Le ciel est bleu comme une chaîne
Dimanche 10 mai
Demain, j’enfilerai la veste du récalcitrant. À vrai dire, il y a une raison de prudence sanitaire : étant traité pour apnée du sommeil, je présente une certaine fragilité respiratoire. Mais les organes confortent l’intention. Si j’ai acquiescé aux consignes de confinement, je reprends la liberté de ne pas déférer à la date décidée pour en sortir : assigné à résidence comme chacun pendant près de deux mois, je choisis de ne pas user de ma liberté conditionnelle, ou pas tout de suite. Ce qui m’apparente à l’oncle fou de l’Amarcord de Fellini, refusant de descendre de l’arbre où il s’est juché. Ou au Baron perché d’Italo Calvino, vivant pendant des années tel un écureuil dans les ramures de sa contrée.
Averses dans la soirée. Garcia Lorca : « La pluie a comme un vague secret de tendresse. »
Nous allons voir se dessiner une typologie des déconfinés. Le cas le plus empreint d’urgence, et peut-être le principal, concerne tous ceux qui pourront reprendre un travail. Dans mon quartier, je remarque ces derniers jours le rideau levé de plusieurs commerces, où l’on s’active en nettoyant les rayons. Réouverture imminente.
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits