Miss Catastrophe
Hier soir, j’ai célébré mon vingtcinquième anniversaire en compagnie de Matthieu Fortin, mon petit ami. Il est directeur adjoint d’une entreprise d’import-export. Fils unique de bonne famille, comme on dit, je le connais depuis huit mois maintenant. J’ai fait sa rencontre lors du mariage d’un ami commun. Pour fêter l’événement, il m’a invitée dans un restaurant huppé de la région. Le genre d’endroit où tu es certaine de voir tous les yeux se braquer sur toi au moindre faux pas. C’est là que j’ai pu expérimenter le sens véritable de l’expression « se sentir comme un éléphant dans un magasin de porcelaine ». J’ai dû me concentrer toute la soirée pour ne pas commettre d’impairs. Comme, par exemple, renverser inopinément mon verre de vin rouge sur la nappe immaculée ou bien tacher ma robe avec la sauce au beurre blanc du poisson. Je crois que je ne m’en suis pas trop mal tirée, mais à la fin de la soirée, j’avais la tête comme une pastèque et les nerfs tendus comme un arc, à force de surveiller chacun de mes gestes. Je n’avais pas envie de décevoir Matthieu. Il m’impressionne tellement avec sa culture, son aisance naturelle et son sens des responsabilités!
Au moment du dessert, il m’a offert un bracelet. Il était vraiment magnifique dans son écrin de velours rouge. Peut-être même un peu trop pour moi qui ne porte jamais de bijoux. Il me l’a passé au poignet, l’air satisfait, avec un sourire éclatant.
– Bon anniversaire, Valentine. Tu es très en beauté ce soir. Cette robe bustier te va à ravir. Ton allure d’étudiante, c’est sympathique cinq minutes, mais on finit par s’en lasser. Tu viens quand même d’avoir vingtcinq ans. Il serait temps pour toi de te comporter enfin comme une adulte, tu ne crois pas ?
Je me suis contentée de répondre par un petit sourire. En fait, je ne savais pas si je devais retenir uniquement son compliment ou m’offusquer de son commentaire. D’ailleurs, après le dîner, quand je suis rentrée chez moi pour me faufiler sous ma couette, ses mots ont trotté longtemps dans mon esprit, m’empêchant de trouver le sommeil. Mais la nuit portant conseil, je me suis réveillée avec en tête la décision de faire mon maximum pour donner satisfaction à Matthieu. Je veux voir la fierté briller dans son regard ! Par conséquent, j’ai décidé moi aussi qu’il était effectivement temps que je gagne en maturité.
Et pour commencer, fini de tenir un journal, comme si j’étais encore une adolescente. J’avoue que c’est bien pratique de livrer mes états d’âme à ces cahiers d’écolier qui me servent de confidents. Enfin bon ! je vais essayer de me convaincre que je n’ai plus besoin d’eux. Je regarde bien en face mon reflet dans le miroir et d’une voix déterminée, je lui dis :
– Valentine, primo, tu as décroché ton premier CDI dans une agence de publicité en
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits