« l m’est déjà arrivé de dîner chez Raoult ! » Paule Constant, hilare, nous dit ça en ouvrant les fenêtres du salon lumineux où elle nous reçoit à Aix. Nous ne sommes pas chez elle, mais dans un duplex aménagé aux deux derniers étages de l’hôtel du Poët, sur le cours Mirabeau. Une de ses amies l’a légué à sa mort à l’académie Goncourt. Paule Constant nous a prévenus qu’il lui était difficile de nous accueillir dans son propre appartement: son mari, le grand professeur Auguste Bourgeade, vit ses derniers instants, et médecins et infirmières se succèdent à son chevet. Spécialisé dans les maladies infectieuses et tropicales, le professeur Bourgeade fut longtemps chef de service à Marseille, il a donc connu Didier Raoult bien avant que ce dernier ne devienne le druide médiatique actuel…
Bien qu’elle traverse une période extrêmement douloureuse, notre hôte garde son humour et sa gaieté. Ce duplex n’est pas un nouveau grenier des frères Goncourt : Paule Constant etdes terribles frangins, on trouve les derniers romans de Camille Laurens, Françoise Chandernagor ou d’Éric-Emmanuel Schmitt. On tombe sur un numéro de avec en couverture Didier Decoin, Tahar Ben Jelloun, Bernard Pivot, Patrick Rambaud et Philippe Claudel en train de fumer et de boire. Ce n’est pas la Grande Chartreuse, l’académie Goncourt: on y prend la vie du bon côté.