Atmosphère d'enfer
Par Michel Benoit
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À propos de ce livre électronique
Retrouvez Ethon Blimiec dans une enquête complexe au cœur des égouts de Paris !
Quand Ethon Blimiec constate, à l’aube, que sa journée commence mal, il se dit qu’il n’y a aucune raison pour qu’elle se poursuive dans la joie et la tranquillité. Mais de là à penser que la découverte d’un cadavre, place Denfert-Rochereau, l’emmènera vingt pieds sous terre… Le détective évolue à l’aveugle et à la marge dans une affaire mêlant meurtres, fausse monnaie et exotisme. Il ne lui reste plus qu’à trouver le lien entre ces éléments pour avancer dans cet imbroglio dont il se serait bien passé, d’autant que son banquier le presse chaque jour de renflouer les comptes de l’agence Mogador.
Le célèbre détective arrivera-t-il à élucider cette nouvelle affaire ?
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
"Michel Benoit est l'un de ceux qui prennent les vieux pots pour faire les meilleures soupes, à l'instar de Franck Thilliez." Anne-Marie Mitchell - La Marseillaise
À PROPOS DE L'AUTEUR
Michel Benoit est un écrivain prolifique, tour à tour romancier, historien, essayiste, dramaturge. De tous les genres, c'est le polar qu'il préfère, "le roman par excellence" comme il aime le désigner. La vie n’est qu’un polar et dans un polar on y trouve tout ce qui compose une vie : l’amour, la fidélité, l’amitié mais aussi la jalousie, l’envie, les blessures, la haine et la mort. En 2010 il publie son premier roman policier : La Belle marinière où il donne naissance au commissaire Augustin Merle, une série qui connait un retentissant succès. En 2020, il publie la 13e enquête du commissaire Merle.
Michel Benoit aime donner des rendez-vous aux lecteurs. Ainsi le principe de la série le permet tout à fait. Il imagine donc aujourd'hui un nouveau personnage : Ethon Blimiec, détective privé que le lecteur va suivre mission après mission. Plus intime, plus dévoilé, le personnage devient en quelque sorte un ami de la famille qu'on a plaisir et hâte à retrouver.
En savoir plus sur Michel Benoit
Ethon Blimiec Sans fleurs et sans couronnes: Roman policier Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
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Avis sur Atmosphère d'enfer
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Aperçu du livre
Atmosphère d'enfer - Michel Benoit
Paris, 23 h 30
Une Lincoln Continental blanche, ayant déjà fait le tour de la place plusieurs fois, s’arrêta lentement devant un restaurant discret dont l’enseigne, Papa Mambo, ne laissait aucun doute sur la spécificité de la cuisine qui était proposée aux gourmets à la recherche de saveurs tropicales. Deux hommes à la carrure colossale en descendirent tout d’abord et inspectèrent les alentours. Quelques instants plus tard, l’un d’eux ouvrit la portière arrière donnant sur le trottoir, et un autre homme, plus grand, tout habillé de blanc et certainement originaire des Caraïbes, comme les deux individus qui l’accompagnaient, sortit du véhicule et se dirigea avec élégance vers l’entrée de l’établissement avant de disparaître à l’intérieur. Peu après, la Lincoln Continental redémarra et, aussi lentement qu’elle était arrivée, prit la direction de la rue Froidevaux.
Comme chaque lundi soir, le Papa Mambo n’ouvrait ses portes qu’aux habitués présentant patte blanche. L’espace dédié au restaurant était presque vide. L’homme vêtu de blanc salua d’un geste un serveur posté derrière le comptoir.
— Bonswa mèt ! lança l’employé. Ils sont dans la salle principale.
Sans prononcer un seul mot, le client fit un signe aux deux géants qui l’accompagnaient et tous les trois descendirent quelques marches disposées en colimaçon, situées au fond de la pièce. Une pancarte y indiquait Toilettes et Appartements privés. L’homme au costume blanc détacha une longue clef accrochée à son cou et ouvrit une porte rapidement. Un autre escalier se présenta et tous l’empruntèrent, effectuant une descente interminable pour se retrouver à plus de vingt mètres sous terre. Ils s’arrêtèrent enfin dans une galerie creusée dans la roche et basse de plafond. Un grand couloir, au fond de celle-ci, laissait à penser que de nouvelles salles se succédaient. Deux individus armés d’un fusil mitrailleur et d’une machette, dont la lame renvoyait la lumière des néons, se rangèrent sur le côté en signe de vénération. Un prêtre vaudou s’approcha de l’homme en blanc. Il lui parla quelques instants en créole, puis l’attira dans une petite pièce où était entreposée une quantité incalculable de vêtements de toutes sortes, exposés sur de longs rayonnages.
AdobeStock_362837332__Converti_.jpgIl y a des matins où l’on devrait rester couché. J’aurais dû apprendre par cœur cette maxime depuis mon plus jeune âge, alors que, déjà, portant péniblement mes huit ans, je m’obligeais à me rendre à la communale les jours de composition écrite ! Et puis les années étaient passées et cette devise m’avait prouvé, à chaque occasion, qu’elle n’était pas dénuée de sens et qu’elle méritait qu’on lui consacre toute l’importance qui lui était due. Seulement voilà ! Encore aujourd’hui, les plaisirs de la nuit ne sont pas toujours compatibles avec les obligations du matin et peuvent très bien nous entraîner dans de drôles de situations.
