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Ondes de choc: Roman
Ondes de choc: Roman
Ondes de choc: Roman
Livre électronique311 pages4 heures

Ondes de choc: Roman

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À propos de ce livre électronique

« Son père s’était rebellé et avait refusé de payer la prime de protection mensuelle. Deux jours plus tard, la boutique avait été saccagée et son père battu, laissé pour mort. » Durant de nombreuses années, Véronique met tout en œuvre pour venger le meurtre de son père. Sa cible, des mafieux, des mafieux très puissants pour lesquels elle nourrit une haine indéchiffrable. Pour arriver à ses fins, entre Paris, le Québec et les Alpes dans le Jura se lance une course-poursuite dont les issues sont la victoire… ou la mort.


A PROPOS DE L'AUTEURE


« Peu importe l’endroit où l’on se trouve, lorsque nous lisons, nous ne sommes jamais seuls. » Telle est la phrase fétiche de Jocelyn Grenier, celle qui a éveillé sa fibre littéraire et qui, aujourd’hui encore, l’inspire.
LangueFrançais
Date de sortie6 mai 2022
ISBN9791037752031
Ondes de choc: Roman

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    Aperçu du livre

    Ondes de choc - Jocelyn Grenier

    Chapitre 1

    Véronique avait attendu un peu plus de dix longues années. Le dix juillet 2020 pourra être marqué en caractère gras au calendrier. Il lui avait fallu tout ce temps pour amasser des informations contre eux, pour préparer leurs chutes. Bien sûr, elle ne pourrait jamais récupérer ce qui lui avait été volé, mais elle devait bien ça à son père. Elle avait donc décidé de s’éloigner pendant un certain temps, question de tout finaliser et s’assurer que tout serait prêt le moment venu, moment qui ne saurait tarder. Elle s’était procuré une nouvelle identité, un nouveau passeport canadien, ainsi qu’un nouveau permis de conduire pour refaire sa vie, là-bas au Québec, à Montréal plus précisément. La ville était tout juste assez grande pour lui permettre de se fondre dans la masse. Les documents avaient coûté une fortune mais étaient de première qualité. Rien n’avait été laissé au hasard. En dix ans, elle avait été en mesure d’amasser petit à petit une somme considérable qui lui permettrait de refaire sa vie mais surtout de préparer sa riposte. Évidemment, les derniers préparatifs seraient un peu plus compliqués mais il lui serait tout de même aisé de tout suivre, même à distance.

    Et maintenant, elle était en route vers Orly pour attraper son vol de 21 h 30. Elle avait ouvert des comptes sur lesquels elle avait dispersé ses avoirs, puis acheté un petit appartement dans une petite ville au nord de Montréal. Elle avait passé la dernière année à préparer dans le moindre détail cette journée qui changerait tout. Le week-end combiné à sa petite semaine de vacances, ils mettraient pratiquement dix jours avant de se rendre compte qu’elle ne reviendrait pas.

    Ils trouveraient son appartement vide et mettraient encore plusieurs jours avant de comprendre ce qu’elle leur avait subtilisé, l’argent, et se demanderaient si elle n’avait pas emporté autre chose qui pourrait leur causer des dommages importants.

    Véronique avait 29 ans, grande, mince, mais athlétique, elle possédait des courbes généreuses qui ne laissaient aucun homme indifférent. Elle avait tous les atouts pour avoir une carrière dans le mannequinat si elle l’avait voulue. Naturellement rousse aux cheveux longs et aux yeux verts, elle était maintenant brune avec une coupe carrée afin de tenter de passer sous le radar. Elle avait enfilé des vêtements amples qui cachaient ses courbes et dissimulaient sa poitrine. Elle portait un denim décontracté et de petites bottes à talons plats. Même ainsi, elle était d’une beauté saisissante. Elle dégageait une énergie et une élégance accentuée par son pas souple et félin, comme si elle flottait à trois centimètres du sol. Une fine cicatrice glissait le long de sa mâchoire vers son cou sur quatre centimètres, gracieuseté d’un mafieux Russe alors qu’elle n’avait que neuf ans. Le souvenir de cette journée resterait gravé dans sa mémoire jusqu’à la fin de ses jours.

