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Les Anges Déchus du Barrio
Les Anges Déchus du Barrio
Les Anges Déchus du Barrio
Livre électronique221 pages3 heures

Les Anges Déchus du Barrio

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À propos de ce livre électronique

"Les Anges Déchus du Barrio" est un polar nerveux, au rythme rapide et au style assez visuel. On y plonge dans l'univers sombre des gangs du Salvador, la MS-13 pour être précis... Mais ce n'est que la toile de fond d'une aventure humaine, celle de deux frères tombés dans l'engrenage du crime: quand tout se précipite et s'écroule autour d'eux, quelle voie choisiront-ils? Pourront-ils seulement la prendre ensemble? Mais avant tout, survivront-ils à cet enfer?
LangueFrançais
Date de sortie4 mars 2015
ISBN9782322015658
Les Anges Déchus du Barrio
Auteur

Hubert Bouiron

Jeune auteur de 30 ans, natif de Montpellier, Hubert Bouiron est passionné d'écriture depuis son enfance. Sans prétention, il tente l'aventure littéraire avec une première oeuvre, "Les Anges Déchus du Barrio". Et d'autres projets suivront très bientôt! En attendant, il jongle avec d'autres activités, restant toujours dans le domaine de la plume (parolier, etc...).

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    Aperçu du livre

    Les Anges Déchus du Barrio - Hubert Bouiron

    Sommaire

    Les Anges Déchus du Barrio

    Préface

    CHAPITRE I : retour en terre étrangère

    CHAPITRE II : les liens du sang

    CHAPITRE III : au croisement des destins

    CHAPITRE IV : premiers pas dans le barrio

    CHAPITRE V : le crime encré dans la peau

    CHAPITRE VI : baptême du feu

    CHAPITRE VII : ascension vers les abîmes

    CHAPITRE VIII : liaison dangereuse

    CHAPITRE IX : un loup dans la bergerie

    CHAPITRE X : brise de douceur au coeur d'un volcan

    CHAPITRE XI : et la lumière fut

    CHAPITRE XII : entre les griffes du Diable

    CHAPITRE XIII : tapis!

    CHAPITRE XIV : quand l'étau se resserre

    CHAPITRE XV : ouragan

    CHAPITRE XVI : la mort en face

    CHAPITRE XVII : épitaphe

    lexique

    Page de copyright

     Les Anges Déchus du Barrio

       Hubert Bouiron

    Préface

          Les Anges Déchus du Barrio, mon premier roman, est une oeuvre fictive ayant pour seul but de divertir.                                                                                             Bien qu'ancrée dans un univers qui lui est bien réel, celui des gangs d'Amérique du Sud, l'histoire que je vous propose n'a pas vocation à être un documentaire.           Vous décelerez peut-être donc des inexactitudes, et quelques libertés prises avec la réalité: vous aurez raison!                                                                                       Au départ j'ai conçu ce livre comme un scénario de film de gangsters, certains codes propres au genre sont presques inévitables...                                                       Cette oeuvre n'est évidemment pas parfaite, et elle n'a pas la prétention de l'être: j'espère simplement qu'elle vous fera découvrir un nouvel horizon, et que vous         prendrez autant de plaisir à la lire que j'en ai pris à l'écrire.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                    L'auteur, Hubert Bouiron

    CHAPITRE I : retour en terre étrangère

    Treize juillet de l’année 2003. Une faible lumière marquée du sceau de l’aurore, formée de vagues rayons épars, commençait à peine à inonder le décor à la fois idyllique et austère de la ville de San Salvador…

    San Salvador, une de ces nombreuses capitales sud-américaines rongées par la pauvreté, d’où découle naturellement une extrême violence. Immense ville juchée au pied d’un volcan, entre montagnes impénétrables et la lointaine brise du Pacifique, elle n’a de salvateur que le nom. Conquistadors contre Mayas, plus récemment paramilitaires de droite contre guérilleros marxistes, le pays semble avoir toujours été un terreau propice aux conflits; conflits dont les civils, cela va sans dire, ont payé le plus lourd tribut. Et une folie en remplaçant vite une autre, une nouvelle guerre a vu le jour: celle de la drogue.

