LIBRAIRIE DE L’EXPRESS

ELLE, VIVE, EST UNE FEMME SOLAIRE qui travaille pour une association et aimerait s’épanouir en tant qu’artiste. Lui, Etienne, est buté et soupe au lait – détail cocasse, ce garçon psychorigide travaille comme correcteur dans l’édition! Ils sont ensemble depuis dix ans, mais il y a de l’eau dans le gaz depuis qu’Etienne soupçonne Vive d’infidélité. Un jour, le mari jaloux finit par exploser et par tuer son épouse d’une trentaine de coups de couteau. On ne dévoile rien: dès le deuxième paragraphe de L’Epaisseur d’un cheveu, Claire Berest vend la mèche. L’intérêt de son nouveau roman ne réside donc pas dans la chute, mais dans la façon dont elle décrit la montée irrésistible d’une tension qui ira jusqu’au crime passionnel.

Les soeurs Berest, Anne et Claire, se sont imposées ces dernières années comme deux figures de la littérature actuelle. Elles sont loin d’être jumelles. Si le style d’Anne (autrice de ) est froid, sur Frida Kahlo) est volontiers baroque, coloré, incontrôlable. Son livre, qui relève plus du thriller psychologique que du polar pur et dur, contient quelques morceaux de bravoure – mention spéciale à un dialogue de sourds d’une dizaine de pages où Vive et Etienne s’embrouillent peu à peu, chacun s’enfonçant dans ce qu’il dit sans écouter ce que raconte l’autre. Plutôt que de se renseigner sur les pervers narcissiques en lisant Eric Reinhardt, mieux vaut en apprendre de belles sur les bourreaux possessifs avec le dernier Claire Berest, plus fort.