Stéphane Bourgoin RENCONTRE AVEC UN SERIAL MENTEUR
DEPUIS 30 ANS, SOI-DISANT FORMÉ PAR LE FBI, C’ÉTAIT L’EXPERT RECONNU DES TUEURS EN SÉRIE. AUJOURD’HUI, SES MENSONGES ET SES PLAGIATS SONT DÉMASQUÉS.
IL PASSE AUX AVEUX DANS MATCH
Il reste comme interdit face aux révélations qui le mettent en cause. Dehors rôde le Covid, mais depuis que sa mythomanie a été dévoilée, c’est aussi pour se protéger du scandale que Stéphane Bourgoin se terre dans l’ouest de la France. Derrière lui, comme une muraille protectrice, la quarantaine de livres qu’il a écrits sur les serial killers, certains traduits dans le monde entier. Invité de toutes les émissions de télévision, il assurait avoir interrogé des dizaines de tueurs, au point d’être consulté par des gendarmes, des policiers, des magistrats. Devant notre reporter, il fait preuve d’une expertise mêlée d’inventions vertigineuses, tente d’ultimes pirouettes… pour, enfin, reconnaître douloureusement ses pires mensonges. « Parfois, je me fais des films dans ma tête. J’ai toujours voulu qu’on m’aime. » Sa première fois. Californie, 1979. Stéphane
Bourgoin a 26 ans; il boutonne sa chemise jusqu’au cou, porte des boucles brunes et, derrière ses lunettes en métal, a déjà le regard gentil, légèrement étonné, qu’il aura toujours quatre décennies plus tard. Pour ces quelques minutes dans le couloir de la mort, le Frenchie a ferraillé dur. Il a écrit aux établissements pénitentiaires, les a relancés, a encaissé des refus. Mais cette fois, enfin, il le tient: son premier serial killer. Richard Chase, six meurtres, l’homme qui se régalait de sang d’oiseau. Un carnet de notes sur les genoux, Bourgoin le questionne, dodelinant de la tête. Le condamné Chase, croyant au pouvoir rédempteur de la vitamine C, dormait la tête encerclée d’oranges. Il s’injectait aussi du sang de lapin dans les veines et dégustait les viscères de ses victimes mélangés à du Coca et du yaourt. Bourgoin l’écoute, ne tourne pas de l’œil. Il ne tremble pas.
