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Après l'Armageddon
Après l'Armageddon
Après l'Armageddon
Livre électronique320 pages4 heures

Après l'Armageddon

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À propos de ce livre électronique

Une catastrophe nucléaire. Un serial killer insaisissable dans les rues de Paris. Un mystère au Mexique.

Ce recueil de nouvelles de l'écrivain et scénariste multirécompensé Brian L. Porter comprend quelques-unes de ses meilleures histoires. La nouvelle qui donne son titre à cette collection, « Après l'Armageddon », décrit les conséquences d'une destruction nucléaire avec un rebondissement final. La Voix d'Anton Bouchard, bientôt adaptée par Thunderball Films, raconte les méfaits du « Boucher », un tueur sanguinaire qui rôde dans les rues de Paris lors d’un été caniculaire. Suivez les pas de ce dangereux criminel depuis les profondeurs de son esprit.

« Un diable familier » nous emmène dans une petite ville mexicaine où le capitaine Juan Morales travaille sur une bien étrange affaire. Dans « Ciel rouge sur l’océan », un sous-marin émerge de mission pour découvrir un monde différent où l’équipage semble seul. « É.R.I.C. » et « Folie collective » sont des récits de pure science-fiction tandis que « Le festival » plonge le lecteur dans le paranormal.

Ces quelques récits et d’autres forment ce recueil excitant auquel a également participé l’autrice de récits d’horreur, Carole Gill, avec sa nouvelle « Attraction morbide ».

LangueFrançais
ÉditeurNext Chapter
Date de sortie7 janv. 2021
ISBN9781071583098
Après l'Armageddon

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    Aperçu du livre

    Après l'Armageddon - Brian L. Porter

    À la mémoire d’Enid Ann Porter (1914-2004),

    qui n’a jamais cessé de croire en son enfant unique.

    À Juliet, mon âme sœur et ma muse.

    Et à la mémoire de Malcolm Davies.

    Remerciements

    J’exprime toute ma gratitude à feu mon ami, Malcolm Davies, dont les connaissances approfondies de la Roumanie m’ont aidé dans l’écriture de « Le son du Silence ». Comme toujours, ma femme Juliet est toujours restée à mes côtés. Son soutien m’est extrêmement précieux.

    Ken Copley et Sheila Noakes ont lu et relu mes épreuves sans faire de concession. Si leur avis avait été défavorable, ces histoires ne se retrouveraient pas aujourd’hui dans ce recueil. Enfin, j’aimerais aussi remercier profondément l’éditrice Kristina Dalton. Sans sa gentillesse, son énergie et son soutien sincère, ce livre n’aurait jamais pu trouver sa forme finale.

    Enfin, j’aimerais remercier mon amie, Carole Gill, qui a contribué à ce recueil. La voir publiée avec moi est une manière de lui exprimer toute ma reconnaissance pour m’avoir présenté aux incroyables employés de Creativia Publishing.

    Quelques Mots Sur Ce Recueil

    Ce recueil d’histoires courtes (et moins courtes) écrites par Brian L. Porter regroupe diverses œuvres de l’auteur. De nombreuses thématiques sont abordées dans ces nouvelles, prouvant le talent de l’auteur à passer d’un genre à l’autre, du côté sombre et dérangé de l’esprit humain comme c’est le cas dans « La Voix d’Anton Bouchard » et « À bout de souffle » à des récits de science-fiction comme « Folie collective ». Des histoires d’anticipation, notamment « Mégalithes » et « Ciel rouge sur l’océan », laisseront le lecteur pensif quant à un futur possible de l’humanité. « Un silence assourdissant » est une virée cauchemardesque dans les paysages désolés d’un hiver roumain tandis qu’« Une sale affaire » est une historiette nous prouvant qu’il ne faut pas toujours se fier aux apparences.

    La nouvelle « Une chienne toxique » s’inscrit dans la lignée des histoires d’horreur gore sur un fond de mauvaise gestion de nos ressources et de notre pollution.