    La vision des choses la plus répandue, certes manichéenne, n’est cependant pas si éloignée de la réalité. Le Salvador est un pays martyr, mutilé par l’incessant passage de tonnes de mort en poudre abreuvant les Etats-Unis, où se côtoient enfants perdus, candidats à un aller (qu’ils espèrent simple) clandestin chez l’Oncle Sam, policiers et politiciens corrompus jusqu’à l’os, âmes échouées hantant de lugubres geôles, familles vivant chichement aussi bien que rares nantis. Tout cet étrange petit monde tentant de révéler l’éclat d’une richesse, immatérielle ou palpable, enfouie dans un nid de misère.

    Le plus rodé de ces manèges: les gangsters en col blanc qui, au mieux ignorent, au pire sont complices des activités des gangsters de rue. Chino faisait partie de ces derniers.

    Du haut de ses dix-neuf ans, Chino faisait déjà figure de vétéran. Il semblait porter toute la douleur de la planète sur ses épaules tatouées, et couvertes de balafres douteuses. Les poings serrés, la mine sombre et le regard fier, voire provocateur, il descendit lentement la passerelle de l’avion affrété par les autorités américaines. Le monstre d'acier venait à peine de toucher le sol du Salvador, déjà chaud malgré l’heure matinale. Il était sous bonne escorte: quatre colosses en uniforme, armés jusqu’aux dents, et qui n’avaient pas l’air moins hargneux que l’homme qu’ils accompagnaient.

    De manière assez brutale, un des flics enleva les menottes des chevilles puis des poignets de Chino, tout en lui lançant un regard plein de haine; regard auquel notre tête brûlée répondit simplement par un sourire narquois, bien plus efficace qu’une insulte. Mais au plus profond de lui, il sentit dans la liberté (car il le savait, la justice du pays où il venait d’atterrir n’allait pas encombrer - ou pas longtemps - ses prisons pleines à craquer avec un petit poisson, quand les squales y étaient déjà légion) un arrière-goût amer.

    Salvadorien, il ne l’était que d’origine, et les seules choses qu’il savait de sa terre étaient les nostalgiques récits de sa mère, bribes lâchées presque par inadvertance à l’occasion de fêtes de famille un peu trop arrosées.

    En fait, il débarquait directement des ghettos latinos de Los Angeles. Comme bon nombre de ses compatriotes immigrés chez ces foutus Yankees, ainsi qu’il aimait à le dire, il n’eut d’autre choix pour survivre que d’entrer dans un gang, et ce dès l’âge de neuf ans. Sa nouvelle famille l’accueillit au prix du sang; le sien, versé lors de la traditionnelle bastonnade en guise de bienvenue, et celui d’un homme choisi au hasard, victime collatérale de l’initiation au meurtre.

    Les premiers prétextes de la délinquance, l’abandon d’un père et la menace des coups et brimades, lot quotidien des non-affiliés, cédèrent vite place à l’attrait du pouvoir et de l’argent. A ses yeux, rien dans son histoire de cauchemardesque, juste la routine des bas-fonds de la Cité des Anges, gigantesque purgatoire parcouru d’âmes errantes.

    Adopté puis adoubé, Chino s’immergea dans la culture du crime avec ses nouveaux frères et gagna ses galons, montant en grade au rythme de l’escalade de sa propre violence. Il ne voyait que la Vida Loca et les faits d’armes qui la ponctuent pour faire sa place dans un monde hostile.

    Le gangstérisme, seule évidence pour faire son trou. Et peu importe que celui-ci ne devienne un tombeau. La mort plutôt que le déshonneur. Jusqu’au-boutiste, il ne pouvait que l’être, à en croire le tatouage sur sa main droite que savent décrypter les seuls initiés: trois points disposés en triangle représentant les trois seules issues possibles pour un soldat comme lui, l’hôpital, la prison ou la mort.

    Drôle de Sainte-Trinité, dont beaucoup avaient exploré les trois extrémités… Ou ne tarderaient pas à le faire.

    Quoi qu’il en soit, le crime est une voie qu’on ne quitte pas comme cela, et pour Chino, la question même était totalement impensable. Qu’il y ait ou non un mur en face, la seule option envisageable à son sens était de foncer droit devant. Et c’est ainsi que sa folle course s’arrêta, comme c’était prévisible, aux portes du tristement fameux pénitencier de Pelican Bay.

