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Confinée dans la dentelle: Chroniques de confinement
Confinée dans la dentelle: Chroniques de confinement
Confinée dans la dentelle: Chroniques de confinement
Livre électronique163 pages1 heure

Confinée dans la dentelle: Chroniques de confinement

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À propos de ce livre électronique

Confinée mais pas muselée.
Appelez-les comme vous voulez, humeurs, nouvelles, essais, chroniques de confinement, ce recueil est quoiqu'il en soit le journal de bord d'une auteure prisonnière du covid-19 sous la forme d’instantanés de pensées perturbées entre mars et mai 2020.
Confinée mais connectée.
Construits sur la base d'un échange épistolaire entre l'auteure et les confinés, les différents textes du recueil s'articulent autour de thématiques qui occupent les longues journées de claustration : la mort, le silence, l'après, l'amour conjugal, la maternité, le cinéma, l’écologie ...

À PROPOS DES AUTEURES

Karine Satragno est chroniqueuse Mode et Culture et romancière. Les deux premiers volets de la Saga « Soeurs » décrivent les aventures amoureuses et les crises identitaires d’une famille de cinq soeurs. Justine Roussel est une jeune illustratrice dont le trait fin et graphique s’adapte tout particulièrement aux pensées en noir et blanc de ces chroniques de confinement.
Retrouvez l’univers de Karine sur le webzine http://www.kidimum.com/.
LangueFrançais
Date de sortie29 mai 2020
ISBN9791094140550
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    Aperçu du livre

    Confinée dans la dentelle - Karine Satragno

    cover.jpg

    CONFINÉE

    DANS LA DENTELLE

    Journal de bord

    d’une prisonnière du covid-19

    Écrit par Karine Sayagh-Satragno

    Illustré par Justine Roussel

    Copyright © Yucca Éditions, 2020

    Tous droits réservés pour tous pays

    CONFINÉES, MAIS PAS MUSELÉES

    J’ai rencontré Justine au bord de la piscine à débordement se jetant dans l’Océan Indien d’un hôtel zanzibarite. On a échangé des livres, des sourires, des conseils de voyageuse, des gribouillis, des histoires de sœur-cières. On ignorait à ce moment là que l’on serait très peu après cloîtrées l’une au Nord, l’autre au Sud de l’hexagone à bâtir ensemble à quatre mains un rempart contre la morosité ambiante…

    SK

    « Je ne crois pas à la valeur des existences séparées. Aucun de nous n’est complet en lui seul ».

    VIRGINIA Woolf, Les Vagues

    « Un poète est un monde enfermé dans un homme ».

    VICTOR HUGO, La Légende des Siècles

    PREMIER TOUR

    DES MUNICIPALES

    15-III-2020

    img1.jpg

    Chers confinés,

    Je me suis levée de très bonne heure et j'ai longuement regardé Toulouse en plein soleil. Toulouse vide. Toulouse désœuvrée. Je me suis dit que ça allait durer un petit moment de la sorte.

    Mais pas trop longtemps. Non, pas trop.

    On priera tous pour ça. On priera tous les dieux, quels qu'ils soient. On chantera à nos balcons aussi, oui pourquoi pas ? On applaudira à tout rompre pour briser le silence entêtant de la nuit qui s'abat sur une claustration inédite. 

    Je me suis tournée vers l'intérieur et j'ai parcouru chaque chambre pour regarder les miens dormir paisiblement. Ça m'a anesthésiée davantage.

    J'ai eu envie de voir ma mère, de taquiner mon père, de gueuler sur mes sœurs et de chanter à tue-tête. 

    Mais ce matin je ne peux pas, ce matin je ne sors pas me presser pour avoir le pain frais du marché, la tarte aux fraises préférée des enfants et du contact humain.

    Ce matin je ne vote pas non plus, c'est sans doute la première fois de ma vie, mais je n'irai pas aux urnes.

    Pour ne pas inquiéter les miens, pour ne pas prendre de risques ni en faire prendre à ceux qui sont encore plus fragiles que moi. Pour ne pas donner encore plus d'ouvrage aux soignants qui eux ne peuvent pas rester chez eux. Pour la vie. Ce matin, le soleil est franc, moi aussi. Ce matin, être citoyen c'est rester chez soi. #stayathome

    « C’EST LA GUERRE »

    IL A DIT !

