Presque adulte: Journal de Lila

Par Gabrielle Bargas

Lila vient d'avoir 14 ans. Elle entre tout juste dans l'adolescence, cet âge étrange entre l'enfance et l'âge adulte. Sur un ton léger, elle nous fait partager ses années de lycée, ses rires, amitiés et histoires de coeur. En tirant une leçon de chacune de ses expériences, elle aide le lecteur à poser un regard neuf sur cette montagne russe qu'on appelle la vie.

• Langue: Français
• Éditeur: Books on Demand
• Date de sortie: 19 janv. 2016
• ISBN: 9782810626687

Gabrielle Bargas

Jeune auteur commençant tout juste ses études universitaires, Gabrielle rêve depuis ses années de lycées de publier ce livre. Fruit d'une réflexion personnelle sur certains aspects de la vie, elle espère que ses lecteurs bénéfécieront des leçons de vie que livre son héroïne.

Aperçu du livre

Sommaire

Pages de titre

Page de copyright

« Un mystère, c'est la plus profonde chose qu'il y ait pour l'imagination humaine. »

Victor Hugo

A ma meilleure amie, pour son amitié fidèle.

A Christophe, pour ses leçons de vie.

Dimanche 6 février 2011

Aujourd’hui, j’ai pris la décision de confier mes réflexions les plus intimes à ce carnet. J’ai trop de pensées secrètes ; je risquerais de les oublier si je ne les mettais pas par écrit.

Magique. Voilà le mot pour décrire cette soirée. Oui, magique.

Concert de l’ONF (Orchestre National de France), orchestre dans lequel je suis depuis deux ans. En flûtiste solo. Place privilégiée.

Mes amis font une « saga », comme dit Maman. Ils n’arrêtent pas de changer de place à l’orchestre, tous se battant pour être à la place la plus prestigieuse. Notre chef d’orchestre a finalement choisi l’un d’entre eux, avant de changer d’avis au dernier moment et de rechanger d’avis quelques minutes avant le concert. Tension extrême entre mes amis.

Mes grands-parents sont venus exprès de Nice pour me voir jouer. J’ai reçu de nombreux compliments, dont celui d’une des flûtistes professionnelles : « Bravo ! Félicitations ! Tu as très bien joué ! Tu avais la pêche ! ».

La préparation pour ce concert était écrasante : répétition tous les weekends, samedi et dimanche inclus. Je pense que plus la préparation est longue, plus on en apprécie les résultats. Je garde cependant de bons souvenirs de moments passés avec mes amis pendant les pauses, Lucien entre autres, qui proposait souvent de m’offrir un chocolat chaud du distributeur : trente centimes seulement. Je nous revoie encore en train de le déguster, affaissés sur des fauteuils confortables. Nous enchaînions ensuite par des petits tournois de baby-foot- que du bonheur.

Samedi 27 février 2011

Pour la première fois de ma vie, j’ai pris le train seule. En réalité, il n’y a rien d’extraordinaire ; il suffit juste de monter dans l’engin et d’en sortir au bon moment.

Je m’éloigne de plus en plus de Lucien, mon meilleur ami d’enfance- nous avons le même âge et nous connaissons depuis que nous sommes nés. Il devient de plus en plus orgueilleux ; il s’est récemment ouvert un compte sur un réseau social dans lequel son pseudonyme est : « Monsieur le big boss ». C’est tout dire.

Jeudi 9 juillet 2011

J'ai étrangement l'impression que ma vie suit celle de Valentine, héroïne d’une trilogie que m'a offerte Marie, ma meilleure amie. Ces bandes dessinées en trois tomes retracent l'histoire d'une fille de la troisième à la première, qui prend progressivement confiance en elle et s'affirme au sein de son entourage. Je me sens au début du premier tome :  Celle que je ne suis pas . J’ai l’impression qu’il me manque quelque chose dans ma vie pour que je sois heureuse et pleinement moi-même- mais je ne sais pas très bien quoi.

Jeudi 1 erseptembre 2011

Rentrée des classes. Quatrième 5. Nouveau collège.

Je me réveille la peur au ventre : ici, je serai la nouvelle. C’est toujours doublement difficile pour les nouveaux : déjà que leur esprit est paralysé par le stress d’un nouvel environnement, il leur faut en plus apprendre le nom de tous les camarades, alors qu’eux n’en ont qu’un seul à retenir.