    Le torrent de rage qui guidait chacun de ses pas l’avait conduit vers cet enfer. Mais lorsqu’on est pris dans les tourbillons et les rapides, il faut une sacrée bonne dose de courage pour parvenir à maintenir la tête hors de l’eau, et plus encore pour gagner la rive… Hélas, la folie n’étant pas du courage, Chino n’avait pas ce dernier.

    Ce n’était pas lui qui l’avait guidé vers l’épicerie coréenne du quartier, pas lui non plus qui l’avait fait braquer le canon de son Magnum entre les deux yeux paniqués du commerçant, encore moins lui qui l’avait faire choisir de presser la détente.

    Non, décidemment, aucun courage là-dedans. Il le savait bien sûr, mais s’en foutait royalement; il avait fait ce qu’il avait à faire, voilà tout. La peur ou les remords étaient faits pour les Autres, ceux qui avaient eu le choix, ceux qui ne pouvaient donc pas comprendre sa vie.

    « OK, ça va être chaud ce coup-ci, mais c’est qu’une putain d’étape. Une petite étape de rien du tout », se répétait-il sans cesse comme pour mieux s’en convaincre, dans ce maudit fourgon qui l’emmenait à sa perte.

    Et ce fut dur, effectivement, mais Chino tint le coup. Il ressortit quelques mois plus tard, aucune preuve tangible n’ayant scellé son sort, encore pire qu’avant. Le peu de cœur qu’il lui restait endurci par les grêles de coups, lacéré par les surins qui frappaient sans prévenir.

    De retour sur le bitume, sur son territoire, Chino le caïd devint très rapidement Chino l’animal. La poudre parlait pour un regard de travers, la came transitait par kilos, et plus d’une fois la lame de son couteau fétiche trancha net la carotide d’un membre de clan rival, d’un mouchard, ou d’un quelconque ennemi de la Famille.

    Les passages en prison se firent réguliers, et, chance insolente ou chance de rachat peut-être, courts, car toujours en raison de menus larcins. Mais l’idée de rédemption lui étant aussi étrangère que celle de pitié, il ne sut pas saisir l’occasion.

    Et puis ce n’était sûrement pas la corpulente silhouette du putain de juge qui allait faire de l’ombre à ses rêves de grandeur… Et plus ces derniers croissaient inexorablement, plus le ras-le-bol des autorités à l’égard de cette graine de parrain grandissait également.

    Chino eut la surprise, un beau matin qui ne laissait rien présager de particulier, d’être tiré du lit par des agents du FBI, accompagnés par une poignée d’hommes du SWAT venus en renfort!

    A voir un tel déballage, un pareil arsenal, il se crut immédiatement bon pour l’injection létale; cela aurait été une suite logique pour le gangster, épine dans le pied de l'Amérique, de se faire piquer comme le vulgaire chien enragé qu’il était à leurs yeux. Mais il n’en fut rien.

    En vertus de certains accords internationaux, comme certains autres de ses compatriotes criminalisés, il obtint un étrange sursis: un retour définitif dans son pays d’origine, ce pays qui lui était pourtant totalement inconnu. C'est ainsi qu'il laissa derrière lui autant d’amis que d’ennemis, une mère ayant abandonné tout espoir pour ce fils perdu, et malheureusement, son petit frère Rodrigo.

    A chaque pas sur le tarmac de l’aéroport de San Salvador, Chino sentait l’excitation gagner du terrain sur sa défiance. Ce maudit jour du treize juillet de l’année 2003,

    qui signifiait la mort de son ancienne existence, sera finalement à marquer d’une pierre blanche, car il sera témoin d’un nouveau départ…

    Refaire ses preuves, se hisser à nouveau vers les cimes, en fin de compte, quel défi! Un challenge d’exception, pour l’homme d’exception qu’il était persuadé d’être. Les policiers qui s’échangeaient ce fauve, les fédéraux passant le relais à leurs homologues salvadoriens, n’avaient plus aucune importance, Chino ne les distinguait même plus.

