Au temps du Covid-19
Confiné à Paris, l’écrivain Marc Lambron nous livre en exclusivité son journal. Il y évoque son balcon, les Beatles, des anchois épicés, les cloches de Saint-Séverin et les propriétaires de poissons rouges.
Dimanche 15 mars
Ce matin, devant le bureau de vote de la rue Saint-Jacques, les électeurs observaient dans la queue une distance de précaution d’un mètre environ, et l’on entrait au compte-gouttes. Rues désertes vers neuf heures du matin, un climat d’Occupation. Mais vers seize heures, les rives de la Seine, ensoleillées, accueillaient des centaines de promeneurs : un sentiment de Libération. En face de Notre-Dame de Paris, bandée comme un pachyderme accidenté, quelques bouquinistes avaient ouvert leur étal. Il y a une culture française de la bravade qui s’exprime dans la rue. Le dimanche suivant les attentats du Bataclan, on avait déjà vu des Parisiens circulant en grappes sur le pavé, comme pour défier la camarde.
Ma fille Juliette, qui allait passer en vélo sous mes fenêtres, m’en avertit par texto. Je me poste sur le balcon du quatrième étage. Nous conversons par téléphone en nous adressant des signes. Elle, sous mon balcon, moi en surplomb. Comme un dialogue de quartier dans une comédie italienne.
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