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Emma
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Livre électronique178 pages2 heures

Emma

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À propos de ce livre électronique

Tu aimes les témoignages? Tu adoreras ce livre! C’est un roman basé sur une histoire vraie.

— Mais pourquoi tu te donnes autant de mal? me répond mon amie.
J’ai une hésitation. C’est vrai, pourquoi? Qu’est-ce que tout ce travail me donne? Je chasse aussitôt ce doute. Je n’arrive même pas à concevoir l’idée de ne pas étudier à fond, de ne pas connaître tous les sujets sur le bout de mes doigts, de ne pas les maîtriser à la perfection. Quel genre d’élève serais-je si je ne le faisais pas? Si je n’avais pas les meilleures notes? Je ne serais pas fière de moi, sachant que je n’ai pas réalisé mon plein potentiel, c’est certain. Et tout le monde serait déçu de moi.
— Je sais pas, Noémie. Je sais juste qu’il faut que je réussisse.
— Mais tu réussis déjà! T’es super bonne, même quand tu étudies presque pas. Tu surpasses pratiquement tout le monde. C’est pas assez pour toi?
Je perçois dans sa voix à la fois de l’inquiétude et de l’agacement.

Psst ! L’auteure de ce livre s’appelle Evelyne. Elle adore tout ce qui est sucré avec une préférence pour le chocolat et la réglisse rouge. Elle aime l’écriture, le dessin, la danse et la musique (mais n’aime pas qu’on l’entende chanter!). Elle déteste la méchanceté, le mensonge et l’injustice. Comme Emma, elle était une première de classe et a déjà été une championne de karaté. Elle voulait aussi être auteure de BD, mais est plutôt devenue romancière.
LangueFrançais
Date de sortie11 avr. 2018
ISBN9782897584825
Emma
Auteur

Evelyne Gauthier

Evelyne Gauthier a d’abord écrit une série de romans jeunesse, Snéfrou le scribe (Pierre Tisseyre) avant de se lancer dans le roman pour adultes avec Amour, chocolats et autres cochonneries (de Mortagne) et Mâle, femelle et autres espèces animales (LER). Sa série pour ados Ariel à l’École des espions a aussi été un succès auprès des jeunes. Elle est également assistante de production chez Guy Saint-Jean Éditeur.

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    Aperçu du livre

    Emma - Evelyne Gauthier

    Épilogue

    Chapitre 1

    Je déteste les lundis matins. Plantée à côté de l’arrêt d’autobus, je sautille sur place et je souffle sur mes mains dans un effort vain pour les réchauffer. Mes gants en petite laine et mon veston à peine doublé ne sont vraiment pas suffisants pour maintenir mon corps à une température acceptable. Je suis transie.

    On dirait que tout est pire, le lundi. La météo, le bruit désagréable du réveille-matin qui me tire du lit, même le goût des céréales. Je ne sais pas si c’est la fatigue, mais je trouve résolument qu’une journée comme celle-ci a une teinte grisâtre.

    Les nuages de vapeur s’échappent de ma bouche alors que je grelotte, pour s’évanouir rapidement dans l’air en minces volutes, emportées par le vent glacial.

    Au-dessus de ma tête, les nuages gris et menaçants se déplacent lentement. La pluie ne va pas tarder à tomber.

    Pour la première fois depuis longtemps, je me dis que j’aurais dû écouter ma mère. Rendue en novembre, je le savais bien qu’il ferait froid. Mais pas question que je commence à enfiler des giga mitaines en polar ou un gros manteau d’hiver aussi tôt dans l’année!

    Je suis déjà la bollée de service, je ne vais pas anéantir le peu de coolness qu’il me reste – enfin, considérant que j’en ai déjà eu – en m’habillant comme une espèce de chasseuse inuite dans le Grand Nord. C’est connu, plus t’es cool, moins tu t’habilles quand il fait froid.

    Bon, c’est vrai qu’être in, ça ne m’a jamais intéressée et que l’opinion des autres, je m’en fous un peu. Mais je ne ferai pas exprès non plus pour avoir le mot «nerd» écrit sur le front. Y a des limites! Et puis, le fait que je n’en aie pas trop l’apparence, même si j’ai les notes, ça me donne un petit quelque chose de marginal.

    J’adore être première de classe, mais je déteste les gens trop straights. J’aime aussi sentir que je suis anticonformiste. Et puis, je prends plaisir à l’idée de surprendre les gens, de ne pas correspondre à l’image qu’ils peuvent se faire d’une personne comme moi.

    Je suis une des rares élèves, à l’école, qui peut porter des jeans troués ou un peu déchirés, par exemple. Je connais plein de parents qui l’interdisent encore à la maison. Il me semble que rendu à 14 ans, et en secondaire 2 en plus, on peut bien porter ce qu’on veut, non? À moins que ça soit vraiment indécent. Mes amis n’arrêtent pas de répéter que mes parents sont vraiment cool. Faut dire que je ne leur cause pas tellement d’ennuis et qu’ils savent qu’ils peuvent me faire confiance. J’ai toujours été la fille sage, qui fait ce qu’on lui demande, alors je pense bien que j’ai mérité d’être traitée comme une personne mature.