    Il foula le sol qui l’avait vu naître, et qui le verrait sûrement mourir. Entretemps, Dieu seul sait ce qu’il verrait, ce qu’il ferait. Inspirant à pleins poumons cet air empreint de moiteur tropicale, il lui parut sentir la douce effluve d’un destin fait de gloire et de liberté.

    Comme pour savourer la chaleur de cette flamme qui venait de renaître, il ferma les yeux. Sur ses paupières, deux lettres tracées à l’encre et qui ainsi ne dormaient jamais: M et S.

    Mara Salvatrucha.

    * * *

    CHAPITRE II : les liens du sang

    A la lumière blafarde d’une ampoule pendouillant lamentablement du plafond fissuré, un adolescent révisait consciencieusement sa leçon de mathématiques, assis face au mur brut et sale, sur un coin de meuble gondolé faisant office de bureau. Malgré la fatigue se lisant sur les traits encore poupons de son visage, malgré le vacarme de l’antiquité qui servait de télévision et diffusait tout au long de la journée des telenovelas toutes plus abrutissantes les unes que les autres, devant lesquelles sa mère se vidait (ou se remplissait) la tête entre deux vaisselles, il s’appliquait.

    Il s’appliquait sans trop savoir pourquoi, car il n’avait déjà plus d’utopies concernant l’avenir qui lui était promis, et ce depuis Mathusalem.

    Depuis qu’il avait vu sa famille, et toute sa communauté en fait, suer sang et eau pour grappiller quelques miettes. Très tôt, trop tôt diront ceux que la pauvreté émeut encore, il comprit ce qu’on réservait aux siens.

    Mais il s’appliquait tout de même, s’acharnant à ignorer la voix de la désillusion qui recouvrait presque celles des acteurs ratés, qui récitaient leurs insipides scènes de ménage dans le petit écran. Peut-être pour conserver un de ses uniques repères, peut-être tout bonnement pour faire plaisir à sa mère. Ou peut-être pour n’avoir aucun regret le jour où il regarderait en arrière, et verrait qu’il a échoué, comme la plupart des siens à vrai dire…

    Cet adolescent, c’était Rodrigo. Rodrigo Fallitino, frère cadet de Chino.

    Le spectre de celui-ci paraissait encore hanter la demeure familiale, tant dans les esprits que dans les objets disparates qui meublaient les pièces de la maison: tout ici, ou quasiment, provenait des largesses de l'aîné.

    Allez leur dire, à ces Yankees, que l’argent sale ne l’est pas tant que ça lorsqu’il s’agit de s’offrir la dignité, celle d’être comme tout le monde…

    Mais les traditions, l’éducation ont la peau dure, et la conduite de son fils était incompatible avec la conception très chrétienne de leur mère. Cependant, sous le masque de dureté qu'arborait la vieille femme, Rodrigo savait déceler la tristesse, et plus encore, l’espoir presque névrotique d’un jour revoir son indigne enfant et lui pardonner.

    L’instinct maternel et la logique d’un clan sont différents, c’est un doux euphémisme, mais ils partagent un point commun: leurs liens sont faits de sang.

    Quant à Rodrigo, son mutisme camouflait mal un tiraillement perpétuel depuis que son grand frère s’était éloigné d’eux, escorté par les fusils MP5 des gorilles encagoulés qui venaient de défoncer la porte d’entrée.

    Depuis ce jour où le sanctuaire inviolable qu’est censé être le foyer familial avait volé en éclats, piétiné par des dizaines de rangers, il avait senti éclore un profond sentiment de rejet, de haine envers l’Etat et tout ce qui peut le représenter. Une véritable allergie, pour faire court. Il avait couvé, bercé, ritualisé cette aversion, qui finit par se transformer en véritable seconde nature. Autour de lui, tout s’était écroulé, sa mère avait perdu son emploi, et ils devraient très prochainement quitter la maison, qui de toutes façons était devenue un synonyme de malheur.

    « Merde, on verra bien », se dit Rodrigo en son for intérieur.

    Il était écartelé en repensant à son grand frère: d’un côté, il avait la dérangeante impression que Chino les avait tous précipités dans sa chute, avait attiré sur eux la mala suerte; de l’autre, il ne savait que trop bien que ça ne changeait pas vraiment la donne… Le Diable est partout, frappe qui

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