Team Cirque - Un fragile équilibre

Par Dany Hudon

TEAM est une collection jeunesse pour les mordus de sports!

Entraînements, compétitions et rivalités seront au rendez-vous dans ces histoires qui vous donneront autant envie de lire que de bouger!

Grâce aux conseils de ses amis, Olivier a appris à s’ouvrir et peut enfin profiter pleinement de son secondaire. Toutefois, sa nouvelle vie menace de s’effondrer lorsqu’il découvre une lettre qu’il n’aurait pas dû ouvrir. Brisé, il repart à la dérive. À-travers sa préparation pour le spectacle de fin d’année, Oli devra se ressaisir. Qui sera cette bouée de sauvetage dont il a tant besoin?

• Langue: Français
• Éditeur: Éditions Scarab
• Date de sortie: 9 nov. 2022
• ISBN: 9782897656232

Dany Hudon

Dany Hudon est dans l’univers du cheerleading depuis 2006. Fort de son expérience en tant qu’athlète et entraîneur, il rallie sa passion sportive avec celle de l’écriture pour vous offrir un regard nouveau et authentique sur ce sport qui ne cesse de gagner en popularité.

Aperçu du livre

Chapitre 1

Démarrer l’année en force

Vendredi 31 décembre – 23 h 40

L’année tire à sa fin et nous sommes regroupés en famille chez ma grand-mère à Lévis pour célébrer le Nouvel An. Mon père a même réussi à être présent, ce qui tient presque du miracle ! (D’habitude, il travaille toujours sur la base militaire au Nouvel An.) J’ai quelques cousins et cousines, mais tous plus vieux ou beaucoup plus jeunes, alors j’ai fini par me retirer un peu au sous-sol avec mon fidèle cellulaire. Mon amie Miranda était censée venir me rendre visite, alors j’aurais pu passer la soirée avec elle, mais finalement elle a eu un empêchement. C’était prévisible… Je me demande pourquoi je me suis fait autant d’attentes ! Je crois bien qu’il va falloir que j’oublie cette amitié pour de bon.

Après avoir regardé des vidéos TikTok pendant trop longtemps, je suis maintenant perdu dans mes pensées. C’était une première moitié d’année scolaire mouvementée, quand j’y repense. Le déménagement au Saguenay, la rentrée au secondaire, mes débuts dans le programme de Cirque-études à l’ECS… J’ai vécu pas mal d’épreuves ces derniers mois. Sans compter que j’ai réussi à arriver en retard à mon premier cours en me trompant d’école, que je me suis fait un ennemi dès le jour un, ce cher Xavier, le « king » de l’école, et que je me suis ridiculisé publiquement à plusieurs reprises.

Par contre, je suis plutôt fier de moi pour tout ce que j’ai appris en cirque depuis septembre et la forme physique que j’ai gagnée. Gabriel est un excellent prof et m’a aidé à me surpasser comme jongleur. Aussi, j’adore Victor avec son humour douteux. Sinon, je la connais moins, mais je vais aussi devoir travailler beaucoup avec Mégane dans les prochains mois, la prof d’aérien, parce que je n’aurai pas le choix de présenter un numéro en duo avec Béatrice à notre spectacle de fin d’année… Ouache ! L’aérien, c’est Nul ! En ce qui concerne Béatrice, je suppose qu’on va finir par mieux s’entendre. Elle a promis de faire attention à ses commentaires de miss « je sais tout », et moi, je vais faire des efforts pour bien m’entendre avec elle.

En tout cas, j’ai confirmé que c’était bel et bien elle l’auteure des lettres mystérieuses que je recevais via mes emprunts de livres, cette fameuse BMC. Quand on s’est revus, j’étais fâché et j’ai exigé qu’elle m’explique pourquoi elle se mêlait autant de ma vie. Elle a d’abord bégayé une réponse plus ou moins cohérente et on a ensuite eu une discussion mouvementée. Elle a tenté de se défendre en m’expliquant qu’elle se souciait de moi, mais finalement, je ne comprends toujours pas pourquoi elle a agi ainsi…

Bon, d’accord ! Même si je ne veux pas l’avouer, elle m’a bien aidé à l’automne. Mais je ne lui pardonne pas pour autant de se mêler de ce qui ne la regarde pas. En plus, je n’ai rien fait qui pourrait l’inciter à vouloir me venir en aide (façon de parler, parce que je n’ai pas vraiment besoin d’aide…).

Pour en revenir à mon futur spectacle de cirque, je devrai aussi présenter un numéro de jonglerie qui combine les arts clownesques. Là-dessus, je vais probablement m’amuser beaucoup plus. Il va falloir que je sois créatif pour arriver à surprendre les gens avec des trucs drôles et originaux tout en leur en mettant plein la vue.

— Oli, mon chér… Heum. Oli ! Viens nous trouver pour le décompte !

