Le petit prince d'Aranéide: Un roman poétique
Par Roland Foli
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À propos de ce livre électronique
Des rêves, des cauchemars, des joies, une fêlure, des blessures…
Une petite tranche de vie…
Vingt-six mille mots et des poussières, quelques points, quelques virgules…
Découvrez sans tarder ce roman qui vous emportera dans la poésie de l'enfance !
EXTRAIT
J’ai presque trois ans ! J'accroche mes petites mains aux barreaux noirs du balcon de notre appartement d’où j'embrasse toute la cité d'un seul regard, la bouche et le nez collé sur le métal froid. Comme elle est immense ma cité, tellement immense pour le petit bonhomme que je suis.
Je pleure toutes les larmes de mon corps.
Je ne mange presque plus. Tout juste une rondelle de tomate que ma mère me force à avaler malgré moi !
Celle que j’aime le plus au monde, mon unique horizon, ma seule raison d’exister m’a trahi !
Moi qui croyais naïvement qu’on allait juste faire un tour !
Mais quand elle m’a lâché la main en me disant « maman revient te chercher ce soir, il faut être sage, tu es grand maintenant ! », je me suis mis à pleurer en l’implorant de ne pas me laisser seul avec cette femme inconnue, au milieu d’autres moi-même, eux aussi… Tellement désemparés.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Roland Foli est poète et musicien. Le petit prince d'Aranéide est son premier roman.
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Avis sur Le petit prince d'Aranéide
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Aperçu du livre
Le petit prince d'Aranéide - Roland Foli
Roland Foli
Le petit prince d’Aranéide
Au commencement, il n’y a plus ni hommes féroces,
ni bêtes soumises.
Juste une Nature Sauvage et indomptable.
Un bouillonnement fantastique et terrifiant. Un grouillement d’âmes incandescentes qui dévalent les pentes abruptes et mortelles d’un nouveau monde qui ensevelira bientôt l’ancien.
Dans les marais de nuit la terre se mêle à elle-même,
enfle et se soulève.
Et par son lent travail, en fait une image.
Cette image est une femme, et ses yeux sont deux étoiles noyées,
Immobiles au milieu des reflets,
Elle brûle comme un alcool perdu, se consume sans bruit,
Se consume sans but,
Droite et nue… Elle ignore le temps.
Une chaleur occulte a fondu les métaux,
Le ciel se fend, le soleil fuit,
Les rochers coulent sans bruit.
L’image vibre au rythme des remous.
À travers son beau corps passent des ondes
Et des souffles d’une vie balbutiante.
Elle est reflets, présence absente, âme d’une eau trouble et rousse.
Elle regarde la mer, les étoiles disparaissent dans le ciel, et les vagues se déchaînent sur le sable endormi.
Elle semble ivre de bonheur, et libre…
Libre comme le vent !
Ainsi naquit Aranéide !
Un monde…
Le mien !
Un petit chant d’oiseau
Sur un air de printemps.
Notre vie était belle,
Nous étions des enfants…
J’ai presque trois ans ! J’accroche mes petites mains aux barreaux noirs du balcon de notre appartement d’où j’embrasse toute la cité d’un seul regard, la bouche et le nez collés sur le métal froid. Comme elle est immense ma cité, tellement immense pour le petit bonhomme que je suis.
Je pleure toutes les larmes de mon corps.
Je ne mange presque plus. Tout juste une rondelle de tomate que ma mère me force à avaler malgré moi !
Celle que j’aime le plus au monde, mon unique horizon, ma seule raison d’exister m’a trahi !
Moi qui croyais naïvement qu’on allait juste faire un tour !
Mais quand elle m’a lâché la main en me disant « maman revient te chercher ce soir, il faut être sage, tu es grand maintenant ! », je me suis mis à pleurer en l’implorant de ne pas me laisser seul avec cette femme inconnue, au milieu d’autres moi-même, eux aussi… Tellement désemparés.
Elle est immense ma cité, elle est belle. En même temps je ne connais qu’elle…
J’y resterai jusqu’à mes huit ans.
Nous sommes au quatrième étage. Sous moi, le vide sidéral, j’ai un de ces vertiges.
Les gens marchent comme des fourmis, empruntant le sentier qui mène à un petit square où se sont regroupés pêle-mêle bureau de tabac, boulangerie, coiffeur, bureau de poste, supérette… Enfin, tout ce dont a besoin une petite cité de quelques centaines d’habitants. Une foule cosmopolite, bigarrée, où se côtoient Africains, Asiatiques, Européens, que sais-je encore… Et tout ce petit monde traverse la vie joyeusement au rythme de chacune de leurs cultures… Tout paraît simple et d’une profonde quiétude…
Si je voulais sauter, j’atterrirais sur une vaste pelouse. Une pelouse où j’avais tenté de faire pousser un noyau de pêche que j’avais pris soin d’arroser de mon auguste pipi ! J’y croyais dur comme fer.