Le réveil sonne ; je saute hors du lit, m’habille de sorte à donner une bonne première impression, et cours prendre le bus. Une fois déposée à l’arrêt de bus, je marche le plus lentement possible jusqu’au collège. Sur le chemin jusque dans la cour de récréation, tous semblent se connaître et j’essaie de disparaître sous des bises, des bonjours et des « oh tu m’as tellement manqué(e) ! ».

Par miracle, la cloche sonne ; j’ai une excuse pour m’en aller.

Lundi 12 septembre 2011

En cours, je me retrouve assise à côté de Léa, une fille qui semble avoir tous les troisième à ses pieds. Chaque matin, c’est la même histoire :

« Léa, je peux me mettre à côté de toi pour le déjeuner ? »

« Léa, tu l’as acheté où ton sac ? Il est trop fashion  ! »

« Léa, tu pourras me prêter un peu de ton gloss ? Il te va tellement bien ! »

Et j’en passe encore… Mais moi, c’est une toute autre histoire. A midi, comme je ne trouve personne à côté de qui m’asseoir, je m’installe seule dans une table au fond du réfectoire. Comment est-ce possible de se sentir si seule alors que techniquement, je suis entourée d’une centaine d’élèves ?

Mon seul réconfort : un déjeuner correct par rapport aux critères d’une cantine. Dans ce collège, au moins la moitié des élèves sont végétariens, mais la cantine ne sert que de la viande. Résultat : je peux manger autant de viande que je veux, histoire de ne pas gaspiller la viande déjà achetée. Je sais, c’est une consolation bien maigre… mais il faut bien illuminer mon monde gris d’un rayon de soleil.

Mercredi 21 septembre 2011

La campagne commence pour l’élection des délégués de classe. Evidemment, Léa se présente.

Vendredi 30 septembre 2011

Un mois que je suis dans ce collège et je ne connais toujours personne. Ou plutôt, je connais quasiment tout le monde mais je ne me suis faite aucune amie. A croire que je suis vraiment associable.

Bref, voilà pourquoi je me retrouve à passer toutes mes récréations dans les toilettes des filles. Ici au moins, personne ne me voit.

Je me lamente sur mon sort, et voilà que Léa et Emma (sa meilleure amie qui la suit comme un chien) poussent la porte des toilettes. Juste ce qu’il me fallait. Vite, je rentre dans un des cabinets et je ferme la porte à clef.

Ma pauvre, t’as vu qui le prof t’as collée comme voisine ? 

Ouais, Lila, la nouvelle… Elle a l’air tellement coincée, cette pauvre fille. A coup sûr elle ne m’aidera même pas pendant les interros. J’suis trop dégoûtée d’être à coté d’elle toute l’année !

C’est clair, il abuse le prof. T’as qu’à essayer de lui demander de te changer de place.

- Demain je lui demanderai. Et arrête de me piquer mon gloss !

Finalement, elles s’en vont. Ne pleure pas, Lila, ne pleure pas… Mais c’est plus fort que moi ; avant que je le sache, je deviens un arrosoir humain.

Mardi 4 octobre 2011

Léa s’est postée depuis 7h30 ce matin à l’entrée du lycée pour distribuer des tracts et des muffins envenimés de son prénom. On dirait qu’elle a oublié que seule une classe au mieux pourra voter pour elle.

Lundi 3 octobre 2011

Nouvelle trouvaille de Léa : se convertir en végétarienne publiquement. Elle s’est levée dans la cantine, a grimpé sur sa chaise puis a refusé de manger la viande servie en déclarant haut et fort que « c’est une honte de glorifier le meurtre des animaux » et a été emmenée dans le bureau du directeur pour le scandale créé. Mais elle n’en a que faire du directeur. Elle quitte le réfectoire un sourire victorieux aux lèvres : elle a gagné la campagne et elle le sait.

Jeudi 13 octobre 2011

De toute évidence, Léa n’a pas réussi à me faire changer de place. Je suis encore assise à côté d’elle. Je ne sais pas si je dois me réjouir parce que pour une fois elle n’a pas eu