Mais pourquoi ? m’étonnai-je innocemment.

    — Comment ça, pourquoi ? La toquée, elle a débloqué grave et a frappé Mélia !

    — Et alors ? haussai-je les épaules. Que voulez-vous que je fasse ?

    — Bah, collez-là pour le reste de l’année ! Faites intervenir le conseil de discipline et virez-la d’ici !

    J’affichai un petit sourire en coin.

    — Vous savez que quand on joue avec le feu, on finit toujours par se brûler ?

    — Pardon ? se récria Mélia.

    — Si vous voulez qu’on se rende chez le proviseur, c’est entendu, mais en ce cas-là, je vous emmène vous et vos copines ainsi que ces messieurs, ajoutai-je en en désignant certains près du mur. Comme ça, on jouera cartes sur table pour le fait que vous harcelez psychologiquement et physiquement l’une de vos camarades depuis la seconde en usant en plus de chantage. Malheureusement pour vous, je n’ai pas les yeux dans mes poches et mes oreilles trainent un peu partout. Je possède ainsi toutes les preuves qu’il faut avec moi. Donc si j’étais vous, je me montrerais contente de m’être juste pris son poing dans la figure, ça vous remettra sans doute les idées en place ! Et ça vous évitera par la même occasion d’être virée de ce lycée avec tous ceux impliqués dans cette histoire. Ce serait dommage pour vous avec le bac qui approche. Je ne donnerai alors pas cher de votre peau pour pouvoir rejoindre un autre établissement et passer vos examens puisque votre dossier se retrouvera bien alourdi par vos « exploits » de lycéens. En ce qui concerne votre camarade, le proviseur la sanctionnera sans doute d’un avertissement et encore, j’en doute. Vous comprenez bien tout ce que je viens de vous expliquer ? conclus-je en fixant l’adolescente puis en portant mon regard sur ceux que je savais se jouer de mon ange depuis le début.

    C’est avec une certaine satisfaction que je parvins à cacher que je constatai que la jeune fille ainsi que ses camarades visés blêmirent à vue d’œil.

    — Enfin, je dis ça, mais peut-être mademoiselle Millet est-elle en ce moment même chez le proviseur pour dénoncer tout ce calvaire que vous lui avez fait subir, avançai-je en me doutant qu’elle ne s’y sera pas rendue. Au moins, ça ferait du vide dans cette classe gangrénée !

    Oui, j’y allais un peu fort, mais ça me faisait un bien fou, surtout après le merdier que Royer et sa clique venaient de mettre entre Clara et moi.

    — Que les choses soient claires maintenant, je ne veux plus entendre une seule autre phrase qui ne se rapporte pas directement à mon cours ! grondai-je à l’intention de tous. À vos stylos, on reprend là où l’on en était et pour ma part, il ne s’est rien passé aujourd’hui ! Et pour votre bleu, souris-je moqueur à l’adresse de Mélia, je vous laisse trouver une excuse à vos parents puisqu’apparemment vous possédez une imagination débordante pour planifier les pires farces à votre camarade !

    Et sans plus me soucier de cet événement secondaire, je récupérai mon feutre pour poursuivre mon schéma explicatif sur le fonctionnement nerveux du cerveau.

    Durant l’heure, le silence et l’attention se montraient tels que lorsque je me tournais vers le tableau, j’avais l’impression d’être seul dans la salle. Mon principal regret était de ne pas pouvoir rejoindre Clara. Je voulais pourtant réconforter mon ange quant à cette histoire entre elle et les populaires et éclaircir en même temps le pourquoi du comment de la situation de la veille. Elle devait s’imaginer tant de choses à mon sujet, toutes plus fausses les unes que les autres, et je devinais que j’allais avoir du mal à me disculper auprès d’elle.

    .5.

    …Clara…

    Ne préférant penser à rien pour le moment, je me dirigeai droit vers la salle des professeurs où je savais être mon frère puisqu’il n’avait pas cours à cette heure-là le mercredi.

    Je toquai à la porte assez fortement. Je n’avais pas l’intention de m’éterniser dans l’établissement et il me fallait plutôt déguerpir au plus vite du lycée avant que le proviseur ne me convoque. Cela serait tout à fait logique puisque vu ma réaction tout à l’heure Quentin n’aura pas eu d’autre choix que de remonter l’affaire. Quentin, si je le croisais encore celui-là, je lui en collerais une bonne aussi ! Il avait de la chance que moi au moins je savais tenir ma langue !

