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Nino, un si gentil garçon: Un roman young adult
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Nino, un si gentil garçon: Un roman young adult
Livre électronique221 pages2 heures

Nino, un si gentil garçon: Un roman young adult

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À propos de ce livre électronique

Depuis que Nino est né, c’est toujours la même rengaine : « C’est un brave et très gentil garçon » !

Nino s’en est lassé. Oui, mais comment s’en défaire quand ses rougeurs, sa tendresse, ses silences et son besoin de faire plaisir le dénoncent régulièrement aux autres ? En déboulant dans sa vie, Julie a forcément la solution ! Avec elle, Nino va découvrir le bonheur de s’affirmer. De dire non. De n’en faire qu’à son cœur au nez des conventions. D’en finir une fois pour toutes avec sa frayeur de vivre et ses timidités.

Un road-movie adolescent touchant et juste !

EXTRAIT

Les défenseurs du mariage emploieraient ce mot : recomposée. Avec le mépris de ceux qui savent. Ceux qui ont tout vu, tout compris et qui doivent nous expliquer ! Dans la décharge des coeurs brisés, on prend les débris et on recycle. Mon père ferait sous peu l’odieux ménage : il jetterait officiellement ses amours et son alliance dans la benne à souvenirs. Il s’unirait au grand jour à Clémentine. Une nouvelle famille sortirait de l’ombre. Recomposée. Quatre
déchets de mariage reconstitués en une seule cellule. Clémentine Capron, Julie Capron, Jacky Pernaud et Nino Pernaud — moi.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Je suis né le 16 janvier 1966. Comme ce fut en hiver, je suis resté frileux. Comme ce fut ici-bas, je suis devenu rêveur. Aussi longtemps que durera la terre, j’en serai un déserteur. Elle est trop rêche ! D’ailleurs, je râle : jusqu’à 13 mois, je hurle. Mes parents désespèrent : jour et nuit, leur fils braille. Des spécialistes m’auscultent : je n’ai rien. Tout va bien. L’avenir le prouve : je rentre bientôt à l’école et dans le rang. Je deviens l’enfant sage dont les maîtresses raffolent. Quand j’arrive au collège, je rêve d’être comédien. Moi si timide sur la terre me débride sur la scène : je m’arrache à la vie en jouant celle d’un autre. J’ai une maîtrise de lettres et j’ai fini l’armée. Alors que faire ? Comédien ? Il s’agit d’être sérieux ! Je vais bientôt me marier.

Je cherche un métier sûr : je serai professeur de français. Tableau noir et austère. Dans les cahiers, ma prose est rongée par les vers. Surtout, pas de gros mots : ils doivent garder la ligne. Je les mets sur le carreau, je respecte les consignes. Mais la marge me démange. Alors j’écris sur la pointe des mots, d’abord des pièces ; très vite, des romans ; aujourd’hui, des chansons.

Et j’apprends tout doucement à savourer la vie, à tourner toutes ses pages jusqu’à noircir enfin les plus belles de celle-ci ! Ma femme m’offre un garçon. Comme j’avais déjà trois filles, ma marge prend des allures de chapiteau ! Quatre enfants et des rêves. En fait, je n’en ai plus qu’un : être heureux tous les six et faire le cirque enfin dans ce monde sans étoiles.
LangueFrançais
Date de sortie9 févr. 2018
ISBN9782930848389
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    Aperçu du livre

    Nino, un si gentil garçon - Christophe Renault

    1

    Les défenseurs du mariage emploieraient ce mot : recomposée. Avec le mépris de ceux qui savent. Ceux qui ont tout vu, tout compris et qui doivent nous expliquer ! Dans la décharge des cœurs brisés, on prend les débris et on recycle. Mon père ferait sous peu l’odieux ménage : il jetterait officiellement ses amours et son alliance dans la benne à souvenirs. Il s’unirait au grand jour à Clémentine. Une nouvelle famille sortirait de l’ombre. Recomposée. Quatre déchets de mariage reconstitués en une seule cellule. Clémentine Capron, Julie Capron, Jacky Pernaud et Nino Pernaud — moi.

    Nous étions à l’aube d’un drame dont le bonheur naîtrait. Ma mère avait le sens de la tragédie : nul doute qu’elle retarderait dans ses cris l’harmonie. Elle la retarderait d’autant plus rageusement qu’elle ne supporterait pas d’en percevoir les bienfaits. Jamais mon père n’avait été aussi heureux. J’avais même découvert ces derniers jours des fossettes et des élasticités que son visage m’avait toujours tenues secrètes. Il ne parlait plus : il enfilait les bons mots. Il ne riait plus : il vengeait ses silences. Il n’espérait plus : il vivait.

