Au nom du père
A CHACUN SON PÉRE: protecteur, exemplaire, salvateur, tapageur, castrateur, violeur… Que l’on soit fils ou fille, l’ombre paternelle imprime durablement nos vies… et la littérature, qui s’est emparée depuis la nuit des temps de cette figure originelle. Cette rentrée ne faillit pas à la tradition. Mieux, nous assistons à un véritable tir groupé de la part des auteurs les plus attendus, de Christine Angot à Marc Dugain, et d’Amélie Nothomb à Sorj Chalandon, en passant par Simonetta Greggio ou encore Emmanuelle Lambert, pour ne parler que de ceux qui s’inspirent de leur père réel pour composer leurs tombeaux de papier. Ils sont tous morts, ces géniteurs, « héros » d’autant de formidables romans d’admiration, d’absolution, de protestation ou de dénonciation. Mais ressuscitent ici par la grâce de l’écriture.
Christine Angot
La dialectique du pervers
Sur la scène médiatico-littéraire, Christine Angot fait figure de tru–blion idéal. Ses idées tranchées, son franc-parler parfois arrogant, ses postures intransigeantes déclenchent polémiques et cris d’orfraie. Reste l’oeuvre, tout aussi clivante, ses dé–tracteurs affûtant leurs armes dès l’a nnonce d’un nouveau roman. Ils ne seront pas déçus avec ce qui poursuit, après (1999), (2012) et (2015), l’exploration intime de son histoire familiale si peu banale. « Encore! » s’écrieront les blasés, oubliant qu’à 40 ans, en 1999, Christine Angot prenait courageusement la parole pour dénoncer l’indicible. Un début de rébellion, un sillon qui permit à d’autres victimes d’inceste d’exprimer à leur tour les maux qui continuent de les tarauder des années après leur viol… L’écrivaine en est la parfaite illustration, cherchant inlassablement à comprendre l’enchaînement des faits, à décoder
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