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Emmène-moi dans ton ciel
Emmène-moi dans ton ciel
Emmène-moi dans ton ciel
Livre électronique244 pages3 heures

Emmène-moi dans ton ciel

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À propos de ce livre électronique

Roman de 341178 caractères, 59422 mots.

Emmène-moi dans ton ciel.

Quand Heaven, dix-sept ans, rencontre Sandro, un jeune homme persécuté au lycée, l’attirance est immédiate et réciproque. Heaven refuse de cacher ce qu’il est, en dépit des avertissements de Sandro, et cela va lui coûter cher.
Il est chassé de chez lui. Survient le drame. Heaven change. N’aura-t-il plus jamais personne à emmener dans son ciel ? Vraiment ? Heaven va devoir lutter. Contre lui-même. Contre les autres, car la menace est tenace...
LangueFrançais
ÉditeurXinXii
Date de sortie24 févr. 2017
ISBN9791091796132
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    Aperçu du livre

    Emmène-moi dans ton ciel - Chris Verhoest

    30

    Chapitre 1

    La rencontre

    À la fin des cours, je restai dans le couloir déserté, sans savoir pourquoi je ne voulais pas rentrer à la maison. Je ne débordais certainement pas d’amour pour mon lycée. Je m’appuyai contre le mur, pour réfléchir à ce qui m’arrivait. Je sentais que je devais prendre un autre chemin, et me décider à sortir de celui sur lequel j’errais. Je ne savais pas où j’allais, et j’avais l’impression d’avoir survolé ma vie. Il fallait que ça cesse. Mais comment trouver ce nouveau chemin ? Je devais changer, mais en quoi ? Je savais juste que ça ne pouvait plus continuer ainsi. Ensuite, ma réflexion devint laborieuse, alors je stoppai net. Mais j’avais tout de même avancé, et je me sentais mieux, car j’avais pris une décision. Un bon point de départ.

    Je repris mon sac, le remis sur mon dos, et descendis rapidement les deux étages. Je décidai de passer par les toilettes avant de m’en aller. Je voulais un coup de fouet, de l’eau bien froide sur le visage. Je traversai le grand hall silencieux du lycée, parvins jusqu’aux lavabos. L’atmosphère qui m’environnait était étrange, paradoxalement aussi inhabituelle et déroutante qu’apaisante. J’appuyai, et l’eau se déversa dans le bac. Le bruit, rude, creva l’inertie ambiante, je me baissai, et je reçus le jet glacé avec un grognement de soulagement. Je me redressai, ruisselant, et croisai mon reflet dans la glace éclaboussée.

    Qu’est-ce que je cherchais ? Qu’est-ce que je voulais ? M’observer m’apporterait-il une réponse ? Est-ce que je me connaîtrais mieux après un examen approfondi de mon visage ? Je scrutai, sceptique, les mèches de mes cheveux châtain foncé, les écartai pour plonger au fond de mes prunelles bleues. Mouais. Rien de bien concluant, surtout avec mon expression naturellement fermée.

    Je m’écartai des lavabos, sortis rapidement, et l’air frais de la mi-octobre me gifla le visage. Je m’éloignai des bâtiments. Mes pas résonnaient dans la cour. Et je le vis. Comment aurais-je pu ne pas le voir, échoué là près du garage à vélos et à scooters, les fesses sur le bitume, et les épaules affaissées ? Elles tressautèrent, et je compris qu’il pleurait.

    Sa détresse me rendit plus assuré, comme si je le dominais. Je m’en voulus aussitôt d’avoir eu cette pensée. Mais une chose était sûre. Face à sa faiblesse, je me sentais plus affirmé. Dans la position de celui qui, enfin, ose demander.

    — Qu’est-ce qui se passe ?

    Je n’allai pas jusqu’à proposer mon aide, cependant. La réponse me parvint sans qu’il lève la tête. Il repoussa de la main un antivol coupé en deux, le projetant vers mes pieds.

    — On m’a pris mon vélo… Il était pourtant vieux, rouillé… C’est dégueulasse, de faire ça juste pour le plaisir de me faire suer ! ajouta-t-il, avec des accents de révolte, qui firent cesser les sanglots.