    Enfin, nous avons inclus quatre chapitres du dernier roman de Brian L. Porter, « Sous les cieux mexicains » pour donner un avant-goût aux lecteurs. Apparu pour la première fois dans la nouvelle « Un diable familier » (parue chez Eternal Press), le détective mexicain Juan Morales est ensuite revenu dans la longue nouvelle « Avenue of the Dead » (non traduite), publiée par Creativia, au format papier et numérique. Il est aujourd’hui de retour pour l’affaire la plus complexe à laquelle il ait jamais fait face. Une histoire où le crash d’un avion sur un site archéologique met au jour un secret depuis longtemps enfoui. Des événements qui donneront lieu à une enquête de meurtre et de complot sur fond de vol d’antiquités et de trafic d’êtres humains.

    Enfin, l’autrice Carole Gill nous a fait l’honneur de nous laisser publier sa nouvelle « Attraction morbide » à la fin de ce recueil.

    La Voix d’Anton Bouchard

    Introduction

    Comment devient-on un serial killer ? Quelques-uns des psychiatres, psychologies et criminologues les plus éminents du monde moderne ont tenté d’élucider ce mystère. Un tueur en série naît-il ainsi ? Manque-t-il dans leur matériel biologique le gène qui leur permet d’éprouver de la compassion envers leur prochain, ce qui les mènerait à penser qu’ôter des vies est un acte des plus banals ? Se pourrait-il qu’ils aient hérité le désir de tuer ? Dans ce cas, l’enfant d’un psychopathe suivra-t-il toujours les pas de ses parents ? La science pourrait-elle définir le mal comme une pathologie ? quelque chose qui se soigne avec des médicaments ? L’imprévisibilité d’un tueur en série le rend difficile à identifier et à appréhender. La plupart du temps, la chance joue un grand rôle dans leur arrestation. Malheureusement, nombre d’entre eux courent toujours et la liste de leurs victimes s’allonge. Parfois, seule la mort du tueur ou son âge avancé peut mettre fin à leur règne de terreur.

    Une autre théorie a cependant gagné en crédibilité ces dernières années. De nombreux vétérans ayant subi un traumatisme ne parviennent plus à vivre normalement après avoir vécu les horreurs de la guerre. Certains d’entre eux se sont rendus coupables de crimes à leur retour. Incapables de retrouver un semblant de normalité après avoir perdu toute sensibilité pendant la guerre, ils voyaient la mort comme un élément de leur quotidien. Ils se sentaient dès lors contraints de continuer sur la lancée entamée lors de leur carrière militaire. Ainsi, il semblerait que l’esprit humain soit façonné par les événements de la vie, qu’un traumatisme peut transformer un citoyen équilibré et respecté en le plus abominable et impitoyable des meurtriers.

    En réalité, nous devons bien avouer que nous n’avons tout simplement pas encore la réponse. Un jour, peut-être, les spécialistes du domaine découvriront comment un individu en vient à perdre la moindre once d’humanité au point de se mettre à tuer ses semblables de manière systématique et, parfois, en suivant des rituels précis.

    En attendant une réponse, nous ne pouvons que continuer à découvrir avec effroi les méfaits sordides que la presse populaire prend plaisir à relayer. Pendant ce temps, l’esprit des personnes comme Anton Bouchard reste un mystère pour le monde entier. Un sentiment permanent de danger flotte, de peur de devenir la malheureuse victime qui tombe dans les filets de ces meurtriers. Alors, la prochaine fois que vous croiserez votre voisin dans la rue, rappelez-vous de garder les yeux grands ouverts, de rester vigilant, de toujours rester vigilant.

    Dans la tête d’un tueur en série

    Été 2003

    Paris ! Le simple nom de cette belle métropole française suffit à évoquer le romantisme et la culture. Dans les grands palais et les galeries d’art, les touristes se baladent en nombre dans les rues de la ville de l’amour. Des familles se frayent gaiement un chemin dans la capitale pour atteindre Disneyland tandis que les visiteurs affluent dans les divers sites d’exception que sont l’Arc de Triomphe, le Palais de l’Élysée ou encore la tour Eiffel.

    Pourtant, dans la chaleur étouffante d’un été particulièrement long et assommant, Paris était devenue le théâtre d’une des plus grandes traques survenues du début du XXIe siècle. Surnommé « Le Boucher » par la presse populaire, un tueur menaçant et invisible ciblait les belles jeunes femmes, les soumettant à d’horribles tortures avant de mettre fin à leur vie de manière brutale et sanglante.

