Amours contraires
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À propos de ce livre électronique
À dix-huit ans, Charlotte vient de découvrir son homosexualité dans les bras de Mary. Troublée par cette révélation, elle décide de se confier à sa grand-mère avec laquelle elle partage une tendre complicité. Mais ce qu'elle ignore, c'est que ses confidences vont provoquer chez la vieille dame la résurgence d'un merveilleux et douloureux secret.
" Moi aussi, j'ai vécu une grande, merveilleuse et triste histoire d'amour avec une fille... c'était il y a bien longtemps, j'avais à peu près ton âge et elle s'appelait Léna".
Jacqueline Duvary
Jacqueline Duvary vit dans le sud de la France, dans le département du Gard où elle a exercé la profession d’infirmière libérale avant de se lancer dans l’écriture. Après un premier roman publié aux éditions AlterPublishing sous le titre ‘’ Amours contraires’’ qui reçut le prix du meilleur livre de l’année de l’éditeur puis un second ‘’Le choix d’Alix’’ aux éditions Vérone, l’auteure, avec ce troisième ouvrage nous propose une nouvelle fois d’explorer la complexité des relations humaines à travers des personnages du quotidien, dans lesquels chacun peut se reconnaître.
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Avis sur Amours contraires
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Aperçu du livre
Amours contraires - Jacqueline Duvary
Prologue
Charlotte a dix-huit ans, elle est belle, elle est amoureuse, est aimée en retour et la vie serait magnifique, si elle n’était amoureuse de Mary.
Et pour Charlotte, c’est compliqué, parce qu’elle est une fille et que Mary est une fille aussi et que deux filles ensemble, ce n’est pas ce qu’elle avait imaginé.
Elle est en première année en faculté de droit, Mary termine sa dernière année de journalisme et elles se sont rencontrées dans une fête d’étudiants.
Charlotte ne pensait pas qu’elle était homosexuelle mais aujourd’hui qu’elle aime Mary, elle se rend compte qu’il y avait des signes avant-coureurs.
Contrairement à ses copines qui s’extasiaient devant les beaux garçons ou qui s’amourachaient d’un mec tous les mois, elle était plutôt sage.
Aux acteurs sexy dont les photos tapissaient les chambres de ses amies, elle s’aperçoit qu’elle a toujours préféré la beauté et la grâce des actrices.
Elle n’a pas eu beaucoup de petits copains, le dernier c’était au lycée, en seconde et si elle est sortie avec ce garçon, c’était plus pour faire comme les autres. Elle n’est jamais vraiment tombée amoureuse et la seule fois qu’elle a eu un coup de cœur, c’était en classe de quatrième, pour une jeune prof de français.
À l’instant où elle a vu Mary, elle a eu un véritable coup de foudre pour cette fille un peu masculine, homosexuelle assumée et elle n’a pas pu résister à l’attraction qu’elle produisait sur elle.
Aujourd’hui, elles sortent ensemble et elles sont heureuses sauf qu’elles ne sont pas seules au monde. Il y a les parents, les amis et Charlotte est un peu perdue, elle ne sait pas comment gérer tout ça. Elle se demande qui pourrait la conseiller et l’aider à y voir plus clair.
Alors elle a pensé à sa grand-mère.
Charlotte aime énormément sa grand-mère, Maminette, comme elle l’appelle, car elle s’est beaucoup occupée d’elle lorsqu’elle était enfant. C’est elle qui lui a appris à chanter, à danser et qui lui a fait découvrir les bandes dessinées pour adultes, au grand dam de sa fille, la mère de Charlotte, beaucoup plus coincée et rigide.
Maminette a soixante-quatre ans mais elle a gardé son âme d’enfant et elle est bien plus jeune dans sa tête que la plupart des amies de Charlotte.
C’est ça, je vais en parler à Maminette, je suis certaine qu’elle comprendra et qu’elle ne me jugera pas.
Quand elle lui a téléphoné pour lui annoncer sa visite, sa grand-mère a été ravie. Viens, ma chérie, a-t-elle dit, je te ferai des frites.