    — Tu veux dire… qu’on l’a fait exprès ? m’enquis-je, un peu bêtement, car il avait été assez clair.

    Mais je ne savais pas trop quoi dire, comment me comporter face à sa détresse. Une seule évidence : Je devais m’en préoccuper. Cette fois, il dressa la tête, et je découvris, sous une mèche blonde, lumineuse, même sous le ciel couvert, deux yeux gris. Mais vraiment gris. Désespérés et enflammés, un peu rougis par les larmes, mais profonds.

    — Évidemment ! s’exclama-t-il. Qui en aurait voulu ?

    J’examinai son visage. J’étais sûr de l’avoir déjà croisé dans les couloirs du lycée, sans lui avoir prêté attention, et je ne comprenais plus pourquoi j’avais pu rester indifférent. Je découvrais ce que ça faisait de se réveiller, de se secouer. Quelque chose de chaud naquit dans mon ventre, serra mon cœur et ma gorge. C’était tout à la fois agréable et douloureux. Je prenais plaisir à le regarder, troublé par ses traits doux et cependant indéniablement masculins. Dans le même temps, je regrettais de ne pas en avoir profité avant, et je déplorais le fait que ça ne me mènerait pas loin. Car il était évident que j’étais… attiré. Mon chemin s’éclairait, mais des ombres demeuraient, de chaque côté. C’était un garçon, moi aussi.

    — Pourquoi ils auraient fait ça ? repris-je, pour repousser ce qui m’agitait. Et de qui tu parles ? 

    — Au moins quelqu’un qui ne sait rien, qui ne me connaît pas, soupira-t-il.

    — Je t’ai déjà vu, me récriai-je. Mais euh… Tu baisses toujours la tête, quand je te croise, il me semble. 

    — Oui. Ça fait moins mal quand tu ne les prends pas en pleine face.

    — Quoi ? Des coups ?

    — C’est arrivé. Mais des mots, aussi, qui cognent, à leur façon.

    — Et pourquoi on te fait tout ça ? Enfin, si tu veux le dire.

    — Je vais te le dire. De toute façon, tu dois être à peu près l’un des seuls à ne pas savoir. Comme si tu n’écoutais pas ce qui se dit.

    Gêné, je le laissai poursuivre. Il avait raison. Je ne m’étais pas intéressé à grand-chose jusque-là.

    — L’an dernier, j’étais en centre-ville avec mon copain, expliqua-t-il en essuyant ses yeux. D’ailleurs, il m’a largué depuis. Tu parles si ça valait le coup de subir tout ça ! Bref, cet idiot m’a embrassé pile au moment où on croisait deux mecs de ma classe. Maintenant, c’est l’enfer sur terre.

    Oh. Tout allait trop vite. Il avait eu un copain. Un. Copain. Il, lui, avec un garçon. Mais ce n’était pas facile à assumer. La bêtise des autres se rappelle toujours à vous. Et moi, j’empruntais cette route, avec ces embûches-là. Tant pis. Tant mieux. Ça n’allait pas m’arrêter, pas à présent que je me découvrais, et que je lui parlais.

    — Ah, m’écriai-je, d’une voix que je voulais légère. C’est parce qu’ils sont jaloux. Ils auraient voulu être à ta place.

    — C’est ça, oui, dit-il avec un sourire. Tu es gay aussi ?

    — Pourquoi ? demandai-je, tout en me sentant rougir.

    — Tu n’es ni étonné ni choqué par ce que je dis.

    — Pourquoi je le serais ?

    — Alors tu es gay ? insista-t-il, son beau visage tendu vers moi.

    — J’ai l’impression que je ne savais pas encore qui j’étais, il y a une heure, avouai-je. Au sens large. Et je ne sais même pas pourquoi je me confie à toi, d’ailleurs.

    — Parce que moi aussi je me suis confié ? Parce que je te plais ?

    Soufflé par son audace, je le fixai. Il ne se détourna pas. Comment pouvait-il avoir des yeux pareils ? Paraître aussi sensible et aussi culotté, tout à la fois ?

    — Tu n’y vas pas par quatre chemins, toi, grommelai-je.