    16-III-2020

    img2.jpg

    Chers confinés,

    Je n'ai jamais autant éprouvé le besoin d'écrire et de partager. En même temps, pour une hyperactive hystérique, c'est compliqué de rester confinée, ça l'est d'ailleurs pour à peu près tout le monde n'est-ce pas ?

    Cette nuit je me suis réveillée un million de fois et à chaque sursaut, je me demandais si c'était vraiment vrai, si je ne rêvais pas, si demain soir il y aurait vraiment ce couvre-feu à 18h, si le coronavirus n'était pas une pure invention de mon esprit fantaisiste ! J'aurais tellement aimé, oui tellement !

    Et puis j'ai dû passer à la pharmacie et on m'a invitée à entrer d'un hochement de masque, d'un index pointé sous un gant alarmiste en me demandant de laisser mes adorables têtes blondes dehors. Parce que, bien évidemment en ce monde qui ne tourne plus rond, les enfants - vous le savez si vous en avez - ne sont plus ces petits êtres gracieux et remuants ! Désormais, et pour un certain temps, ils sont de véritables petits nids à microbes, potentiels porteurs sains du covid-19. Étrange sensation ! Au tabac, on leur a demandé de ne pas toucher les bonbons même sous blister. Ils m'ont regardée avec des yeux ronds comme des rouleaux de réglisse. Puis ils sont sortis en courant parce qu'ils ont vu quelqu'un entrer avec un masque à bec et ils ont provoqué un petit vent de panique ! C'était croquignolesque comme aurait pu dire Monsieur le Président. Un sourire a tout de même eu la bravoure de se déposer sur les lèvres crispées.

    Je me suis dit que c'était sans doute notre dernière sortie avant un petit moment. Je me suis sentie oppressée en me positionnant simultanément en oppresseur des autres. Alors voilà on y est, que faire d'autre, que dire, agir à contre courant, réagir ? Non, l'heure n'est pas à l'insoumission. Nous allons rester sagement à la maison, nous serons exemplaires pour une fois, nous allons apprendre à nous connaître mieux encore et je suis presque certaine que certains parents vont être ravis de faire finalement et de façon inespérée connaissance avec leur progéniture. D'autres vont se rendre compte qu'ils ont loupé bon nombre de choses aussi. D'autres encore vont être fiers comme Artaban. C'est peut-être le moment idéal pour ce recul nécessaire. C'est peut-être le moment de réinventer nos familles.

    Nous ne sommes pas en guerre. Nous sommes en confinement. Nous avons un couvre-feu mais il n'y a pas le feu. Nous n'allons pas être déportés dans des camps de la mort ni envoyés au front comme chair à canon. Tout va bien. On nous demande juste de rester dans nos appartements. Ça ne devrait pas être si compliqué. Un séjour aux pénates. Ça sonne comme les Seychelles presque. Juste un rythme à adopter, une routine à mettre en place, une musique harmonieuse à inventer. Alors s'il vous plaît, pour les plus fragiles, pour les soignants et pour les premiers morts qui dépeuplent notre belle France, malades ou pas malades, restez chez vous !

    COME HOME, SISTA

    17-III-2020

    img3.jpg

    Chers confinés,

    On peut être confinés dans la dentelle ou dans une merde noire. Certains ont du Ruinart au frigo, d'autres crèvent la dalle. J'ai l'impression d'écrire une chanson pour Renaud. Merde alors. Vous me direz, j'ai toujours aimé Renaud. On n'a pas le droit de dire c'est comme ça cette fois, c'est un peu le moment de s'entraider, même par la pensée. Il va falloir le faire. On est dos au mur. Entre quatre murs cela dit. Ça rend les choses un peu plus compliquées.

    Hier ou presque, je m'extasiais en maugréant un peu devant les photos de ma sœur et de son chéri pendant leur tour du monde. Égoïstement, je voulais qu'elle rentre parce qu'elle me manque trop. Plus de 5 mois déjà qu'elle

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