    Nous revenions de Bretagne et j’en étais convaincu : dans la voiture, sortant d’une échappée clandestine, cette famille-là n’était pas recomposée, mais réenchantée. Elle avait dégoté des rires qui, depuis trop longtemps, avaient pris la poussière. Chaque passager mesurait l’urgence à les astiquer des pires ou des meilleures pitreries. La dernière de Julie m’avait ôté la vue. Sur un geste obscur de sa mère, elle avait détaché le chèche de son cou pour en couvrir mes yeux. Je n’avais pas à protester : je ferais le reste du voyage derrière un voile. D’ailleurs, on ne résiste pas à Julie Capron. Parce que Julie Capron est comme sa mère : elle a les clés d’un royaume fabuleux. Elle pousse une porte : tu la franchis. Impossible de traîner sur le seuil : la féerie s’offre au premier couloir. Alors tu bascules : tu laisses tes timidités sur le paillasson et tu t’aventures vers l’inédit.

    Et déjà, je découvrais le bonheur d’un œil nouveau. L’appréciant par l’ouïe seule, j’en ressentais chaque vibration. Tout l’équipage narguait les pesanteurs : aucun souci, aucun remords, aucun parasite ne troublait les connivences. Chacun s’appelait d’un cri muet et intérieur qui obligeait la vigilance. Attention ! Une blague allait partir. Il n’était pas question de la rater. Elle nous était destinée. À nous. Rien qu’à nous. Je comprenais cette évidence : on est heureux — formidablement heureux — lorsque chacun invente l’instant et le consacre à l’autre. C’était un concert de tendresse dont la complicité bannissait les solistes. Pas question de se mettre en vedette ! Surtout pas. S’unir ! Il fallait s’unir et rester soudé. Clémentine siffla une pause le temps de proposer au pilote :

    — Sors, si tu veux. Je vais prendre le relais.

    — Quel relais ? s’étonna mon père.

    — Le volant !

    — Tu veux prendre le volant ?

    — Mais d’abord que tu sortes de l’autoroute.

    Une averse de pluie aussi lourde que soudaine réclama le silence pour mieux parader sur les tôles et les vitres. J’entendis mon père enclencher les essuie-glaces. Ralentissant, il signala par un clignotant sa prochaine destination. La famille Capron l’avait perçu : le chauffeur méritait désormais tous les égards et toutes les discrétions. Motus et bouche cousue. La manœuvre exigeait une prouesse : on quittait l’autoroute pour retrouver la conduite avec virage sur voie glissante et rétrécie.

    Le bonheur poussa ses derniers soupirs. Échos de bonne humeur en suspens. Figés. Glacés soudain par la trajectoire du véhicule. Bobsleigh. Le volant n’est plus qu’un élément de décor : les roues ne sont plus au chauffeur. Le sol les accapare.

    Trempé d’eau, le goudron en retient les pneus et les amuse dans ses sillons. Les passagers ont désormais des plaintes muettes et intérieures. Des prières et des suppliques à Dieu, au macadam et au destin. Mes doigts se crispent dans l’intérieur de mes cuisses. Ma porte se cogne à une ferraille hurlante. La carrosserie lutte un instant pour s’abandonner soudain à une liberté aussi violente que mystérieuse.

    Une liberté où mon cœur s’ébat et s’épuise en questions. Parce que le bruit, c’est un repère. Le choc accroche à la vie. Il est l’ultime frontière qui sépare du vide. Du vide sidéral. Après, c’est le grand silence. L’imagination devient seule source d’information. On ne sait plus rien : les frayeurs inspirent des cauchemars. Retirer mon voile ? Il le faut. C’est la raison. Et un réflexe !

    Déjà contrarié par un soubresaut : mes doigts se perdent dans l’air au son des gémissements de tôle et de caoutchouc. Un cri s’ajoute au tumulte. Clémentine le pousse dans un bouillon de salive. Un couple et un bonheur qu’on déchire au nez des projets ! Une fin de vacances qui part en cabriole. J’ai la tête à l’envers et les tripes en fusion. La famille recomposée n’est plus qu’un tourbillon. Une toupie qui menace d’éclater en morceaux !

    Ma tête vacille d’une épaule à l’autre. Les ongles de ma voisine s’accrochent à ma manche. Mon père est muet. Désespérément muet. Je l’imagine en corps à corps avec les lois de la gravité. Le plafond veut enfoncer mon crâne. Les vitres s’éparpillent dans un chaos de verre pilé. Un sifflement annonce le pire : des éclats de pare-brise cisaillent quelques chairs et libèrent des veines. Je tente une dernière fois d’arracher ce satané chèche. En vain !

    La voiture s’apaise. La bête a livré son combat tour à tour avec le ciel, le sol et les insectes. Les éléments ont gagné. Quelques derniers râles de carrosserie déchiquetée présagent un équilibre. Tout se stabilise. Tout se fige. Tout se tait. Silence glaçant.

