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Dumollard le Tueur de Bonnes
Dumollard le Tueur de Bonnes
Dumollard le Tueur de Bonnes
Livre électronique177 pages2 heures

Dumollard le Tueur de Bonnes

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À propos de ce livre électronique

Le 28 février 1855, dans la forêt de Montarvene, quatre cultivateurs venus pour la fermeture de la chasse battent les fourrés et parcourent les bois à la recherche de gibiers, quand soudain, ils découvrent, allongée sur l'herbe, une femme dont le corps repose dans une mare de sang, la tête relevée par des branchages, en position de sainte, les mains sur la poitrine, morte... Alors qu'une enquête est ouverte sur le champs, un constat laisse les détectives de marbre : l'assassin semble n'avoir eu aucun mobile évident...En précurseur du true crime français, Pierre Bouchardon jette une lumière sur un tueur en série ayant défrayé la chronique à la fin des années 1850, et connu comme étant la première affaire de tueur en série en France. L'affaire sera même évoqué dans « Les Misérables » de Victor Hugo.-
LangueFrançais
ÉditeurSAGA Egmont
Date de sortie23 déc. 2021
ISBN9788728078082
Dumollard le Tueur de Bonnes

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    Dumollard le Tueur de Bonnes - Pierre Bouchardon

    Pierre Bouchardon

    Dumollard le Tueur de Bonnes

    SAGA Egmont

    Dumollard le Tueur de Bonnes

    Image de couverture : Shutterstock

    Copyright © 1936, 2021 SAGA Egmont

    Tous droits réservés

    ISBN : 9788728078082

    1ère edition ebook

    Format : EPUB 3.0

    Aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, stockée/archivée dans un système de récupération, ou transmise, sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, sans l’accord écrit préalable de l’éditeur, ni être autrement diffusée sous une forme de reliure ou de couverture autre que dans laquelle il est publié et sans qu’une condition similaire ne soit imposée à l’acheteur ultérieur.

    Cet ouvrage est republié en tant que document historique. Il contient une utilisation contemporaine de la langue.

    www.sagaegmont.com

    Saga Egmont - une partie d’Egmont, www.egmont.com

    A Monsieur le Garde des Sceaux

    Léon Bérard,

    « Quelles peuvent être les idées, les mœurs d’un pareil être ? se disait Blondet, pris de curiosité. Est-ce là mon semblable ? Nous n’avons de commun que la forme, et encore !… Il n’est pas besoin d’aller en Amérique pour observer des sauvages. »

    Balzac : LesPaysans.

    Dumollard le tueur de bonnes

    I

    La femme nue de la forêt de montaverne

    La forêt de Montaverne s’étend, dans l’arrondissement de Trévoux, sur les confins de la commune de Tramoyes et couvre une partie du territoire de celle de Romanèche.

    Des chemins la traversent dans des sens opposés. L’un d’eux s’enfonce au plus profond et mène à Romanèche. Il longe la chaussée d’un étang, dit l’étang Chevrod, que des bois enserrent de toute part.

    Le 28 février 1855, jour de la fermeture de la chasse, quatre cultivateurs venus de Cailloux-sur-Fontanier, dans le département du Rhône — ils se nommaient Morel, Simon, Pernoux et Compagnon — y battaient les fourrés, fusils à la main, avec l’espoir de lever quelque bécasse.

    Après avoir traversé, à une centaine de mètres de l’étang, un premier taillis, coupé de l’année précédente, ils s’engagèrent dans un autre, de sept ou huit ans d’âge. Il pouvait être quatre heures du soir…

    Soudain, Compagnon aperçut, à quelques pas de lui, une forme blanche. Il avança et poussa un cri d’horreur. Une femme, une jeune femme, gisait sur le dos, toute nue, au milieu des herbes, dans une mare de sang. Quelques branches formaient berceau au-dessus de la tête, qu’entourait le bras gauche, les doigts plongeant dans les cheveux. Le droit, replié à angle aigu, venait reposer au-dessus du sein. Le corps ne manquait pas d’élégance. Des dents saines meublaient la bouche, sans un seul vide, et elles n’avaient d’autre défaut que d’être un peu proéminentes. Mais les doigts usés et piquetés de points noirs, stigmate indélébile des travaux d’aiguille, révélaient une origine modeste. D’autre part, au cou et à l’épaule droite, apparaissaient deux plaques blanches, irrégulières et assez étendues. C’étaient là, semblait-il, des cicatrices laissées par une affection scrofuleuse. Une seconde mare de sang avoisinait la première. Toutefois, les lieux n’avaient pas gardé trace d’une lutte quelconque ; nulle part, l’herbe n’était foulée ; nulle part, les branches ne présentaient de cassures.

    Cette femme était morte, morte sans aucun doute à la suite d’un choc brutal qui avait déterminé l’éclatement des os de la face et du crâne. Mais le décès devait être d’assez récente date, car lorsque Compagnon, après avoir hélé les autres chasseurs et également les bûcherons Bailly, Gros, Décote et Grosset qui travaillaient dans un taillis voisin, s’avisa de soulever l’une des jambes de la victime, il s’aperçut que l’articulation du genou était demeurée flexible.

