Il est presque 9 heures. L’air est frais dehors, la ville est debout et je m’apprête à attaquer la journée. Il y a vingt minutes encore, j’étais au fond de mon lit, dans les bras d’un homme que j’aime beaucoup. Je ne l’aime pas encore, il serait trop tôt pour le dire. Enfin, je ne sais pas, est-ce qu’il n’est jamais trop tôt pour se dire qu’on s’aime? Est-ce qu’il arrive un moment où il est trop tard? Le casque sur les oreilles, j’écoute VictoireTuaillon me parler d’amour dans son fabuleux podcast Le cœur sur la table. Je m’interroge. Moi, trentenaire parisienne, célibataire depuis plus d’un an, hétéro qui se cherche, qui enchaîne les histoires qui ont à peine le temps de s’écrire qu’elles se terminent déjà, je ne sais plus bien m’y retrouver dans les relations d’aujourd’hui. À quoi ça se mesure, l’amour? Est-ce qu’il a plus de valeur avec le temps? Est-ce qu’on est plus légitime d’aimer et de se le dire parce qu’on a passé le cap des six mois? Est-ce qu’on est en couple au premier jour ou après la première dispute? Bienvenue dans l’époque des contours flous, de tous les possibles et des choix illimités.
Et si c’était mieux avant?
C’est comme ça que je me sens aujourd’hui, dans ma vie amoureuse: j’ai le sentiment que je peux tout avoir, tout donner aussi, mais je vis avec une sorte d’épée de Damoclès au-dessus de la tête. Cette épée, elle porte le nom d’inconstance. Comme beaucoup d’enfants des années 1990, j’ai grandi dans une famille classique, avec un papa et une maman. Mes parents se sont rencontrés au lycée, dans une petite ville de Normandie. Ils avaient un groupe d’amis communs, mon père appelait