    Une odeur faite d’essence brûlante et de sang frais me pénètre jusqu’à l’estomac. Bouger ? Parler ? Me risquer à m’ausculter de mes propres doigts ? Me risquer jusqu’à découvrir des chairs pendantes et des plaies vives ? Je ne broncherai pas. C’est décidé : mon père me donnera le signal. Son rire — son rire seul — me rendra à mon corps. Jusqu’à l’entendre, je resterai dans le souvenir de nos pirouettes. Planqué dans ma terreur. Calé dans cette odeur. Yeux couverts. Au chaud.

    2

    On remuait. Julie s’était sans doute libérée de sa ceinture et inspectait discrètement l’équipage. Je guettai sa respiration, voulant y trouver quelques indices sur ses sensations. Devant quel spectacle s’obligeait-elle à soutenir le regard ? Des mouvements doux, du tissu chuchotant, des râles discrets… J’écoutais tout, tendu, me noyant dans les mystères les plus morbides. Interminablement. Une main délicate, à peine fiévreuse, vint enfin cueillir la mienne. On me questionna d’une secousse tendre et feutrée :

    — Hé !

    Étais-je en vie ? Je pressai mes doigts pour donner mon verdict. Oui. Je bougeais. Respirais. Oui. L’accident aurait tôt fait de rentrer dans l’histoire des faits divers. Oui. L’actualité demeurait au beau fixe. En plus, c’était l’été. J’avais quinze ans et le pire dans ma mémoire. Le meilleur était à venir. Mon père me l’avait dit. Répété tout au long de cette dernière semaine. Il fallait se laisser aspirer par l’horizon ! Sans retenue ni appréhension. Je m’abandonnai donc : on voulait ma présence ; je l’assurais déjà en m’ôtant à la ceinture qui m’avait sauvé du pire.

    — Tu te sens prêt à marcher ?

    — Je ne sais pas…

    — Viens !

    Julie n’avait rien perdu de son aplomb. « Viens ». Après quelques loopings, la belle avait la voix ferme du capitaine qui a connu tous les naufrages. Je voulus me délivrer de ce chèche dont je découvrais les parfums. Quand tout à bord sentait la fumée crasse, le tissu exhalait des senteurs de muguet. Julie était une coquette et offrait à sa peau des grands jets d’eau de toilette. Elle était tout près de moi. Elle murmura :

    — Garde-le. Fais-moi plaisir : garde mon foulard. C’est mieux.

    Je vérifiai ma voix :

    — Pourquoi mieux ?

    — Fais-moi confiance.

    J’étais perdu. Groggy. Incapable de réfléchir ou de protester. Je bredouillai vaguement :

    — Mais…

    — Viens !

    Les doigts de Julie enveloppèrent les miens et me tirèrent hors de l’habitacle. Le doute n’était plus permis : la voiture était retombée sur ses pneus. Le sol était fait d’herbes molles et mouillées. La pluie s’agitait encore, mais avait désormais la politesse d’une bruine. Pour être étonnamment silencieux, les alentours me firent mesurer la violence de l’accident. Il fallait que les tonneaux nous aient roulés loin du trafic pour que le bruit des moteurs soit désormais si confus. Julie m’intima :

    — Attends-moi là. Ne bouge pas.

    — Tu vas où ?

    — Récupérer les valises.

    — Où ?

    — Il y en a un peu partout…

    Planté sur mes deux pieds, sonné et chaloupant, je percevais ma soumission sans même chercher à lui résister. Au moins étais-je préservé de l’horreur et de l’initiative. Julie s’occupait de tout en m’accordant un écran noir aux effluves de muguet. Ses pas froissaient la verdure avec la vivacité d’un animal sauvage. Elle trottait d’un bagage à l’autre pour recomposer le coffre de notre famille réenchantée. Son énergie augurait du meilleur : elle avait celle de la fille aussi sereine que soulagée.

    Je demandai :

    — Tout le monde va bien ?

    Négligeant ma question, elle revint bientôt pour accabler mon épaule d’une lanière. Un sac d’une dizaine de kilos y était suspendu. Ce serait ma charge. Elle avait la sienne. On partageait les valises et on y allait. Je m’aventurai :

    — Où ?

    — Avance, je te dis. Grouille !

    — Mais… ?

    — Je t’expliquerai : avance. Tout droit. En confiance. Dès qu’il y a un obstacle, je te préviens et je te guide. Go !

    3

    Plus que le vent et la pluie, c’était l’esprit qui ralentissait les pas. La bonne conscience collait aux semelles. Julie Capron, malgré ses charmes et ses sortilèges, n’avait aucune action sur mes scrupules. Le bon samaritain insultait l’aventurier qui osait naître en moi. Il eut cette voix :

    — On ne peut quand même pas filer comme ça…

    — Pourquoi ? râla Julie.

