Quand nous serons tous troglodytes
Dimanche 29 mars
Heure d’été. « J’ai embrassé l’aube d’été », écrit Rimbaud. À neuf heures du matin, il fait frais. Deux corbeaux s’égosillent dans la rue, sur le fond plus ouaté des roucoulements de pigeons. Ma rue est une volière libre.
Bob Dylan a mis en ligne une chanson inédite de dix-sept minutes, Murder Most Foul, récit avec piano et violoncelle de la journée où John Kennedy fut assassiné. Intéressant de voir qu’en pleine pandémie le chanteur de 78 ans revient au meurtre capital des années 1960. Dylan lui-même fut l’une des quatre ou cinq mythologies américaines de cette décennie-là, avec Kennedy, Muhammad Ali, Andy Warhol, tous morts. C’est donc la voix d’un fantôme qui porte cet ultime requiem pour un Temps perdu. En délivrant aussi ce message que l’on aime entendre de ceux qu’on aime : je suis vivant.
Des cloches sonnent l’heure dans le silence dominical. Saint-Séverin ou Saint-Julien-le-Pauvre. Mais depuis un an, le glas de Notre-Dame est muet. L’incendie préludait à d’autres calamités. Dans de Fred Zinnemann, film situé en 1963 et proposé en ce moment sur Ciné Classic, on voit précisément un office à Notre-Dame de Paris et les rues de la capitale bondées de
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