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Bad Juju: Bayou Detective, #2
Bad Juju: Bayou Detective, #2
Bad Juju: Bayou Detective, #2
Livre électronique245 pages3 heures

Bad Juju: Bayou Detective, #2

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À propos de ce livre électronique

« Juju a des ennuis, il a besoin de nous. »
Quand Prudence et Moore reçoivent l'appel de leur amie Corain, ils ne perdent pas un instant. Monsieur Juju, DJ et sorcier hoodoo, a de sérieux problèmes. Le Conseil des Gardiens l'accuse de trahison. Juju est en fuite, seul et blessé au milieu du bayou. Et le sorcier n'est pas le seul en danger : Prudence, Moore, Céleste et Corain sont aussi dans le collimateur du Conseil. Pour survivre, Prudence devra faire appel à sa connaissance du bayou et à tous les alliés qu'elle pourra recruter : le serpent, les fantômes de Beau Séjour et même... sa propre mère.

LangueFrançais
Date de sortie27 sept. 2021
ISBN9791095394303
Bad Juju: Bayou Detective, #2

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    Aperçu du livre

    Bad Juju - C. C. Mahon

    1

    L’horloge kitsch du traiteur asiatique indiquait 20 h. Le soleil venait de se coucher sur Lake Louis. Une poignée d’amateurs de poulet Général Tsao occupaient quelques tables. D’autres attendaient leurs plats à emporter. Dans un recoin au fond de la salle, une femme aux cheveux rose bubblegum nous attendait.

    Anthony Moore joua de sa haute taille et de ses larges épaules pour fendre le petit groupe de gastronomes qui bloquaient le passage. Je me faufilai dans son sillage.

    — Salut Corain, dis-je en prenant place face à la femme aux cheveux roses.

    — Juju a des problèmes, répliqua-t-elle.

    Sacrée Corain, toujours aussi fan des politesses et des ronds de jambe.

    — C’est ce que tu m’as dit au téléphone, fit Moore. Tu peux être plus précise ? Et me dire pourquoi on se retrouve comme des espions au fond d’un restaurant au lieu d’aller le voir chez lui ?

    D’un mouvement du menton il désigna le gros cube de briques qui s’élevait de l’autre côté de la rue, au fond d’un parking — le domaine de notre ami Monsieur Juju, qu’il avait transformé en salle de fête et loft.

    — Juju n’y est pas, répondit Corain. Et l’endroit est surveillé par les Gardiens.

    Je sentis mon estomac faire un looping : le Conseil des Gardiens était une organisation secrète. Ses membres se considéraient comme le rempart entre l’humanité et les créatures de la nuit : démons, goules, que sais-je encore. En réalité c’était une bande d’extrémistes qui trouvaient normal de tuer tout le monde, humain comme démon, en espérant que Dieu reconnaîtrait les siens. Tout était bon pour eux tant qu’ils avaient la peau des créatures qu’ils visaient. À une époque pas si lointaine, Moore et moi étions dans leur collimateur : moi parce que j’avais conclu un pacte avec un esprit du bayou, Moore parce qu’il avait été possédé par un démon pendant quatre terribles journées.

    — Qu’est-ce que le Conseil vient faire à Lake Louis ? fit Moore.

    Corain se pinça la base du nez, se passa la main dans ses cheveux ultra courts :

    — Juju est accusé de trahison, finit-elle par lâcher.

    — À cause de moi, ou du serpent ? dis-je.

    Corain grimaça sans répondre.

    Juju était un sorcier hoodoo, et il travaillait à l’occasion pour le Conseil des Gardiens. Quelques mois plus tôt, quand un groupe de démons avait envahi mon campus, Juju m’avait aidée à les combattre. Pour ce faire, il avait désobéi au Conseil. Le serpent était l’esprit du bayou avec lequel j’avais conclu un pacte. Il m’apparaissait comme un immense serpent vert printemps, muni de bois de cerfs. Il m’avait aidée à vaincre le groupe de démons. Une fois notre mission achevée, il m’avait délaissée au profit de Monsieur Juju. À l’époque, je pensais que cela aiderait Juju face au Conseil : le serpent était à ma connaissance le seul être capable de détruire un démon sans tuer l’humain possédé. Une amélioration nette par rapport à la méthode des Gardiens. C’était moi qui avais encouragé le serpent à s’allier avec Juju…

    — Raconte, fit Moore.