    Zut! Il arrive bientôt, cet autobus? Je suis vraiment gelée, moi! J’aurais dû être raisonnable et m’habiller plus chaudement!

    En temps normal, j’essaie de profiter de l’attente à l’arrêt de bus pour réviser ou pratiquer des mouvements de karaté, mais j’ai trop froid en ce moment. M’adonner à des arts martiaux a cet avantage de me donner des airs de Karaté Kid et atténue un peu mon côté impopulaire.

    Au moins, j’ai été débarrassée de mes horribles broches l’année dernière. Y a rien de plus nul à avoir, quand on est une bollée, que des broches dans la bouche. À part des lunettes.

    Benjamin Laramée, lui, s’était fait briser les siennes à peine quelques jours après la rentrée au secondaire. Il n’avait vraiment pas été chanceux. À croire qu’il a tout ce qu’il faut pour avoir des problèmes: il a longtemps été petit, maigre, habillé comme un vrai geek et il traîne toujours un truc genre intello sur lui: un cube Rubik, des figurines Donjons & Dragons, un jeu d’échecs ou des cartes Magic.

    Mais cet été, il a singulièrement allongé et depuis qu’il a pris un bon 30 centimètres, il dépasse presque tout le monde d’une tête. Curieusement, même s’il est toujours aussi maigre, ça a un peu refroidi les ardeurs de certains crétins qui le prenaient comme punching bag il y a tout juste quelques mois.

    Quant à moi, le fait que je pratique les arts martiaux depuis des années suffit à garder à distance la plupart des terreurs de l’école.

    La seule et unique fois où Zacharie Matte, un des grands niaiseux, a essayé de s’en prendre physiquement à moi – au lieu de se contenter des insultes habituelles – il en est resté presque traumatisé. Et pour être honnête, moi aussi.

    Il avait fait une simple connerie. Alors que je me dirigeais vers la sortie de la cafétéria, il s’était faufilé discrètement derrière moi en essayant de retenir un fou rire. Mais j’avais senti sa présence, à cet idiot. Il avait alors essayé de voler le berlingot de lait que je tenais. Et là, tout s’était passé à la vitesse de l’éclair. Même moi, je n’avais rien vu venir.

    Avant même qu’il ait fini le mouvement avec son bras pour ramener le berlingot à lui, je m’étais retournée, je lui avais asséné un coup de poing au ventre et, de l’autre main, je lui avais arraché le berlingot presque au vol. J’avais regardé mes propres bras agir sous le coup de l’impulsion, sans réfléchir. Un peu comme s’ils avaient cessé de m’appartenir et qu’ils avaient eu leur propre volonté pendant un court moment. Le tout s’était conclu en un quart de seconde et Zacharie s’était retrouvé plié en deux au sol, abasourdi et trop étouffé pour pouvoir me crier des noms comme il en a l’habitude.

    C’est d’ailleurs la seule fois de ma vie où je me suis retrouvée dans le bureau du directeur. Pourtant, ce n’était pas ma faute! Mais donner un coup à un autre élève, c’est impardonnable.

    Zacharie et moi avons dû passer une bonne semaine à rester en retenue après l’école. La retenue… l’endroit désigné des derniers de classe… M’y retrouver a été une des pires humiliations de ma vie. Surtout quand je voyais, par la fenêtre, les amis de Zacharie déconner dans la cour ou nous faire des signes en rigolant pour m’emmerder.

    En tout cas, j’ai tout de même une consolation, dans tout ça: j’ai la preuve que mes cours de karaté sont utiles et que si on tente réellement de m’agresser un jour, je saurai me défendre.

    En fait, non, j’ai deux consolations. Car depuis ce temps-là, Zacharie m’achale pas mal moins. Il m’en veut à mort, mais il se tient loin. Il a beau continuer de m’injurier, je m’en contrefiche. Maintenant, je sais qu’il a peur de moi et je n’ai qu’à le fixer du regard avec un grand sourire pour qu’il se calme.

    Et ça, ça vaut bien une semaine de retenue.

    Le bruit des freins de l’autobus qui s’arrête devant moi me tire de mes pensées et me fait sursauter. Le chauffeur ouvre la porte et je monte, pour aller m’asseoir sur un des bancs d’en avant. Je sors un livre afin de me tenir occupée. Le voyage dans le bus est un des moments de la journée que je déteste le plus. C’est encore pire que l’école.

    — Eille! Emma Carpentier!

    Je soupire en entendant mon nom. Cette fois, je reconnais la voix de Mathis Péloquin, un autre crétin. En fait, c’est surtout le boss des crétins. Zacharie n’est peut-être qu’un peureux qui n’agit jamais seul, mais Mathis, lui, n’a pas peur de grand-chose.

    — Eille, la petite Emma, je te parle!

    Grrr… je déteste quand il m’appelle ainsi. La voix s’est approchée. Je sais que je ne pourrai plus faire semblant de ne pas l’entendre bien longtemps encore et que je vais devoir lui parler.

    — Qu’est-ce que tu veux, Mathis? que je lui demande sans lever les yeux de mon livre.