    — Eh bien, pour eux ! Pour nos parents…

    — Parce que tu veux faire quoi ? Les ausculter ? Les radiographier ? Si tu as le diplôme et le scanner dans les poches, je veux bien qu’on y retourne ; autrement, explique-moi l’intérêt…

    — L’intérêt, c’est d’être là. De leur parler.

    — Parce que tu crois que les secours vont nous laisser taper la discute ? Dès qu’ils seront sur les lieux, ils vont nous jeter dans les buissons. Ou alors, nous emmerder avec leurs questions et leur autorité médicale. Il faudra les suivre : on pourra leur expliquer qu’on est bien, choqué sans doute, mais bien ; à tous les coups, ils nous obligeront à faire escale aux Urgences. Ils nous diront gentiment que c’est « pour de simples examens », n’empêche qu’ils en profiteront pour alerter ta mère. Et les emmerdes sérieuses commenceront… Alors, dis-moi franchement : tu as mal quelque part ?

    — Non ! Mais eux, ils…

    — Eux ? Parce que tu crois vraiment que si je les avais vus dans un piteux état, j’aurais organisé cette vadrouille ?

    On approcha mon dos et dénoua avec vigueur le chèche. Et la lumière fut ! On me rendait la vue pour mieux la provoquer. Julie était désormais face à moi :

    — Tu crois vraiment que si j’avais trouvé ton père et ma mère la tête en sang, tout débraillés, gonflés d’hématomes, éparpillés dans la boîte à gants, je t’aurais proposé la promenade ?

    Elle s’approcha d’un pas :

    — Tu me prends vraiment pour une grosse salope ou je n’ai aucun sens de l’observation ?

    — Mais non, mais la situation…

    — Quelle situation ? Tu la connais, toi, la situation ? Moi, je l’ai vue. En face. Jusqu’à parler avec ma mère. Jusqu’à lui faire une promesse. Alors je la tiens !

    — Quelle promesse ?

    — Avance et je te dirai !

    Du moment où j’avais croisé les yeux de Julie, j’avais été fasciné. Cette fois, j’étais littéralement ensorcelé. Si on riait souvent de ma prétendue culture, je mesurais devant ce regard à quel point je ne savais rien des pierres précieuses. Émeraude, saphir, améthyste, aucune des gemmes que je maîtrisais n’aurait pu mériter la comparaison : les prunelles de Julie dépassaient en éclat et en densité ces plus prestigieuses pépites. Chaque bille était bleu nuit, piquée de diamants où vibraient, selon les lumières et les humeurs, des éclats verts, ocres ou mauves.

    Huit jours plus tôt, j’ignorais jusqu’à l’existence de cette créature. À cet instant, elle était définitivement indispensable à ma vie. Mon père m’avait pourtant prévenu : je serais séduit ! Forcément charmé ! Brune, capiteuse, orpheline d’un éminent psychiatre, rieuse, aussi longue que pittoresque, dix-sept ans, une vraie bourrasque d’un mètre soixante-dix. Bref, la copie joviale de sa mère ! Emballée dans cette couenne ambrée, galbée et croustillante, que son père kabyle lui avait fournie comme papier cadeau.

    J’aperçus quelques panneaux de signalisation routière. L’un d’eux combla mon attention : Caen centre ville. Me situant enfin dans l’espace, je voulus interroger l’horloge de mon portable. Fouillant mes poches, je compris que l’accident les avait vidées. Julie m’éclaira :

    — Il est midi vingt. Alors magne. On a une demi-heure pour atteindre la gare.

    4

    La gare de Caen avait de beaux espaces et des baies vitrées. J’appréciais sans doute sa modernité et ses lumières, mais l’endroit avait sa charge habituelle de vacarme et de stress.

    J’ai toujours détesté les gares. J’ai toujours détesté ces gens qui se croisent, s’ignorent, se poussent, insultent les affichages, se pressent et s’angoissent dans une proximité poisseuse ! J’y suis comme un panda chez les primates : ils gesticulent, se cherchent des poux, rêvent de voyage et me perturbent dans ma dégustation immobile de bambous.

    J’avais, d’ailleurs, toujours eu cette impression : on naît dans un zoo. Tous. On ouvre les yeux sur des grillages. Très vite, on nous marque au fer rouge. Notre réputation est faite : le fort en maths sera ingénieur, le bavard commercial et le dernier menuisier. Pour les rêveurs, c’est plus compliqué : on hésite. On les enferme d’un parc à l’autre et on observe leurs réactions. Des prédispositions finissent par accepter les cadenas : les poètes trouvent leur cage. J’avais trouvé la mienne :

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