    Corain prit une grande inspiration et se lança :

    — Après le bordel dans lequel vous nous avez entraînés ici, le Conseil nous est tombé dessus à bras raccourcis. Pourquoi avions-nous désobéi aux ordres ? Pourquoi nous être alliés avec vous ? Pourquoi avoir laissé filer des gens qui avaient été possédés par des démons ? La seule raison pour laquelle nous n’avons pas été exécutés à ce moment-là, c’est parce que nous leur avons promis monts et merveilles : moi avec la machine qu’avaient construite les démons, et Juju avec le serpent…

    — Quand tu dis « exécutés », fis-je. Tu veux dire…

    — Couic, fit-elle en passant le pouce en travers de sa gorge. Ou brûlés au bûcher, si Matheson est de mauvaise humeur.

    — Qui ? releva Moore.

    — Le Gardien en chef : Matheson. C’est lui qui dirige la branche locale du Conseil.

    Moore hocha la tête et résuma :

    — Donc vous avez convaincu ce Matheson de ne pas vous exécuter ?

    — Mais nous sommes restés en « probation », poursuivit Corain. Moi dans mon laboratoire, à travailler sur la technologie des démons, et Juju dans un endroit secret, pour que Matheson examine le serpent à loisir.

    Je remuais sur ma chaise en Formica, pas franchement à l’aise avec l’idée de Juju et du serpent retenus dans une prison secrète, à la merci des Gardiens.

    — C’est pour ça que tu nous as appelés ? dit Moore.

    Corain secoua la tête :

    — Je vous ai appelés parce que Juju s’est fait la malle, dit-elle. Il est en fuite, et Matheson a donné l’ordre de le ramener, mort ou vif — mais plutôt mort. La moitié des Gardiens ont été convoqués ici pour le retrouver.

    — À Lake Louis ? fit Moore. Pourquoi ? Est-ce que cette prison est dans la région ?

    Corain haussa les épaules.

    — Le serpent est l’esprit du bayou, intervins-je. Si ce Matheson voulait l’étudier, il aura peut-être choisi de rester proche de la source de son pouvoir.

    — Ce serait dangereux, dit Moore. Proche du bayou, le serpent devient plus fort.

    — C’est peut-être pour ça que Juju a pu s’enfuir ? dis-je.

    — Vous lui demanderez quand vous l’aurez retrouvé, intervint Corain. Je vous ai appris ce que je savais. Il est temps pour moi de regagner mon labo, en serrant les fesses pour que mes Gardiens personnels n’aient pas remarqué mon absence.

    — Tu es sous surveillance, et tu as fait le chemin jusqu’ici ? dis-je. Pourquoi ne pas nous avoir raconté ça au téléphone ?

    Elle se mordit les lèvres comme une gamine prise en faute :

    — J’avais besoin de voir ça par moi-même, dit-elle. Les Gardiens en force ici, le loft de Juju… Tiens, jette un œil.

    Elle posa une paire de jumelles sur la table et indiqua l’autre côté de la rue.

    Je portai les jumelles à mes yeux et, après quelques secondes passées à chercher le bon angle et les bons réglages, parvins à faire le point sur le bâtiment de Juju.

    C’était un ancien hangar en briques, rénové pour en faire un loft tendance. Le rez-de-chaussée ne possédait que peu de fenêtres, et Juju ne s’en servait qu’à l’occasion, pour donner de grandes fêtes. La porte en était entrouverte, et alors que je l’observais, un homme se glissa à l’extérieur. Vêtu de noir depuis ses rangers jusqu’à son bonnet, il avait la silhouette d’un policier d’élite. Il fit quelques pas jusqu’à se fondre dans un coin sombre. L’instant d’après la flamme d’un briquet éclaira son visage, avant de se réduire au point incandescent d’une cigarette.

    Je reportai mon attention sur l’escalier métallique qui menait à l’étage. Il était désert, mais à son sommet la porte avait été enfoncée.

    — Ils sont trois dans l’appart, fit Corain. Et au moins deux au rez-de-chaussée.

    Je tendis les jumelles à Moore et dis :

    — Ça fait beaucoup de monde pour attraper un homme seul.

    — Il faut croire que ton serpent leur fout la trouille, dit-elle.

    — Tu n’es pas venue jusqu’ici pour observer un appartement avec des jumelles, dit Moore en lui rendant l’objet.

    — J’espérais pouvoir parler à l’un des Gardiens, avoua-t-elle. Ce ne sont pas tous des fous furieux. Certains peuvent être raisonnés.

    — Mais… ? fit Moore.

    — Matheson n’a envoyé ici que ses soldats les plus fidèles. Du moins je n’ai reconnu que ceux-là. S’ils me découvrent si loin de mon labo, et avec vous en plus, je suis finie.

    — Pourquoi « avec nous en plus ? » dis-je.

