Je n'en veux pas à ma mère !
Par Emilia Tenghoc
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Aperçu du livre
Je n'en veux pas à ma mère ! - Emilia Tenghoc
Je n’en veux pas à ma mère !
Emilia Tenghoc
Je n’en veux pas à ma mère !
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2019
ISBN : 978-2-312-06645-5
À ma mère.
Première partie
Prologue
11 mars 1975
Elle se confiait à son frère, émue.
– J’ai tout essayé pour me rappeler son visage. Lorsque j’étais petite, je fronçais les yeux pour y arriver et ça me faisait pleurer. Dans la famille, Maman est la seule à ne pas avoir été photographiée. Je me demande pourquoi ? Je le regrette tellement.
Je revois très bien le visage de Papa. Mais, tu vois, quand tu es une fille, dans ta tête, tu descends forcément d’une femme. Il manque un maillon dans la chaîne.
En fait, je voulais me souvenir de sa chevelure, de sa corpulence. Personne ne sait rien nous dire. C’est comme ça chez les Liméra ? Était-elle grande ou petite, colérique ou calme, douce ou maladroite ? Je ne sais pas, je doute sans cesse de sa personnalité. J’ai même douté de son amour pour nous, par peine… par peur.
– Personne ne dit jamais rien. Tu sais bien, c’est un peu notre culture !
– Oui malheureusement ! J’en ai voulu à Maman de nous avoir laissé, je le reconnais. Lorsque j’avais mal, lorsque je ressentais le besoin de me faire câliner, elle n’était pas là. Dans la rue, devant l’école, j’enviais toutes ces petites filles gâtées qui se faisaient disputer par leur mère. J’ai oublié le goût de ses baisers. Aucune odeur ne me rappelle sa présence. Comment étaient ses mains ? Le timbre de sa voix, son rire, tout ce qui définit une personne, tu sais bien. Cela me manquera à jamais. J’ai connu et aimé d’autres visages. Mais voilà, au fond de moi, je resterai cette enfant privée de sa mère. Donc, non je n’ai pas envie de remuer tout cela, encore !
Chapitre 1
22 janvier 2018
Nous nous rendions en ville. Je devais aller à la bibliothèque Schoelcher avant mon départ pour la Métropole le surlendemain. Cela faisait pratiquement sept ans que je n’avais pas fait le voyage chez moi. Ma Martinique, mon île de cœur m’avait manqué. Le soleil brûlant avait réchauffé l’habitacle de notre taxi collectif. Par la fenêtre ouverte, je redécouvrais le décor si caractéristique de ce trajet. La végétation, la circulation infernale, les entrepôts éparpillés, les cyclistes en tenue de compétition, les panneaux publicitaires délavés.… Chacune de ces images livraient les essentiels du décor de ce déplacement. Je sentais le vent sur mon visage et dans mes cheveux. Le séjour était très court mais je savourais cette escapade avec ma mère. Je me détendais…
Les kilomètres défilaient. Un motard quasi dénudé, sans casque ni chaussures, avait surgit de nulle part. Il s’était faufilé à toute vitesse devant notre véhicule, sur la voie que nous empruntions. Panique à bord, signes de croix immédiats… freinage d’urgence. La médaille de Saint-Christophe accrochée au rétroviseur central s’était mise à trembler frénétiquement. Petite exclamation colorée de notre conductrice couverte par la puissante musique de sa stéréo ! Bienvenue chez moi ! Le fou du volant avait disparu comme il était venu.
Après cela, nous continuâmes notre route priant fort pour que le reste du trajet soit calme et sans autre mauvaise surprise !
Nous longions le port. Ma mère avait demandé l’arrêt à la Savane. La conductrice s’était garée sur le bas-côté pour nous faire descendre. Sur notre gauche, le Fort Saint-Louis. À droite, la Savane !
Nous étions les seules à nous arrêter à cet endroit. J’enjambais une petite dame pour sortir de la voiture. Le passager, assis près de la porte, s’était aplati sur le siège pour laisser descendre ma mère. J’avais souri.