    Il avait plu la nuit précédente et le visage de la jeune femme était encore mouillé. D’autre part, ses souliers, de forme découverte, n’étaient plus à ses pieds. Quelqu’un les avait jetés, à quelques mètres, la semelle en l’air, et leurs clous, tout humides, étaient rouges de rouille fraîche.

    La morte, on l’a dit, avait été dépouillée de ses vêtements, mais quelques accessoires de toilette avaient été laissés sur place. Sous le corps, se trouvaient engagés un petit tablier de coton, ainsi qu’un mouchoir de cou en laine, bariolé de palmes rouges, jaunes, vertes et bleues, auquel tenait, par deux épingles, un col brodé. Un peu plus loin, un bonnet de mousseline blanche, ensanglanté et percé à deux endroits, un bonnet de tulle noir, tout frais encore et garni de rubans verts, un cordon de tablier en soie, une jarretière, un peigne ouvragé en corne brune attiraient les regards. Et également un collier, imitant le jais, qui était demeuré au cou de la femme, bien que son fermoir eût disparu.

    Quelle était cette femme ? Une marchande ambulante ? Une ouvrière des faubourgs de Lyon ? Une bonne de maison bourgeoise ? Peutêtre. Les quelques chiffons, abandonnés sur les lieux, mais refusés à sa nudité, décelaient seulement un brin de coquetterie.

    En tout cas, qui l’avait attirée, en dépit de la peur, au plus profond de la forêt de Montaverne ? Par quels chemins ? Quand ? Sous quel prétexte ? Et pourquoi ce crime, quand la victime semblait bien n’avoir eu en sa possession aucune somme importante ?

    Ces questions, les chasseurs de bécasses ne se les posèrent probablement pas. Après leurs hâtives et effrayantes constatations, ils prirent le chemin de Tramoyes et s’en furent mettre le maire au courant de ce qu’ils avaient vu. Celui-ci dressa aussitôt procès-verbal, et ce document, dans sa forme naïve autant qu’ennemie de l’orthographe, mérite d’etre exhumé de la poussière du dossier.

    Le voici :

    PROCÈS-VERBAL D’UN ASSASSIN (sic).

    « L’an mil huit cent cinquante-cinq et le vingt-huit du mois de février.

    « Ver le six heures du soir, nous avons reçu les déclarations de quatres chasseurs étant à la chasse sur Tramoye tout près de l’étang Chevrod.

    « Ver les quatre heures du soir, les sieurs Compagnon Benoît, Morel Jean, Simon Jean-François, Pernoux Rambert, tous de Cailloux-sur-Fontaine, département du Rhône, était à la chasse sur Tramoye. Ils ont trouvées un cadavre mort ; il se sont approché ; ils ont reconnu que cetté une jeune fille âgée de dix-huit ans environ. Elle est toutes nus ; elle a reçu tous les coups à la tête. »

    Et le lendemain, le maire avisa le procureur impérial de Trévoux, M. Bon. Au préalable, il avait pris soin de faire monter la garde toute la nuit, dans le fourré même, auprès de la dépouille de l’inconnue.

    Le ler mars, M. Bon se rendait dans la forêt de Montaverne, sans être accompagné du juge d’instruction.

    Ce n’était pas certes qu’il voulût empiéter sur les attributions de ce magistrat, mais son procèsverbal mentionne « qu’après avoir donné avis de son transport à son collègue, il avait appris que ce dernier était momentanément absent ».

    L’absence se prolongea sans doute, car ce fut seulement le 5 mars que M. Antoine-Louis Genod, juge-suppléant chargé de l’instruction à Trévoux, saisi cinq jours plus tôt d’un réquisitoire d’informer, parut sur les lieux du drame. Il amenait avec lui un photographe de Lyon, M. Camille Bernabé.

    Déjà, le docteur Jacob Dumas avait reçu, du procureur impérial, dès le 1er mars, mission d’examiner le cadavre et il s’était, le jour même, acquitté de cette tâche. Toutes les blessures avaient leur siège à la tête, les principales intéressant l’os frontal, la voûte de la cavité orbitaire gauche et les os pariétaux. Partout, ce n’étaient que fractures et éclatements, et le lobe de l’oreille gauche était fendu de bas en haut. Le praticien de Trévoux attribua ces multiples et profondes lésions à un instrument tranchant, manié avec une rare vigueur. Il considéra que la commotion cérébrale et l’hémorragie consécutive à la section des artères avaient déterminé promptement la mort.

    Invité à préciser la date du crime, il le fit remonter à deux ou trois jours au plus et il estima que la jeune femme pouvait avoir de vingt à vingt-cinq ans.

    Le corps proprement dit était indemne de toute violence et, en particulier, les parties sexuelles ne présentaient aucun indice de nature à révéler qu’un attentat à la pudeur eût été commis ou tenté !