    — Non. C’est ma plus grande qualité, et mon plus grand défaut. Je ne cache rien. La vie est trop courte pour perdre du temps à ça.

    — Tu as raison. Alors je ne vais pas tourner autour du pot, moi non plus. Tu as un souci avec ton vélo.

    — Je n’ai plus de vélo, corrigea-t-il.

    — D’accord. Tu as un souci avec… ton absence de vélo, et moi, j’ai une solution.

    — J’ai rencontré Harry Potter, le vrai, railla-t-il.

    — Presque. Je peux te prêter le mien. Je ne m’en sers jamais, je ne suis pas sportif du tout. En plus, j’habite tout près, je viens au lycée à pieds. Je n’ai pas besoin du bus, d’un scooter ou d’un vélo.

    — Tu ne me connais même pas, pourquoi tu ferais ça ? voulut-il savoir.

    — Parce que tu me plais ? répliquai-je.

    Pourquoi avais-je repris sa phrase ? Je m’étais lâché, elle m’avait marquée. Je n’étais plus moi -même.  À moins que je devienne enfin celui que j’étais réellement, tout au fond de moi ? Je tombais sur ce garçon après avoir ouvert les yeux. Que je croie au destin ou pas, je ne pouvais pas faire un pas de côté et le laisser. Il me remuait. Alors je devais m’arrêter et… lui tendre la main. Il considéra mes doigts une ou deux secondes, avant de les attraper pour que je le relève. Je m’efforçai d’ignorer ce que le contact provoquait, cette chaleur qui, à nouveau, m’inondait. Je le lâchai rapidement.

    À présent qu’il était debout, je constatais qu’il était plus petit que moi. Il écarta sa mèche, et esquissa un sourire.

    — Merci.

    — C’était complètement intéressé, dis-je, d’un ton négligent.

    Un petit rire doux fit écho à ma remarque. La chaleur devint brûlure, au creux de mes reins.

    — Tu viens ? proposa-t-il.

    — Où ? murmurai-je, bousculé par ce que j’éprouvais, par lui, par ses mots.

    — Ben, chez toi ? Tu n’as pas dit que tu me prêtais ton vélo ?

    — Ah oui, répondis-je, honteux de ma bêtise, et en piquant un nouveau fard.

    — Tu n’es pas très prudent, quand même. Tu confies tes affaires à un inconnu, déclara-t-il avec un sourire en coin.

    — Décline ton identité, et ce sera réglé. Et je veux ton numéro, aussi. Pour te retrouver au cas où tu t’en irais avec mon bien.

    Il rit encore, secoua la tête, et sa mèche blonde voltigea. Ouah.

    — Je m’appelle Sandro, m’apprit-il.

    — C’est sympa, très joli ! Heaven, déclinai-je à mon tour. Oui, je sais, ce n’est pas un prénom par ici, ce n’est pas courant, ça veut dire paradis, et voilà.

    — Je n’ai rien dit, sourit Sandro.

    — D’accord. On y va ?

    — On y va. Je vais quand même dire quelque chose : j’aime bien.

    Nouveau fard de ma part. J’étais gêné mais content, comme je l’avais rarement été, surtout dans le domaine des relations sociales… et plus si affinités. Disons-le clairement, je n’avais jamais eu de relation amoureuse.

    — C’est par là, annonçai-je, en prenant sur la droite, vers le quartier résidentiel.

    Sandro marchait à côté de moi, et ne cherchait pas à reprendre la conversation, alors que le silence me mettait très mal à l’aise. Je l’observai à la dérobée. Il gardait les yeux baissés. Il était vraiment blond, de ce blond doré des publicités pour shampoings, et ses traits anguleux et fins, son menton pointu, allaient bien avec sa coiffure élaborée. Il portait un T-shirt noir sous son épais sweat gris foncé. Son jean élimé, serré, mettait en valeur ses longues jambes fuselées. Par contre, ses baskets paraissaient vraiment prêtes à rendre l’âme. Il dégageait indéniablement quelque chose qui me touchait moi, personnellement.