C’est un rituel lorsqu’elles déjeunent ensemble : frites et knacks comme lorsque Charlotte était enfant.
Le repas terminé, elles se sont installées dans le salon pour prendre le café.
- Alors ma chérie, comment va ta vie ? Tes études marchent bien ? Ça te plaît ?
- Oui, beaucoup, j’adore le droit et je crois que j’ai trouvé ma voie.
- Tu sais que moi aussi, j’ai eu envie d’être avocat, fut un temps.
- C’est vrai ! Tu as fait des études de droit ?
- Non, mais après le Bac, j’hésitais entre le droit et les lettres et finalement j’ai choisi l’enseignement, par facilité, je pense. Mais je crois que ça m’aurait plu d’être avocate. Défendre la veuve et l’orphelin…
Elles se sont tues pour boire leur café et Maminette l’a regardée du coin de l’œil, un léger sourire sur les lèvres. Se sentant observée, Charlotte a demandé :
- Qu’est-ce qu’il y a, pourquoi me regardes-tu comme ça ?
Sa grand-mère a continué de l’examiner sans se départir de son petit sourire.
- Je crois que ma petite fille est amoureuse, dit-elle. Je me trompe ?
Charlotte a rougi, étonnée encore une fois de la perspicacité de Maminette et elle a souri à son tour.
- Je ne peux rien te cacher, tu devines tout. Oui, c’est vrai, je suis amoureuse et c’est merveilleux…
- Mais… dit sa grand-mère, parce qu’il y a un mais
, n’est-ce pas ?
Charlotte a baissé la tête, elle semble hésiter.
- Mais, je suis amoureuse d’une fille, finit-elle par lâcher.
À ces mots, sa grand-mère s’est figée, elle est devenue tellement blême que Charlotte a cru qu’elle faisait un malaise.
- Ça va, Maminette ? Tu es toute pâle, tu te sens bien ?
- Oui, ma chérie, ça va dit-elle d’une voix étranglée par l’émotion.
Charlotte est inquiète, elle ne l’a jamais vue dans cet état. Mais peu à peu, celle-ci semble reprendre le contrôle d’elle-même.
- Excuse-moi, j’ai eu un étourdissement.
- C’est à cause de ce que j’ai dit, c’est parce que je suis homo ?
- Non, bien sûr que non… Et que comptes-tu faire ?
Charlotte a secoué la tête en signe d’impuissance.
- Justement, je ne sais pas. Je pensais que tu pourrais m’aider car j’ai du mal à gérer la situation. Tout me pousse vers Mary et je veux continuer à la voir mais en même temps, j’ai peur du regard des autres et surtout de la réaction de mes parents.
Sa grand-mère est de nouveau perdue dans ses pensées.
- Qu’est-ce que tu en penses ? A demandé Charlotte.
- Il me semble que le regard des autres en deux mille quatorze, c’est un peu moins difficile à supporter qu’en mille neuf cent soixante-dix… Quoique, lorsque l’on voit les réactions violentes que la loi sur le mariage pour tous a provoquées, on puisse en douter. Néanmoins, aujourd’hui, l’homosexualité n’est plus un tabou comme c’était le cas à mon époque, les mentalités ont évolué à ce sujet, non ? Je t’accorde cependant que ce n’est toujours pas facile à assumer et le plus dur sera de le faire admettre à tes parents.
- Je sais et c’est ça qui me tracasse.
Un silence. Maminette semble repartie dans ses pensées et Charlotte a cru voir des larmes perler au bord de ses cils. Elle n’ose plus parler, elle attend, elle sent que quelque chose d’important se passe dans l’esprit de sa grand-mère. Finalement, celle-ci a demandé.
- Est ce que tu aimes vraiment cette fille ?
- Oh ! Oui, je l’aime, je l’aime comme une folle. J’ai envie d’être avec elle tout le temps, j’aime son corps, j’aime son esprit, j’aime son âme…
Maminette a eu un étrange sourire.
- Oui, en effet, tu l’aimes. Alors si tu l’aimes, ça vaut le coup de te battre… dit-elle, avant d’ajouter tout bas, ne fais pas comme moi.
