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Le loup déserteur Tome 1
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Le loup déserteur Tome 1
Livre électronique296 pages4 heures

Le loup déserteur Tome 1

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À propos de ce livre électronique

La vie de Martin Morello, un homme ordinaire vivant dans le regret, bascule lorsqu’il est accusé d’un meurtre. Il partira en quête de la vérité, une aventure parsemée d’intrigues qui l’amènera à parcourir le Canada et la côte ouest américaine jusqu’au Mexique. Derrière le danger qui le guette chaque jour, il apprend à se découvrir au fil des rencontres qu’il fait sur sa route, mais aussi à faire la paix avec son passé.

Nous possédons tous des forces méconnues ou sous-estimées. La vie nous présente souvent des occasions de les découvrir, de les exploiter, mais, trop souvent paralysés par la peur de nous-mêmes et de l’inconnu, nous choisissons le statu quo.

Contraint de passer à l’action, Morello apprendra à se laisser guider par ses forces. Une histoire qui s’accélère au rythme de la confiance du héros qui s’accroit !
LangueFrançais
Date de sortie26 août 2021
ISBN9782897755157
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    Aperçu du livre

    Le loup déserteur Tome 1 - Gino B.

    PROLOGUE

    « Le temps passe et je suis toujours sans nouvelles d’un bonheur envisageable. Les secondes s’égrènent et les jours se bousculent dans la file d’attente des mauvais jours. Alors que ma vie semble s’être arrêtée dans un désert d’amertume, où le vent ne souffle que les mauvaises nouvelles et où les nuages ne laissent passer que quelques rayons de soleil de temps à autre faisant naître en moi l’idée de jours meilleurs. Je réalise l’ampleur et la portée de chacun de mes faits et gestes. Chacune de mes décisions apporte invariablement une conséquence. Ainsi, je me retrouve acculé au pied du mur, n’ayant d’autre choix que de faire le point sur ma vie. Ai-je raison d’exister ? Dois-je retourner dans cette saga infernale qu’est ma vie ? Est-ce que j’ai raison de me battre en espérant des jours meilleurs ? Peut-être ne suis-je qu’un de ces hommes dont Dieu a simplement oublié de tracer le chemin ? Quoi qu’il en soit, l’idée d’aspirer au bonheur fait partie de mon quotidien. En ce moment précis, je sens un vide en moi, je sens la détresse ! La peur ! Je réalise ma plus grande erreur : je ne pense qu’au passé et je rêve au futur ! Je ne fais rien de l’instant présent, celui qu’on ne peut regretter et qu’on ne peut espérer ! On ne peut que le vivre ! »

    Je me nomme Martin Morello. On dit souvent de moi que je suis quelqu’un de bien. Quelqu’un sur qui l’on peut compter, quelqu’un qui ne regarde jamais la vie d’un mauvais œil. Le type qui est toujours là pour aider les autres, mais aussi celui qui n’ose jamais demander de l’aide quand vient son tour. Grisonnant, les yeux doux, mais le regard perçant, on sent une histoire inachevée dans mon regard. On peut y voir le gamin enjoué qui se cache maintenant derrière un masque sans émotion. Je m’investis toujours à fond dans ce que je fais… Eh merde ! Je déteste me décrire ! Je ne suis pas sur un site de rencontre, je suis moi avec tout ce qui vient avec, donc… Euh ? Un gars comme tout le monde… Du moins, c’est ce que je crois. Encore faut-il s’imaginer que tout le monde est pareil pour se considérer comme tel. Mais qu’est-ce qui cloche dans ma vie pour me retrouver sans cesse avec ces questions, ces pensées et ces tourments ? Un homme qui apprécie la vie et les bonheurs qu’elle lui apporte ne devrait-il pas être en mesure de se sentir emporté par ce bonheur ? Cet homme, dans la mi-quarantaine, se retrouve aujourd’hui dans le tumulte du pourquoi j’en suis rendu là ? J’ai suivi le chemin de la vie, mais était-ce le chemin de ma vie ? Quoi qu’il en soit, la vie ce n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Ses pièges nous guettent, mais nos propres pièges sont bien plus sournois et sans pitié ! Je me dis souvent que mon pire ennemi est moi-même. On dit que la meilleure façon de gagner une guerre c’est de bien connaître son ennemi, eh bien, je ne croyais pas que ce puisse être si difficile de bien me connaître !