    Ses parents possédaient une petite boulangerie rue Rampon dans le 11e arrondissement de Paris. Le matin du 14 août 1999, la température était agréable après trois jours de vent très fort, alors qu’ils annonçaient une canicule pour les jours à venir. Les étagères étaient remplies de pains, de croissants et de baguettes fraîchement sorties du four, pour certains, encore chaud. L’odeur du pain frais n’avait pas d’égal et se répandait dans toute la boutique. Trois hommes étaient alors entrés dans la boulangerie pour discuter avec son père. Ils avaient un très fort accent des pays de l’Est et la discussion était très animée. Elle n’y comprenait pas grand-chose, mais ils voulaient de l’argent, sinon ils casseraient tout. Son père avait tenté, sans grand résultat, de les mettre à la porte et les avait menacés d’appeler la police jusqu’à ce que l’un d’eux s’empare d’elle et lui mette un couteau sur la gorge en lui disant que s’il ne leur donnait pas ce qu’ils voulaient, ils la prendraient et la mettrait au service des hommes. Puisqu’elle était mignonne, plusieurs feraient la file pour passer quelques heures avec elle. Ils ajoutèrent qu’une fois trop usée, ils allaient lui trancher la gorge et la jeter dans la Seine. Son couteau avait entamé sa peau fragile et le sang avait commencé à couler doucement de la plaie, somme toute mineure, pour le moment. Son père avait cédé sous la menace. Elle n’y comprenait rien à ce moment, mais elle n’avait pas oublié la douleur. Ils avaient promis de repasser pour lui rappeler leur entente, et si jamais une enveloppe n’était pas prête chaque quinze du mois, ils ne seraient alors pas aussi gentils. Elle n’oublierait jamais les tatouages sur les avant-bras de celui qui l’avait saisie puis coupée à la gorge, deux croix bleues et rouges sur lesquelles étaient enroulés des serpents.

    Perdue dans ses souvenirs, elle caressait la cicatrice sur sa gorge, sentant la rage monter en elle. Dès lors, elle s’était promis de se venger pour tout ce qu’ils avaient fait endurer à ses parents, tout cet argent chèrement gagné et volé pour une soi-disant protection. Puis, alors qu’elle venait tout juste d’avoir treize ans et se trouvait à l’école, son père s’était rebellé et avait refusé de payer la prime de protection mensuelle. Deux jours plus tard, la boutique avait été saccagée et son père battu, laissé pour mort. Il s’était battu pendant une semaine avant de succomber à ses blessures. Sa mère ne s’en était jamais relevée. D’abord victime d’une profonde dépression, elle avait ensuite fermé la boutique et avait tout vendu. Elles avaient ensuite déménagé à Marseille où sa mère était allée travailler pour son frère, lui aussi boulanger.

    Véronique avait alors débuté des cours d’autodéfense en tout genre. Elle s’y adonnait avec l’acharnement et la volonté d’un glouton qui protégeait sa proie capturée. À quinze ans, elle était ceinture noire en karaté Jeet Kune do, judo, Kung Fu, pratiquait le Shaolin, elle avait appris le maniement des armes blanches et était devenue experte au tir à l’arc.

    À 19 ans, elle était revenue à Paris pour étudier. L’occasion s’était enfin présentée et, incognito, elle avait pu entrer indirectement au service de la Bratva alors qu’ils avaient fait appel à un traiteur pour le mariage d’un haut dirigeant, traiteur pour lequel elle travaillait. Avec ses longs cheveux roux et son physique de déesse, ils l’avaient rapidement remarquée et demandée à plusieurs reprises, elle s’approchait de plus en plus du cœur de la bête. Parallèlement, elle étudiait la gestion d’entreprise, l’informatique, jusque dans ses bas-fonds, le darknet, puis la cyber enquête, toujours avec la même détermination, la même rage au cœur qu’elle utilisait pour les arts du combat.

    Elle avait beau avoir un corps de rêve, un visage de déesse, sa vie amoureuse était un désert sans fin, le calme plat. Il n’y avait guère de place pour un homme dans tous ces plans d’avenir. Elle avait bien eu quelques aventures, mais toutes s’étaient soldées par des échecs. Elle préférait encore se garder pour celui qui la ferait vraiment vibrer, celui qui la toucherait jusqu’au plus profond de son être et ce n’était pas pour tout de suite, elle était trop occupée par ses projets de vengeance.