Je me sentais chez moi. J’étais bien ! Quelques flaques d’eau sur le parking révélaient un récent orage. La chaussée humide nous renvoyait comme un jet continu de vapeur. Nous étouffions. Le soleil était de nouveau bien présent.
– Me voilà enfin à Fort-de France ! Je me demandais si nous y arriverions un jour ! Tu as vu le temps que nous avons mis pour trouver un taxi ! Le Robert n’est pas si loin tout de même ! Dis-je à ma mère.
– Et encore, nous avons eu de la chance Léonie, il ne pleut pas aujourd’hui ! Je peux te dire que ce n’est pas facile de se déplacer à la Martinique !
Je m’arrêtais un instant pour contempler la baie. Quelle beauté tout de même !
Au loin, j’aperçus un énorme paquebot. Quelques grappes de touristes sur le front de mer. Des groupes épars déambulaient sur le trottoir. Eux aussi avançaient dans la même direction.
Ma mère s’abritait sous son parapluie pour se protéger du soleil. J’avais chaussé ma paire de lunettes. Je profitais du soleil. J’attrapais mon smartphone dans mon sac.
Je notais que les infrastructures s’étaient développées. De nouveaux buildings avaient poussé. Quelques fast food Américains mais surtout, des voitures !
– Alors tu es contente d’être là ! Tu as vu ça, rien n’a vraiment changé, dit ma mère en s’arrêtant sur le trottoir.
Nous avions pratiquement atteint notre destination. Nous étions face à l’entrée de cette élégante bâtisse jaune et rouge. Elle enchaîna :
– Hormis les voitures, c’est comme quand j’étais jeune ! Notre chère bibliothèque est toujours aussi majestueuse. Regarde, tu peux la prendre en photo !
– Oui ! C’est ce que je voulais faire ! Il n’y a pas trop de monde devant. J’en profite !
– Il faut l’envoyer aux enfants. C’est notre patrimoine, Ma Chérie !
Je ressentais toute la fierté de l’enfant du pays. Ce monument incarnait l’histoire, son histoire.
Je l’admirais. Je trépignais. Je savais ce que je voulais et j’allais pouvoir parler de mon projet.
Cette fameuse idée de roman familial me trottait dans la tête. C’était sûr, j’allais pouvoir me documenter et avancer.
Je voulais redécouvrir le cadre dans lequel avaient évolué mes ancêtres pour reconstituer un petit bout de ce qu’avait été leur vie. Je me régalai d’avance. J’avais besoin de voir des photos de cette époque, de feuilleter des albums, d’échanger avec les gens du pays, pour mieux m’abandonner à cette narration.
Ma mère avait vécu plus de trente ans en France. Fidèle à ses racines, nostalgique de son passé, elle partageait sa retraite entre son île natale et la Métropole.
Bercée durant mon enfance par la narration de ses souvenirs, je souhaitais sincèrement que nous en conservions la trace. L’originalité et la fraîcheur des narrations de ma mère avaient attisé ce souhait de transmission. L’humour, l’amour de la vie étaient au cœur de son expression. Au détour d’une conversation, elle aimait répéter cette phrase en rigolant : « Je n’en veux pas à ma mère ! ». Elle donnait à entendre sa profonde reconnaissance à l’égard de ses aïeux et son acceptation de ce que la vie lui avait donné. Bien dans sa peau, elle était fière de son parcours !
Elle parlait si souvent de son passé. Moi qui n’avais rien connu de tout cela, je pouvais la solliciter inlassablement. Avec passion et enthousiasme, elle me livrait tous les secrets de son enfance. Ces paroles comme une caresse, un doux baiser me remplissaient d’amour et me faisaient du bien. L’histoire de mon arrière grand-mère, de mes grandes tantes, de ma grand-mère me transportait dans des abîmes de réflexion et d’admiration. Je voulais la retranscrire et rendre hommage à ces femmes courageuses et dignes.