    Tandis que la police menait son enquête sur une série de meurtres qui ne faisait que s’allonger avec les semaines, l’opinion publique s’insurgeait pour que cette vague meurtrière se termine enfin, pour que la police mène le Boucher devant les tribunaux. Cette vague de reproches pour des actions efficaces et des résultats grondait de plus en plus fort au fur et à mesure que les victimes se multipliaient. Malheureusement pour les Parisiens, sans un mobile de crime clairement défini et sans indices – le tueur semblait doué d’une aptitude incroyable à couvrir ses traces et à disparaître tel un fantôme dans la nuit –, la police était dans l’impasse.

    Les victimes semblaient choisies au hasard et, avec chacune d’entre elles, le niveau de brutalité augmentait sévèrement. Bientôt, les rues de Paris furent désertées par les femmes dès que le jour se couchait. La peur avait envahi la ville et Paris risquait de se transformer en zone de non-droit pour la gent féminine. Ces événements mettaient également en péril le tourisme ; les visiteurs se faisant bien moins nombreux, une sévère menace pesait sur l’économie de la capitale. Tandis que la chaleur estivale montait, la pression populaire sur la police devenait aussi accablante que la température.

    Plus personne ne savait à qui se fier. Les gens commençaient à soupçonner leurs voisins, des amis se déchiraient pour le moindre prétexte. C’était comme si la suspicion l’emportait sur les anciens liens. Paris attirait l’attention des médias du monde entier : CNN, CBS, ABC, la BBC ou encore ITN, toutes ces chaînes anglo-saxonnes avaient leurs représentants sur place pour couvrir les faits et satisfaire la curiosité morbide du public. Curieusement, les présentateurs, caméramans et techniciens de ces réseaux d’outre-mer étaient tous des hommes. Aucune chaîne n’osait mettre son personnel féminin en danger en les envoyant sur place.

    Une chaleur infernale pesait sur la ville, ses rues et ses boulevards à l’atmosphère suffocante. Nombreuses étaient les femmes qui refusaient de quitter leur maison le soir, du moins, pas sans une personne de confiance pour les accompagner. D’autres, plus insouciantes ou inconscientes, voire les deux, ne voulaient pas laisser ce meurtrier les intimider. Elles ignoraient donc volontairement le danger que représentait cette menace pour mener leur vie normalement. Certaines n’avaient bien entendu pas d’autre choix, car elles devaient travailler pour subvenir à leurs besoins. La plupart d’entre elles eurent de la chance, mais quelques malheureuses croisèrent le chemin du tueur.

    Chapitre 1

    Anton s’assit, écoutant attentivement, la tête légèrement penchée, déterminé à ne pas manquer un seul mot. Il écoutait la voix de son autre, douce, mais néanmoins persuasive. Comme toujours, Anton était captivé par le rythme qui résonnait dans sa tête chaque fois que l’autre prenait la parole. Fasciné par ce doux son, il se sentait comme dans un cocon, isolé du monde. Seule la voix qu’Anton écoutait comptait. Cette dernière se taisait petit à petit, disparaissant dans un recoin de sa tête. Anton répondit sans s’en rendre compte à voix basse :

    Je sais, je sais. Je comprends ce qu’il faut faire.

    Vous allez bien, m’sieur ?

    La question de la serveuse qui était venue remplir sa tasse de café mit une fin soudaine aux réflexions d’Anton. L’inquiétude transparaissait dans sa voix.

    Mmh ? Qu’est-ce que vous voulez ? grinça Anton, l’irritation à peine voilée.

    Je suis désolée, m’sieur. Je me demandais juste si vous en vouliez encore, répondit-elle en montrant la bouilloire en inox étincelante.

    Visiblement effrayée par la réaction d’Anton, elle évitait désormais tout contact visuel avec ce client acariâtre.

    Oui, merci. Désolé pour l’impolitesse. Je réfléchissais juste à voix haute, s’excusa Anton.

