Meurtre avec prémédication: Un polar trépidant dans la Bretagne des années 1970
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À propos de ce livre électronique
Juillet 1974. Joël Lecouedec, chef de clinique en réanimation à l’hôpital Saint-Antoine à Paris, trouve dans son blouson un porte-cartes contenant des papiers au nom d’une certaine Françoise Morvan. Qui a glissé ces documents dans sa poche et pourquoi ? Plus intriguant encore, la propriétaire habite tout près de chez ses parents, en Bretagne nord. Cependant, au cours de ses recherches, Joël apprend qu’elle a quitté sa famille quelques mois auparavant pour s’installer à Paris avec un individu peu recommandable. Lorsqu’il appelle leur domicile, il tombe sur des policiers. La jeune fille vient d’être assassinée. Aussitôt traité comme un suspect, il a les plus grandes peines du monde à se disculper. Son trouble augmente d’autant plus lorsqu’il est confronté au petit ami de la victime, apparemment innocent. Il a l’impression de l’avoir déjà rencontré...
Deux semaines plus tard, à peine retourné dans sa famille à Saint-Lunaire pour y passer ses vacances, il retrouve le compagnon de la morte, qui traîne dans les boîtes de nuit de la région. Avec l’aide du jeune frère de la victime, il tente de lui tirer les vers du nez, sans succès. Deux jours plus tard, il découvre son cadavre en explorant les galeries du blockhaus de la Garde Guérin.
Dès lors, son séjour devient un cauchemar. Que se trame-t-il à La chaumière, la boîte la plus fréquentée du coin ? Qui est vraiment Christine, cette jeune femme de bonne famille qui est venue à Saint-Briac pour la première fois chez des amis, et dont il se sent tomber éperdument amoureux ? Quel jeu joue l’énigmatique inspecteur Machefer, venu tout spécialement de Paris pour continuer l’enquête, et qui semble toujours le soupçonner ? Pourquoi cherche-t-on à le tuer ? Joël en vient à douter de tout le monde, y compris de ses propres amis. La solution se trouve-t-elle dans les galeries abandonnées de ce blockhaus, qu’il connaît comme sa poche ? Il va y croiser un tueur diabolique.
Le dénouement, dramatique, se jouera seulement après son retour dans la capitale. Mais est-ce vraiment la fin ?
Une intrigue placée sous le signe du suspense permanent, dans l’inoubliable décor de la Côte d’Émeraude !
EXTRAIT
Le 86 était plein à craquer. Joël l’avait attrapé en face de l’hôpital Saint-Antoine et s’était faufilé tant bien que mal jusqu’au milieu. Il avait la nostalgie des bus des années soixante, avec leurs contrôleurs qui portaient sur le ventre leur machine à composter les billets et tiraient à plusieurs reprises sur une chaîne ressemblant à une vieille chasse d’eau, et ce ding-ding caractéristique qui donnait au conducteur le signe du départ. Mais ces modèles bruyants et dépassés avaient disparu depuis quelques années.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Olivier Kourilsky, alias le Docteur K, est médecin néphrologue, professeur honoraire au Collège de médecine des Hôpitaux de Paris ; il a dirigé le service de néphrologie du Centre Hospitalier Sud-Francilien
Il écrit des romans policiers depuis un peu plus de dix ans et a publié six ouvrages depuis 2005, dont Meurtre pour de bonnes raisons, prix Littré 2010.
Ses personnages évoluent souvent dans le monde hospitalier, entre les années soixante et aujourd’hui. Au fil du temps, on suit le professeur Banari, le commissaire Maupas, le commandant Chaudron, jeune policière chef de groupe à la Crim'…
Olivier Kourilsky est membre de la Société des gens de lettres et de la Société des auteurs de Normandie.
En savoir plus sur Olivier Kourilsky
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Avis sur Meurtre avec prémédication
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Aperçu du livre
Meurtre avec prémédication - Olivier Kourilsky
Éditions Glyphe
Liste des ouvrages
Du même auteur chez le même éditeur
Le septième péché. (Sortie : Septembre 2014)
Homicide post mortem. 2013
Dernier homicide connu. 2011
Homicide par précaution. 2010
Meurtre pour de bonnes raisons. 2009. Prix Littré 2010 décerné par le Groupement des Écrivains Médecins.