    Elle stationna la voiture empruntée à une amie. Cette dernière viendrait le récupérer au cours de la journée le lendemain. Elle regarda autour d’elle, tout semblait très calme. Elle l’avait stationnée dans un endroit un peu à l’écart pour qu’elle la retrouve aisément puis, elle descendit, se dirigea vers le coffre arrière et l’ouvrit. Elle y récupéra une petite valise et un sac à dos léger. Elle avait besoin de peu de choses, ses biens principaux étaient déjà partis depuis quelques semaines par malle et l’attendaient à Montréal dans son nouvel appartement. Là-bas, un coursier avait récupéré ses affaires pour les emporter dans son nouvel appartement situé rue Fabien-Drapeau à Sainte-Thérèse, tout près de Blainville. À son arrivée, Véronique n’aurait plus qu’à se procurer quelques meubles afin de compléter son aménagement. Elle y serait confortablement installée pour recommencer sur de nouvelles bases et terminer en toute tranquillité ses projets et sa riposte.

    Elle se dirigea vers le terminal et une fois à l’intérieur, elle prit la direction du comptoir d’Air France. Il était presque dix-huit heures et elle disposait d’un peu de temps libre. Elle décida d’en profiter pour aller aux toilettes, l’attente serait longue jusqu’à l’embarquement.

    Elle s’engagea dans les toilettes et en ressortit dix minutes plus tard. Alors qu’elle regardait l’étalage d’une petite boutique, un enfant se mit à pleurer très fort, ce qui attira son attention. C’est à ce moment que son système d’alarme intérieur retentit. Elle aperçut alors un homme qu’elle reconnut immédiatement, Dimitri Voloskin, le chien de poche de la mafia russe, l’un des pires salopards de Paris, peut-être même de toute l’Europe. Qu’est-ce qu’il pouvait bien foutre ici ? Rapidement, elle se cacha derrière une colonne et prit le temps d’observer avec attention chacun de ses mouvements. Il n’était pas seul, ses gestes de la tête lui permirent de repérer trois autres individus qui surveillaient le comptoir d’Air France. Visiblement, il s’était passé quelque chose qui l’avait trahi. Elle rebroussa calmement chemin, rien ne servait de paniquer, elle n’avait pas été repérée et ils recherchaient une rousse. Elle prit le chemin inverse en effectuant quelques détours afin de s’assurer qu’ils ne la suivaient pas. Comment avaient-ils pu savoir ? Elle tenta d’appeler Noémie qui lui avait prêté sa voiture en espérant qu’il ne lui était rien arrivé. Elle n’obtint pas de réponse à la maison et elle ne répondait pas non plus sur son portable. Elle craignait maintenant le pire pour son amie.

    Elle ressortit de l’aérogare et se dirigea vers la voiture en prenant de multiples détours tout en tentant de repérer toute personne suspecte. Elle en découvrit deux. Ils étaient dissimulés derrière une colonne pour l’un et derrière un muret pour l’autre. Ils surveillaient la voiture avec attention, elle était bel et bien démasquée, plus aucun doute. Elle devait à tout prix retourner voir à l’appartement de Noémie afin de s’assurer qu’il ne lui était rien arrivé, elle s’en voudrait jusqu’à sa mort s’il lui arrivait quoi que ce soit. Noémie n’avait rien à voir avec tout ça, elle n’avait fait que lui prêter sa voiture. Elle déverrouilla deux petits mécanismes situés de chaque côté de sa valise et dégagea deux bâtons. Elle se trouva un petit coin discret pour y déposer son sac à dos et sa valise afin d’être libre de ses mouvements. Elle fit ensuite un grand détour afin de prendre celui qui se trouvait derrière le muret à revers. D’un mouvement brusque vers le bas avec les deux bâtons, elle fit activer le mécanisme et les tiges télescopiques s’allongèrent de trente-cinq centimètres. Arrivée derrière le premier individu, elle lui posa une question.

    — Je peux vous aider ?