    On a tous notre histoire, la mienne, celle d’un homme ordinaire tentant de prendre sa place au soleil, a pris une direction que je n’aurais jamais imaginée. Tel un loup qui décide de quitter sa meute, je réalise que ma vie ne se limite pas à faire ce que la meute attend de moi, mais elle est plutôt une occasion de découvrir que je suis un être unique.

    UN SOIR DE PLEINE LUNE

    La solitude entraîne le doute et l’ennui, parfois même l’autodestruction et parfois le renouveau. Mais il serait faux de prétendre qu’elle n’a aucun impact sur nous-mêmes.

    Montréal, CAN - 17 juillet 21h38

    Ce soir-là, je marchais accompagné de ma solitude. La nuit était fraîche, mais la lune qui perçait les nuages m’apportait un certain réconfort. Elle me rappelait mon ex-petite amie. Une aventure intense qui s’est terminée abruptement. Le bonheur que je croyais avoir enfin trouvé après ma séparation. Je pensais souvent à elle, à son sourire, son côté espiègle et sa joie de vivre contagieuse. Mais aujourd’hui, je suis seul, et ce, depuis quelques années. Cette solitude fait maintenant partie de moi. Je l’ai apprivoisée comme on apprivoise le silence de nos émotions sur le chemin de la rédemption. Mais quelle rédemption ? Celle de ne pas avoir su garder mon fils près de moi ? Celle qui permet d’oublier mes échecs ? Ces échecs, je les sens toujours en moi, ils font partie de mon être, de ma personne. Chaque fois que je rencontre mes amis, entourés par leurs familles enjouées, je suis heureux pour eux, mais au fond, je les envie un peu. Je me demande souvent ce que la vie attend bien de moi… ou plutôt devrais-je me demander ce que j’attends de la vie ? Parce que je réalise que, de façon insidieuse, la vie semble constamment changer ses objectifs et que je dois toujours m’adapter à ceux-ci, à leur évolution.

    Rendu au point neutre, sans émotion et sans ambition, je crois que c’est à ce moment qu’un être humain devrait connaître sa destinée, la voie qu’il désire suivre et non celle tracée par ce que les autres attendent de lui. Je le sens et, de plus, je ne trouve plus la force de prendre une décision temporaire afin de vivre en attendant de voir ce que le lendemain me réserve. Non, je dois maintenant découvrir qui était ce jeune caché derrière ce masque. Après tout, je sais bien que c’est moi, mais je ne me reconnais plus.

    Ces tourments accaparant mon esprit, je continuai mon ascension sur la promenade du vieux port. Une légère brise vint briser l’humidité de l’été qui était bien amorcé et me sortit de mes pensées. Je jetai à nouveau un coup d’œil vers la lune et la splendeur de celle-ci avait atteint son paroxysme puisqu’elle avait quitté le voilage offert précédemment par les nuages. Je sortis donc mon cellulaire et le mis sur le mode appareil photo afin de capturer ce moment pour mes amis Facebook. Lorsque le cliché fut pris, je l’envoyai sur mon mur avec la mention « Moment de solitude, mais accompagné par une lune tout aussi seule que moi. Aussi lointaine puisse-t-elle être, elle reste témoin de ce que je suis capable de faire ! ». Je regardai ensuite l’horloge au bout du quai du même nom. Je contemplais la grande tour érigée en l’honneur des marins morts durant la Première Guerre mondiale. Une horloge fabriquée en Angleterre possédant un mécanisme similaire au fameux Big Ben de Londres. Un passant m’interrompit alors.

    — Vous avez de la monnaie, monsieur… s’il vous plaît ?