À treize ans, alors que nous rentrions d’un long séjour à la Martinique, j’avais fait la promesse à ma mère d’écrire le scénario de sa vie. Fascinée par ses images, ses expressions antillaises, j’avais obtenu d’elle la traduction de chaque proverbe créole et nourri ma curiosité par les rencontres avec ses amis de jeunesse. Tous si enclins à me livrer leurs souvenirs d’enfance, me touchèrent par leur spontanéité et leur générosité.
Durant ce séjour, j’avais enfin compris que cette mixité culturelle enrichissait mon parcours et construisait mon identité. Je découvrais la végétation, apprenait les bruits de la campagne tropicale, dégustait les mets exotiques et les fruits. Je comprenais le créole, je disposais enfin de repères sur cette île paradisiaque.
Ma mère m’avait parlé de sapotilles, de mangues « Julie », de corossols, de migans de fruit à pain, mais aussi de Dieu, de la messe du dimanche, de la viande de cochon, du manger lapin et surtout de respect des grandes personnes. Pour elle, pour eux, j’étais une nantie. J’avais la belle vie, je vivais en Métropole.
Jusqu’à ce voyage, j’étais prête à tout, pour me fondre dans l’unicité de ma petite ville de banlieue. Je me débattais pour maîtriser les codes et ne commettre aucun impair pourvu que les autres m’acceptent et que je leur appartienne un peu.
L’ignorance et la suffisance de mon entourage social avaient inhibé les atouts de ce métissage. Je le ressentais dans ma chair. Ce déni ajoutait à ma lutte personnelle et permanente de socialisation.
J’assume le fait qu’il s’agissait de mon interprétation de la différence. Notre société à la fin des années 70 ne promouvait que l’unicité. Elle lissait tant bien que mal toute velléité de fantaisie. J’ai lutté, je m’en souviens. Je gommais avec application toute forme de particularité.
J’aurais tout donné pour que ma mère comprenne enfin que le bifteck et les pommes de terre sautées m’apparaissaient beaucoup plus savoureux que le poisson frit à l’antillaise. Ces distinctions me coûtaient et me gênaient parfois.
Par exemple, dans notre minuscule cuisine après avoir écaillé son énorme rascasse, vidé les entrailles et badigeonné le poisson entier de jus de citron pour retirer l’odeur du « frais », il fallait le laisser mariner deux heures au moins dans l’ail et le sel. Ma mère conservait la tête, ultime promesse d’une dégustation méticuleuse et privilégiée.
Après ce voyage, dans l’intimité, j’exultais enfin. Quelque chose s’était produit.
Ce séjour avait changé les lignes. Chaque jour, j’en prenais conscience. Je me livrais maintenant au partage de ce trésor enfoui. Ma pudeur se dissipait au profit d’une certaine fierté. Je laissais libre cours à cette autre partie de mon identité.
Alors, Chers amis, traversons l’Atlantique, cap sur Madinina.
Remontons le temps…
Chapitre 2
20 aout 1980
Nous nous promenions près du cimetière des Terres Sainville. Ma mère et moi rentrions de chez Madame Donely.
Le caveau de la famille Marival trônait dans l’allée principale. Tous reposaient là !
Je souhaitais me recueillir sur la tombe de mon grand-père. Elle refusa de m’y conduire.
Ma mère ne put réprimer sa colère à l’égard de son père, de son grand-père. Elle blâmait les hommes de la famille Marival.
Cette révolte permanente qu’elle manifestait au détour d’une conversation était troublante. Je ne la comprenais pas.
C’est ainsi que j’enquêtais et appris l’anecdote du grand-père Marival, le béké en quête de main d’oeuvre bon marché pour garder ses enfants…
Alors, pour commencer, je vais vous parler d’eux, de leurs pratiques, de leur confort indécent parfois, eux, ces hommes qui côtoyaient l’autre monde, celui du peuple, celui des descendants d’esclaves… à leur guise, en toute assurance !