    Il se retourna en sursautant et, pris par surprise, il reçut un violent coup en plein visage, immédiatement suivi d’un second derrière la tête qui l’envoya au pays des rêves. Il s’affala sur le bitume avant même d’avoir pu dire ouf. Ses mouvements étaient rapides, coulés et puissants, toutes ces années d’entraînement avaient fait d’elle une combattante aguerrie. De ce point de vue, elle ne pouvait voir l’autre guignol qui attendait derrière la colonne. Elle refit donc le chemin dans l’autre sens et se dirigea discrètement vers l’autre homme en prenant bien soin de ne pas se faire remarquer. Il était beaucoup plus méfiant et l’approcher sans se faire repérer lui parut prendre une éternité. Il regardait nerveusement sans cesse autour de lui telle une lampe de phare qui tourne sur elle-même pour avertir les bateaux d’un danger. Alors qu’elle n’était plus qu’à deux mètres, il se retourna et l’aperçut qui se dirigeait vers lui au pas de course. Il n’eut pas le temps de sortir son arme, mais tenta de l’intercepter avec un coup de poing violent qu’elle esquiva avec une facilité déconcertante avant de lui asséner un coup de matraque puissant dans le genou droit, lui brisant l’articulation. Ce coup fut suivi immédiatement d’un second à la mâchoire. Il s’écroula en silence. Elle observa les alentours avec attention afin de s’assurer qu’il n’y avait personne d’autre. Rassurée, elle retourna récupérer son sac à dos et sa valise puis se dirigea vers la voiture. Elle se pencha à l’arrière du côté gauche et récupéra les clefs qu’elle avait elle-même dissimulées dans une petite boîte aimantée sous le pare-chocs. Une fois ses affaires déposées sur le siège du passager, elle mit le contact et se dirigea vers la sortie du stationnement et reprit la direction de Paris.

    Chapitre 2

    Dix juillet 2020, 11 h 13, quelques heures avant que Véronique ne se dirige vers l’aéroport pour prendre son vol vers le Canada. Une femme, petite et blonde poussa la porte du restaurant Café Pushkin. Elle portait une petite jupe verte ajustée arrivant tout juste en haut des genoux et un pull rouge qui donnait un effet criard, surtout avec la veste de cuirette noire de mauvaise facture. Malgré sa petite taille, elle devait faire 1 mètre 55, elle avait une poitrine énorme qui détonnait avec le reste de son corps svelte. Plutôt jolie, on aurait presque pu la confondre avec la chanteuse britannique Samantha Fox qui avait eu quelques tubes à la fin des années quatre-vingt. Elle s’immobilisa un instant afin de laisser ses yeux s’habituer à la pénombre qui régnait à l’intérieur par rapport au soleil qui inondait dehors. Elle repéra un groupe d’hommes qui jouaient aux cartes tout au fond du restaurant. Elle se dirigea vers eux avec prudence avant d’être interceptée à mi-chemin par une solide main aux doigts boudinés. Un malabar lui interdisait d’aller plus loin.

    — Où tu penses aller comme ça, fillette ?

    Il la regardait d’un air condescendant. Elle l’observa avec curiosité. C’était un mec énorme, pas qu’il était obèse, ni très grand, mais il avait les épaules de la largeur d’un cadre de porte. Ses bras étaient courts et épais comme des troncs d’arbres. Il portait un jeans ajusté délavé et déchiré sur les genoux et ses cuisses, grosses comme des jambons, devaient bien faire l’équivalent de sa taille à elle. Le t-shirt noir à l’effigie du groupe System of a Down qu’il portait paraissait sur le point de se déchirer à chacun de ses mouvements.

    — Je veux parler à monsieur Pushkin, répliqua-t-elle.

    — Et pourquoi je te laisserais passer ? Tu es une pute qui veut se faire un peu de pognon ? Tu veux te plaindre de la qualité de la dope que tu as reçue hier soir peut-être ?

    — J’ai des informations qui pourraient l’intéresser.

    — Vraiment ? Et tu penses que tu peux atterrir ici comme ça en disant je veux parler à monsieur Pushkin et que nous, bêtement, on va te laisser aller, juste comme ça. Dis-moi ce que tu as à lui dire, et je vais lui passer ton message, si je le trouve assez intéressant bien sûr.

    — Non ! Je veux lui parler personnellement, laisse-moi passer, il ne le regrettera pas, et tu seras récompensé.

    Un cri retentit alors du fond de la salle.

    — Damien ! Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce qu’elle veut cette petite salope blonde !

    — Elle demande à vous voir, patron. Elle dit qu’elle détient des informations qui pourraient vous intéresser.

    — Fous-la dehors avant que je décide de la mettre au trottoir.

    — J’ai des infos sur Véronique Cronier, s’écria-t-elle. Je sais qu’elle travaille pour vous depuis pas mal d’années. Vous ne savez pas tout sur votre beauté rousse. Les infos que j’ai pour vous pourraient bien vous surprendre.

    — J’espère pour toi que c’est du solide, répliqua un autre homme du fond de la salle.

    — Fouille-la bien à fond puis laisse-la venir, répliqua un autre tout juste à côté.

