Dramatique Destin de femme

Ce n’était certainement pas la cérémonie à laquelle avait rêvé Kenza.

D’ailleurs avait-elle seulement imaginé, quelques semaines plus tôt, qu’elle se retrouverait dans cette grande pièce d’une maison inconnue d’Alger ? Qui plus est assise face à une vieille femme édentée dont le sourire la terrorisait ?

En plus, elle s’adressait à elle dans un arabe qu’elle peinait à comprendre.

Quand la porte s’ouvrit enfin, livrant passage à son père, son cœur se serra encore davantage. L’homme, le visage sombre, prit place à côté d’elle :

– Tâche de réserver un bon accueil à la famille de Younès. Il a agi correctement, tu sais. Il m’a juré qu’il ne prendrait pas une seconde épouse !

Elle soupira :

– Il a presque le même âge que toi ! Il me dégoûte ! ajouta-t-elle, la voix brisée.

Son père lui saisit le bras :

– Dans ta situation, c’était la seule solution, ma fille !

– La seule solution pour préserver ton honneur ! Mais je m’en fiche, moi, de ton honneur ! dit-elle, les yeux brillants de colère.

La main vigoureuse lui serra le bras plus fort encore :

– Tu me fais honte, ma fille. Tu fais honte à ta mère et à ta sœur. Elle baissa la tête, se recroquevilla sur le canapé et serra les dents.

Elle ne voulait surtout pas pleurer en présence de celui qui allait devenir son mari. Son père l’avait traînée de force devant le juge aux affaires matrimoniales. Elle aurait pu protester, elle en avait le droit, mais le courage de se dresser contre la volonté de ce père autoritaire et intransigeant lui avait manqué. Kenza n’avait que 16 ans, elle était encore une enfant. Et surtout, elle se sentait terriblement coupable alors qu’elle n’avait fait que céder à un geste de tendresse d’un garçon de son âge, dans le garage de son immeuble parisien, à la sortie du lycée…

Là, de l’autre côté de la Méditerranée, assise dans le salon de