    La jeune fille se détendit quelque peu et sourit en signe d’acceptation des excuses avant de rapidement remplir la tasse d’Anton et de tourner les talons, pressée de fausser compagnie à cet étrange homme bourru assis près de la fenêtre. Il la regarda se réfugier derrière le haut comptoir au fond du café. Ses yeux transperçaient son dos tandis qu’elle marchait, notant chaque détail de sa démarche, de son léger déhanché au mouvement de ses deux nattes blondes qui caressaient doucement, en passant par le bruit de ses chaussures qui claquaient sur le sol brillant de propreté.

    Anton appréciait ce qu’il voyait. Cette fille était tout à fait son type. Elle satisferait parfaitement ses besoins. Le nom inscrit sur le badge épinglé à sa blouse indiquait « Michelle ». Oui, Anton reverrait Michelle. Comme appelée, la voix dans l’esprit d’Anton resurgit. Sa colère envers la serveuse fut instantanément oubliée. Puis, la voix s’éteignit à nouveau et Anton regarda ses mains : elles tremblaient. Il posa ses paumes contre la nappe à carreaux roses et blancs, les pressant jusqu’à ce que les tremblements disparaissent. Anton eut l’impression qu’il coulait, se noyant dans une mer de peine incontrôlable, perdant pied avec la réalité. Il tenta alors de réfléchir de manière rationnelle au moment où sa vie s’était mise à lui échapper.

    Quand avait-ce débuté ? Il se posa la question encore et encore tandis qu’il buvait à petites gorgées son troisième café noir bien trop sucré et observait à travers la vitre les passants qui ne devaient le voir que comme un client anonyme parmi tant d’autres. Quand est-ce que la soif de sang qui le consumait s’était manifestée ? Quand est-ce que la voix dans sa tête l’avait envoyé pour la première fois faire ce qui devait être fait ? Car il fallait que cela soit fait, tel était bien le mot. Il n’avait pas le choix, même si personne ne comprendrait jamais. Il le savait avec une certitude aussi grande que sa foi en la voix. Non pas qu’il était d’accord avec elle sur tout, bien entendu. Il était bien trop intelligent pour cela ! Oh non, il débattait souvent sans fin avec elle. Seulement, la voix finissait toujours par gagner, par surpasser sa logique et sa raison. Si un jour la police venait à l’appréhender, il savait très bien qu’il serait conspué, haï et très probablement déclaré fou. Pourtant, il n’était pas fou, bien qu’il soit le seul à pouvoir en juger.

    Anton avait 48 ans et sa chevelure autrefois dense et marron foncé était devenue prématurément grise. Depuis, il les coupait toujours très courts, de manière à ne pas attirer l’attention sur son vieillissement qui coïncidait avec l’apparition de la voix. Du reste, il gardait une excellente forme physique et se tenait toujours parfaitement droit quand il marchait, sa silhouette imposante dépassant la plupart des gens dans la rue. Sa tourmente interne aurait peut-être pu être trahie par la tristesse qui transparaissait dans ses yeux, mais peu de personnes prenaient la peine de le regarder de si près.

    Il laissa ses pensées voguer quelques minutes encore avant que la réponse à sa propre question ne s’impose. Il y a trois ans, ou pas loin, conclut-il soudainement. C’est à ce moment que tout avait commencé, qu’il avait entendu la voix profonde qu’il ne pouvait faire taire pour la première fois. Peu après les fêtes du passage au nouveau millénaire, c’est là que c’était arrivé. Il sourit, satisfait, comme s’il venait de se débarrasser d’un lourd fardeau. Alors que la solution venait de lui apparaître, il fut tiré de ses rêveries par une voix familière, mais néanmoins importune.

    Anton, comment ça va ? Ça fait si longtemps. Où est-ce que tu te terrais ?