C’est en sortant de chez une intime connaissance, m’ayant agréablement hébergé l’espace d’une nuit, que je dus en faire, une fois de plus, l’amère expérience. Le lieu : un appartement on ne peut plus bourgeois. La scène : un lit à baldaquin trônant au milieu d’une chambre digne des contes des Mille et une Nuits. Le mobile : la mise en pratique du Kama-sutra en cent vingt leçons, la victime du soir répondant au prénom d’Isabelle – enfin, quelque chose qui ressemblait à ça. Je l’avais rencontrée à la sortie d’un enterrement.
Un vieux copain de la police judiciaire, avec qui j’avais fait les quatre cents coups, avait rejoint saint Pierre, et ce dernier, vu les bons et loyaux services de mon pote, lui avait volontiers confié les clefs du paradis afin qu’il y retrouve tous les saints du calendrier. Isabelle devait être amie avec la veuve de mon vieux pote. Au premier abord, elle m’avait ému, agenouillée près de l’autel où l’on avait déposé le cercueil. Puis, très vite, j’avais perçu en elle la face cachée de l’iceberg. Et, croyez-moi, je m’y connais assez pour vous assurer que cette fille avait un truc à faire fondre n’importe quel glacier. De quoi me conforter dans l’idée que la religion avait du bon et qu’il était charitable de s’aimer aussi les uns sur les autres.
J’avais toutefois à assurer mon éternelle partie de poker hebdomadaire au Club 500 et je m’y étais rendu, une fois n’est pas coutume, en traînant les pieds. Dans la vie, on ne s’écoute pas assez, et j’aurais dû savoir qu’une partie de poker, quand on n’avait pas un flèche, n’était pas l’idée du siècle. À la sortie, j’étais encore plus endetté et la déprime menaçait sérieusement. Ayant pris soin, tout de même, de demander l’adresse et le numéro de téléphone de celle que je devais appeler plus tard, j’avais tenté ma chance en me présentant sur son palier pour lui faire un brin de causette, histoire de parler du bon vieux temps.
Il m’arrive, de temps à autre, d’avoir de bonnes idées. Dès que la belle avait ouvert sa porte, j’avais su immédiatement que nous n’allions pas nous contenter de nous regarder dans le blanc des yeux. Certes, la demoiselle compatissait au deuil de sa brave copine, mais les malheureux s’apaisant souvent en voyant plus désespéré qu’eux, j’avais perçu dans son regard le désir de conjurer la situation et de chasser l’oiseau de mauvais augure qui avait porté ses ailes sur ses proches. C’est ainsi que, durant plusieurs heures, Isabelle s’était donnée sans retenue, comme pour se transformer en offrande à Cupidon et tenter d’oublier que nous n’étions que de pauvres mortels qui, un jour ou l’autre, devraient abandonner, derrière eux, leurs proches, leurs amis, affligés par leur disparition.
Et comme le meilleur moyen de se consoler d’un chagrin est d’en avoir un autre, je l’avais quittée au petit matin pour, certainement, ne jamais la revoir.
C’est en sortant de chez cet ange – ou de ce démon – que je fus accosté par un habitué des lieux, un vieux clochard, lequel, tout affolé, me demanda d’appeler en urgence les archers du roi et les descendants d’Ambroise Paré, dans l’ordre ou le désordre, selon l’humeur. C’était Marcel !
— Il y a un macchabée près du Lion…
Il faisait à peine jour sur la place Denfert-Rochereau et le Lion de Belfort avait fière allure, trônant entre les boulevards Raspail et Arago. Il faut dire que Bartholdi avait mis tout son cœur à sculpter le roi de la jungle, lequel s’était retrouvé le seigneur de l’un des plus célèbres espaces parisiens. S’il avait dû se sentir quelque peu à l’étroit dans son costume de bronze, alors qu’on l’inaugurait en grande pompe, il avait vite repris du poil de la bête et était redevenu, en quelques dizaines d’années, le roi d’une jungle peuplée de truands de toutes sortes. Il faut bien avouer que le quartier avait bien changé ces dernières années. L’ombre des fameux apaches de la Belle Époque s’était évanouie, disparue dans la mêlée des deux grandes guerres. Les voyous fréquentant les faubourgs populaires, descendus tout droit des Rocheuses surplombant Ménilmontant, avaient été remplacés par des malfrats, des malandrins, suivis souvent par des blousons noirs qui jouaient de la chaîne à vélo faute de tâter du surin. Les petites rues, près des larges artères, débouchant sur la place Denfert-Rochereau, étaient sombres en ce mois de février. Seul l’éclairage de la rue et des vitrines des boutiques donnait un peu de vie à ce quartier où une dangereuse faune s’installait après vingt heures. Passé cette heure, tous les coups étaient permis.
Marcel sentait la vinasse à trois mètres, et bien que je tente de m’écarter de lui pour le laisser délirer, le clochard réussit à m’attraper par la manche d’une main pour mieux désigner le Lion de Belfort de l’autre.
Certes, Marcel était plus qu’alcoolisé, mais mon expérience vécue au 36, quai des Orfèvres m’avait donné pour habitude de vérifier,