    Le laquais ne se fit pas prier et entreprit de la fouiller de fond en comble, la tâtant de ses mains aux doigts courts et épais. Elles lui paraissaient étrangement petites en comparaison avec la corpulence de l’homme. Il passa d’abord la main sous ses cheveux, puis son cou. Il lui fit lever les bras avant de glisser le long de son corps jusqu’à ses hanches fines. Il la fit ensuite tourner sur elle-même lui palpant le dos avant de passer ses bras sous ses aisselles pour saisir ses seins généreux et les palper avec un peu trop d’insistance. Il y prenait visiblement plaisir et ne s’en privait pas. Satisfait, il lui fit écarter les jambes et s’agenouilla pour palper ses jambes, fines, mais musclées, glissant au passage la main sur son entrejambe avec un peu trop d’insistance encore une fois. Passant sur ses fesses rebondies, il s’empara de son portable et le déposa sur le comptoir du bar. Elle tenta bien de s’écarter, en vain. Vu sa corpulence, il devait bien faire plus du double de son poids, c’était peine perdue. Satisfait, il lui fit enfin signe d’avancer en la suivant tout de même de près. Arrivée devant les quatre hommes attablés, elle remarqua que deux autres hommes à la mine sévère observaient attentivement, prêts à agir si le besoin s’en faisait sentir. Elle reporta son attention sur les quatre individus à la table.

    Le premier du bord à droite de la table la regardait d’un air supérieur, le gros porc suait à grosse goutte sous sa perruque bon marché. Il devait avoir la fin cinquantaine, de faux cheveux bruns qui cachaient probablement une calvitie avancée et ses favoris roux un peu trop longs descendaient jusqu’à son cou gras. Ses vêtements, un complet noir et blanc de mauvaise coupe semblait sortir des années 80. Ils étaient assortis de chaussures noires et blanches au cuir défraîchi. Il portait des lunettes teintées roses et un bout de cigare éteint pendait à ses lèvres.

    Celui de dos à sa gauche, était en tout point son opposé, grand et mince, il avait un air racé et semblait prêt à démarrer au quart de tour. Il portait un complet de bonne coupe gris anthracite et des chaussures noires en cuir qui lançaient des reflets tellement la cire y était appliquée avec attention. Il avait un tic qui le hantait constamment, elle avait remarqué qu’il tournait la tête de côté toutes les trente secondes. Son visage était fin et ciselé, comme un aigle, prêt à fondre sur sa proie. Ses yeux un peu fous renvoyaient un regard étrange qui la mettait mal à l’aise, comme s’il pouvait voir au travers de ses vêtements.

    Son regard s’attarda ensuite sur les deux autres. On aurait presque dit deux copies conformes, à quelque différence près. Tous deux avaient la même corpulence, costauds sans être exagérément gros. Ils portaient les mêmes vêtements noirs avec une chemise rouge, des pantalons noirs et des chaussures de cuirs noirs de première qualité. Ils avaient la même coupe aux cheveux châtains. En fait, elle réalisa que c’était comme les regarder dans un miroir, l’un était l’opposé de l’autre, même dans les yeux. Le plus étonnant et étrange était bien là, ils avaient tous deux les yeux vairons, un œil vert et l’autre brun. C’était là que se trouvait la seule chose qui les différenciait, pour celui de gauche, l’œil vert se trouvait à gauche, et pour l’autre, l’œil vert était celui de droite, ils étaient vraiment à l’opposé, cela devait renforcer l’impression qu’ils se regardaient dans un miroir. Ses quatre yeux l’observaient avec une attention mêlée de curiosité et de férocité.

    Celui du fond s’exprima en premier.

    — Alors, qu’as-tu de si important à dire ?

    — Qui te permet de croire que tu pourrais ressortir d’ici sur tes deux jambes, dit l’autre.

    Elle ignorait complètement qu’il y avait en fait deux Pushkin. Le premier s’adressa à nouveau à elle.

    — Tu en as du courage, petite.

    — Tu vas parler ou on laisse nos petits amis jouer avec toi, dit l’autre.

    L’un complétait sans cesse la pensée de l’autre, rendant cette conversation encore plus étrange. Elle prit son courage à deux mains et prit enfin la parole.

    — J’ai des informations qui pourraient vous intéresser grandement sur l’une de vos employées, Véronique Cronier. Informations que je suis prête à vous donner en échange d’un bonus substantiel. Je vous assure que c’est du chaud et que ça vaut son pesant en argent.