    André Deladier était journaliste, mais c’était aussi son beau-frère. Ou devait-il dire ex-beau-frère ? Il ne savait plus trop bien. Il était très certainement la dernière personne au monde à qui Anton voulait parler. La présence d’André ne faisait que lui rappeler la souffrance et la longue agonie de sa chère Félicité, la petite sœur d’André. Elle avait été la femme d’Anton, son amour, sa vie. Médecin spécialisé dans les maladies infectieuses, elle avait voué six mois de sa vie à tenter de soulager les souffrances des populations pauvres du Soudan, avant de revenir et de mourir d’une fièvre hémorragique fulgurante contractée pendant sa mission en Afrique subsaharienne. D’abord fou de joie que sa femme soit revenue, Anton avait dû la regarder agoniser, impuissant. Lentement, le mal s’empara de tous ses organes et ses traits autrefois si délicats furent déformés par la douleur. Le sang semblait couler de chacun de ses orifices, oreilles, yeux, nez. Impuissant, il n’avait rien pu faire pour l’aider, témoin de la liquéfaction de ses organes, de la destruction graduelle de son corps, ressemblant de moins en moins à sa femme. Il avait pleuré, blâmé Dieu, les médecins et toute personne qui pouvait l’entendre hurler, mais personne n’avait pu aider sa femme. Anton avait vu le corps de sa femme ravagé par cette terrible maladie qui l’avait littéralement fait fondre sous ses yeux. Les médecins avaient tout tenté, mais les dégâts furent fulgurants. Il était déjà trop tard et sa mort arriva comme un soulagement tant pour elle que pour lui. C’est à ce moment que la voix lui avait parlé, cette nuit où elle l’avait quitté, une nuit si longue, si noire, si vide. Alors qu’il fermait les yeux dans l’espoir vain de s’endormir, le sang brouillait ses pensées. Il sut alors ce qu’il devait faire. Anton avait changé et il ne serait plus jamais l’homme qu’il avait été avant d’avoir vu l’horreur.

    Il se tourna vers André Deladier, notant la ressemblance entre son visage et celui de sa femme : les mêmes yeux, le même nez aquilin, les mêmes cheveux blonds. Cette similitude évoquait des souvenirs trop douloureux qui ne firent qu’amplifier la colère qu’éprouvait Anton.

    Va-t’en, André ! Je n’ai pas de temps pour toi.

    Mais, Anton... On est tous inquiets pour toi.

    Il parlait sûrement de sa femme Arlette et de leur fils Bernard. Avec les années, la jalousie d’Anton s’était amplifiée chaque fois qu’il pensait qu’André avait toujours la chance d’avoir sa femme, sa famille, à ses côtés. Cela faisait plus d’un an qu’il n’avait vu ni Arlette ni son neveu. Malheureusement, André avait la mauvaise habitude de le croiser dans les pires moments tandis qu’ils vaquaient chacun à leurs occupations quotidiennes. Pourquoi ne pouvait-il pas le laisser en paix tout simplement ?

    André, combien de fois faudra-t-il encore que je te le dise ? Va-t’en ! Je veux que tu me laisses tranquille. Je n’ai ni le temps ni l’envie de m’engager dans une conversation fade et inutile, ni avec toi ni avec personne d’autre.

    André lança à Anton un regard mêlant pitié et frustration. Il remarqua à quel point Anton semblait avoir vieilli en peu de temps. Comme à chaque fois qu’il le croisait, Anton se montrait agressif et préférait se complaire dans son malheur. Chacun de leurs échanges ces dernières années se passait de la sorte. Il savait très bien qu’Anton n’accepterait pas l’invitation, mais l’amour que portait sa sœur envers cet homme le poussait à essayer encore et encore.

    Anton, hé ! Anton... Si c’est ce que tu veux vraiment, je m’en vais. Mais il faut que tu te remettes un jour. Félicité nous a quittés. Aussi triste et dramatique que ce soit, et n’oublie pas que je l’aimais moi aussi, il faut que tu ailles de l’avant. Tu ne peux pas te morfondre éternellement.

    J’ai mon travail, répondit simplement Anton.

    Il fixa intensément André qui y décela tout ce qu’il avait besoin pour justifier un départ rapide. Alors qu’il s’en allait, André ne put retenir un dernier commentaire.

    Rappelle-toi tout de même que la vie ne se résume pas au travail, Anton. Tu ne penses qu’à la mort, toute la journée, tous les jours. Tu ne peux pas t’en empêcher.

    Au revoir, André, le coupa Anton.

    Tu as tellement raison, mon cher beau-frère. Je ne pense qu’à la mort, surtout à celles que je provoque, celles qui où je peux déceler toute la douleur, le sang, les cris et cet incroyable supplice final qui marque les dernières secondes de vie. C’est ce qui rend la mort si intéressante, mais tu ne comprendrais pas si je t’en parlais, ni toi ni personne. Tu es bien trop pitoyable et étriqué d’esprit pour saisir l’essence, la beauté de ce que je fais.

