L'Indécis: L'Indécis, #1

Par Dominique Adam

Ce type est vraiment un gros con…il est très beau, certes, mais il semble pétri de clichés homophobes comme c'est pas permis.

Mais c'est mon chef, et je dois faire avec… et puis un jour, dans son bureau, il me confie que sa femme vient de partir, et qu'il se cherche… il se pense gay…

Et je dois dire qu'initier les indécis à notre monde reste mon passe temps favori…

Je vais lui en faire voir de toutes les couleurs…
 

• Langue: Français
• Éditeur: Dominique Adam
• Date de sortie: 29 oct. 2022
• ISBN: 9798215125557

Aperçu du livre

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Ce type est vraiment un gros con...il est très beau, certes, mais il semble pétri de clichés homophobes comme c’est pas permis. Mais c’est mon chef, et je dois faire avec... et puis un jour, dans son bureau, il me confie que sa femme vient de partir, et qu’il se cherche... il se pense gay...

Et je dois dire qu’initier les indécis à notre monde reste mon passe temps favori... je vais lui en faire voir de toutes les couleurs...

––––––––

Il est huit heures. Je tourne en rond devant la porte. A côté de moi, le Squale fume. On l’appelle comme ça parce qu’il est sans pitié. C’est le nouveau chef choisi pour remettre de l’ordre dans les bureaux de la rédaction ; il paraît que le journal se vendait moins bien, figurez-vous, qu’on se relâchait, qu’on n’était plus à la hauteur des exigences éditoriales... Alors Tommy a été viré – le boute-en-train de l’équipe, sur une bête histoire de nana qu’il avait ramenée au bureau pour une petite soirée sexy – et le Squale est arrivé. Attiré par l’odeur du sang.

Il fume exprès en soufflant sa fumée dans ma direction, il sait très bien que je suis en train d’arrêter et qu’il me met au supplice. Ce type n’a aucun respect pour moi, c’est parfaitement clair. J’ai bien envie de lui dire ses quatre vérités, mais il n’attend que ça, et je ne veux pas lui donner ce plaisir.

On va ouvrir dans quelques secondes. Il suffit de tenir encore un peu... Puis il va se rendre dans son bureau, moi dans le mien, et si tout va bien, on ne se verra plus de la journée. Ses yeux froids et pâles sont fixés sur moi. Je les observe souvent, à la dérobée, mais je ne suis jamais arrivé à cerner leur couleur. Je ne connais pas non plus son prénom, et je m’en fous.

Le Squale m’observe comme s’il allait me bouffer. Je reste très tranquille, je marche de long en large, sous la petite pluie fine qui vient de commencer comme pour rendre mon attente encore plus pénible.

C’est pas lui qui m’aura. Y en a bien d’autres qui ont essayé de me faire sortir de mes gonds pour rejeter sur moi la faute de l’agression. Lui, j’ai vite reconnu à quelle catégorie il appartenait : homophobe décomplexé. Il sent très bien qu’il y a chez moi quelque chose qui remet en question ses clichés, et ça le vexe.

Je range les mains dans mes poches. Il serait capable de me sortir une remarque déplacée sur la façon dont je tiens mes bras. Et le pire, c’est que je l’attends, sa voix doucereuse et venimeuse qui semble s’insinuer entre les plaques de l’armure que je me suis construite depuis l’adolescence. Je suis indifférent à ce genre de types... sauf quand ils sont séduisants.

Et le Squale est séduisant. Tout à fait mon genre de mec. Tiré à quatre épingles, vous savez ? Celui qui a passé une heure dans la salle de bain à se faire beau, et auquel on meurt d’envie d’arracher sa belle cravate, sa chemise hors de prix, pour savoir de quoi est fait l’homme qu’il y a dessous.

C’est pour ça qu’il ne peut pas se tromper sur mon compte ; sans même y faire attention, j’ai eu, de temps en temps, envers lui, des attitudes de séducteur. Avec les autres gars de la rédaction, ça va encore, je rigole, je déconne, je suis le bon pote des soirées barbecue ; avec lui, je ne peux pas m’empêcher de me mettre en mode chasse. Je me concentre sur le fait que je le déteste, pour tenter d’oublier qu’il me plaît.

Son corps me plaît ; je déteste son âme. Y aurait des chansons à écrire là-dessus. Mais j’ai mieux à faire de ma plume, merci...

En plus de ma propre rubrique, je gère les illustrateurs, et ça n’est pas une mince affaire,