— Oui, oui, j’arrive !

Ma mère commence enfin à comprendre que je ne veux plus qu’elle m’appelle « mon chéri » ou qu’elle utilise d’autres petits mots doux. J’ai douze ans quand même, pas six. J’interromps mes pensées et je monte les escaliers pour rejoindre ma famille. J’arrive quelques secondes à peine avant que tout le monde se mette à crier, un verre à la main :

— Cinq, quatre, trois, deux, un… Bonne année !

La musique s’emballe alors dans la maison, tout le monde s’embrasse en se souhaitant les classiques vœux du Nouvel An et ensuite les gens se dirigent vers le buffet. Mon père arrive près de moi par surprise et me prend dans ses bras :

— Ah que je suis fier de toi, mon gars ! Tu m’impressionneras toujours. Continue à suivre ta passion comme tu le fais et tu iras loin !

Je le remercie rapidement, maladroitement, et je m’échappe de son étreinte. À ce moment-là, j’en profite pour me sauver de plusieurs personnes et je me faufile directement vers la table de nourriture pour enfiler quelques sandwichs coupés en triangles et des légumes avec de la trempette. Bien hâte de voir, de mon côté, ce que la prochaine année va me réserver !

Miranda

Bonne année, Oli ! Je m’ennuie tellement ! Désolée de ne pas être venue te voir, mais on se reprend très bientôt !

J’ai le goût de la croire, j’aimerais beaucoup la revoir, mais je commence à me faire à l’idée que c’est terminé. Je n’ai même pas répondu à ses autres textos de la soirée, sous prétexte que j’étais occupé. Mais en fait, je n’ai pas le goût de lui écrire… D’un côté, je suis fâché que ses plans aient changé, je crois. Je lui réponds tout de même brièvement pour qu’elle ne s’inquiète pas.

Olivier

Merci, toi aussi bonne année !

Ça m’emmène à replonger dans mes pensées et à réfléchir encore un bon moment sur ma situation et mes derniers mois au Saguenay. Suis-je vraiment heureux ? Je crois que ça me manque de m’abandonner à de belles amitiés. Mais j’ai peur qu’elles ne soient qu’éphémères encore une fois… Après un moment de réflexion, j’en viens à la conclusion qu’il va falloir que je fasse de gros efforts pour vaincre ma crainte. Je ne peux pas passer ma vie à me retenir face à la menace d’un autre déménagement. Voilà ma nouvelle résolution de l’année, et je crois qu’en fait je m’y préparais depuis un moment sans vraiment le savoir : me faire de nouveaux vrais bons amis !

Vendredi 7 janvier – 12 h 29

Ça y est ! Notre première semaine d’école est déjà terminée (il faut dire que ça va vite, trois journées) et on attend présentement l’autobus pour se rendre au Turbo ! Presque tout le programme de Cirque-études y sera. J’ai Tellement hâte de vivre ce festival de jonglerie. C’est le plus grand festival de ce type en Amérique du Nord et ça se passe à Québec, tout près de chez nous… Ce n’est pas rien ! Tout ce que j’en sais pour le moment, c’est qu’on va jongler nuit et jour, qu’on va assister à quelques spectacles et qu’il y a même des artistes professionnels qui vont s’entraîner avec nous. Ma mère était stressée de me laisser partir pendant plusieurs jours sans supervision, mais mes professeurs lui ont parlé pour la rassurer. Pas facile d’avoir une maman poule comme ça !

Dès que l’autobus entre dans la cour de l’école Lafontaine, les gens récupèrent rapidement leurs sacs et se dirigent vers l’autobus pour réussir à avoir la meilleure place possible. Par contre, je vois déjà par la fenêtre que les plus vieux sont embarqués avant nous à l’autre école, alors c’est impossible qu’il reste des places tout au fond. En m’élançant rapidement, je réussis à prendre une place juste devant une de ces petites télévisions accrochées au plafond, et je réserve le siège à côté de moi pour que Vince vienne me trouver.

Première étape une fois assis, la plus importante : on sort nos cellulaires pour se brancher sur le wifi de l’autobus avec le mot de passe que Gabriel nous a fourni. En attendant de partir, on se lance déjà sur un petit jeu de course l’un contre l’autre.

— À qui appartient cette valise verte laissée sur le trottoir ?

J’entends Gabriel poser la question à quelques reprises dans l’autobus, mais je suis trop absorbé par mon jeu pour y prêter attention. Quand ma course se termine, je lève les yeux pour constater que c’est Ma valise que le chauffeur est en train d’embarquer par lui-même. Heureusement, il neige à peine, donc elle n’a pas eu le temps de se faire ensevelir jusqu’à se perdre sous la neige (ça n’aurait pas été drôle, pas de valise de toute la fin de semaine et surtout, rien pour jongler !).