    Alors, le mobile du crime ! ! Il n’apparaissait guère. Point de fil directeur et le juge Genod ne put se livrer qu’à des conjectures.

    Le meurtre avait-il été consommé sur les lieux, à la place même qu’occupait le corps de la jeune femme ? Ou bien, le cadavre avait-il été transporté là par le ou les meurtriers ? Plus vraisemblable était la première de ces hypothèses. Si la victime avait été traînée à travers bois, ce passage eût laissé des traces, qui se seraient traduites par des herbes foulées, des branches arrachées, des gouttes de sang… Ne semblait-il pas davantage plausible d’admettre que cette personne, connaissant le criminel, l’avait suivi sans défiance dans un lieu désert ; que, frappée subitement à la tête, elle s’était écroulée, là où s’étalait la première mare rouge, et que la seconde mare, plus abonartères avaient déterminé promptement la mort.

    Invité à préciser la date du crime, il le fit remonter à deux ou trois jours au plus et il estima que la jeune femme pouvait avoir de vingt à vingt-cinq ans.

    Le corps proprement dit était indemne de toute violence et, en particulier, les parties sexuelles ne présentaient aucun indice de nature à révéler qu’un attentat à la pudeur eût été commis ou tenté !

    Alors, le mobile du crime ! ! Il n’apparaissait guère. Point de fil directeur et le juge Genod ne put se livrer qu’à des conjectures.

    Le meurtre avait-il été consommé sur les lieux, à la place même qu’occupait le corps de la jeune femme ? Ou bien, le cadavre avait-il été transporté là par le ou les meurtriers ? Plus vraisemblable était la première de ces Hypothèses. Si la victime avait été traînée à travers bois, ce passage eût laissé des traces, qui se seraient traduites par des herbes foulées, des branches arrachées, des gouttes de sang… Ne semblait-il pas davantage plausible d’admettre que cette personne, connaissant le criminel, l’avait suivi sans défiance dans un lieu désert ; que, frappée subitement à la tête, elle s’était écroulée, là où s’étalait la première mare rouge, et que la seconde mare, plus abondante, s’était produite quand le corps avait été déplacé d’une façon définitive par la main qui avait enlevé les vêtements ?

    En tout cas, pendant que le juge hésitait et ne savait de quel côté aiguiller ses recherches, M. Bernabé, lui, faisait merveille. L’on peut même s’étonner qu’à une époque déjà vieille de plus de quatre-vingts ans, certains photographes eussent atteint ce degré de perfection dans leur art. Des deux épreuves, à peine jaunies, qui figurent à la procédure criminelle, l’une représente le buste, l’autre, le corps tout entier, allongé dans la position où il fut découvert le 28 février 1855. Les paupières boursouflées et les dents qui débordent de la bouche font grimacer la morte, mais, pour macabre qu’elle soit, l’image a conservé une netteté à peine croyable.

    A la mairie de Tramoyes, on exposa l’inconnue de la forêt de Montaverne dans un cercueil ouvert, et, pendant plusieurs jours, une foule curieuse, émue, défila devant elle. La nouvelle de ce crime abominable s’étant répandue dans toute la région, il arriva des gens de partout.

    Or, personne ne la reconnut. Personne n’eut même un soupçon ou ne laissa échapper une remarque dont la justice pût faire son profit.

    L’assassin et la victime étaient-ils donc venus de si loin, que nul, dans le pays, ne fût susceptible de les identifier ?

    L’affaire, somme toute, se présentait mal et M. Genod ne se trouva pas beaucoup plus avancé, quand le garde champêtre de Tramoyes, Antoine Alleguette, lui remit une pièce de cinq centimes à l’effigie de l’Empereur et au millésime de 1854, qu’il venait de retrouver en fouillant les herbes sur lesquelles le cadavre avait reposé.

    II

    La petite marchande

    Alors, M. Genod ne put que tâtonner. Il avait des loisirs, son cabinet d’instruction n’était pas encombré de procédures. C’était d’ailleurs l’époque où les juges ne recouraient qu’aux expertises indispensables et évitaient de se décharger de leur besogne sur des auxiliaires. Patiemment, méticuleusement, il entendit luimême les gens du voisinage, et, après les premiers coups de sonde, il pensa bien tenir une piste.

    Mais, ce fut le 21 avril seulement qu’il crut avoir déterminé le jour et l’heure approximative du crime.

    A cette date, l’abbé Ambroise Viviand, curé de Tramoyes, qu’il avait mandé à toutes fins, lui apporta ce témoignage :

    « Le lundi 26 février dernier, je revenais de la foire de Montluel en compagnie de Benoît Fuz et de Françoise Maléton, femme Grandjean. Nous étions, tous les trois, assis dans une voiture découverte. Arrivés, à la nuit close, au territoire du Colombier, situé au sud à un kilomètre environ de l’endroit où le cadavre de la jeune fille a été trouvé, j’entendis tout à coup dans cette direction un cri extraordinaire, puis un second, plus aigu,

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