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Mademoiselle Caméléon
Mademoiselle Caméléon
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Livre électronique232 pages2 heures

Mademoiselle Caméléon

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À propos de ce livre électronique

Tu veux t'adapter à chaque situation ?
Suis les conseils de Mademoiselle Caméléon !


Cette merveilleuse Mademoiselle Caméléon dont tous les ados parlent sans arrêt, c'est moi ! Mais, en réalité, je m'appelle Margot, et je suis très loin d'être la personne cool qui fait fureur sur Internet. Plutôt timide, je me trouve vraiment poche pour régler mes propres problèmes. Comment faire pour avouer mes sentiments au beau François, LE garçon le plus populaire de l'école ? Et pourquoi ma best friend forever and ever change-t-elle de comportement tout à coup ?

En fouillant sur Facebook, j'ai découvert le profil de l'ancienne copine de François, une magnifique mannequin en tout point parfaite… Et ça m'a donné une idée. Si je copie son look et son attitude, je deviendrai sûrement aussi aimée que ma rivale ! Peut-être même par François !

Si les conseils de Mademoiselle Caméléon sont bons pour les autres, ils le sont également pour moi !
LangueFrançais
ÉditeurDe Mortagne
Date de sortie22 août 2018
ISBN9782896628582
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    Aperçu du livre

    Mademoiselle Caméléon - Elizabeth Colette Labbé

    visite !

    C’est officiel : je suis amoureuse. Complètement, formellement, extrêmement, unanimement amoureuse. Comment diable pourrais-je résister à ses grands yeux vert forêt, à ses cheveux blonds comme les blés, à son sourire éclatant qui laisse entrevoir deux rangées de dents bien blanches et bien droites, et à ses bras musclés par dix heures de natation chaque semaine ? Et que dire des petites fossettes qu’il a aux joues lorsqu’il rit ? C’est tellement mignon ! Il faudrait avoir un cœur de pierre pour y être insensible !

    Attention ! N’allez surtout pas vous imaginer que je craque pour François Brassard simplement parce qu’il est LE plus beau garçon du collège privé mixte Saint-François-Xavier. C’est aussi le garçon le plus gentil et le plus attentionné que je connaisse. Dans les couloirs de l’école, il dit bonjour à tout le monde. Eh oui. Tout le monde, même aux élèves considérés comme « rejets », alors que, normalement, leur adresser la parole revient à un suicide social. François s’implique énormément dans son milieu scolaire (il est membre de l’équipe masculine de natation ET membre du gouvernement étudiant), en plus de faire du bénévolat à la soupe populaire chaque mercredi soir. Nous sommes dans la même classe depuis deux ans et je ne lui ai pas encore découvert un seul défaut. Bref, il est parfait. Incroyablement parfait…

    — Tu devrais aller lui parler.

    Retour sur terre ! Plus précisément dans la cafétéria de mon école secondaire, pas très achalandée en cette chaude journée de septembre. Devant moi, Claire Bujold me regarde d’un œil narquois. Ce qui, pour une supposée meilleure amie, est plutôt ordinaire !

    — À qui ? demandé-je de mon ton le plus angélique.

    — À François ! Tu le fixes d’un air béat depuis le début du dîner. Ma pauvre, tu es vraiment accro !

    Oups ! Prise la main dans le sac ! Je ramène mes longs cheveux auburn (avec reflets roux) en une haute queue de cheval. Si je ne veux pas être étiquetée comme stalker jusqu’à la fin de mes jours, je dois inventer une bonne excuse, et vite !

    — Je ne le regardais pas, dis-je finalement. Je fixais le menu de la cafétéria, qui se trouve juste au-dessus de sa table. Tu savais que, vendredi prochain, on mangera de la pizza végétarienne ? Miam ! J’ai déjà hâte ! Pas toi ?