    — Deux anciens possédés, fit-elle.

    — Nous ne sommes plus…

    Elle m’arrêta d’un geste de la main :

    — Je sais. C’est ce que nous n’avons pas cessé de leur répéter. Et jusqu’ici, avec Juju à se mettre sous la dent, Matheson ne semblait pas trop se soucier de vous. Mais maintenant qu’il a perdu son joujou…

    Elle haussa les épaules et se leva.

    — Au fait, ajouta-t-elle, si vous voulez me joindre, utilisez ce numéro. C’est une ligne anonyme.

    Elle posa sur la table une carte, où était griffonné un numéro de téléphone.

    — Le Conseil surveille tes appels ? dis-je.

    — Et soyez gentils de vous procurer de nouveaux numéros, vous aussi.

    Elle rabattit la capuche de son sweat-shirt sur ses cheveux roses, se glissa entre les tables et disparut dehors, se fondant dans le crépuscule.

    2

    — T u crois qu’elle est parano ? soufflai-je en voyant Corain disparaître dans l’obscurité.

    — Je crois qu’elle est plus intelligente que nous deux réunis, et qu’elle connaît le Conseil comme seule une Gardienne le peut.

    Corain était un génie de la physique quantique, une chasseuse de démon expérimentée, et une chamane plus que passable. On aurait pu lui en vouloir d’être si parfaite. Heureusement, son caractère de cochon et son apparent désintérêt pour le reste de l’humanité rééquilibraient sa personnalité.

    — Elle a toujours semblé prendre la hiérarchie à la légère, fis-je, me souvenant comme Corain avait mené sa supérieure en bateau pendant des heures, alors qu’elle nous aidait face aux démons. C’est la première fois que j’ai l’impression qu’elle a peur du Conseil.

    — Raison de plus pour prendre cette affaire au sérieux, dit Moore. Qu’est-ce que tu veux faire ? Retrouver Juju ? Garder tes distances ?

    Je n’avais pas envie de me frotter aux Gardiens. La dernière fois que je les avais rencontrés, j’avais le soutien du serpent : j’étais forte, capable de tuer un démon, d’exorciser un humain, de voyager entre les mondes. Quand le serpent m’avait quittée, j’avais perdu tous ces pouvoirs. Pendant quelques jours j’avais encore vu les auras, mais ça aussi c’était effacé. Il me restait la capacité d’entrer en transe pour contacter l’esprit de mon grand-père, et une certaine sensibilité aux fantômes. Ce n’était pas avec ça que j’allais faire peur à une bande de chasseurs de démons armés jusqu’aux dents.

    Mais quand j’avais eu besoin d’aide, Juju n’avait pas hésité. Il m’avait ouvert sa porte, m’avait expliqué la nature de mon serpent, avait tout tenté pour m’aider à le tenir en respect, pour m’éviter d’être consumée par son pouvoir. Il avait désobéi au Conseil pour m’aider à sauver les victimes des démons. Sans moi, jamais il n’aurait été accusé de trahison.

    — Je dois l’aider, soupirai-je. Mais tu n’es pas obligé…

    Moore posa sa main sur la mienne :

    — On est partenaires, maintenant. Si tu te lances dans cette histoire, tu peux compter sur moi.

    Je ne cherchai pas à dissimuler mon soulagement.

    Moore avait été flic pendant plus de dix ans. Certes, il connaissait les rues de New York mieux que celles de Lake Louis, mais il était fort, il savait se battre, et je pouvais compter sur lui.

    — Une idée de l’endroit où Juju peut se cacher ? dit-il.

    — Pas vraiment. Le serpent aura envie de retourner au cœur du bayou. Mais Juju est un citadin, et il connaît beaucoup de monde en ville. Entre les gens qu’il a aidés par la sorcellerie et ceux qu’il a conquis en tant que DJ…

    Monsieur Juju menait deux vies séparées — trois, si on ajoutait son rôle de Gardien.

    Pour le grand public, c’était un DJ à succès. Il donnait des fêtes et des concerts un peu partout dans la région. Je le soupçonnais d’injecter un peu de magie dans ses campagnes marketing — il l’avait admis à demi-mots — mais je devais reconnaître que même sans ça, il ne manquait pas d’atouts. Très grand, bien musclé, il portait une véritable crinière de tresses qui lui tombaient au milieu du dos. Sa démarche était celle d’un grand fauve, et son sourire faisait se pâmer les minettes. On disait même qu’il avait du talent…

    Ils étaient moins nombreux, ceux qui savaient que Juju était un sorcier Hoodoo. Mais il ne se cachait pas d’utiliser cette sorcellerie populaire, et recevait régulièrement des clients à son domicile. C’était comme ça que je l’avais connu : mon amie Céleste avait trouvé son numéro sur Internet.