    J’aurais voulu sentir son parfum dans son cou, lui demander la marque, s’il en mettait. Á ma plus grande confusion, l’évocation de son odeur éveilla mon sexe. Je m’efforçai de penser à autre chose de moins agréable. Aux voisins, par exemple. J’espérais que personne ne me verrait arriver en compagnie de Sandro. Ça ne regardait personne, il était mon secret. Un secret plus ou moins avouable. Des questions bourrées de préjugés se présentèrent à mon esprit. Voyait-on que Sandro était gay ? Que penserait-on de lui, de moi, si on nous voyait ensemble ? Nous prendrait-on pour de simples amis ? J’eus honte de moi, de mes pensées.

    Nous nous retrouvâmes devant chez moi, ce qui me permit de couper court à une introspection devenue gênante. Sandro se posta devant le portail, et poussa un sifflement admiratif.

    — Eh bien, ça va, je suppose que tu ne dois pas être trop à l’étroit, fit-il remarquer avec un petit rire, qui n’avait cependant rien de méchant ou d’amer.

    — Oui, ça va, dis-je, et je suppose que je devais avoir l’air coincé.

    Je considérai la demeure familiale. C’était en effet l’une des plus grandes du quartier, si l’on exceptait la maison bourgeoise du XIXe siècle de nos voisins immédiats, qui s’épanouissait sur deux étages. La nôtre était de plein pied, pourvue de murs en pierre apparente claire, et d’une entrée protégée par un porche. De grands arbres, dont un saule, l’entouraient, comme pour la protéger, l’isoler du monde. Je tapai le code, et le portail coulissa presque silencieusement. Je m’engouffrai dans l’ouverture dès que je le pus, en espérant que Sandro me suivrait assez vite, et je me dirigeai vers le garage, situé à gauche de la maison. J’entendis le portail se refermer, et j’accélérai l’allure sur l’allée goudronnée. J’appuyai encore sur un bouton, et la porte du double garage s’éleva en grinçant légèrement. Je n’osais pas emmener Sandro à l’intérieur de la maison, pas maintenant, pas encore, même s’il n’y avait personne. Á cette heure, Sylvie avait fini le ménage, et était repartie chez elle. Mes parents se trouvaient sur leur lieu de travail. Ma sœur aînée, Evelyne, qui bossait depuis peu dans une compagnie d’assurances, avait quitté le logis familial pour vivre avec son fiancé. Mon frère Martial, qui avait deux ans de plus que moi, poursuivait des études de droit, et vivait dans un studio à deux pas de la fac. Il ne rentrait que le week-end.

    — Tu es sûr que c’est un garage, pas une salle à manger ? s’esclaffa Sandro, en entrant à ma suite.

    Je souris sans le regarder, et j’allai tout au fond, là où on entreposait les vélos de toute la famille, et tout ce qui allait avec. Quand je me retournai pour vérifier si Sandro m’avait suivi, je me retrouvai presque contre lui. Il brandissait son téléphone portable. Je reculai, sortis mon smartphone, et nous échangeâmes nos numéros. Je me sentis ensuite obligé d’ajouter quelque chose, mais rien ne sortit. Sandro, lui, observait les lieux avec curiosité. Ce n’était pourtant qu’un garage, même s’il était propre et bien rangé. Je m’emparai de mon vélo, suspendu à un crochet, et je le fis rouler vers Sandro, qui reporta son attention dessus.

    — C’est du solide, expliquai-je. Le cadre est renforcé, le dérailleur d’excellente qualité. 27 vitesses. Quand on l’a acheté, le vendeur a insisté aussi sur les freins à disques mécaniques performants.

    Ce qui m’avait vraiment plu, c’était sa couleur, bleu métallisé et gris. Mon père avait énoncé au vendeur tout ce qu’il souhaitait du point de vue technique, et avait pris le vélo parce qu’il avait reçu des réponses satisfaisantes à ses interrogations.

    Sandro repoussa sa mèche blonde pour observer mon vélo, mais sans le toucher. L’expression de son visage était plus sérieuse. Il ne souriait plus. Quoi ? Quel était le problème avec mon vélo ?

    — Et si on recommence ? demanda-t-il. Je veux dire, si on te vole ton vélo ?

    — Avec ça ? rétorquai-je en lui montrant la grosse chaîne de l’antivol, posée sur une étagère métallique.