    D’accord, je l’avoue, ma réplique est nulle. Nulle de chez nulle. Pour ma défense, c’est ce que j’appelle « l’effet F » : penser ou parler de mon camarade de classe me fait perdre mes mots. Pire, je deviens complètement guimauve (genre, des cœurs me sortent de la tête), ce qui donne parfois l’impression aux autres que j’ai perdu quelques neurones. M’enfin, ce n’est pas la fin du monde. Personne n’est encore allé en prison pour être tombé amoureux ! Et puis, je suis mille fois moins pire qu’Anne-Marie Lachance, qui parlait vingt-quatre heures sur vingt-quatre de Mathieu Roy, du temps où ils sortaient ensemble. Quand on se compare, on se réconforte ! Ou on se console ? Je ne me souviens plus de l’expression.

    Bien entendu, ma best n’est pas dupe.

    — C’est la seule excuse qui t’est venue ? Le menu de la cafétéria ?

    — Euh…

    — Pas très original, mais je t’accorde deux sur dix pour l’effort. Je répète mon conseil : tu devrais aller lui parler.

    Je soupire longuement, très pourquoi-dois-je-porter-tout-le-poids-du-monde-sur-mes-épaules. Ma best est tenace. C’est cool lorsque nous avons un projet scolaire important et difficile (genre, douze pages sur la situation géopolitique de l’ex-Yougoslavie), mais c’est poche quand c’est moi qui suis victime de ses interrogatoires. L’Inquisition espagnole, c’était en 1478. Aujourd’hui, ça ne marche plus.

    — Jamais. De toute façon, je lui parle déjà. Nous nous saluons chaque matin avant d’entrer en classe. Puis, à la fin de la journée, nous nous disons au revoir. Les journées où je suis particulièrement chanceuse, il me demande un coup de main pour un devoir de maths. Bref, je lui parle ! Techniquement, nous sommes même en relation !

    — Margot…

    Ça, c’est moi. Margot Petterson, quatorze ans et toutes mes dents. J’aime le volleyball, la musique pop (Katy Perry est ma chanteuse préférée !), la lecture, les réseaux sociaux, ma famille et François. Je déteste les raviolis, les filles hypocrites qui parlent dans le dos des autres (hello, Anne-Marie Lachance et ses copines !) et tous ceux qui se moquent de ma grandeur en m’appelant « la grande perche ». Oui, je dépasse pratiquement tous les élèves du collège d’une tête, mais ce n’est pas ma faute. Je suis née avec le gène de la grandeur ! Alors, se moquer de moi pour ça est inutile et cruel. Grr !

    — Oui ?

    — Tu dois aller lui parler. Et, quand j’utilise le mot « parler », je pense à « lui démontrer ton intérêt ». L’inviter à sortir, quoi ! Comment peut-il savoir qu’il te plaît si tu ne lui adresses aucun signe ?

    Je m’insurge.

    — Des signes ? Mais je lui en envoie plein ! Je lui fais mon plus beau sourire chaque fois que je le croise et je lui propose un coup de main en maths quand je pense que la matière du jour lui donne du fil à retordre. Il n’y a pas plus prévenante que moi !

    — Justement. Il te voit comme sa tutrice de maths, pas comme une fille !

    — Euh, Houston ? Serais-tu en train de me dire que je suis trop masculine, par hasard ?

    — Non ! Du tout ! C’est juste…

    Claire replace une courte mèche blonde derrière son oreille. Son regard bleu ciel semble faire la navette entre la sortie de secours et moi. Je me retiens pour ne pas éclater de rire. Ce qu’elle peut être drôle quand elle cherche ses mots !

    — Tu es une très belle fille, reprend-elle enfin. Seulement, à force de parler de trucs bizarres, comme le binôme de Nepton…

    — … binôme de Newton…

    — … et les formules de Plancton…

    — … Platon…

    — … tu n’aides pas ton cas. À ses yeux, tu es celle qui lui donne un coup de main pour ses devoirs, point. Si tu lui proposes une sortie, genre un resto ou un cinéma, il comprendra que tu veux être plus que ça. Rappelle-toi ce que Mademoiselle Caméléon a écrit la semaine dernière : il faut prendre son courage à deux mains et déclarer sa flamme à l’être aimé. Après tout, qui ne risque rien n’a rien ! Quand on veut, on peut !