    L’homme se tenait maintenant devant moi. Il semblait fort, mais si faible en même temps. Bien que son apparence ne fût pas soignée du tout, il avait fait preuve d’une certaine politesse ayant sans doute remarqué que j’étais plongé dans mes pensées… et sur mon cellulaire ! Pour ne pas me brusquer, il avait pris une intonation plutôt douce et réconfortante. Du moins, c’est ce que je me suis dit en première réflexion. Avec le temps, on ne regarde plus vraiment ces passants et ces êtres sans abris. Ils sont là, ils vivent, ils semblent faire partie du décor, mais sans plus. C’est comme s’ils n’avaient aucun rôle à jouer dans notre vie. On oublie parfois qu’ils ont aussi une vie, des émotions, des rêves ou encore qu’ils eussent tout ceci, mais les ont perdus en cours de route.

    — Non, je suis désolé ! répondis-je par habitude.

    — Monsieur, un peu de monnaie ne changera pas votre vie, mais elle améliore celle de gens comme moi !

    Ces mots résonnèrent dans ma tête pendant un moment. Je me rendis compte que je n’étais pas seul dans cette nuit. Au même moment, un miaulement se fit entendre tout près d’un banc. Deux chats semblaient se disputer la place. Non, je n’étais pas seul. La solitude entraîne l’isolement… à moins que ce soit l’isolement qui entraîne la solitude ! Je ne sais plus ! Tout d’un coup, je me rendis compte que ma descente aux enfers n’était peut-être pas terminée. Moi qui avais souvent été victime de circonstances malchanceuses qui m’avaient fait perdre, entre autres, ma petite amie, mon fils, mon emploi et surtout ma confiance ainsi que mon estime de moi. Ce foutu pendule qui résonnait toujours dans ma tête. Ce tictac infernal que me renvoyait mon cerveau comme si le temps qui m’était imparti s’égrainait de jour en jour. Les questions qui ne cessent jamais et les décisions qui n’apportent que des résultats peu probants. Non, ce n’était pas terminé et je me demandai si l’homme devant moi n’était pas mon propre reflet. Je sortis donc un peu de monnaie de ma poche et la donnai au sans-abri. Celui-ci s’empressa de la prendre, mais non sans me remercier chaleureusement. Je m’entendis donc lui demander :

    — Que vous est-il arrivé ?

    — Quoi ?

    — Je veux dire, qu’est-ce que la vie a bien pu vous faire pour qu’aujourd’hui vous en soyez là ?

    Je remarquai pour la première fois ses yeux et son visage. Un visage en paix avec son âme, qui ne semblait ni détruit par l’alcool ni rongé par la drogue. Des yeux ronds qui dégageaient une tranquillité d’esprit surprenante et qui regorgeaient de curiosité. La tristesse ne se trahissait pas chez cet homme. Ce dernier finit par me répondre en tendant à nouveau la main pour me remettre la monnaie que je venais de lui donner.

    — Tu crois que ces quelques pièces de monnaie te donnent le droit d’être indiscret et de me demander de raconter ma vie privée à un inconnu ? Est-ce de cette façon que tu abordes les gens chaque fois que tu rencontres quelqu’un ou bien tu t’es dit que puisque je ne suis qu’un itinérant tu pouvais te permettre d’être aussi impoli ?

    — Je m’excuse, je n’ai pas pris soin de peser mes mots…

    — Là n’est pas la question ! Tu aurais au moins pu commencer en me demandant mon nom !

    — Je suis désolé ! J’ai été idiot ! Puis-je me reprendre et connaître votre nom ?

    — Oh là ! ! Mais qu’est-ce qu’il apprend vite le jeune homme ! Je suis Adam. Et vous, puis-je savoir comment vous vous nommez ?

    — Je me nomme Martin. C’est un plaisir de faire votre connaissance Adam ! Encore une fois, je tiens à m’excuser pour cette incursion plutôt maladroite !

    Je tendis la main à Adam et ce dernier l’empoigna d’une main ferme et assurée afin de conclure ces salutations d’usage. Je me dis alors que je devrais peut-être lui offrir un café, question de me faire pardonner.

    — Puis-je vous offrir un café Adam ?

    — Oh là ! Voilà même qu’il devient courtois le jeune homme ! J’accepte sous la condition que ce ne soit pas une astuce de votre part afin d’obtenir la réponse à votre première question.

    — Soyez sans crainte !