En entendant ces mots, Charlotte a sursauté et elle regarde sa grand-mère d’un air sidéré.
- Eh ! Oui, ma chérie, je sais que cela peut te surprendre, mais moi aussi, j’ai vécu une grande, merveilleuse et triste histoire d’amour avec une fille.
Charlotte n’en croit pas ses oreilles, mais en même temps elle n’est pas tellement surprise. Elle comprend mieux pourquoi elle se sent si proche de sa grand-mère depuis toujours. Maintenant sa curiosité est éveillée.
- Quand est-ce que cette histoire est arrivée ?
- Oh ! C’était il y a bien longtemps, j’avais à peu près ton âge et elle s’appelait Léna.
Juillet 1968 - septembre 1972
1
Après le bruit et la fureur du mois de mai, le calme était revenu et nous avions pu passer notre baccalauréat.
Je sais que beaucoup de gens pensent que ce fut un examen tronqué à cause des quatre-vingts pour cent de reçus mais pour moi, ça ne changeait rien car j’étais une élève brillante et le résultat était acquis de toute façon. Je n’en dirais pas autant de Martine, mon amie, pour qui cet examen au rabais fut une aubaine.
Martine et moi, nous nous connaissions depuis la classe de sixième.
Depuis ce jour où elle avait pris ma défense contre une élève de quatrième qui me bousculait, nous étions devenues inséparables malgré nos différences. J’étais une adolescente plutôt timide, sage et rêveuse, alors que Martine était extravertie, spontanée et un peu bulldozer.
J’étais fille unique, issue d’une famille de classe moyenne.
Mon père, employé de banque, était un homme honnête et droit, sans grande fantaisie et ma mère, femme au foyer, était l’archétype de la femme soumise de l’époque, bonne épouse et bonne mère. Sans être particulièrement démonstratifs, ils étaient des parents aimants et ils m’avaient élevée dans le respect des lois et des valeurs morales. Ils avaient toujours été fiers de moi et ils accordaient beaucoup d’importance à la réussite sociale que l’obtention du baccalauréat semblait me promettre.
Je n’avais pas été politiquement engagée pendant les événements de mai soixante-huit, mais j’avais quand même fait grève et pris part aux manifestations. Certains slogans comme Faites l’amour, pas la guerre
Il est interdit d’interdire
ou Je ne veux pas passer ma vie à la gagner
, avaient cependant marqué mon esprit et un vent de liberté commençait à souffler sur ma vie.
J’étais à un tournant de mon existence car à la rentrée, j’allais intégrer la fac de lettres, quitter mes parents pour vivre seule en chambre universitaire et je savais que c’était une étape décisive vers ma vie d’adulte.
Mais avant cela, nous avions encore deux mois de vacances et Martine m’avait invitée avec Laure, une autre de nos amies, à passer les vacances avec sa famille, en Camargue, dans le sud de la France. Mes parents, après quelques réticences mais satisfaits de mes bons résultats scolaires avaient fini par accepter de me laisser partir.
C’était la première fois que je partais sans eux et j’étais tout excitée le jour J, quand en compagnie de Laure et Martine, je suis montée dans la voiture de Cédric, son frère. Cédric avait vingt ans, il avait son permis de conduire et une 2 CV depuis peu et d’après sa sœur, il avait un faible pour moi.
Question petits amis, mon palmarès n’était pas très fourni.
J’avais été très amoureuse d’un garçon au collège mais il m’avait baladé pendant deux ans, de ruptures en réconciliations. Finalement, j’avais fini par le quitter lorsque j’étais entrée au lycée et depuis ma vie amoureuse était un désert. J’avais l’impression de ne pas plaire aux garçons alors que tout le monde me trouvait jolie et je nourrissais un certain complexe vis-à-vis d’eux, voire même de la crainte.
Mais cette année, c’était différent, j’allais avoir dix-huit ans et il me semblait que le moment était venu de franchir le pas. Alors pourquoi pas avec Cédric ? Il était beau garçon, il avait l’air gentil et il