    Intérieurement, je lève les yeux au ciel. Parfois, Mademoiselle Caméléon me tape sur les nerfs. C’est que ma best adore sa page, et même un peu trop ! Elle ne rate pas un de ses posts et me casse les oreilles avec ceux-ci pendant des jours après leur parution. Puisqu’il y en a deux par semaine, je n’ai finalement jamais la paix.

    — Je ne crois pas que ces mots viennent de Mademoiselle Caméléon.

    — OK, elle n’a pas exactement utilisé ces termes-là. N’empêche, c’est ce qu’elle voulait dire dans son dernier article : il ne faut pas avoir peur d’avouer ses sentiments. D’oser. Elle est tellement cool, cette fille. Je me demande quelle est sa véritable identité.

    Je rougis.

    — On ne l’apprendra certainement jamais. Le fait que les ados ne sachent pas qui elle est ni de quoi elle a l’air les met en confiance, les aide à ne pas se sentir jugés. Mademoiselle Caméléon n’est ni grosse, ni mince, ni grande, ni petite… Ça pourrait être une amie, une sœur, peu importe. C’est ce qui explique la popularité de sa page.

    — Pff ! Je suis certaine que, même si on connaissait son nom, sa page aurait toujours autant de succès. C’est drôle, mais plus je lis ses chroniques, plus je trouve qu’elle te ressemble. Ou que tu lui ressembles, selon le point de vue où on se place.

    Je manque de recracher ma gorgée de jus d’orange.

    — Ah oui ? Pourquoi tu dis ça ?

    — Je ne sais pas comment l’expliquer, mais… Elle écrit des trucs que tu serais capable de me sortir. Et puis, quand tu t’y mets, tu passes pour une vraie psychologue !

    — Quoi ? C’est faux !

    — Bien sûr que si. Tu adores aider les autres et tes conseils sont incroyablement judicieux, m’assure-t-elle en me faisant un clin d’œil. D’ailleurs, c’est toi qui as conseillé à Sébastien d’inviter Julie à sortir. Et ils sont en couple depuis maintenant deux mois ! Je me demande quand tu vas suivre tes propres conseils pour régler ta situation avec François…

    Ça y est, c’est reparti pour un tour. Heureusement, un coup d’œil sur l’horloge de la café me donne une bonne raison pour couper court à cette discussion.

    — Ce n’est pas que je n’aime pas discuter avec toi, mais les cours commencent dans moins de dix minutes. Si elle était ici, Mademoiselle Caméléon nous suggérerait fortement de nous mettre en route.

    Mon amie pouffe de rire, puis nous quittons la cafétéria bras dessus, bras dessous.

    Vous l’aurez deviné, je suis Mademoiselle Caméléon.

    Eh oui, moi, Margot Petterson. Cette vedette du Web est mon alter ego depuis maintenant deux ans. Tout a commencé la veille de mon entrée au secondaire, alors que je cherchais sur Internet des conseils pour m’aider à traverser cette terrifiante étape. Comble de malchance, je suis tombée sur des sites… comment dire… complètement pourris. Limite ridicules. Et, étrangement, tous gérés par des adultes. De toute évidence, l’adolescence n’était devenue pour eux qu’un vague souvenir. C’est alors que j’ai eu l’idée du siècle : créer une page Facebook pour les jeunes, par les jeunes. Au fil du temps, j’ai développé mes propres trucs pour contrer le stress des exams, apprivoiser le secondaire et mes étranges camarades de classe, etc. Bien entendu, malgré tout mon bagage, il m’arrive parfois de ne pas savoir quoi répondre à une lectrice en détresse. Moi qui n’ai jamais eu de peine d’amour, comment puis-je savoir à quel point ça fait mal ? Heureusement, j’ai une alliée de taille : ma meilleure amie Claire. À force de lire des magazines féminins, Claire est devenue un véritable coffre à informations. Peine d’amour, manque de communication avec les parents, timidité, elle sait tout sur tout ! Alors, quand j’ai le syndrome de la page blanche, c’est à elle que je pose subtilement mes questions. J’ai une copine qui vient de se faire laisser par son petit ami de longue date. Selon toi, qu’est-ce qu’elle devrait faire ? Parfois, j’ai des réponses qui durent une dizaine de lignes. Vous vous en doutez, pour ne pas me faire prendre, je change les mots, les tournures de phrase. Je suis chanceuse de ne pas avoir encore été démasquée.