    Nous nous dirigeâmes donc vers la place Jacques-Cartier qui offrait une multitude de magasins, de terrasses et de cafés à cette heure de la nuit. Bien que nous ayons peu de sujets à discuter durant le parcours, je me sentis envahi d’un certain réconfort. Je me sentais un peu amer de la façon dont les choses s’étaient présentées lors du premier contact avec cet homme. Néanmoins, ce dernier semblait abriter une force qui était bien au-dessus de tous mes préjugés. Oui, même dans ce silence entre deux êtres, on peut apprendre de l’autre. Un homme de cet acabit le savait. Et moi je le découvrais !

    Nous avons opté pour la terrasse Nelson. Une immense terrasse sise entre les bâtiments et ornée d’arbres matures. Un petit orchestre jouait de la musique jazz, ce qui ajoutait à la chaleur de l’endroit rempli de lumières tamisées. Les multiples paliers de la terrasse nous permettaient de choisir une place qui nous donnerait l’impression d’une intimité parfaite. Nous commandâmes tous deux un espresso et je m’empressai de dire que je prendrais l’addition.

    Une fois le café servi, je sentis le besoin de briser le silence qui semblait vouloir s’installer et qui me rendait inconfortable. D’un commun accord, nous avons commencé à nous tutoyer et je me mis donc à parler de mes misérables expériences de vie, de mes échecs. Je me sentais à l’aise, car je voyais bien qu’Adam ne me jugeait aucunement et je sentais une écoute attentive de sa part, voire une compréhension absolue de mes émotions. On dit souvent que le silence est d’Or ! Celui qui le garde afin de bien comprendre les paroles qui lui sont adressées l’est tout autant !

    — J’ai toujours cessé la poursuite de mes rêves. Il y a immanquablement eu un événement pour m’arrêter. Chaque étape s’est toujours terminée brusquement, car je me retrouvais face à une situation impliquant un choix difficile. Un choix qui imposait que je doive blesser quelqu’un si je voulais poursuivre mon rêve et écouter mon cœur. Mais chaque fois, c’est la même chose, la même histoire qui se répète, je refuse de blesser l’autre et, au final, c’est quand même ce qui arrive, mais avec un rêve en moins pour moi, accompagné d’un sentiment d’échec. Je me retrouve avec de nouvelles responsabilités, un avenir différent que je n’avais jamais envisagé. Je dois m’adapter. Mais, je m’adapte bien et, je me permets même de rêver à nouveau m’autorisant ainsi à avoir des objectifs jusque-là inédits. De me voir devenir quelqu’un d’autre que celui que je suis. Je recommence à rêver de création, de liberté… d’accomplissements !

    Adam écoutait toujours d’une oreille attentive. Rien d’autre que mon discours ne semblait occuper son esprit.

    — Mais, plus j’avance, plus je vieillis, plus j’ai peur de foncer. Je me cache derrière le fait que je pourrais tout perdre, que c’est trop risqué. Je me réveille donc le matin avec l’esprit qui se questionne sans arrêt sur le pourquoi de ma vie et la vive impression que je ne réussis rien de bien. En plus, j’ai même le sentiment que mon garçon ne me parle pratiquement plus simplement de ce fait. Sinon, pourquoi ne semble-t-il pas m’apprécier ? Pourquoi ai-je tant de difficultés à le garder en contact ? Simplement parce que je suis plus strict ? Je ne crois pas ! Je suis plutôt une loque pour lui !

    — Martin ! Je veux bien t’écouter, je vois bien que tu en as besoin ! Mais te rabaisser en espérant susciter de la compassion de ma part est vain, je te préviens ! Et si tu tiens de tels discours avec tes proches ou ton enfant, ne crois-tu pas que ce n’est certainement pas ce qui suscitera de l’intérêt envers toi !

    Je continuai donc mon récit en prenant soin de me respecter dans mes propos. C’est étrange de penser à ça ! Voilà une nouvelle question qui me trottera dans la tête ! Pourquoi est-ce que je n’ai pas plus de respect que ça envers moi-même ?