Meurtre avec prémédication. 2007
Meurtre à la morgue. 2005
Chez le même éditeur (extrait)
Caroline de Costa. Cloné. 2014
Eric de L’Estoile. L’Effleure du mal. 2013
Philippe Le Douarec. Glaciales glissades. 2013
Jean-Paul Copetti. Pour le repos des morts. 2013
Chris Costantini. Lames de fond. 2013
Louis Raffin. Proteus. 2013
Roger Caporal. Psychose au laboratoire. 2012
Michel Roset. Rue de la crique. 2011
© Éditions Glyphe. Paris, 2014
85, avenue Ledru-Rollin. 75012 Paris
www.editions-glyphe.com
Illustration de couverture : Julien Bressy
ISBN 978-2-36934-004-1
À Dominique, mon complice de toujours
À Jean-Bernard, de la part du Glorieux
Avec toute mon affection
Ce roman est une fiction.
Toute ressemblance avec des événements ou personnages réels serait une pure coïncidence.
GardeGuerin.jpgPlan du blockhaus de la Garde Guérin (tiré du Mur de l’atlantique sur la Côte d’Émeraude. Alain Dupont et Éric Peyle. Éditions Danclau, 1994). Reproduit avec l’autorisation des auteurs et de l’éditeur.
1. Bloc d’entrée
2. Casemate ouest (entrée préférée de Joël)
3. Salle du casernement
4. Plate-forme du projecteur sur rails
5. Poste de direction de tir
6. Casemate nord-est
7. Casemate sud est avec son tobrouk
8. Emplacement des échelons pour l’accès à l’observatoire
BlockHaus.jpgPlan du bloc d’entrée du blockhaus de la Garde Guérin (tiré de : Août 1944. La bataille de Saint-Malo. Dominique Monsaigeon. Éditions J. P. Bihr, 1994). Reproduit avec l’autorisation de l’auteur.
Chapitre 1
Samedi 20 juillet 1974
Le 86 était plein à craquer. Joël l’avait attrapé en face de l’hôpital Saint-Antoine et s’était faufilé tant bien que mal jusqu’au milieu. Il avait la nostalgie des bus des années soixante, avec leurs contrôleurs qui portaient sur le ventre leur machine à composter les billets et tiraient à plusieurs reprises sur une chaîne ressemblant à une vieille chasse d’eau, et ce ding-ding caractéristique qui donnait au conducteur le signe du départ. Mais ces modèles bruyants et dépassés avaient disparu depuis quelques années.
Comme d’habitude le samedi après-midi, le trafic était très chargé rue des Écoles, et le conducteur particulièrement brutal. À chaque coup de frein, Joël s’accrochait désespérément à la barre de maintien pour éviter de s’écrouler sur ses voisins. À la faveur d’une de ces violentes secousses, il croisa le regard d’une jeune fille à quelques têtes de distance. Brune, avec des cheveux tombant en cascade sur ses épaules, en jean et chemisier léger, elle avait des yeux clairs superbes et il eut l’impression qu’elle les gardait fixés sur lui quelques secondes de trop… Il n’eut pas le temps d’engager la conversation. Longeant la Faculté de médecine, le bus arrivait à Odéon. Joël sauta à terre, un petit pincement de regret au cœur.
Les vacances approchaient et il se sentait d’humeur légère. Surtout après la garde de réanimation épouvantable qu’il venait de vivre. Encore une complication dramatique d’un avortement clandestin. Infection sévère avec troubles de la coagulation, hémorragie cataclysmique ; ablation de l’utérus en extrême urgence au milieu de la nuit. Mais au moins, même si cette jeune femme de trente-quatre ans ne pourrait plus jamais avoir d’enfants, elle aurait la vie sauve. Ce n’était malheureusement pas le cas de toutes celles qui étaient admises pour ce type de problème… Et il avait échappé au patron du service de gynéco-obstétrique, qui n’était jamais là le samedi. La grande spécialité de ce dernier, outre une activité privée florissante, était d’arriver le matin, bien reposé, tout propret et inondé d’after-shave, et de reprocher leurs décisions thérapeutiques aux équipes de garde épuisées. À plusieurs reprises, Joël avait failli lui répondre vertement, excédé par cette méconnaissance évidente des problèmes de réanimation et cette fausse compassion pour les femmes. Il le savait violemment opposé à une libéralisation de l’avortement.
N’empêche, Joël avait passé pratiquement toute la nuit debout, accompagné la patiente au bloc opératoire, et dû ensuite tenter de rassurer la famille. Et cette fois, il y avait non seulement le mari, mais aussi un gamin de treize ans, à deux doigts de se retrouver orphelin !
Mais ces nuits blanches avaient toujours sur lui un effet hautement aphrodisiaque… Le fameux syndrome du lendemain de garde, complaisamment décrit lors des « tonus »¹ par ses collègues chefs de clinique ou internes.