    — Céleste ! m’écriai-je. Il faut la prévenir.

    Céleste avait elle aussi été victime d’un démon. Le serpent et moi l’en avions débarrassée. Mais les Gardiens connaissaient son visage, et soupçonnaient la vérité.

    — Son nom doit être quelque part dans un rapport, acquiesça Moore.

    J’appelai immédiatement mon amie, mais me heurtai à son répondeur. Je lui laissai un message bref, lui expliquant la situation de Juju, la présence des Gardiens en ville, et lui suggérant de rentrer chez sa grand-mère à la Nouvelle Orléans le temps que les choses se calment.

    — Olivia est toujours en Afghanistan ? fit Moore.

    — Aux dernières nouvelles.

    Olivia était la voisine de palier de Moore. Elle aussi avait été possédée, puis exorcisée par mes soins. Secouée par toute cette aventure, mais pas pour autant affaiblie, elle avait abandonné son affaire de photographe de mariage pour partir à l’autre bout du monde réaliser son rêve : être reporter de guerre. Elle m’avait laissé son studio, ses plantes vertes et son chat, et m’envoyait un email à l’occasion, pour m’assurer qu’elle était toujours en vie.

    — Je ne pense pas que les Gardiens iront la chercher à l’autre bout du monde, dis-je. Mais je lui enverrai un message pour la tenir au courant.

    Je me tournai vers le loft de Juju. La nuit était tombée, et la vitrine agissait comme un miroir, mais j’imaginai les Gardiens tapis dans l’ombre, dans l’espoir que Juju revienne chez lui.

    — C’est pas un peu bête ? dis-je. De laisser autant de Gardiens dans l’appartement de Juju au lieu de les envoyer sur ses traces ? Juju n’est pas un imbécile : s’il est en cavale, il ne va pas rentrer chez lui.

    Moore hocha lentement la tête, comme s’il réfléchissait :

    — Soit il n’a pas laissé de trace, dit-il, soit il y a quelque chose de précieux dans son appart, soit…

    — Quoi ?

    — Soit ils sont tellement nombreux qu’ils peuvent laisser cinq personnes en planque ici.

    — J’espère que c’est la première solution : que Juju s’est évanoui sans laisser de trace, et qu’ils ne savent pas où le chercher.

    — L’espoir est une belle chose, dit Moore, mais il n’a jamais résolu une enquête.

    Moore insista pour acheter à manger avant de quitter le traiteur. Je le laissai faire, mais je n’avais pas faim. La proximité des Gardiens m’avait coupé l’appétit. Je voulais juste rentrer chez moi et me cacher sous la couette.

    3

    Olivia m’avait prêté son studio pendant qu’elle parcourait le monde à la recherche du reportage qui lui ouvrirait les portes de la presse nationale. Elle m’avait proposé de l’occuper en son absence, à condition que j’arrose les plantes et nourrisse le chat.

    Les plantes étaient depuis longtemps parties au paradis des végétaux. Quant au chat, c’était le vrai maître des lieux, et il tolérait à peine ma présence. L’endroit sentait l’urine, comme la moitié de mes vêtements et toutes mes chaussures.

    Quand j’ouvris la porte du studio, je découvris la pièce redécorée avec des petits lambeaux de tissu mauve — tout ce qu’il restait de mon pyjama préféré — parfumée à la crotte fraîche, et visiblement dépourvue de chat.

    Moore passa la tête par-dessus la mienne dans l’embrasure de la porte, et poussa un sifflement admiratif :

    — Minouche s’est fait plaisir à ce que je vois.

    — N’appelle pas ce chat « Minouche » : c’est la réincarnation d’Attila. Il va me falloir des heures pour nettoyer tout ça avant de pouvoir dormir.

    — Tu n’en fais pas un peu trop ? Tu as vaincu des démons et des fantômes. Ce n’est pas un chat qui va te faire peur.

    À cet instant l’animal sauta sur le rebord de la fenêtre entrouverte, rentra dans la cuisine comme en terrain conquis, fit le gros dos et cracha dans ma direction.

    — Tu disais ? fis-je.

    Moore étouffa son ricanement :

    — Je t’offre l’asile si tu veux. Viens m’aider à manger ce poulet Général Tsao, peut-être que Minouche sera calmé dans quelques minutes.

    Je refermai la porte sur le chaos de mon studio, et Moore déverrouilla la sienne. Il habitait sur le même palier que moi, juste en face. Mais son appartement n’avait

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