    — … Sophie a changé ma vie ! Elle était si jolie ! Tellement parfaite, elle m’a montré ce qu’était l’amour comme je ne l’avais jamais senti auparavant ! Chaque instant avec elle était parfumé de bonheur, j’aurais pu conquérir le monde sans le moindre effort ! Tout était si facile ! Elle était toujours derrière moi, elle me supportait, me comprenait, elle n’hésitait jamais à me démontrer son amour… de la voir se donner à un autre m’a complètement brisé !

    — Si je te suis bien, elle t’a trompé ?

    — Exactement ! Et je n’arrive pas à comprendre les raisons qui l’ont poussée à agir ainsi. Elle qui m’avait pourtant promis fidélité et qui disait que notre couple était basé sur la franchise ! Un jour, elle me dit que tout est parfait, qu’elle n’a jamais aimé quelqu’un d’aussi fort et le lendemain, je la trouve dans les bras d’un autre à mon retour du travail…

    — Parfois notre destin peut nous sembler difficile à comprendre. As-tu saisi le message de cette histoire de ta vie ?

    — Non ! Je ne crois pas ! Je ne l’ai plus revue par la suite. Notre histoire était terminée !

    — As-tu déjà essayé de la contacter par la suite ?

    — Non !

    — Alors, sois tu fuis, sois tu as compris quelque chose ! Mais excuse-moi Martin, il n’y a que toi qui puisses comprendre ce qui est arrivé et pourquoi c’est arrivé ainsi à ce moment précis de ta vie. Je pourrais, bien sûr te dire que cette femme ne te méritait pas et que la vie te réserve quelqu’un de mieux, ce qui est probablement le cas, mais, je le répète, seul toi peux saisir ce qui est arrivé et pourquoi ! Dis-toi que même elle ne connaît probablement pas la réponse. Si je t’ai bien écouté, tu m’as dit que tu aurais pu conquérir le monde à ses côtés ?

    — Je me sentais si fort ! C’était une métaphore, mais oui c’est le sentiment qui m’habitait !

    Ses yeux me regardaient maintenant avec une intensité dérangeante.

    — Pourquoi ne pas avoir dit que « vous » auriez pu conquérir le monde ensemble ?

    Un peu embêté par la question, je me grattai le visage et regardai partout autour de moi : « Je ne sais pas ! Parce qu’il s’agissait de mon sentiment… que je ne peux présumer de celui qui l’habitait ? »

    — Alors, cette force, où est-elle maintenant ?

    — Pardon ?

    — Je crois que tu as bien compris la question…

    Cet homme était habité par une confiance en lui qui me rendit la fuite quasi impossible.

    — Je ne sais pas… elle l’a prise quand notre relation s’est terminée…

    — Tu lui as donné ?

    — Non ! Elle l’a prise !

    — Si cette force t’habitait, que tu ne lui as pas donné, comment peut-elle l’avoir obtenue ? Et si elle l’a vraiment en sa possession, il se trouve qu’elle doit maintenant avoir conquis le monde, non !?

    Je sentais maintenant une vague de chaleur m’envahir… certes l’humidité et la chaleur n’aidaient pas, mais d’être confronté à mes propres propos était bien pire. Merde ! Pourquoi ai-je abordé ce sujet ?

    — Non, elle ne l’a pas conquis ! Je crois qu’elle a recommencé sa vie à quelques reprises depuis notre rupture et qu’elle occupe un emploi de serveuse maintenant. Je n’en sais trop rien, j’ai perdu contact.

    — Alors, si je résume tout depuis le début, tu étais en amour avec une fille qui était sublime et qui te donnait l’impression de tout pouvoir réussir dans la vie. Malheureusement, tout ça n’était qu’une illusion ! Tu n’as aucune force, car ce sentiment t’a quitté avec elle et elle est maintenant devenue serveuse en utilisant la force qui t’animait. Et toi, depuis ce temps, tu crois que tu n’es plus rien et tu regardes comment elle t’a quitté plutôt que de regarder ce qu’elle a su faire ressortir en toi ! Les gens que nous rencontrons au fil de notre vie peuvent nous amener beaucoup plus que ce qu’on peut imaginer. On a parfois l’impression qu’ils ont brisé quelque chose en nous. Mais pourquoi ne pas voir, à la place, ce qu’ils ont su nous donner ? Faire ressortir une telle confiance en toi n’est pas banal ! C’est un merveilleux cadeau qu’elle t’a fait ! Tu sais, on perçoit souvent les gens d’une façon erronée. Car ils sont souvent le reflet de ce que l’on attend d’eux. Il suffit alors de quelques événements pour changer notre perception. Mais, en réalité, qu’est-ce qui a le plus changé ? Cette personne ou notre perception ?

