À deux heures de Paris, des réseaux criminels organisent la traversée des clandestins vers l’Angleterre. Notre journaliste a embarqué avec eux
Pour ces rescapés de l’enfer, traverser la Manche n’a rien d’effrayant
Sauvés. La vedette des secours anglais approche. Le signe, heureux, de la fin d’un calvaire. Venus d’Afghanistan, le père et le fils ont embarqué en pleine nuit sur la plage de Gravelines dans le même canot que notre reporter. À bord, 45 personnes sont annoncées, mais c’est compter sans le zèle des rabatteurs ; au total, 52 passagers s’entassent. La météo est mauvaise, l’embarcation prend l’eau une heure après le départ. Les migrants se voient déjà partager le sort de ces disparus dont on ignore jusqu’au nombre. Ils seront secourus à 10 kilomètres des côtes de l’Angleterre, où tous espèrent une vie meilleure.
Ce jour-là, un groupe se jette à l’eau à bord d’un Pédalo volé. J’ai l’impression de filmer un suicide collectif
« Help ! We are boat ! We are dead ! Please… help ! » hurle un des passagers dans son téléphone, en se cramponnant tant bien que mal au boudin du pneumatique. Le pilote a éteint le moteur. Matraqué par la houle, le plancher du bateau a des