    — Bonjour ! Je suis rentrée !

    Je ferme la porte de l’appartement, puis m’installe bien confortablement sur le sofa du salon. Depuis le divorce de mes parents, ma mère et moi habitons dans un magnifique condo neuf, avec de larges fenêtres donnant sur le lac. Évidemment, c’est mille fois moins grand que mon ancienne maison, mais le condo est lumineux, aéré, et ma chambre est superbe. Imaginez le portrait : un lit immense, un bureau vitré sur lequel est posé un nouvel ordinateur portable, une bibliothèque où placer mes dizaines de romans et de CD… Que demander de mieux ? Le seul hic dans ma situation, c’est que je ne vois pas beaucoup mon père. Il possède une compagnie de transport, donc il est souvent sur les routes pour réaliser des contrats. Par chance, il y a toujours le téléphone.

    — Maman ?

    Je vérifie à la cuisine. Puis dans sa chambre. Puis dans son bureau. Aucune trace de ma plus proche ancêtre. Comme c’est étrange. D’ordinaire, elle arrive avant moi. Je m’apprête à regarder dans le réfrigérateur pour me trouver une collation lorsque la porte d’entrée s’ouvre avec fracas. Quand on parle du loup !

    Ma mère et moi, nous nous ressemblons comme deux gouttes d’eau. Mêmes longs et épais cheveux auburn (avec reflets roux !), même bouche en cœur, même regard chocolat et même cou légèrement plus long que la moyenne. Si je suis son portrait tout craché (physiquement, du moins), je tiens ma facilité pour les maths de mon père. Je me souviens que, plus jeune, je délaissais mes Barbie pour m’amuser avec sa calculatrice financière.

    — Allo, ma puce ! Tu as passé une bonne journée à l’école ?

    — Normale. Toi, comment ç’a été au journal ?

    Elle laisse tomber son sac, qui regorge de livres, de CD, de films et d’invitations quelconques. J’adore le métier de ma mère. En tant que chroniqueuse culturelle, elle est invitée à un tas de lancements de disque, de lancements de livre, de concerts, de festivals… Sans parler du fait qu’elle reçoit plein de trucs gratuits ! Certaines semaines, notre boîte aux lettres déborde !

    Attention ! Ce n’est pas parce que ma mère reçoit un truc qu’elle va écrire un beau papier sur le groupe/chanteur/auteur/réalisateur en question. N’empêche, elle risque d’en parler. Vous connaissez l’adage : parlez-en en bien, parlez-en en mal, mais parlez-en.

    — Très bien. À propos du journal… Il y a un cinq à sept, ce soir, entre collègues. Tu crois que je peux te laisser seule quelques heures ?

    — Bien sûr !

    Quelle question ! Comme si, à quatorze ans, j’avais besoin d’une gardienne ! Je suis capable de me préparer à souper moi-même et de rester toute seule le soir sans faire une crise de nerfs !

    Elle me donne un rapide baiser sur le front avant de filer dans la salle de bain. Comme la porte est toujours ouverte, je remarque que ma mère sort deux nouvelles trousses de maquillage. Je fronce les sourcils : il y a anguille sous roche. C’est que ma mère ne se maquille généralement pas beaucoup. Avant d’aller au bureau, elle se met un peu de fond de teint, du mascara, et hop, c’est terminé. Alors, la voir avec tout cela… C’est à se poser des questions ! Elle semble lire dans mes pensées, car elle m’explique d’un ton enjoué :

    — Il y aura beaucoup de monde, et pas seulement du bureau. Je compte faire bonne impression !

    Je lui souris, rassurée, avant de retourner à mon sofa. Dans leurs

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