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L’exorcisme: ou le voyage éblouissant
L’exorcisme: ou le voyage éblouissant
L’exorcisme: ou le voyage éblouissant
Livre électronique83 pages59 minutes

L’exorcisme: ou le voyage éblouissant

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À propos de ce livre électronique

Nés à Alger, Arlette et Jean Domon n’ont plus revu l’Algérie depuis leur installation en France en 1958. En 1975, une invitation inattendue, venant de Constantine, leur pose la question du retour. Jean, enthousiaste, veut retrouver cette terre, ses couleurs, ses parfums. Arlette, réticente, souhaite oublier le passé pour se consacrer à son statut d’épouse et de mère. Finalement, le couple entreprend ce voyage qui les amènera à confronter leurs réflexes de jeunesse à la nouvelle facette du pays qui s’offre à eux, à la fois semblable et distinct de celui qu’ils croyaient bien connaître. Cette fois, ils découvrent un peuple accueillant, différent de celui au milieu duquel ils ont vécu vingt-cinq années de leur existence, le regardant pour la première fois « avec le cœur ». Dès lors, ces découvertes agiront comme un exorcisme qui bouleversera et orientera leur vie à l’inverse de ce qu’ils avaient envisagé.
LangueFrançais
Date de sortie29 juil. 2022
ISBN9791037762849
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    Aperçu du livre

    L’exorcisme - Jean Domon

    Pourquoi ?

    Depuis treize ans, nous nous étions habitués à l’exil, plus préoccupés de construire notre nid ailleurs que de suivre les balbutiements de la révolution algérienne.

    Ceux qu’on appelait injustement « les Rapatriés » occupaient toute notre attention, en particulier nos parents qui avaient laissé leur patrimoine en Algérie, pire encore leur jeunesse, leur vie.

    C’est pourquoi ce jour de mai 1975, nous avons reçu comme une déflagration dans notre quotidien, l’invitation de notre jeune frère et sa famille en coopération à Constantine, à venir faire un tour au pays avant qu’ils ne rentrent en France leur séjour accompli.

    Mais pour la première fois dans notre vie de couple, nos attitudes s’opposèrent fermement.

    Pour Jean, le lien charnel enfoui comme une vieille douleur en voie de rémission se raviva quoique seule la terre l’attirât avec ses couleurs et ses parfums.

    En ce qui me concerne, l’insertion de ma famille, non pas rapatriée mais proprement exilée puisqu’installée depuis cinq générations en Algérie, occupait tous mes efforts et mon imagination. Il s’agissait de faire oublier à maman la douleur de la séparation qui avait manqué de lui faire perdre l’esprit.

    Cependant, aussitôt ce projet connu, ce fut elle qui m’encouragea à accepter afin de ne pas mettre notre couple en difficulté.

    Les impressions du retour furent tellement riches qu’il nous fallut les décrire, au jour le jour, et chacun de son côté, sans autre intention que de laisser déborder le trop plein d’émotions. Il faut dire que nous n’avions pas prévu l’accueil que nous réserverait ce peuple aux côtés duquel nous avions passé 25 ans de notre vie, sans le voir ni le comprendre.

    Jusqu’à ce que, peu à peu, nous prenions conscience de l’exorcisme qui s’opérait en nous, nous révélant l’inconscience dans laquelle nous avions vécu, dans une ville exclusivement française, plus par habitude ancestrale que par véritable indifférence.

    Bouleversés, nous découvrions une terre habitée par un peuple chaleureux et accueillant, nous ouvrant tout naturellement la voie royale de la fraternité.

    Pourquoi aujourd’hui ?

    Nous avons réintégré moralement et affectivement l’Algérie à la suite de ce voyage. Nous y avons noué de belles amitiés. Nous y sommes revenus plusieurs fois et pour des raisons diverses, seuls ou en famille jusqu’à envisager d’y passer de plus longs séjours. Jusqu’à ressentir une empathie douloureuse lors des différents carnages endurés par les Algériens, les aidant et les hébergeant selon les cas, les approuvant toujours dans leur volonté de liberté démocratique.

    Maintenant, devenus vieux, ne pouvant leur prêter main forte, et même si le temps a contrarié nos espoirs, voire nos projets communs, nous croyons que ces notes de voyage ont leur place, et dans l’histoire de l’Algérie, et dans l’histoire de la France dont nous souhaitons par-dessus tout la collaboration fraternelle.

    Arlette et Jean Domon

    Chapitre 1

    Le choc du retour

    Mardi 27 mai 1975 – 12 h 15, heure algérienne

    Arlette

    Le premier choc : la côte constantinoise, les collines et les champs sont verts. Le continent nord-africain n’a pas été plus épargné que l’Europe par le mauvais temps.

    En cinq minutes, nous survolons Constantine, ses grands immeubles comme des châteaux de cartes. Une espèce de briquet géant, extra-plat, se dresse apparemment seule sur un sommet. En fait, il s’agit du bâtiment de 20 étages de toute l’administration universitaire.

    Plus tard, nous visiterons les bâtiments d’un seul étage tout autour, avec leurs nombreux amphis en sous-sol.

    Le Turbo-Jet Boeing 727 « Tassili » de la Cie nationale Air Algérie perd encore de l’altitude et l’on aperçoit très nettement au milieu d’une immensité nue ocre et brune des tentes de Bédouins aux couleurs assorties à la terre.

    Sur la terrasse de l’aérodrome d’Aïn el Bey, la famille nous attend.

    Sur le terrain bordant les pistes d’envol, les fleurs d’Algérie, les herbes d’Algérie, les couleurs d’Algérie sont là pour nous accueillir aussi.

    Second choc : la chaleur. Celle qu’on attendait dans son cœur mais pour laquelle notre tenue n’est pas de mise. À Vitrolles, nous avions froid il y a une heure !

    Au débarquement, on passe au compte-gouttes. Il faut dire où nous allons et surtout déclarer « les devises ». Les douaniers paradent. Profitant de la hardiesse d’une belle et jeune Algérienne très émancipée qui en a hélé un (son passeport nous a appris qu’elle se prénommait Dalila) nous faisons enfin vérifier nos bagages. La soubressade, ça passe ; les saucisses, ça passe ; le fromage, ça passe. Et les devises ? On annonce la couleur et ils inscrivent sur nos billets retour la somme apportée.

    Troisième choc : les eucalyptus. Nous en avons rêvé pendant 16 ans.

    Premier repas algérien : des crevettes. Le cœur me manque de joie. Le mouton n’a pas le même goût que là-bas… là-bas qui se perd de plus en plus dans les brumes du souvenir, tant l’emprise du « pays » est forte.

    Après-midi dans les rues de Constantine aux odeurs de sueur et d’épices. Le grouillement de la foule est ahurissant. Nous voyons, nous sentons, nous rions, nous nous souvenons, mieux nous revivons le présent !

    Étonnante moyenne de jeunesse de la

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