    — J’ai pas eu le temps de faire mon devoir de chimie en fin de semaine. Je peux-tu copier sur le tien?

    Je grimace. Comment peut-on «ne pas avoir le temps» pendant toute une fin de semaine? Il me prend pour une dinde ou quoi? Je lui réponds d’un air aussi froid que possible.

    — Qu’est-ce que t’as fait pendant tout ce temps? Une fin de semaine, c’est deux jours. Ou quarante-huit heures, si tu préfères. C’est trop dur de trouver une heure là-dedans pour faire ton devoir?

    — J’avais trop de trucs à faire pis j’ai oublié. Là, le prof va encore me chialer après. Come on, man, sois donc cool pour une fois!

    Man? J’ai l’air d’un gars, ou quoi? Comme je le connais, Mathis a dû jouer à des jeux vidéo toute la fin de semaine ou déconner au skate park avec ses amis. Je le sais, je l’ai déjà vu dans un parc pas loin de l’école, un dimanche après-midi. Moi, pendant ce temps-là, je passais des heures à étudier, et monsieur voudrait profiter de MON travail? Qu’il subisse donc les conséquences de ses décisions!

    — Non. T’avais juste à faire tes devoirs, Mathis. Tant pis pour toi! Assume!

    — T’es vraiment poche, Carpentier!

    Mathis s’en va, non sans donner une claque sur mon livre, pour l’envoyer virevolter par terre. Il retourne au fond du bus en riant.

    Sans un mot, je ramasse mon livre et essuie la saleté dessus. Gros gnochon, va!

    Un peu plus tard, l’autobus arrive enfin à l’école. La pluie a commencé à tomber en fines gouttelettes. Je suis le troupeau et me dirige vers la cour en pressant le pas.

    J’aperçois alors Mathis, qui agite les bras dans ma direction, comme pour attirer mon attention. Il lève une main triomphante et me montre ce qu’il tient: le devoir d’un autre élève, qu’il a su convaincre – par la menace, peut-être – de le lui prêter pour le recopier. Il me fait alors un sourire moqueur, comme pour me dire: «Tu vois, j’ai eu ce que je voulais!» Il le range illico dans son sac pour éviter de le mouiller.

    Je lève les yeux au ciel et soupire à nouveau. Au moins, sa victoire, il ne l’aura pas eue par moi. Autre mince consolation. Il y a des jours où on doit se contenter de peu pour garder le moral. J’entre enfin dans l’école.

    — Hé, Emma!

    Je me retourne et vois Noémie et Thomas, mes deux meilleurs amis, sur le seuil. Comme d’habitude, ils sont arrivés dans le même autobus – qui n’est pas le mien, malheureusement. Bien que nous n’habitions pas très loin les uns des autres, nous voyageons dans des véhicules différents.

    Noémie et Thomas sont mes copains depuis l’école primaire. Mon amie me ressemble sur certains aspects: taille moyenne et grandeur moyenne. Toutefois, contrairement à moi, qui ai les yeux bruns et les cheveux longs et bruns, elle a les cheveux noirs frisés et les yeux bleus.

    Elle n’est peut-être pas une nerd comme moi, mais elle aussi, elle est plutôt marginale sur les bords. Elle a beaucoup de talents artistiques, et particulièrement en art dramatique. Et elle crie déjà à qui veut l’entendre qu’elle désire devenir comédienne et metteure en scène, et aussi que le théâtre, c’est toute sa vie.

    Thomas, lui, est encore plus excentrique que Noémie et moi. Il change constamment de style vestimentaire. Il peut arriver à l’école avec une chemise blanche, des bretelles et un nœud papillon, puis se présenter deux jours plus tard, vêtu d’un t-shirt usé, de bottes de cuir et d’un long manteau noir. Il a les cheveux mi-longs, bruns, dont il teint souvent des mèches en couleur. En ce moment, elles sont vertes. Mais personne ne sait quand il changera d’idée ni quelle nuance il adoptera. La seule chose qu’il sait et qui est une constante dans sa vie, c’est qu’il aime les gens. Et que s’il devait vivre seul, il deviendrait sans doute complètement fou.

    Je m’approche de mes amis, en forçant un peu un sourire.

    — Salut!

    — Ça va? demande Noémie, d’un air vaguement inquiet.

    — Mouin…

    Mon amie est perspicace et se doute bien, à voir mon air un peu maussade, que quelque chose me fatigue.

    — Qu’est-ce qui se passe?

    Je hausse les épaules.

    — Bof… Mathis.

    — Encore lui! s’indigne Thomas. Qu’est-ce qu’il t’a fait?

    — Pas grand-chose. Il voulait recopier mon devoir et j’ai dit non. Alors, il a lancé mon livre à terre et là, il a décidé de me narguer parce qu’il a réussi à convaincre un autre de lui prêter le sien.

    — Niaiseux… marmonne Noémie en levant les yeux vers les nuages.

    La pluie redouble d’intensité, alors que la cloche sonne. Une partie des élèves retardataires commencent à lancer des cris et à courir vers les portes.

    — Oublie-le, Em, me suggère Thomas.

    «Em», c’est le surnom que Thomas me donne

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