    J’étais maintenant bouche bée… et un peu contrarié. Je m’étais mis à nu devant cet homme et ce dernier avait vu avec justesse le mal qui me rongeait à l’intérieur. De plus, au lieu de me réconforter dans ma misère, il changeait plutôt ma perception de mon passé.

    — Merci pour les précieux conseils ! Je ne sais pas quoi dire maintenant !

    — Cesse de parler un peu et écoute ! Écoute d’abord ton cœur ! Écoute sa force qui tente de refaire surface ! Cesse de t’excuser pour ce que tu dis, ce que tu fais, ne dis pas et ne fais pas, mais passe à l’action ! Ça, ça t’aidera ! Et ne juge pas la force d’un homme, car il semble en marge de ce que la société attend de lui. Notre force, elle est à l’intérieur de chacun de nous. On fait ce que notre cœur attend de nous ou on fait ce que les autres attendent de nous ! Mais de refouler nos valeurs et nos rêves, c’est comme un suicide à petit feu. Un jour, si tu ouvres non seulement les yeux, mais aussi ton cœur, tu verras une chance inouïe s’offrir à toi. Bien qu’elle te demandera de grands sacrifices, tu y verras peut-être un retour du balancier. Tu as la force de survivre, maintenant, trouve la force de vivre.

    Adam se leva et je le regardai en ayant du mal à contenir les larmes qui tentaient de se frayer un chemin malgré les innombrables clignements des yeux que j’effectuais.

    — Je vais essayer…

    — Tu m’as demandé ce qui m’était arrivé, tu le sais maintenant ! J’ai écouté mon cœur ! Tu m’as demandé ce que la vie m’avait fait subir… Eh bien, rien du tout ! Je ne « subis » pas la vie, je la choisis ! J’ai compris que la première personne de qui je devais exiger confiance et respect, c’était moi-même. Merci pour le café ! Je dois maintenant partir ! Passe une belle fin de soirée !

    L’homme fit demi-tour et repartit la tête basse tout comme je l’avais rencontré au préalable. Quant à moi, je restai assis pendant un moment tout en réfléchissant à ce que cet homme, sorti de nulle part, venait de me dire. Je me sentais idiot de l’avoir ainsi jugé. Pourtant, Adam ne m’avait porté aucune rigueur de ce manque de courtoisie et il m’avait même amené à me reprendre. Enfin, il m’avait montré que nos paroles ou nos actes peuvent bien blesser quelqu’un, mais que cette personne peut aussi déterminer si elle se relève ou non ! Tout cela réside dans le respect et la confiance que celle-ci s’est elle-même imposée. Non, décidément, personne ne mérite d’être jugé si rapidement, qu’importe son apparence, son allégeance, son passé, son orientation sexuelle, sa religion ou la couleur de sa peau. Tous ces préceptes servent à nous distinguer, mais le courage de chaque être qui assume les choix qui constituent qui il est, a le mérite d’être respecté ! Je l’ai pourtant constaté tout au long de ma vie, mais le parcours sinueux qui nous mène à la réussite de notre vie, selon les paradigmes imposés par la société, m’a fait parfois oublier la valeur de chaque être… Je me levai et pris le chemin vers chez moi afin d’aller dormir un peu.

    — Papa ! Je t’aime ! Tu es le meilleur papa au monde !

    — Merci Morgan ! J’essaie de l’être ! Et tu es aussi un super fils ! Tu grandis tellement vite ! Bientôt c’est l’école ! As-tu hâte ?

    — Oui, et je sais que tu vas m’aider pour apprendre ! Je vais avoir encore plus d’amis !

    — Pourquoi il fait noir tout d’un coup !? Morgan, où es-tu ?

    J’entends maintenant des serpents, je les sens

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