    — Inutile de détruire cette porte, mademoiselle Millet, je vous assure qu’elle ne vous a rien fait, m’interpella l’un des profs d’anglais que j’avais eu l’année précédente en me découvrant sur le seuil de leur salle. En quoi puis-je vous apporter mon aide ?

    — Est-ce que monsieur Arlier est là, s’il vous plaît ?

    — Oui, il est là, je vais le chercher…

    — Non, pas la peine, ça ne prendra qu’une minute ! passai-je sous son bras pour m’autoriser moi-même à pénétrer dans ce lieu sacré.

    OK, normalement, c’est strictement interdit. La salle des professeurs, comme son nom l’indique, c’est seulement pour les profs, mais là honnêtement, être convoqué pour un ou deux motifs par le proviseur, ça ne ferait pas grande différence !

    Je l’avisai de dos en train de discuter avec ses collègues. Personne d’autre que notre classe n’avait cours ou quoi ?

    — Antoine ! l’interpellai-je.

    Il se tourna.

    — Clara ? ne comprit-il pas cette soudaine intrusion vu l’expression de surprise qu’il afficha.

    — Je voulais juste te prévenir que finalement ça ne me dérange plus que les gens soient au courant que je suis ta sœur. C’était plus pour toi que je trouvais ça ennuyeux vu ma situation et le fait aussi que je ne sois pas une élève modèle, mais bon, voilà quoi, haussai-je les épaules. En plus moi, je suis fière de t’avoir pour frangin ! lui lançai-je dans un sourire un peu gêné puisque je ne le lui avais jamais dit. Bref, je ne te dérange pas plus longtemps, j’avais juste besoin de t’en faire part. À tout à l’heure à la maison !

    Je décampai vite non sans voir que ses collègues présents se tournaient maintenant vers lui pour en savoir plus. Désolée, Antoine, m’excusai-je mentalement, mais je ne tenais plus le coup !

    .6.

    …Quentin…

    — Je témoigne pour Clara quand vous voulez, m’sieur, me déclara Anya en venant devant mon bureau tandis que ses camarades sortaient.

    Vu qu’elle n’attendit pas d’être seul pour m’annoncer cela, j’en déduisis qu’elle se fichait ouvertement que cela se sache. Pour ma part, je préférai patienter quelques secondes supplémentaires pour continuer cette conversation.

    — C’est gentil à vous, mais je doute que cela soit nécessaire, la remerciai-je d’un hochement de tête. Connaissant un peu mademoiselle Millet, elle ne sera pas allée voir le proviseur pour s’en plaindre puisque l’unique chose qu’elle souhaite, c’est que son frère ne soit pas embêté de quelques manières que ce soit.

    — OK, mais si nécessaire, mon offre tiendra toujours. Elle est cool comme nana, vous savez ! Elle nous gardait tous à distance exprès pour qu’on ne se fasse pas ennuyer à notre tour, hocha-t-elle la tête avant de quitter ma salle après un bref salut nonchalant à mon égard.

    .7.

    …Clara…

    Je déverrouillai la porte d’entrée rageusement.

    — QUEL ABRUTI ! criai-je une fois la porte claquée derrière moi.

    Je me débarrassai de mes chaussures que je jetai énervée dans un coin et je gravis, furieuse, l’escalier.

    Parvenue dans ma chambre, je m’immobilisai, folle de rage sur le seuil, avant de finalement envoyer balader au loin mon sac.

    Je n’avais pas réfléchi après avoir parlé à Antoine dans la salle des profs et j’étais rentrée directement. Pour la première fois de toute ma scolarité, je séchais les cours et pas qu’un seul en plus !

    Mais ma rage m’avait aveuglée tout comme l’amour que je portais à Quentin apparemment !

    Le miroir sur ma gauche me renvoya mon reflet. Un reflet peu flatteur à en croire ce que je visualisais en cet instant.

    — Et alors ? me récriai-je contre moi-même. Il s’est joué de moi ! Il m’a blessée en embrassant quelqu’un d’autre ! C’est quoi son problème ? Nous ne nous sommes pas revus depuis le jour de l’an, il ne m’a laissé aucune chance de lui prouver que je ne me montrais pas si minable que ça par rapport à lui !

    Je trouvais ça étrange qu’en dépit de mon cœur meurtri par cette nouvelle, je n’éprouvai aucune envie de pleurer tant j’étais habitée par la colère. Je lui en voulais comme jamais

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