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Excuse-moi petite
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Livre électronique144 pages1 heure

Excuse-moi petite

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À propos de ce livre électronique

Ce texte est une immersion dans le monde sensible de l’enfance ; l’imagination, l’émerveillement puis le temps des désillusions. Au fil d’une narration à la première personne, Lola tournera avec vous les pages d’un vieil album poussiéreux. De ses trente ans, elle fera un saut jusqu’à ses 7, 9, 10 ans. Démêlant ainsi les nœuds que le temps a déposés sur ce grand tricot inachevé, pour offrir à ses filles la possibilité d’employer les pelotes qui leur correspondent. Choisir les couleurs qui sont les leurs sans s’encombrer d’un ouvrage qui ne leur appartient pas. Dans ce récit je vous raconte la seconde naissance de Lola. Sa furieuse envie de naître mère et les délicats enjeux liés à sa maternité. Combien sa sensibilité a fait éclore des remises en question permanentes et un manque de confiance en soi assourdissant. C’est en puisant dans ses mémoires, en offrant un autre point de vue à sa fragilité d’antan que Lola décide de faire enfin la paix avec l’enfant qu’elle a été jadis. Pour elle mais avant tout pour que ses deux fillettes ne se construisent pas à l’ombre des souvenirs. Pour permettre le plus essentiel des apprentissages à ses enfants : s’aimer telles qu’elles sont en chérissant leurs différences. Que leur sensibilité soit un compagnon de route plutôt qu’une lutte personnelle de chaque instant.

À PROPOS DE L'AUTRICE 

Née en 1990 à Lausanne, Manon Pierrand grandit au sein d’une famille nombreuse. De sa mère enseignante et de son père photographe, elle prend goût pour les sciences humaines et l’art. L’écriture et le dessin deviennent rapidement un refuge où exprimer pleinement sa sensibilité. Mère de deux fillettes elle se découvre rapidement une passion pour les thématiques liées à la maternité et à la parentalité. Éducatrice sociale, elle exerce auprès de différentes populations avant de se consacrer à l’accompagnement d’enfants vivants avec des troubles.
LangueFrançais
Éditeur5 sens éditions
Date de sortie12 juin 2025
ISBN9782889497683
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    Aperçu du livre

    Excuse-moi petite - Manon Pierrand

    Couverture pour Excuse-moi petite réalisée par Manon Pierrand

    Manon Pierrand

    Excuse-moi petite

    Insouciance

    « Les grandes personnes aiment les chiffres. Quand vous leur parlez d’un nouvel ami, elles ne vous questionnent jamais sur l’essentiel. Elles ne vous disent jamais : Quel est le son de sa voix ? Quels sont les jeux qu’il préfère ? Est-ce qu’il collectionne les papillons ? Elles vous demandent : Quel âge a-t-il ? Combien a-t-il de frères ? Combien pèse-t-il ? Combien gagne son père ? Alors seulement, elles croient le connaître. »

    Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince.

    *

    2022

    – Maman ?

    – Mhm ?

    – C’est comment d’être une maman ?

    – … c’est…

    Enfant, je me suis souvent imaginé que j’étais le mirage d’un songe étrange. Il ne fallait que quelques secondes à mon esprit pour partir loin du monde réel qui m’entourait. Illusions, douces rêveries, j’ai longtemps cherché à trouver le lien qui nous lie à cette immensité. Aujourd’hui encore, mes pensées m’échappent trop souvent, m’empêchant d’être dans l’instant, ici et maintenant.

    Comment lui dire, comment lui expliquer la douceur et les doutes, l’amour puissant et la culpabilité oppressante.

    – C’est le plus délicat des jeux d’équilibriste. En quelque sorte comme un funambule qui avancerait sans filet.

    – Un « fu-na-bulle ? »

    – Fu-nam-bule. Mais oui, rappelle-toi, ce sont les personnes que l’on voit au cirque. Ils marchent sur un fil sans se tenir. Pas à pas, ils avancent suspendus au-dessus du vide.