Joël entra au Danton et s’accouda au comptoir pour prendre un express, repoussant tranquillement les voisins de ses larges épaules. Beaucoup de monde, des touristes, des étudiants en ballade, l’ambiance habituelle du Quartier Latin en juillet. Il allait bientôt partir pour la Bretagne nord, retrouver sa famille et ses copains d’enfance. Retour aux sources pluriannuel, absolument vital pour lui. Après quatre ou six ans de clinicat², il espérait bien s’installer à Saint-Malo, à l’hôpital ou en clinique.
Son café terminé, il plongea la main dans la poche de son pantalon pour attraper de la monnaie et tressaillit de surprise en sentant un objet inconnu. Il ressortit un petit porte-cartes assez défraîchi, en tissu noir.
Sa première réaction fut de fouiller fébrilement toutes ses poches pour vérifier qu’on ne lui avait rien dérobé. Mais tout était là. Portefeuille, carte d’identité, porte-monnaie étaient bien en place. Joël allait examiner le porte-cartes lorsqu’il se rendit compte que le garçon le regardait d’un air insistant et vaguement soupçonneux.
– Vous pourriez me régler maintenant ? Je termine mon service.
– Oui, oui, bien sûr.
Il paya son café et sortit.
*
Assis au pied de la statue de Danton, lieu de rendez-vous habituel des étudiants et des amoureux, Joël examinait l’objet glissé dans sa poche à son insu, indifférent au bruit environnant. Le porte-cartes contenait plusieurs documents sans grand intérêt. Aucun papier d’identité, mais une carte de fidélité à la principale librairie de Dinard, rue Levavasseur, au nom de Françoise Morvan. Cela le troubla. Dinard était à côté de chez lui : sa famille habitait à Saint-Lunaire, en Ille-et-Vilaine. Il y avait également des billets de métro usagés, des tickets de caisse d’un Prisunic du XIe, et une carte d’abonnement au Vitatop Fitness Montparnasse avec le même nom, mais pas d’adresse.
Qu’est-ce que c’était que ce bazar ? Qui avait pu mettre ce truc dans sa poche ? Un voleur qui avait voulu se débarrasser de son butin après avoir prélevé l’argent liquide ? Une fois, un de ses internes s’était fait subtiliser son portefeuille dans la chambre de garde, et une surveillante de l’hôpital l’avait retrouvé dans un caniveau près de la porte d’entrée, avec ses papiers d’identité et son permis de conduire intacts. Mais ce porte-cartes ne contenait pas grand-chose de précieux, et puis pourquoi le glisser dans la poche d’un inconnu ? De plus en plus intrigué, Joël décida de rentrer chez lui et de rechercher la propriétaire des documents. L’idée qu’elle habite Dinard excitait sa curiosité. D’ailleurs, s’il voulait être honnête avec lui-même, il devait s’avouer que sa principale motivation dans cette affaire n’était pas le désir de se rendre utile…
*
Le studio de Joël était situé au 13 rue de la Harpe, juste au-dessus d’un restaurant. Une bonne affaire, trouvée par relations. Il le louait quand même assez cher, mais il était bien aménagé, quoique plutôt bruyant. Surtout le samedi soir… Pour l’heure, la fatigue de la garde était oubliée. Lorsqu’il était lancé sur un objectif, quel qu’il soit, Joël faisait preuve d’une opiniâtreté incroyable. Le caractère breton, sans doute. Il se passa un peu d’eau sur la figure pour se rafraîchir, ébouriffa ses cheveux bruns bouclés, puis s’installa confortablement dans son canapé, attrapant au passage son téléphone et l’annuaire d’Ille-et-Vilaine de l’année précédente, qu’il avait rapporté de Saint-Lunaire, comme d’habitude. Sa façon à lui de ne pas quitter complètement ses attaches. Il alluma une Gallia, ces cigarettes ultra-légères qu’il s’était mis à fumer pour tenter de se dégoûter du tabac. « À nouveau pouvoir sentir l’odeur du petit matin », vantait la publicité. Naturellement, elles n’avaient aucun goût.
Il se plongea dans la lecture de l’annuaire.
Pas de chance. Comme on pouvait s’y attendre, le nom de Morvan était assez répandu. Six abonnés à Dinard. Six appels infructueux, des réponses plus ou moins aimables, parfois méfiantes. La seule Françoise Morvan était une honorable dame de quatre-vingts ans qui n’avait jamais quitté la ville. Joël commença à chercher dans les communes avoisinantes, y compris à Saint-Lunaire. Le nom de Morvan ne lui évoquait rien, mais il ne connaissait pas tout le monde. Rien de ce côté-là non plus.
