Nous n’avons pas assez joui
Dimanche 3 mai
En passant devant un cinéma UGC de la place de l’Odéon, je lis les titres des films figés au moment où débuta le confinement. On pourrait y voir une allégorie du moment. Radioactive pour les fléaux s’abattant sur l’humanité. Dark Waters pour la trouble situation où nous sommes plongés. La Communion pour les solidarités qui se déclarent chaque jour. Un fils pour l’espoir que d’autres générations habiteront cette planète.
Dans l’une des meilleures biographies parues ces dernières décennies, le Jean Cocteau de Claude Arnaud, on trouve des éléments de description de Paris à l’automne 1940. La capitale était devenue presque silencieuse. « Une planète morte », relevait alors Ernst Jünger, tandis que le jeune Jean Genet y voyait « une sorte de Pompéi ». Claude Arnaud note : « Un décor à la De Chirico, une ville pétrifiée où l’on n’entend plus que les fers d’un cheval claquant au loin sur les pavés ou le chant d’une perdrix. » Et de compléter ainsi le tableau : « Ayant grandi sans voitures à moteur, sans gaz ni électricité, les vieux Parisiens n’en croyaient pas leurs yeux, en respirant le grand air au Châtelet ou en achetant de l’ail place de
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