    Alors même qu’elle disait ces mots, elle faisait de monumentaux efforts pour cacher sa nervosité, des gouttes de sueur coulaient le long de sa colonne vertébrale, vers son petit postérieur à la vitesse grand V, lui donnant l’impression qu’un torrent s’écoulait entre ses deux miches bien fermes.

    — Tu en as du culot, petite, dit le premier assis au fond.

    — Mais nous aimons ça, n’est-ce pas frérot ? dit l’autre en complément.

    C’était déroutant de suivre ces deux hommes dans leur conversation. Cela augmentait son stress déjà tellement grand, il lui avait fallu tout son courage pour entrer dans le restaurant.

    — Et combien tu espères obtenir ? dit le premier.

    — En échange de tes informations, compléta le second.

    — Qui je l’espère pour toi en valent vraiment la peine, poursuivit le premier.

    — Sinon, tu pourrais bien te retrouver dans une chambre là-haut, dit le second en pointant vers le plafond crasseux.

    — À te faire baiser cinquante fois par jour, compléta encore une fois l’homme du fond.

    — J’ai une dette que j’aimerais bien effacer afin de repartir à zéro. Je n’en peux plus et je n’arrive pas à m’en sortir. La maison familiale tombe en ruine et j’ai dû mettre ma mère en terre, j’étouffe. J’ai besoin de 50 000 euros pour réparer la maison de nos ancêtres et quitter cette ville maudite pour retourner y vivre. Paris me tue à petit feu et je désire retourner dans mon village natal.

    — Voilà une grosse somme, dit celui le plus près, inversant les rôles.

    — Pour des informations dont nous ne connaissons pas la teneur, dit celui du fond.

    — Cet argent n’est qu’une goutte d’eau pour vous à côté de ce que votre Véronique vous a volé depuis qu’elle travaille pour vous.

    — Et d’où détiens-tu ces informations ? dit celui du fond soudainement très intéressé.

    — J’ai eu accès à son ordinateur, j’ai vu ses comptes, répliqua-t-elle sans hésiter. Vous l’ignorez sûrement, mais Véronique Cronier n’est pas qu’une bonne comptable, elle est aussi une hackeuse de premier plan.

    Un long silence lourd de signification s’était installé soudainement. Pendant quelques secondes, on aurait pu entendre une mouche voler. Elle reprit la conversation sans qu’elle soit priée cette fois, bien consciente qu’elle avait maintenant toute leur attention.

    — Au cours des cinq dernières années, elle vous a subtilisé, sous votre nez, plusieurs millions d’Euros en implantant un vers dans votre système informatique. De cette façon, elle a pu, subtilement, à partir d’un poste à distance, détourner habilement et avec régularité des sommes qu’elle a réparties dans de nombreux comptes ici en France, mais aussi en Suisse et au Canada.

    Elle savait par leurs réactions qu’elle avait touché la cible et elle s’exprimait maintenant avec de plus en plus d’assurance.

    — Tu es sûre de ce que tu avances jeune fille ? dit l’homme du fond

    — Si tu mens, tu en paieras chèrement le prix, rétorqua l’autre.

    — Allez voir son appartement, il est vide depuis maintenant près de deux mois et elle s’apprête à quitter le pays pour le Canada, aujourd’hui même, alors que vous lui avez accordé une semaine de vacances si je ne m’abuse. Je peux vous assurer qu’elle ne reviendra pas après la fin de la semaine prochaine.

    D’un ton autoritaire, l’homme du fond s’adressa à ses deux laquais au fond de la salle.

    — Vous deux, allez voir à son appartement.

    — Et si elle n’y est plus, trouvez-la, compléta l’autre presque en criant.

    Ils réagirent au quart de tour et en moins de dix secondes, ils avaient disparu par la porte arrière.

    — Si tu dis vrai, tu auras ton argent, dit l’homme du fond.

    — Mais si tu mens, tu ne reverras jamais la lumière du jour et tu finiras au fond de la Seine, compléta l’autre.

    — Je dis vrai et il y a plus.

    — Que pourrait-il y avoir de plus ? dit celui du fond.

    Avant que l’autre ne complète sa phrase, elle se lança à nouveau.

    — Je vous l’ai dit, elle a implanté un vers dans votre système informatique. Elle a pu avoir accès à tout le contenu de vos appareils, ou de vos serveurs, mais, de cela, je n’en connais pas la teneur. Si vous aviez des documents confidentiels, fichiers comptables

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