De toutes les manières parler d’eux, c’est se rapprocher d’elles !
Chapitre 3
13 mai 1907
Lorsque Monsieur Marival père, se mit en recherche d’une gouvernante pour ses deux enfants, il en parla à un de ses amis qui lui conseilla de se rendre à l’usine Soudon pour y trouver quelqu’un.
En ville, il avait reçu deux jeunes filles pour prendre cette place. Leurs présentations respectives ne l’avaient pas convaincu de leur dévouement et de leur honnêteté. Il cherchait encore… Il voulait quelqu’un de docile qui s’entendrait avec tout le monde à la maison.
C’est ainsi qu’il se rendit à la campagne. Ce jour-là, il croisa Bernardine. C’était une journée très chaude. Il n’avait pas plu depuis plusieurs jours. Bernardine allait prendre son service. Elle le salua poliment. Elle avait une grande tristesse dans le regard. Monsieur Marival en éprouva de la compassion et fut curieux de faire la connaissance de cette jeune fille.
– Bonjour Mademoiselle !
– Bonjour Monsieur !
– Comment t’appelles-tu Mademoiselle ? Je ne te connais pas ? Tu es nouvelle, non ?
– Je m’appelle Bernardine !
Elle continuait à lacer ses souliers et dépliait les manches de sa grosse chemise pour attacher les boutons et se préparer à prendre son travail.
– Depuis quand travailles-tu ici, je ne t’ai jamais vue ?
– Je travaille ici depuis deux ans Monsieur mais je ne passe pas par là d’habitude !
Effectivement, Bernardine avait fait ce détour pour éviter de croiser les jeunes garçons qui travaillaient avec elle.
Monsieur Marival avait attaché son cheval et s’était rapproché de la jeune fille. Elle le fixa perplexe. Bernardine était timide. Il était rare qu’un béké prenne le temps d’adresser la parole aux ouvriers.
Elle se trouvait seule à l’entrée de l’usine. Il était tôt. L’homme reprit son interrogatoire.
– Et tu te plais ici, à travailler sous le soleil ?
Elle tripotait ses mains, surprise par cette question.
– Non, pas du tout Monsieur ! C’est mon papa qui veut que je travaille. Ce n’est pas moi qui décide ! Moi je préfère arranger la maison et faire la cuisine avec ma maman.
Cette réponse lui avait échappé. Il était clair qu’elle était très malheureuse ici. Elle n’avait pas d’amis.
Elle se baissa de nouveau pour ajuster ses vêtements. Il était temps qu’elle se présente à son poste.
– Quel âge as-tu ?
– J’aurai quatorze ans ce mois ci.
– Tu sais t’occuper d’une maison alors ?
– Oui, Monsieur, j’ai trois frères et une sœur qui sont plus petits que moi et c’est moi qui m’occupe de tout à la maison la plupart du temps… Maman travaille beaucoup. Elle est souvent absente ! Elle aussi travaille dans le champ de canne !
Monsieur Marival souriait. Cette petite lui plaisait bien, elle pourrait faire l’affaire !
– Et est-ce que tu voudrais t’occuper de mes enfants ? J’ai un garçon et une fille. J’ai besoin de quelqu’un pour s’occuper d’eux et aider ma femme.
Elle sourit à son tour, flattée par la question et l’attention que lui portait cet homme.
– Pourquoi pas Monsieur ? Il faut demander à mes parents !
Il l’observait. Elle semblait calme. Ses mains délicates étaient toutes écorchées. Sans doute l’étaient-elles par les feuilles de canne à sucre. Elle était mignonne. Elle paraissait de bonne composition. Monsieur Marival avait l’habitude de prendre des personnes dociles. Il s’y connaissait.
– Mais tu es de quelle famille ? Lui demanda t-il d’un air curieux.
– Je suis de la famille Bellerose. Mon père est charpentier au bourg et nous vivons à Pelletier.