Quelle déception de voir jour après jour que rien ne pousse…
Sur ma droite, une immense tour noire me domine. Elle s’élève tellement haut dans les nuages que j’ai l’impression qu’elle lèche les pieds du ciel.
J’ai dit le mot « putain » dans ma tête et j’ai tellement honte d’y avoir juste pensé !
Il ne faut pas que je dise de gros mots… C’est interdit, je ne sais pas qui a dit ça mais c’est interdit.
J’entends maman qui m’appelle, elle doit sûrement devoir partir travailler. C’est une jeune femme brune et très belle. Très douce aussi, j’en ai de la chance. Je l’aime… Comme un petit fou !
Elle me prend par la main pour m’emmener chez ma nourrice qui habite… la porte en face de chez nous. Quelques mètres nous séparent mais c’est comme si je changeais de monde. Un monde de soleil, une explosion de cris joyeux, de musique, de sourires, de rires ! Où l’on parle aussi avec les mains, un monde qui vient d’Italie ! Du talon de la botte… Les pouilles, Corato, face à la mer Adriatique !
Ma nounou, je l’aime presque autant que maman, et j’ai dû lui faire un peu de peine à ma mère lorsqu’un jour elles m’ont tendu les bras toutes les deux et que je me suis jeté au cou de la première en lui criant mon amour !
Elle a cinq enfants. La plus grande s’appelle Rosa. Une jeune femme d’au moins vingt-cinq ans… Je trouve ça déjà très vieux du haut de mon petit mètre.
Elle n’habite plus ici depuis quelque temps déjà et a emménagé dans un autre appartement à quelques pas d’ici, toujours dans la même cité. C’est dur de quitter le cocon familial, n’est-ce pas ?
Il y a les deux fils. Joseph, un peu plus jeune que Rosa, et Aldo qui doit avoir dix-neuf ans, enfin je ne sais plus trop… Et puis il y a Anna, une jeune fille de quatorze ans peut-être, un peu handicapée. Je me souviens surtout de son bras droit qu’elle tenait toujours un peu en avant, la main légèrement paralysée… Et enfin Christine qui n’a que cinq ans de plus que moi et que je trouve magnifiquement… « Magnifique ! »
Tout ce petit monde virevolte d’une pièce à l’autre, dans une joyeuse farandole qui semble ne connaître aucune limite.
Ah ! Ma nounou, elle fait des pâtes comme personne et elle les fait elle-même s’il vous plaît ! De la farine, des œufs (parfois), de l’huile d’olive (parfois) et un peu d’eau légèrement salée… Elle pétrit la pâte, puis roule de longs boudins d’un centimètre de diamètre à peu près, coupe de petits bouts au couteau avant de les façonner avec le pouce pour leur donner la forme de petites oreilles. On appelle ça les orecchiette… Mais dans sa région, ce sont des strachnotte ! Elles dansent entre ses doigts avant d’atterrir au fond de la table de la cuisine.
Elle en fait souvent des strachnotte. Et elle en fait même toujours une plus grosse que les autres, qui se retrouve comme par hasard dans mon assiette, comme une fève de la galette des rois. Et le roi ici c’est moi ! Non mais !
Bien sûr elle fait aussi la sauce qui va avec. Elle revient du marché avec des kilos de belles tomates allongées et bien charnues. Elles nagent dans la baignoire qui a été promptement réquisitionnée. Il y en a partout. On les lave puis elle les fait cuire dans un immense récipient avant de les enfermer dans des bocaux qui prendront place sur de grandes étagères, tels des petits soldats attendant sagement le jour d’être cuisinés par ses mains expertes.
Souvent, nounou invite des amies à l’heure du café. La salle de séjour est remplie de femmes qui parlent la même langue qu’elle. Elles tricotent, mangent des petits gâteaux, éclatent de rire pour un oui, pour un non. Certaines sont âgées, d’autres moins. Souvent elles parlent du pays et je sens que l’émotion et la nostalgie ne sont jamais bien loin. Elles ont presque toutes des sortes de bas qui leur remontent jusqu’au-dessus du genou, et ça leur boudine les cuisses. Je me glisse souvent sous la table et je suis fasciné par toutes ces jambes difformes, par ces robes fleuries, et par les grosses culottes que j’entraperçois dessous. Il y en a de toutes les couleurs, et même des transparentes qui laissent entrevoir une sorte de chevelure bouclée et bien brune.
Je sens que je ne devrais pas être là et je ne reste jamais très longtemps, mais c’est comme si j’étais sous hypnose, et c’est à regret que je reviens à l’air libre dans les bras de l’une d’entre elles. Christine vient avec moi quelquefois, et l’immersion au milieu de cette forêt de tibias nous emmène dans un abîme de franche rigolade !
Parfois il ne