    Juliette, l’air perplexe :

    – C’est drôlement difficile ça !

    – Oui, c’est difficile.

    – Ah… Alors c’est nul d’être maman ?

    – Non ! C’est la plus extraordinaire des choses à vivre. Mais c’est aussi la plus difficile.

    – Je ne comprends pas…

    – Eh bien c’est doux et sucré comme de la glace à la vanille, mais piquant comme du piment. Ça enveloppe tout entière, ça remplit, ça pétille, ça réchauffe le cœur. Et ça brûle aussi parfois.

    – Ah oui ! Comme le cacao au lait !

    – Maman ?

    – Oui ?

    – Tu m’aimeras pour toute la vie ?

    – Plus encore !

    Alors, le sourire scotché à ses lèvres, je sens son petit corps chaud se blottir contre ma poitrine, ses mains qui se relâchent, ses paupières qui se ferment. Et bercée par son souffle, je m’assoupis à mon tour hantée par une question sans réponse : et elles, m’aimeront-elles ?

    « J’ai quitté mon enfance comme on s’échappe d’un pays dans lequel on a trop souffert, en se jurant de ne plus jamais y refoutre les pieds, mais c’est ce pays-là qui d’entre tous me manque le plus. » Emilie Frèche.

    *

    1996

    – Lola ?

    – Lola, tu es dans la lune ?

    Voilà qu’en quelques fractions de seconde à peine, je m’imagine sur la lune. Je me demande comment c’est : son odeur, sa couleur, la texture que je sentirais sous mes pieds. Il ne m’en fallait pas davantage pour que mon esprit parte en promenade, m’échappe. Autour de moi, les enfants concentrés sur le son du piano suivent les instructions de notre professeur de rythmique. Assise en tailleur avec eux, j’essaie tant bien que mal de suivre les consignes, mais la tentation de partir dans mon monde imaginaire est bien trop forte.

    De nombreuses scènes comme celles-ci emplissent mon esprit. Me reviennent, reprennent forme. Et doucement, je tente de comprendre cette enfant que j’étais.

    Petite fille j’aimais les ours en peluche et les poupons. Je pouvais passer des heures à observer les branches des arbres se balancer dans le vent et jouer au ballon. Ceux qui pensaient me connaître me trouvaient calme, patiente, douce. Enfant maladroite, mais qui ne faisait pas de vague.

    *

    2001

    Aujourd’hui, c’est vendredi et comme chaque fin de semaine, c’est classe de neige avec mes camarades de CP. La fin de l’après-midi annonce doucement le week-end douillet qui approche.

    Dans le train qui redescend de la station, je savoure une barre de céréales tout en chuchotant à mes rares copines « tu as vu celui-là, il a les yeux tout jaunes, c’est sûr qu’il fume ». Puis nous ricanons jusqu’à ce qu’il nous remette à notre place. J’en suis immédiatement cramoisie, honteuse.

    Je descends du train, papa et maman m’attendent en souriant. Je ressens alors l’apaisement de mon cocon rassurant. Rapidement, Léo, mon frère cadet, et moi retrouvons nos jeux d’enfants. Sereins et aimés, nous nous sentons à l’abri dans ce noyau familial qui a le pouvoir de nous donner l’impression d’être protégés du monde extérieur.

    Mon enfance a défilé ainsi, bercée entre rêves et réalité. Parfois teintée d’une infinie douceur, d’autre fois mêlée à une forme de mélancolie impalpable.

    Les amitiés étaient rares, mais précieuses. J’aimais me sentir entourée, ma famille m’apportait de l’apaisement, de la force. Je nous revois enfants mes deux frères, ma sœur et moi. Les petits déjeuners du dimanche, la tresse maison. Les nombreux cartoons que nous regardions au lever du jour, une fois les escaliers dévalés sur la pointe des pieds. Les trois rangées de notre voiture familiale, les chamailleries, les rires, les igloos dans la neige, les parties de Nintendo 64 et les manettes qui traversent la pièce de rage. Les réveillons tant attendus, les chuchotements lors de l’installation des cadeaux. Puis les petits rituels, « Lassie » avec mon frère, les histoires du soir que contait ma sœur dans notre gîte auvergnat. Les posters déchirés, les bonbons partagés… le champ derrière le chalet que nous traversions pour vivre des aventures de toutes sortes. Imaginant tout un tas de scénarios plus rocambolesques les uns que les autres.

