Marché noir et andouillettes
Dimanche 5 avril
Deuxième journée de grand soleil sur Paris. Comme je m’aventure jusqu’à la rue de Buci pour trouver un kiosque à journaux ouvert, je tombe sur Serge Moati. C’est l’une des dernières personnes que j’aie vues avant le début du confinement : il réalise en ce moment un documentaire sur l’Académie française et m’avait filmé le 12 mars à son domicile, l’Institut de France étant déjà fermé. Ce projet est interrompu, comme est compromis le sort du livre qu’il venait de publier, Lettre à Anita, une autobiographie en forme de missive à sa petite-fille. Conversation de trottoir : il me dit qu’il devait filmer Erik Orsenna pour son documentaire, je lui fais valoir que, au demeurant, confiner Orsenna est un oxymore.
Comme la réclusion offre une occasion de raffinements culinaires, Serge semble moins craindre le Covid-19 que les ruses du cholestérol. Nous parlons de Tunis, de l’amitié entre sa famille et celle de Philippe Séguin, qu’il côtoya jeune dans une section SFIO, et de l’incompréhension plus tard de la mère de Séguin serinant à son fils : « Mais qu’est-ce que tu fais avec ces gens de droite ? »
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