    Le temps qu’Anton formule cette pensée, André avait disparu. Il ne l’avait même pas vu partir. Il laissa quelques euros sur la table, sans attendre sa monnaie en retour. Il attrapa son manteau qui pendait sur le dossier de sa chaise et quitta le café à la hâte.

    Il retrouva sa voiture là où il l’avait laissée et conduisit sa Peugeot sur les trois kilomètres qui le séparaient de son bureau, où il s’assomma à coup de paperasses administratives avant de décider de s’en arrêter là. Il était impatient d’être chez lui. Anton avait beaucoup de travail devant lui et il espérait se rafraîchir avant de se préparer à la tâche qu’il s’était assignée. Malgré son besoin urgent, Anton fit un détour avant de rentrer, roulant dans les rues de Paris. Il devait se vider la tête, faire le tri dans son esprit après cette longue journée. Un tour en voiture ferait l’affaire.

    Le climat extrêmement chaud avait amené de nombreux touristes dans la ville. Depuis sa voiture, il observait la foule grouillante. Il ne put s’empêcher de remarquer que les jupes des filles semblaient se faire plus courtes au fur et à mesure que les jours passaient, que le port du short s’était généralisé et que même les hommes d’affaires avaient mis de côté leur vestons et marchaient, pour la plupart, en chemises à manches courtes, sans cravate. La chaleur avait pour effet de lever les inhibitions des jeunes et des moins jeunes. La vue des corps féminins peu vêtus agissait sur lui comme une lumière attirant les libellules. Anton entendit l’urgence dans le ton de sa voix interne. Il reconnut l’appel. Euphorique, il était plus que prêt.

    Chapitre 2

    Pendant qu’Anton passait son après-midi à planifier son escapade de nuit, au Département de la Sûreté, avait lieu une réunion entre le commissaire de la police de Paris et le professeur Henri de la Croix, un spécialiste du profilage de tueurs en série. Ils espéraient trouver quelque chose, n’importe quoi pour aider la police dans la traque de ce criminel dont les crimes terrorisaient toute la population. Ils s’étaient déjà rencontrés deux fois auparavant, mais l’escalade dans la violence des sévices infligés aux victimes avait rendu nécessaire cette troisième entrevue. Il fallait montrer que les forces de l’ordre, soumises à une rude pression, faisaient quelque chose. Peut-être cette réunion aiderait-elle, au moins à rassurer l’opinion publique.

    Alors Professeur ? Vous connaissez les faits aussi bien que nous. Quelque chose attire-t-il votre attention ?

    Comme je vous l’ai dit la dernière fois, les « faits » ne nous apprennent pas grand-chose. Ni les rapports médico-légaux des scènes de crimes ni les résultats des analyses post-mortem réalisées sur les victimes ne nous donnent le moindre indice sur le tueur.

    D’accord, mais après tout ce temps, nous devrions en savoir plus sur sa personnalité, non ?

    Eh bien oui. On peut tirer quelques conclusions. Par exemple, le fait qu’il ne laisse aucun indice derrière lui prouve qu’il s’agit de quelqu’un d’intelligent et de très méticuleux. Son mode de vie doit sûrement être assez semblable ; son domicile est probablement propre et rangé, tout parfaitement à sa place. Il pourrait aussi souffrir d’un trouble obsessionnel compulsif, du genre qui mène à se laver les mains et à ranger sa maison plusieurs fois par jour, par exemple.

    Êtes-vous sûr qu’il s’agit d’un homme, professeur ?

    Bien sûr. Aucune femme ne pourrait perpétrer des crimes d’une telle nature envers des personnes du même sexe. De ça, je suis certain. C’est bien un homme et, comme je le disais, un homme intelligent. Il sait que la moindre preuve finirait immanquablement par mener la police à lui, alors il prend garde à effacer des scènes de crime la moindre trace de lui ou de ses armes.

    Une idée sur son âge ?

    Je ne peux pas deviner à l’aveugle, Simon. Tout ce

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