The Red Moon

Par Akiko Murita

Un cadavre est découvert dans la back-room d'un bar gay.
Pour Olivier, simple étudiant chargé du ménage dans ce lieu sulfureux, c'est le début des ennuis.
Entre réseaux sociaux, soirées arrosées, lieux de drague et coups d'un soir, il va vite découvrir que la vie dans ce milieu n'est pas de tout repos.
Surtout si on a tapé dans l'oeil du tueur...

• Langue: Français
• Éditeur: XinXii
• Date de sortie: 17 déc. 2013
• ISBN: 9791090646124

Aperçu du livre

The Red Moon

Par Akiko Murita

Editions A. Publishing, Béziers, 2011.

Tous droits réservés.

Ebook distribution: XinXii: http://www.xinxii.com

Prologue

C’était la première fois qu’il le faisait. Répondre à une envie soudaine, là, comme ça, sans réfléchir. Enfin… En toute honnêteté, ce n’était pas vraiment la première fois. Il y avait eu Fructos, le petit mec qui n’embrassait pas et qui portait une chaîne avec un demi-cœur autour du cou (sa petite amie portait l’autre moitié), ChocoLulu, le mec qui aimait les gâteaux et chez qui ça se voyait, UMBoy, le mec qui n’était plus très boy et qui lui courait toujours après… Bon, pas la première fois qu’il sortait de chez lui pour tirer un coup donc, mais, tout de même, la première fois qu’on lui donnait rendez-vous dans une back-room.

S’il connaissait le Red Moon, cet établissement gay vieillissant, pour y avoir été traîné de force par des copines excitées, il n’avait jamais visité la pièce sombre où les mâles en manque d’amour se retrouvaient pour échanger quelque fluide… Le mec, Archange33, avait été très précis : « Tu passes devant le bar, tu prends l’escalier à gauche, là, tu arrives à une salle de projection et la back-room est en face, derrière un rideau, je t’attendrai au fond de la pièce à droite. » Après avoir lu ce message, il n’avait pas hésité longtemps. Le bar était proche de chez lui et les photos de l’Archange l’avaient fait saliver. En outre, il avait, comment dire, faim. Très faim. Malgré UMBoy, son fuck buddy régulier, il en voulait toujours plus et ne disait jamais non à un bon plan Q.

La musique hurlait et, évidemment, une fois sur place, il n’y voyait rien. Il laissa sa main droite glisser le long du mur pour se repérer, frôlant quelques corps en sueur, se dégageant de certaines mains baladeuses. Rien ne pourrait l’empêcher de retrouver son Archange. Le scénario était écrit à l’avance, il avait fantasmé là-dessus pendant le trajet. Il devait arriver, dire « vous êtes l’Archange » et l’autre devrait simplement poser ses mains sur ses épaules en signe d’assentiment.

Il buta contre un corps dans le coin de la pièce. Il était arrivé. Il cria la phrase attendue, son cœur battant au rythme de l’électrohouse qui l’assourdissait. Anonymat absolu. Deux mains puissantes s’abattirent sur ses épaules, comme des serres de rapace. D’un mouvement brusque, l’Archange le fit pivoter et il se retrouva face au mur, piégé dans l’angle de la back-room. Il sentit son pantalon s’ouvrir et glisser le long de ses cuisses. Tout se déroulait comme prévu. Un frisson descendit sa colonne vertébrale et le fin duvet de ses fesses se hérissa de plaisir. Il était prêt à l’accueillir. Par réflexe, il tendit la main dans son dos et vérifia que l’autre avait tenu ses promesses. Le préservatif était bien en place, dressé et prêt à le pénétrer.

À défaut d’être aimé, il aimait être traité ainsi, comme un objet désincarné et source de plaisir. Le monde s’évanouissait, il n’y avait plus de musique, il n’y avait plus l’odeur de la sueur des autres, sa bouche était sèche et il profitait du contact physique, brutal, d’un inconnu aux mêmes désirs que les siens. Plus le rythme s’accélérait, plus l’Archange serrait ses mains sur ses épaules et l’attirait à lui. Encore plus vite. Il sentit une main gantée de cuir remonter sur sa gorge et exercer une légère pression. Son sang battait dans ses tempes, des éclairs lumineux troublaient sa vision, sa tête lui tournait, il était au bord de l’explosion. La seconde main de l’Archange rejoignit la première autour de son cou. Une pression plus forte. Bloqué contre les murs, le passif était paralysé, il ne pouvait plus se défendre, il allait perdre connaissance alors que l’Archange ne le lâchait plus. Un soubresaut de plaisir le secoua. Une dernière convulsion puis plus rien. Le trou noir.

1

Le jeune homme inspira profondément, les effluves de tabac froid, de transpiration et d’eau de toilette bon marché envahirent ses narines.

Toujours la même routine. D’abord l’étage, puis le rez-de-chaussée et enfin le sous-sol. Le rouleau de sacs-poubelle coincé sous le bras, le balai-brosse dans la main gauche, le seau plein d’eau mousseuse dans la main droite, Olivier avançait précautionneusement, passant devant le bar de Rodolphe, le « bogoss » du Red Moon, qui, pour une fois, avait fait l’effort de mettre les bouteilles vides dans la caisse prévue à cet effet.

L’escalier en colimaçon, forcément étroit, l’attendait. Bien