À Saint-Briac, un peu plus loin sur la Côte d’Émeraude, il y en avait sept. Au cinquième abonné, il sut qu’il avait fait le bon numéro.
– Qui la demande ?
– Écoutez, je ne la connais pas personnellement, il se trouve que j’ai trouvé des papiers lui appartenant.
Il n’osa pas préciser les circonstances dans lesquelles il avait « trouvé » ces documents.
– Des papiers à elle ? Mais où çà ?
– À Paris, Madame. Dans un autobus. Cet après-midi.
– À Paris ?
Le ton se faisait de plus en plus méfiant.
– Oui. Je suis médecin, je sortais de l’hôpital.
Joël espérait que son titre inspirerait confiance. Il avait l’impression que la mère le prenait pour un voleur cherchant à soutirer de l’argent en échange des papiers !
Une voix masculine au loin. Le père venait aux nouvelles. La femme lui répondit, la main manifestement collée sur le microphone :
– C’est à propos de Françoise. Un monsieur a retrouvé des papiers à elle. À Paris…
Le père s’empara du téléphone.
– Oui ? Que se passe-t-il ?
– Bonjour Monsieur, reprit patiemment Joël. Je suis le docteur Lecouedec et j’ai trouvé cet après-midi dans un autobus des papiers appartenant à votre fille. En fait, il se trouve que ma famille habite Saint-Lunaire, mais j’exerce dans un hôpital à Paris. Je cherchais seulement à avoir ses coordonnées pour lui rendre ces documents.
– Vous êtes de la famille du capitaine au long cours ?
– Oui, c’est mon père.
– Je suis désolé, mais Françoise n’habite plus ici.
Le ton était devenu plus aimable, mais demeurait tendu. On devinait que le départ de Françoise ne s’était pas fait dans la plus grande harmonie…
– Elle est partie vivre avec un ami à Paris il y a plusieurs mois, reprit Monsieur Morvan.
– Ah bon…
– Mais elle nous a laissé ses coordonnées. Je vais vous les donner.
L’adresse était dans le XIIe. Rue Erard. Joël nota le numéro de téléphone.
– Monsieur… Euh… Docteur ?
– Oui ?
– Si vous l’avez au téléphone ou si vous la voyez… Pouvez-vous lui dire qu’elle nous manque ?
*
– Allo, bonsoir, pourrais-je parler à Mademoiselle Françoise Morvan, si elle est là ?
Silence au bout du fil. Puis un conciliabule à voix basse. Une autre voix. Autoritaire.
– Inspecteur Machefer, police judiciaire, à l’appareil. Qui êtes-vous ?
Longtemps après, Joël se demanda pourquoi il avait eu la réaction stupide de raccrocher sur le champ.
1 Fêtes organisées en salle de garde à l’hôpital par les carabins, souvent très débridées.
2 À l’époque, le clinicat, terme désignant les fonctions de « chef de clinique à la faculté – assistant des hôpitaux » durait en moyenne quatre ans, et jusqu’à sept ans par contrats d’un an renouvelables (actuellement deux ans et deux contrats d’un an renouvelables).
Chapitre 2
Samedi 20 juillet 1974, le soir
Joël resta longtemps immobile à côté du téléphone. Il se sentait comme un gamin pris en faute. Pourquoi diable avait-il raccroché spontanément en réalisant qu’il avait affaire à la police ? Il n’avait rien fait d’illégal. Était-ce parce que son activité de militant pour la libéralisation de l’avortement le poussait à éviter les représentants de la force publique ? Parce que sa recherche obstinée de la propriétaire du porte-cartes correspondait davantage au désir d’une rencontre insolite qu’à un vrai besoin de rendre service ? Il n’osait plus rappeler maintenant. Que faire ? Envoyer les documents par courrier ? Tout dépendait de la raison de la présence de la police sur place… Quel con… ! Il essaya d’oublier cet intermède piteux et alluma la radio. Il était 18 heures et c’était les infos.
La France venait d’élire un jeune président surdoué qui s’était mis en tête d’instaurer la décrispation dans la société. Marrant… Causeries au coin du feu d’un Giscard se voulant décontracté. Giscard jouant de l’accordéon devant les caméras. Giscard s’invitant à dîner chez les Français… Les mauvaises langues racontaient qu’un soir, le président, en visite chez des éboueurs, avait familièrement pris la maîtresse de maison par le bras en lui demandant : « Alors, quel est votre plan