Un jeu DANGEREUX
Alloires défrayait rarement la chronique. Pourtant, cet été-là, ce ne fut pas un, mais deux corps d’adolescentes qui furent découverts dans ce joli petit village touristique.
Le corps gisait au pied de la cascade d’Alloires. Les corbeaux s’étaient déjà attaqués au cadavre. Ils avaient mutilé une partie du visage de la victime. Une longue chevelure blonde s’étalait sur les rochers. Ce fut le joyeux club de randonnée du coin qui fit la macabre découverte. La gendarmerie locale, arrivée sur place en même temps que les pompiers, déclara qu’il s’agissait certainement d’un accident mortel ou d’un suicide. Le site était connu pour sa dangerosité. – Tout de même, dit une gendarme, mourir ainsi, si jeune ! Elle ne doit pas avoir plus de 16 ans, cette gamine.
Un pompier renchérit :
– Peut-être avait-elle consommé de l’alcool ou de la drogue.
– Peut-être bien les deux, hélas ! L’institut médico-légal de Toulouse nous apprendra sans doute pourquoi cette gosse a fini son existence d’une façon si tragique.
Alloires est un petit village pittoresque du nord du Lot. Un petit coin tranquille, blotti au creux d’une vallée. Cerné par des falaises de part et d’autre, ce hameau occupe un site exceptionnel. En déambulant dans les ruelles, on peut admirer des demeures à colombages, un manoir du xve siècle et une
église romane. L’été, l’endroit grouille de touristes mais, le reste de l’année, on y vit sereinement.
La découverte du corps suscita beaucoup d’émotion parmi les villageois. Les journaux locaux informèrent leurs lecteurs qu’il s’agissait d’une jeune lycéenne. Elle s’appelait Lucie Delcor et était en seconde au lycée de Saint-Céré, la ville voisine. Les conversations n’avaient pas épuisé ce sujet qu’un deuxième corps fut trouvé dans les ruines du château des Anglais, à
