PAS SÛR QUE LES ESPIONS soient dotés d’un look particulier ni d’un tempérament spécialement frondeur. Il est en revanche évident que Noor Inayat Khan et Rose Valland offrent des profils aux antipodes des Ian Fleming, Kim Philby et autres Mata Hari. La première, fille d’un soufi indien poète et musicien et d’une Britannique, se fait, très jeune, apôtre de la paix ; la seconde, née en Isère dans la famille d’un maréchal- ferrant, est une « simple » attachée de conservation au musée du Jeu de Paume. Points communs de ces deux femmes, antihéroïnes sur le papier ? Une droiture sans faille, un courage exemplaire, une humilité non feinte, et un combat sans relâche contre le nazisme. Au péril de la vie. Si la Française Rose Valland s’endort en septembre 1980 à l’âge de 81 ans, l’Indo-Britannique Noor Inayat Khan meurt à 30 ans en septembre 1944 au camp de concentration de Dachau. Méconnues du grand public, elles bénéficient d’une jolie reconnaissance grâce à deux biographies romancées empathiques, sobrement titrées Noor et Rose Valland, qui leur donnent de la chair, « du sang et des larmes ».
Naissance à Moscou en 1914, petite enfance en Angleterre, adolescence à Suresnes, près de Paris, études en psychologie à la Sorbonne… malgré ses années baladeuses, Noor n’a rien d’une aventurière lorsqu’elle débarque à Londres en juin 1940, mais cette fan de Jeanne d’Arc est mue par une sérieuse envie