    De ces instants précieux, je conserve en moi de doux souvenirs. Un sentiment de contemplation et d’innocence.

    J’ai neuf ans et quelques amies, je suis amoureuse d’un garçon à qui j’adresse des poèmes. Il sort avec une fille, peu jolie, mais drôle.

    Léo et moi sommes timides, sensibles, je crois. Les événements nous touchent profondément. Nous passons des heures à jouer tous les deux, quelques animaux en plastique, des cailloux et de l’herbe suffisent à notre bonheur.

    – Léo, pince-moi, je veux être sûre de ne pas rêver !

    – Comme ça ?

    – Aie ! ! Mais pas si fort ! !

    J’ai neuf ans et les bras de papa et maman suffisent encore à apaiser mes peurs. Chaque surprise est un trésor qui nous apporte instantanément une joie immense.

    Nous adorons partir en vacances. Chaque année, le rituel est le même. Papa et maman, souvent stressés par les préparatifs, remplissent la voiture avant la nuit tombée. Puis ils nous réveillent au petit matin pour prendre la route.

    Mes affaires sont prêtes, j’ai même pris le temps de m’excuser auprès des doudous que je n’emporte pas cet été. J’espère qu’ils ne seront pas trop tristes de rester seuls ici.

    Léo et moi tentons de contenir notre excitation à l’approche du départ. Notre planning du jour est digne d’un ministre : jeux, découvertes et activités diverses afin que les heures s’égrènent plus rapidement.

    – On part dans combien de temps déjà ?

    – Mhmm, dans neuf heures.

    – Je crois que demain à cette heure-ci nous serons déjà de l’autre côté de la frontière, dit Léo.

    Auvergne. Il fait doux ce soir, nous sommes en vacances en France. Papa prend beaucoup de photos, nous faisons les clowns avec Léo. À celui qui fera la plus belle grimace.

    Ce matin, nous avons passé de longues minutes sur le rebord de la fontaine. Celle devant la petite boulangerie d’où s’échappe l’odeur de pains au chocolat, de croissants et de baguettes croustillantes. La boulangère a une petite fille. Marion. C’est devenu ma copine d’ici. Je l’ai suivie dans sa petite chambre à l’arrière du commerce. Dans les escaliers se mêlaient odeur de levure, de farine et de vieux. Oui, oui, de vieux. Cette odeur dont semblent imprégnés certains grands-parents.

    Sur cette même fontaine, nous rions avec ma sœur aînée. Emilie parle d’un gars du coin qu’elle trouve à son goût. Je lui réponds d’une grimace, mais je dois bien l’avouer, je suis moi-même séduite par ce grand blond d’au moins 15 ans mon aîné. J’aime le goût de la liberté que procurent ces voyages estivaux.

    Le matin, nous attendons que les parents émergent en regardant des dessins animés. Les publicités de boissons fraîches me font rire, elles s’accompagnent toujours de chansons joyeuses.

    Les kilomètres défilent tandis que papa conduit. Maman et lui adorent bouger, nous faire découvrir tout un tas d’endroits et de paysages. Moi ce que je préfère, c’est m’endormir bercée par le bruit du moteur et les contours de la route. Et puis il y a toujours un aîné pour déposer un oreiller de fortune sous ma tête qui ballote hors du siège.

    *

    2022

    Ce soir sur le canapé, blottis les uns contre les autres, ce sont des histoires d’animaux, d’enfants, de force, de courage, mais de chagrin, de déception et d’émerveillement que nous lisons. Les princesses attendent sagement leurs beaux princes dans une librairie.

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