– Ah ! Mais je connais très bien Monsieur Bellerose. C’est lui qui s’est occupé de la réparation du toit de la maison de mon voisin après le cyclone, l’année dernière ! Ils avaient eu tellement de dégâts ! Dis-lui que j’ai besoin de le voir ! Je suis Monsieur Marival. J’habite au bourg du Lamentin. Il me connaît !
– Merci Monsieur ! Je lui dirai ce soir quand je rentre !
Il la salua et prit la direction du bureau du contremaitre. Il fallait qu’il discute avec son ami pour en savoir davantage sur cette jeune fille. Sa décision était prise, il fallait que cette enfant vienne travailler chez lui au plus vite.
Bernardine était complètement désarçonnée. Elle réalisait qu’elle avait été accostée par Monsieur Marival, un grand monsieur du bourg. Elle ne manquerait pas de faire la commission. La journée allait être longue mais elle commençait bien.
C’est la première chose qu’elle raconta en rentrant le soir à la maison. Hyacinthe Bellerose exulta lorsque Bernardine lui fit part de la nouvelle. Il savait que Monsieur Marival jouissait d’une bonne situation. Il était ravi de pouvoir s’alléger de la charge que cette grande fille représentait !
Hyacinthe Bellerose n’attendit pas la fin de la semaine pour se rendre au bourg. Avant de partir, il avait demandé à Gerty de lui tailler la barbe. Il avait revêtu son costume de lin beige comme s’il se rendait à la messe. Cette transaction devait être conclue au plus tôt. Hyacinthe se réjouissait de cette sollicitation. Ce béké faisait l’intéressant avec lui lorsqu’il travaillait mais pour une fois, il se sentait fort. Cette petite allait enfin lui servir à quelque chose.
C’est ainsi que le mois suivant, et quelques négociations plus tard, Bernardine fut affectée à la tâche de gardienne d’enfants chez les Marival. La jeune fille prit ses fonctions avec beaucoup d’enthousiasme. Elle partageait ses journées entre les tâches ménagères et le maternage des deux enfants Marival, Ange et Armance.
Sa mère ne s’opposa pas à cette décision. Comme à chaque fois, Gerty se soumettait aux volontés de son mari sans émettre la moindre contestation. Lorsque Bernardine avait quitté l’école deux ans plus tôt pour aller travailler à l’usine, Gerty n’avait rien dit. Elle acquiesçait et priait le ciel pour que Bellerose reste avec elle dans la case avec les enfants.
Chez les Marival, Bernardine jouissait d’un environnement privilégié et apaisant. Elle disposait d’une chambre individuelle décorée avec élégance. Elle avait un vrai lit, pas très grand mais bien confortable, un bureau en bois et une chaise disposant d’une assise de velours rose. Elle ne se plaignait jamais du manque des siens. Elle se rendait à l’église le dimanche dans une tenue soignée et distinguée. Elle commençait à préparer ses habits avec soin dès le mercredi soir en prévision de l’office.
Bernardine était solitaire et ne se mélangeait pas aux jeunes gens et jeunes filles de son âge.
Les Marival la félicitaient pour son travail sérieux et appliqué. Les enfants s’étaient attachés à elle et lui obéissaient au doigt et à l’œil. Douée pour la pâtisserie, elle régalait toute la famille avec des entremets délicieux. Aucun gâteau n’avait de secret pour elle. Les enfants savouraient toutes ces douceurs sucrées et louaient la présence de cette gentille nounou à la maison.
Monsieur et Madame Marival lui versaient une modique somme d’argent chaque mois en contrepartie de son dévouement total et permanent.
Grâce à Monsieur Marival, Bernardine développa son goût pour la lecture. Elle put améliorer sa culture générale et son expression en français. En secret, elle tint un journal de bord au sujet de toute la vie de cette famille pour garder le souvenir de cette nouvelle vie, qui allait finalement, devenir la