    — Réflexion faite, je ne t’emprunterai pas ton vélo. Si on ne peut pas le voler à cause de la chaîne, on enlèvera les roues, juste pour m’embêter. Alors, tu feras quoi ? Tu diras quoi à tes parents ? Tu avoueras que tu as prêté un vélo très coûteux à un inconnu ?

    Je demeurai muet. Sandro me fixait, et j’avais trouvé sa voix vibrante. Il soupira, repoussa encore une fois sa mèche, et je remarquai combien ses doigts étaient fins et longs. Il avait de belles mains, élégantes.

    — Je ne veux pas que tu aies des ennuis par ma faute, reprit-il sur un ton plus doux. Je n’ai jamais eu l’intention de t’emprunter ton vélo, de toute façon.

    — Alors, pourquoi tu es venu ?

    — Juste pour être avec toi. Pour faire connaissance avec toi.

    — Euh… bredouillai-je, gêné. Comment tu vas faire, pour venir au lycée ?

    — J’ai des pieds. Pourquoi tu évites le sujet ?

    — Quel sujet ?

    — Que je veuille être avec toi.

    — Je ne sais pas, avouai-je franchement.

    — Tu étais plus direct tout à l’heure.

    Sandro me considéra gravement. Il se passa la main sur la nuque, avant de laisser ses yeux clairs dériver sur les étagères parfaitement garnies et ordonnées. Il avait raison. Je soufflais le chaud et le froid. Mais j’aurais voulu qu’il prenne mon vélo, c’aurait été comme une sorte de pacte, de contrat solide qui m’aurait encouragé à aller de l’avant. J’avais mal au ventre, et une boule m’enserrait la gorge. Je ne parviendrais pas à m’expliquer.

    — Je vais y aller, déclara Sandro. Et j’aimerais que tu me fasses une promesse. S’il te plaît.

    — Tout ce que tu veux, m’écriai-je un peu bêtement, comme pour me rattraper.

    — Je voudrais que tu n’en parles pas au lycée, que tu ne dises à personne que tu me plais, voilà. Je ne veux pas qu’on m’embête encore plus. Tu peux faire ça pour moi ?

    — Pourquoi j’en parlerais ? Pour me moquer de toi ? Tu crois  que je suis comme ça ? Que j’irais raconter que tu m’as dragué, juste pour qu’on se moque de toi ? C’est nul. Si nous étions un garçon et une fille, tout le monde s’en moquerait.

    — Oui. Si j’étais une fille, et pas un garçon comme toi, les autres rigoleraient deux minutes de mon râteau auprès d’un beau mec. Puis ils passeraient à autre chose.

    — Pourquoi tu parles de râteau ? Je ne t’ai pas mis de râteau ! protestai-je. Je suis juste chamboulé. Tu refuses mon vélo, tu me demandes de te faire une promesse, comme si on arrêtait tout là, pour ne plus jamais se parler. C’est dur.

    — Je vais te laisser réfléchir.

    — Oui. Mais ne sors pas de ma vie juste après y être entré. Je te fais une promesse, tu m’en fais une.

    — C’est d’accord, approuva-t-il, et il me sembla qu’une lueur un peu plus joyeuse dansait dans ses yeux. Je vais y aller, répéta-t-il.

    Mais il ne bougea pas. Je repoussai le vélo contre le mur, m’approchai de lui. Mon cœur et mon corps étaient tendus comme un arc. Je lui offris ma main. Il ne la serra pas, cependant son pouce vint caresser ma paume. Aussitôt, une chaleur inconnue et tourbillonnante repoussa mon cœur prêt à se rompre. C’était bon, c’était beaucoup et pas assez. Je voulais plus, sans savoir quoi précisément.

    — Á demain, petit paradis, murmura-t-il sans cesser sa caresse.

    — Ne m’appelle pas comme ça, fis-je avec un petit rire. C’est bien trop beau.

    — Je ne veux pas te brusquer, je veux que tu réfléchisses. Mais ce que tu m’as dit me laisse espérer beaucoup. J’ai envie de te le dire. Sois mon paradis à moi, Heaven.

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